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EUCHARISTIE MÉDITÉE 24

EUCHARISTIE MÉDITÉE 24

Une Mère.

Voilà votre Mère. Jn 19, 27

Eucharistie- Motif sculpté sur porte d'église - Bruxelles
Eucharistie- Motif sculpté sur porte d’église – Bruxelles

24e ACTION DE GRÂCES.

Je vous possède, vous êtes à moi, ô Jésus, Dieu si aimant et si peu aimé du Calvaire et de l’Eucharistie. Vous venez appliquer à mon âme, à cette âme si ingrate, si misérable et qui vous a tant offensé, les mérites du sang que vous avez versé pour elle.

Vous l’abreuvez de ce sang adorable, vous le lui donnez tout entier afin qu’il soit tout à la fois pour elle un breuvage qui la fortifie, un bain qui la lave, la purifie et lui rende aux yeux de votre Père les traits de sa première beauté.

Comment, ô mon Sauveur, reconnaître tant d’amour, tant de miséricorde? Hélas ! vous le savez, je suis pauvre, je suis impuissant à m’acquitter envers vous, et dans mon indigence je ne trouve rien à vous offrir qui soit digne de vous. J’ai mon cœur, il est vrai, et je sais que vous êtes assez bon, non-seulement pour ne pas en dédaigner l’hommage, mais encore pour me le demander.

Mais, hélas! il est rempli de tant d’imperfections et de misères, il est si faible, si inconstant, tant de fois il s’est donné à vous pour se reprendre l’instant d’après que ce n’est qu’en tremblant que j’ose vous le donner de nouveau, tant je sens que ce don est indigne de vous.

Que ferai-je donc, ô Jésus? Que pourrai-je vous offrir en reconnaissance des bienfaits dont vous me comblez ? Ah ! si je suis pauvre par moi-même, je suis riche par votre libéralité.

Vous avez voulu que votre Mère fût la mienne, vous me l’avez donnée sur le Calvaire, et puisque les biens d’une mère appartiennent à son enfant, puisque son cœur surtout est à lui tout entier, souffrez, ô Jésus, que je m’acquitte envers vous en vous rendant ce que vous m’avez donné, en vous offrant mon bien le plus cher, mon trésor le plus précieux, le cœur de ma divine Mère, ce cœur qui vous a tant aimé, qui vous aime tant encore et qui est la plus parfaite image du vôtre.

Lui seul a compris votre amour, lui seul y a correspondu et vous a offert en échange un amour pur et parfaitement désintéressé, un amour qui n’a jamais connu ni variations, ni inconstance et qui a pris de nouveaux accroissements jusqu’à son dernier soupir.

Agréez cette offrande, ô Jésus, elle est digne de vous, et que l’amour de votre auguste Mère soit mon action de grâces et supplée à tout ce qui me manque. Ah ! laissez-moi vous aimer par le cœur de ma mère, vous adorer par ses adorations, vous louer par ses louanges, et agréez que je la supplie de vous faire l’offrande de mon cœur, de mon être tout entier et de tout ce qui me reste de vie.

Laissez-moi vous bénir encore, ô Jésus, du don inestimable que vous m’avez fait en me donnant Marie pour mère. Plus que jamais je comprends la valeur de ce don, dernier legs de votre cœur mourant.

Ah ! mon cœur s’émeut à la pensée de l’amour qui vous porta à me le faire, et ce cœur malgré sa dureté et son ingratitude se brise au souvenir du moment solennel où du haut de votre croix, vous m-avez légué à Marie, et où elle me reçut et m’adopta pour enfant au milieu des angoisses et des déchirements de son cœur maternel.

Marie, il est vrai, me vit alors couvert de votre sang; mais ce sang c’était moi qui le faisais couler, j’étais cause de vos souffrances, de votre mort, mes péchés étaient les bourreaux qui vous avaient attaché à la croix. Marie ne l’ignorait pas, et cependant loin de me repousser, elle m’ouvrit ses bras et son cœur, elle me promit son amour au pied du gibet où vous expiriez.

Quelle générosité ! quelle charité! Seule la Mère d’un Dieu pouvait en être capable. Quelle autre mère n’eût repoussé avec horreur le meurtrier de son enfant? Lui demander de lui accorder son pardon eût été déjà lui demander un acte d’héroïsme, mais le lui donner pour enfant, solliciter pour lui son amour !

Ah ! cette demande ne pouvait être faite que par celui dans le cœur duquel la miséricorde divine elle-même s’est incarnée, et le cœur de Marie était seul assez miséricordieux pour s’élever à cet excès d’héroïsme et de charité.

Oui, c’est bien réellement que Marie nous aime, qu’elle a pour nous la tendresse, la sollicitude, le dévouement de la meilleure des mères. Oh! que cette pensée est douce pour mon cœur! Je suis aimé de Marie, elle est ma Mère ! Elle est la plus pure, la plus parfaite, la plus sainte des créatures; moi je suis la plus indigne, la plus imparfaite, la plus coupable, et cependant elle m’aime plus que ne m’aima jamais la mère qui me donna le jour.

Mon âme est couverte des souillures du péché, elle est faible, dénuée de toutes vertus, et rien de tout cela ne diminue l’amour de ma divine Mère. Loin de me repousser, elle m’appelle, elle me tend les bras et me dit : Viens, mon enfant, viens avec confiance, je te réconcilierai avec Jésus, je ferai disparaître les taches qui défigurent ton âme à ses yeux, je guérirai les plaies que le péché lui a faites, j’y graverai de nouveau les traits de mon divin Fils qu’il y a effacés.

Tu es faible, viens, je te soutiendrai, pauvre, je partagerai mes richesses avec toi, sans vertu je t’apprendrai à en acquérir. Tu souffres, viens, moi aussi j’ai connu la souffrance, j’ai bu à longs traits à la coupe des douleurs humaines, je l’ai épuisée jusqu’à la lie, je compatirai à tes souffrances, je les soulagerai, ma main essuiera tes larmes, et si je n’en taris pas la source, elles couleront moins amères en coulant sur le sein de ta Mère.

Je vous dois cet amour si pur, si tendre, si généreux de ma Mère du ciel, ô Jésus; il est une extension, un écoulement du vôtre. De votre cœur il a passé dans le sien, et vous avez voulu qu’à l’immense bonheur d’être aimé de vous, se joignit encore le bonheur d’être aimé de Marie.

Ah ! je le sens, l’amour ne peut se payer que par l’amour, et mon cœur sans se partager ne doit plus vivre que pour vous aimer et pour aimer Marie. Mais je sens aussi que cet amour doit ressembler au vôtre, qu’il ne doit pas consister seulement dans les paroles et dans les sentiments, mais que je dois vous le prouver par mes œuvres.

Il doit avant tout me porter à éviter le péché qui a été cause de vos larmes, de vos souffrances et de vos sacrifices, à expier par le repentir et la pénitence ceux que j’ai eu le malheur de commettre, car l’âme qui vous aime réellement, ô Jésus, ne saurait souffrir que vous ayez porté seul la peine due à ses fautes, et elle s’associe à la douloureuse expiation que vous en avez faite, par les saintes rigueurs de la pénitence.

Mais surtout dans les épreuves et les afflictions dont la vie est semée, elle se souvient que votre vie et celle de votre sainte Mère ne fut qu’une longue suite de douleurs voulues et supportées pour notre amour, et loin de murmurer de celles que votre Providence lui ménage, elle les reçoit avec joie et avec reconnaissance, comme un moyen de vous prouver aussi son amour.

Faites qu’il en soit ainsi de moi, Seigneur ; ne permettez pas que j’aie la lâcheté de fuir la souffrance et de la craindre, puisqu’elle m’est légitimement due comme le fruit et la solde du péché.

Ne serait-ce pas le comble de l’ingratitude de fuir la croix, d’en avoir horreur, de vouloir vivre dans les délices, tandis que vous, ô mon Sauveur, vous l’innocence et la sainteté même, vous à qui toutes les jouissances, toutes les délices de la terre et du ciel étaient dues, vous en êtes privé pour mon amour, et avez voulu être la victime de nos péchés, associant votre Mère immaculée à toutes les douleurs de votre vie et de votre mort.

Non, non, ô Jésus, il n’en sera pas ainsi, je me souviendrai que c’est sur le Calvaire que vous m’avez engendré à la vie de la grâce, que c’est là que vous m’avez donné Marie pour Mère, là qu’elle m’a enfanté dans la douleur. Le lieu de mon origine me rappellera que ma destinée sur la terre est de souffrir, et qu’il n’y a pas d’autre voie pour arriver au ciel que celle que vous avez suivie vous-même, et sur laquelle Marie a mêlé ses larmes aux traces de votre sang.

O Marie, ma tendre Mère, ayez pitié de la faiblesse de votre enfant, soutenez-le sur cet âpre sentier du Calvaire où tant d’épines déchirent son cœur et lui font souvent de si douloureuses blessures. Vous le savez, ô Vierge sainte, mon cœur comme celui de tous les hommes a soif de bonheur.

Ce sentiment, inné dans nos âmes, est un souvenir de nos destinées primitives, et notre nature déchue repousse la douleur, la souffrance, et par là même l’expiation dont elle a besoin pour se relever et rentrer un jour en possession de ce bonheur perdu.

Obtenez-moi donc, ô mon aimable Mère, le courage, la force, la résignation qui me sont nécessaires pour faire un saint usage des épreuves de la vie. Faites que le souvenir continuel du prix dont votre divin Fils et vous avez payé là rançon de mon âme, m’inspire le courage, la générosité de tous.

Léonie Guillebaut

Saint Georges, martyr

Saint Georges, martyr

Saint Georges, martyr © Musée du Vatican
Saint Georges, martyr © Musée du Vatican

C’est le saint patron du Pape François dont le nom de naissance est Jorge Mario Bergoglio, que nous célébrons aujourd’hui, en lui souhaitant une bonne fête.

Innombrables et fantastiques sont les récits fleuris autour de Saint Georges, jusqu’à l’épisode du Dragon qui remonte du temps des croisades. La légende dorée rapporte qu’en Libye dans la ville de Silène se trouvait un marécage dans lequel vivait un terrible dragon.

Pour l’apaiser, les habitants lui offrirent deux moutons par jour et plus tard un mouton et un jeune homme tiré au sort. Le sort venait juste de s’abattre sur la fille du roi, quand arrivant à cheval sur les lieux, Georges attaqua le dragon et le perça de sa lance. Un geste symbole de la victoire du bien sur le mal par la foi.

Mais qui est Saint Georges?

Georges, dont le nom d’origine grecque signifie «agriculteur»,- Geos, terre, et orge, cultiver donc cultivant la terre-, est né en Cappadoce vers 280 d’une famille chrétienne. Il se déplaça en Palestine et s’enrôla dans l’armée de Dioclétien. Quand, en 303, l’empereur sors l’édit de la persécution contre les chrétiens, Georges donne tous ses biens aux pauvres et, devant le même Dioclétien, déchire le document et professe sa foi en Christ.

Pour cela, il subit de terribles tortures avant d’être finalement décapité. Sur le site de la sépulture à Lydda, qui fut un temps la capitale de la Palestine – aujourd’hui Lod, ville israélienne près de Tel-Aviv – fut érigé peu après une basilique dont les vestiges sont encore visibles. Jusqu’à présent, la Passio Georgii, classée parmi les œuvres hagiographiques par le décret Gelasianum de 496 est définie pour cela passio légendaire.

Parmi les plus anciens documents attestant de l’existence de Saint Georges, un épigraphe grec de 368 a été trouvé dans Eraclea de Béthanie où l’on parle de la « maison ou église des Saints et martyrs triomphants Georges et compagnons ».

Du martyr au saint guerrier légendaire

Les croisés contribuèrent à transformer la figure de saint Georges de martyr en saint guerrier, voulant symboliser le meurtre du Dragon comme la défaite de l’Islam; Richard Cœur de Lion l’invoqua comme protecteur de tous les combattants. Avec les Normands son culte s’enracine fortement en Angleterre où, en 1348, le roi Édouard III établit l’ordre des Chevaliers de Saint Georges.

De l’Orient à l’Occident, depuis le Moyen-Âge, saint Georges devint l’objet de contes légendaires, d’une profusion de sculptures et d’œuvres iconographiques.

Dévotion à Saint-Georges

St. Georges est considéré comme le Saint patron des chevaliers, des soldats, des scouts, des escrimeurs, des archers; on l’invoque également contre la peste et la lèpre, et contre les serpents venimeux. Saint Georges est également honoré par les musulmans qui lui ont donné le titre de «Prophète».

En l’absence d’informations sûres sur sa vie, en 1969 l’Église déclassa la fête liturgique de Saint Georges en mémoire facultative, sans affecter le culte à lui consacré. Les reliques du Saint se trouvent dans différents endroits du monde. La mémoire du saint est célébrée de l’orient à l’occident.

A Istanbul, le 23 avril des milliers de personnes commémorent la vie et la Passion de Saint Georges, Aya Yorgi en turc, en faisant un pèlerinage au monastère orthodoxe des îles aux Princes. Comme dans le cas d’autres saints enveloppés dans la légende, pour Saint-Georges on pourrait conclure que sa fonction historique est ce rappel au monde d’une idée unique mais fondamentale : le bien à long terme gagne toujours sur le mal.

La lutte contre le mal est une dimension toujours présente dans l’histoire humaine, mais cette bataille n’est pas gagnée seule: St. Georges tue le Dragon parce que c’est Dieu qui agit en lui. Avec le Christ le mal n’aura plus jamais le dernier mot.


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EUCHARISTIE MÉDITÉE 23

EUCHARISTIE MÉDITÉE 23

Les grandes pluies.

Seigneur, donnez-moi de cette eau. Jn 4, 15

Eucharistie- Motif sculpté sur porte d'église - Bruxelles
Eucharistie- Motif sculpté sur porte d’église – Bruxelles

23e ACTION DE GRÂCES.

Je vous possède, je vous adore en moi, ô Jésus, vous qui n’êtes pas seulement l’auteur et le consommateur de tout don parfait, mais qui êtes encore la source de la grâce, vous venez à mon âme si pauvre, si misérable, pour l’enrichir et la combler de vos biens. Vos mains sont pleines de bienfaits et les eaux de votre grâce ne demandent qu’à s’épancher de votre divin cœur dans le mien.

Oh ! ne permettez pas, Seigneur, que par de coupables résistances, je mette obstacle aux divines effusions de votre amour ; ne souffrez pas que je vous empêche d’agir et d’opérer librement en moi ; ma volonté comme tout ce qui m’appartient est à vous, ô Jésus, je vous l’abandonne, je la remets entre vos mains ; fortifiez sa faiblesse, fixez son inconstance et ne permettez pas qu’elle puisse jamais vouloir, ni même désirer autre chose que ce que vous voulez vous-même pour moi.

Soyez béni, ô Jésus, pour toutes les grâces dont votre Eucharistie a été pour moi la source, pour toutes les lumières dont elle a éclairé mon intelligence, pour toutes les saintes affections qu’elle a fait naître dans mon cœur, pour le désir des biens qu’elle a si souvent communiqué à ma volonté, pour tant de saintes inspirations qui m’ont excité à la pratique de la vertu.

Soyez béni encore pour ces grâces de forces qui ont soutenu ma faiblesse dans les tentations, dans les occasions dangereuses, où tant de fois ma faible vertu aurait fait un triste naufrage si vous m’aviez abandonné à moi-même, et privé du secours tout-puissant de votre grâce.

Soyez béni encore, Seigneur, pour toutes les consolations dont vous avez si souvent inondé mon âme dans la réception du sacrement de votre amour, pour ses joies si douces et si pures dont vous avez par moment rassasié mon cœur, et qui parfois ont été pour moi comme l’avant-goût du ciel au milieu des amertumes et des douleurs de la vie.

Mais, ô Jésus, si le souvenir de vos bienfaits pénètre mon âme d’une vive et profonde reconnaissance, il y existe aussi une confusion non moins grande à la vue de l’abus que j’ai fait de vos bontés, et en vous offrant mes faibles actions de grâces, j’éprouve le besoin de faire à vos pieds l’aveu de mon ingratitude et de faire remonter vers le trône de votre miséricorde, avec la voix de ma reconnaissance, le cri de mon repentir.

Oui, Seigneur, je l’avoue à ma honte, j’ai bien souvent fermé les yeux à la lumière qui me montrait ce que vous demandiez de moi et ce que je devais faire pour vous être agréable, mon amour-propre et ma lâcheté m’ont suggéré de faux et vains prétextes pour me faire éluder les légers sacrifices que vous me demandiez, et trop souvent je vous les ai refusés, préférant quelques misérables satisfactions au bonheur de vous contenter.

Combien de fois encore n’ai-je pas laissé s’éteindre par ma faute l’ardeur dont vous embrasiez ma volonté, et reculé lâchement dans la pratique de la vertu toutes les fois qu’elle m’offrait quelques difficultés ! Et dans les consolations que vous m’avez données, dans les joies dont vous avez inondé mon cœur, que d’abus encore de vos grâces, ô mon bien-aimé Sauveur !

Loin de les recevoir avec actions de grâces comme un encouragement à ma faiblesse, loin d’y voir une grâce par laquelle votre miséricordieux amour voulait fortifier mon cœur pour de prochaines épreuves, ne les ai-je pas reçues sans reconnaissance et comme des grâces qui m’étaient dues?

Bien plus, ne m’en suis-je pas servi pour nourrir mon amour-propre, y cherchant ma satisfaction bien plus que la vôtre, attachant mon cœur à vos dons plus qu’à vous-même et me laissant aller au trouble, au découragement aussitôt que vous me priviez de vos grâces sensibles?

Ah! qu’un si coupable abus de vos grâces n’en tarisse pas pour moi la source, ô Jésus ; soyez touché de mon repentir et ne me punissez pas en m’enlevant pour les donner à d’autres ces grâces dont je n’ai pas su profiter.

Je mérite ce châtiment, je l’avoue, je me reconnais indigne du moindre de vos bienfaits, et cependant malgré mon indignité, j’ose faire appel à la miséricorde de votre divin cœur, et le supplier de faire abonder cette miséricorde dont il est la source, là où ont abondé l’ingratitude et le péché.

Oui, ô Jésus, j’ose vous le dire avec une sainte hardiesse, vous avez trop fait pour moi pour m’abandonner, vous m’avez comblé de trop de grâces pour que vous puissiez souffrir qu’elles me soient inutiles.

Vos miséricordes passées me répondent de vos miséricordes à venir, et me confiant en votre généreux amour, en cet amour qui m’a prévenu, recherché, alors même que j’en étais le plus indigne, j’ose vous demander avec une humble confiance, non pas seulement de ne pas me retirer votre grâce, mais de la faire surabonder en moi, de m’accorder surtout d’y être fidèle, et de ne plus mettre à l’avenir aucun obstacle à vos miséricordieux desseins sur moi.

Oui, ô Jésus, aidé, soutenu par vous, je veux à l’avenir correspondre à toutes les grâces que vous daignerez encore m’accorder. Je craindrai d’en abuser en me souvenant que toutes s’enchaînent mutuellement et qu’en en rejetant quelques-unes, je risque de me priver de toutes celles qui les auraient suivies et qui dans les vues de votre providence étaient peut-être décisives pour ma sanctification et mon salut.

Si votre grâce, ô mon Dieu, me demande des sacrifices, si elle m’excite à me faire de salutaires violences, à pratiquer des vertus qui me semblent difficiles et pénibles à la nature, vous soutiendrez mon courage, ô mon bien-aimé Sauveur, vous vous souviendrez de la faiblesse de votre pauvre créature, et abaissant sur elle un regard de miséricordieuse compassion, vous la rendrez forte, généreuse et fidèle, en lui rappelant ce que chacune de ces grâces que vous lui prodiguez vous a coûté de sang et de sacrifices.

Ah! je n’oublierai plus que chacune de ces grâces dont j’ai si souvent abusé, était le prix de vos larmes, de vos travaux, de vos douleurs, et que vous les avez achetées par l’effusion de votre sang adorable et votre mort sur la croix. En abuser, c’est fouler aux pieds ce sang précieux, c’est anéantir pour moi les fruits de votre douloureux sacrifice.

Lorsque votre grâce, ô Jésus, sera douce et consolante, je la recevrai avec action de grâces, mais sans y attacher mon cœur; je ne la regarderai que comme un encouragement que vous accordez à ma faiblesse, comme un secours que vous me donnez à l’avance pour me préparer à de nouvelles épreuves, d’avance aussi je me soumettrai à votre sainte et toujours adorable volonté.

Et lorsque vous me donnerez votre grâce sous la forme de l’affliction et de la croix, j’espère encore, aidé par vous, ô Jésus, ne plus laisser défaillir ma foi et reconnaître votre miséricorde et votre amour dans vos apparentes rigueurs.

J’appuierai alors mon faible cœur contre le vôtre, ô Dieu si bon de l’Eucharistie, afin que vous releviez à la hauteur de vos desseins sur moi, et que Je sache reconnaître dans les épreuves et les croix que vous m’enverrez, quelque lourdes et quelque multipliées qu’elles soient, les marques les plus précieuses de votre amour, et les grâces de choix que vous réservez à vos amis les plus chers.

Faites, Seigneur, qu’imposant silence à tous les sentiments de la nature, je les accepte, non pas seulement avec résignation, mais avec joie et reconnaissance, que je les supporte avec courage, heureux de pouvoir ainsi vous donner la marque la plus certaine de mon amour, et afin de recueillir un jour les fruits de gloire dont le germe est renfermé dans chacune de nos croix.

O Marie, vierge toujours fidèle, vous qui dès le premier instant de votre conception jusqu’au dernier soupir de votre vie, avez coopéré avec une si constante fidélité à toutes les grâces que la libéralité du Seigneur faisait pleuvoir sur vous, et qui par là en méritiez sans cesse de nouvelles, obtenez-moi le pardon de l’abus que j’ai fait de tant de grâces et celle d’être plus fidèle à l’avenir.

Ô vous qu’on nomme à si juste titre Mère de la divine grâce, vous qui avez porté dans votre chaste sein l’auteur même de la grâce, vous que Jésus a choisi pour être le canal par lequel ces eaux célestes qui rejaillissent jusqu’à la vie éternelle s’épanchent sur nous, vous la distributrice de ses bienfaits à tous ceux qu’il confia à votre sollicitude maternelle du haut de l’arbre de la croix, daignez, ô tendre Mère, abaisser sur moi un regard de miséricordieuse compassion, voyez mon indigence, ma faiblesse, et soyez-en touchée.

Ne m’abandonnez pas à mon inconstance, mais soyez mon appui, mon soutien. Obtenez-moi toutes les grâces qui me sont nécessaires pour opérer mon salut. Aidez-moi à y coopérer avec une entière fidélité, et obtenez-moi enfin celle de la persévérance finale. Ainsi soit-il.

Léonie Guillebaut