MYSTÈRE DE MARIE IV:MÈRE DES HOMMES

MÈRE DES HOMMES

Mère du Christ, et par là même Mère de Dieu, Marie est aussi, inséparablement, Mère de tous les humains, notre Mère. A ce titre, nous aimons l’invoquer et pouvons recourir très filialement à elle.

« Selon la Tradition, écrit Jean-Paul II dans son encyclique Redemptoris Mater, le Concile n’hésite pas à appeler Marie «Mère du Christ et Mère des hommes»:

En effet, elle l’est, «comme descendante d’Adam, réunie à l’ensemble de l’humanité…, bien mieux, elle est vraiment « Mère des membres [du Christ]… ayant coopéré par sa charité à la naissance dans l’Église des fidèles » … Cette « nouvelle maternité de Marie », établie dans la foi, est un fruit de l’amour « nouveau » qui s’approfondit en elle définitivement au pied de la Croix, par sa participation à l’amour rédempteur du Fils. » (Redemptoris Mater n°23 – Sur la bienheureuse Vierge Marie dans la vie de l’Église en marche 25-03-1987)

I. « IL LUI DONNA UNE COADJUTRICE SEMBLABLE A LUI… »

Dans le Dessein de Dieu, la Femme a été appelée à être la « coadjutrice de l’Homme », son associée en l’Œuvre de Vie. Elle devait composer avec lui, dans la diversité et la complémentarité de leurs êtres, une Image complète de Dieu. Dans le Plan Rédempteur, le Christ est promu Nouvel Adam, Nouveau Chef, Prototype de l’Humanité. La Femme, si liée au péché d’origine, sera associée aussi étroitement que possible à l’«Incarnation rédemptrice».

Marie est la « Nouvelle Ève », la «coadjutrice» du Christ en Son Œuvre de Vie. Elle nous donne une Vie qui vient d’elle et lui appartient, et cela par une action propre.

La maternité spirituelle de Marie est essentiellement le prolongement, le plein épanouissement, l’ultime conséquence de sa maternité divine. Celle-ci n’a été voulue qu’en vue de celle-là. Elle est tout orientée vers elle. Si le Christ s’est incarné, devenant Fils de Marie, c’est afin de devenir Tête de ce grand Corps mystique dont tout homme est appelé à devenir membre. Si Marie a conçu le Christ, c’est pour Le donner au Monde. Si elle Lui a communiqué sa vie humaine, c’est afin qu’Il nous communique Sa vie divine. Il n’est donc pas exagéré de dire que la maternité spirituelle de Marie est infiniment plus précieuse que sa maternité physique.

Dieu n’a jamais pensé une mère de Jésus qui ne fut pas la nôtre. Parce que Dieu n’a jamais pensé que son Fils total : Jésus, et nous, ses membres. On peut dire que tous les actes de sa maternité à notre égard découlent du parfait dévouement à la personne et à l’œuvre de son Fils, et de la parfaite compréhension qu’elle en a. Pour elle, le Christ, son Fils, est tout. Elle ne voit que Lui, elle ne sent que Lui. Mais c’est nous tous, c’est toute la chrétienté qu’elle aime et qu’elle sert, en sa personne à Lui. Son adhérence au Verbe incarné est une application à tout le corps mystique de tous les actes de sa vie dans le temps et dans l’éternité.

« La première Eve, dans la justice originelle, devait enfanter ses fils à la vie du corps et de l’âme. Mais nos mères n’ont plus que la vie du corps à transmettre, avec la ruine du péché. Dans le plan de la revanche, une femme a eu le privilège, non seulement d’enfanter pour la vie du corps et de l’âme, mais encore de tout régénérer, de tout restaurer dans la perfection de l’ordre hypostatique. La Vierge qui se proclame bienheureuse est, non la femme maudite en sa maternité, mais la femme épanouissant son être dans la maternité la plus haute : elle enfante un chef à l’humanité, et par ce seul enfantement elle régénère tous les hommes. » (Maria, T. II, p. 593.)

II. LES ÉTAPES DE LA MATERNITÉ SPIRITUELLE DE MARIE

En cette maternité spirituelle de Marie, nous pouvons, semble-t-il, discerner trois étapes :

1° – L’ANNONCIATION.

C’est le point de départ, la source de la maternité spirituelle de Marie. Concevant en son sein le Christ, Verbe de Dieu et Vie du Monde, Marie par là même nous conçoit en quelque sorte à la vie divine.

La maternité consiste essentiellement pour la femme à transmettre la vie, sa propre vie. Or, Marie nous a communiqué la vie divine en nous donnant Jésus, qui est bien sa propre vie. Concevant le Christ en son sein au matin de l’Annonciation, Marie a fait jaillir en notre terre aride la Source de la Vie, la Source de toutes grâces. Par sa maternité divine, elle est donc à l’origine de notre régénération, seconde et essentielle naissance. C’est par elle que le Christ nous a été donné. Appelant Jésus à la vie. Marie par là même nous appelait à la Vie.

2° – LA COMPASSION

Nous ayant conçus au matin de l’Annonciation, Marie nous a, en quelque sorte, enfantés au Calvaire, par sa communion pleinement aimante à la mort rédemptrice de Son Fils. Le Fiat de l’Incarnation se prolonge et trouve tout son sens dans le Fiat du Calvaire, ultime et très personnel consentement au Sacrifice du Sauveur.

« Mère, voici ton Fils » : C’est du haut de la croix, quelques instants avant de réaliser le Sacrifice qui nous vaut le pardon, le Don Parfait de notre régénération, que Jésus proclame Marie Mère des Hommes.

Maternité douloureuse : les enfants qu’elle doit enfanter à la vie divine sont tous des pécheurs. Si nous ne sommes pas le fruit de ses entrailles, nous sommes celui de ses larmes. C’est au pied de la Croix qu’elle nous reçoit de Son Fils, et nous adopte pour ses enfants :

Marie accepte un douloureux échange. Elle doit physiquement abandonner Jésus pour nous donner spirituellement asile dans son cœur. Il faut que Jésus laisse la place terriblement vide pour que nous venions l’occuper par nos misères, nos divisions, nos faiblesses de toutes sortes.

La croix n’est pas pour Marie un terme, mais bien le point de départ de l’ultime et principale étape, la plus douloureuse aussi : au moment même où Marie renouvelle son Fiat et offre Son Fils, Celui-ci lui demande de nous prendre à Sa place, de nous adopter, de nous aimer de l’amour même, sans cesse croissant, qu’elle n’a cessé de Lui porter.

3° – AUPRÈS DE SON FILS…

Une mère ne se contente pas de concevoir et enfanter son enfant : elle préside à son éducation, à son plein développement. En ce qui nous concerne, Marie le fait au ciel, ne cessant d’intercéder pour nous. Si on peut la dire médiatrice de toutes grâces, c’est en ce sens qu’elle intercède pour nous. Intercession de même nature que celle de tous les élus, mais d’un ordre d’une qualité, d’une efficacité très supérieurs.

La puissance d’intercession est fonction du degré de charité de celui qui intercède. Parce qu’immensément aimante, Marie est toute-puissante sur le cœur de Dieu.

Il faut dire plus : Marie, Nouvelle Ève, a mission de participer, en intime communion à Son Fils, à l’édification du Corps mystique. Elle le fait éminemment en intercédant pour nous. Comment le Seigneur, qui lui a confié ce rôle, pourrait-Il ne pas l’écouter ?

Suscitée pour être un lien, pour mettre la dernière perfection au lien entre Dieu et les Hommes, elle agira en faisant liaison. Sa fonction, son inclination naturelle, son geste spontané dans l’ordre de la grâce sera d’unir, de demander, d’intercéder, d’obtenir.

Marie est celle par qui la Sainteté est entrée et demeure en communion avec toute sa race. Comme tous les élus, c’est par sa prière que Marie agit, mais elle le fait à un titre tout spécial, et avec une incomparable perfection :

« On ne peut lui refuser (à Marie) ce qui peut appartenir à d’autres créatures : le pouvoir, bien souvent, d’illuminer nos âmes, de déterminer en elles, par une influence directe, bien des mouvements, de leur faire sentir comme une pression, comme une présence… Et pourquoi ne pas être tenté d’attribuer à l’intervention directe de son âme dans notre âme tout ce qui est de l’ordre de la préservation, de !a disposition de la grâce ? Il y aurait ainsi une merveilleuse correspondance entre son rôle maternel qui consiste avant tout à offrir une matière à l’incarnation, et son rôle médiateur qui consisterait à préparer la matière humaine à la descente de la grâce en même temps qu’à appeler cette grâce par la prière.» (Nicolas, O.P., Maria. T. Il, p. 739.)

III. ACTIVITÉS MATERNELLES DE MARIE

Comment se traduit cette maternité spirituelle de Marie ?

1° – PAR UNE PARTICULIÈRE PARTICIPATION A LA MÉDIATION DU CHRIST.

« Unique est notre médiateur, selon les paroles de l’Apôtre Paul: « car il n’y a qu’un Dieu, il n’y a aussi qu’un médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus, homme lui-même, qui s’est donné en rançon pour tous » (1 Timothée 2, 5-6). Mais le rôle maternel de Marie à l’égard des hommes n’offusque et ne diminue en rien cette unique médiation du Christ : il en manifeste au contraire la vertu.

Car toute influence salutaire de la part de la Bienheureuse Vierge sur les hommes a sa source dans une disposition purement gratuite de Dieu ; elle ne naît pas d’une nécessité objective, mais découle de la surabondance des mérites du Christ ; elle s’appuie sur sa médiation, dont elle dépend en tout et d’où elle tire toute sa vertu, l’union immédiate des croyants avec le Christ ne s’en trouve en aucune manière empêchée, mais, au contraire, aidée. Elle (Marie) apporta à l’œuvre du Sauveur une coopération absolument sans pareille par son obéissance, sa foi, son espérance, son ardente charité, pour que soit rendue aux âmes la vie surnaturelle. C’est pourquoi elle est devenue pour nous, dans l’ordre de la grâce, notre Mère.

« … Après son Assomption au ciel, son rôle dans le salut ne s’interrompt pas. Par son intercession répétée, elle continue à nous obtenir les dons qui assurent notre salut éternel… C’est pourquoi la bienheureuse Vierge est invoquée dans l’Eglise sous les titres d’Avocate, d’Auxiliatrice, de Secourable, de Médiatrice, tout cela cependant entendu de telle façon que nulle dérogation, nulle addition ne résulte quand à la dignité et à l’efficacité de l’unique médiateur, le Christ… L’unique médiation du rédempteur n’exclut pas mais suscite, au contraire, une coopération variée de la part des créatures, en dépendance de l’unique source. » (Lumen Gentium, ch. VIII, n° 60-62)

Nouvelle Eve, Marie a participé à la satisfaction infinie de Son Fils par son Amour sans limite, amour qui a été, lui aussi, jusqu’à la Croix.

Si le Christ est le Nouvel Adam, Marie est la Nouvelle Eve. Si le Christ satisfait pleinement pour nous et nous mérite surabondamment toutes les grâces qui nous sont nécessaires, Marie, en la dépendance de Son Fils, participe à cette satisfaction : le Père voit éternellement et inclut ses mérites à elle, en ceux, infinis, de Son Fils, pour le Salut du Monde.

C’est par Son amour infini que le Christ nous a rachetés, sauvés. Le péché étant un refus d’amour, un refus à l’Amour, la rédemption ne pouvait s’opérer que par un don, un excès d’amour. Le mérite est fonction de l’amour. Coadjutrice du Christ, Marie a participé à son œuvre rédemptrice, œuvre d’amour, par sa plénitude de grâces, qui lui permettait d’aimer d’un amour sans mesure, pleinement harmonisé à l’amour de Son Fils.

La Rédemption s’est opérée sur la Croix, par un amour allant jusqu’à l’ultime sacrifice. Or, Marie s’est très activement unie à la mort de Son Fils, acceptant cette mort. offrant son Fils. Elle pouvait redire en toute vérité avec le Christ : « Nul ne m’ôte ma vie : je la donne ». La vie de Marie, c’est son Fils. Nul ne le lui ôte ; elle-même l’offre. N’est-ce pas pour elle le grand, l’ultime sacrifice ?

2° – EN ÉTANT NOTRE MODÈLE.

Prolongement de la naissance, l’éducation fait essentiellement partie de toute vocation maternelle. Que serait une mère abandonnant son enfant à son impuissance et ne se préoccupant pas de le conduire à l’état adulte ?

Éducatrice du Christ, Marie est aussi notre éducatrice à tous. Parce qu’elle est notre Mère, il lui appartient de nous conduire au plein épanouissement de notre vie spirituelle.

Éducatrice, Marie l’est surtout en étant notre Modèle ; l’éducation se fait d’abord, indispensablement, par l’exemple, le témoignage.

Créés à l’image de Dieu, affamés de Son amour, en marche vers Lui, du fond de notre misère, nous avons besoin d’un modèle qui nous dépasse immensément sans nous écraser, qui nous fascine sans nous aveugler, qui nous entraîne sans nous essouffler ni nous décourager.

Le Christ, « Fils bien-aimé » du Père, « premier né de toutes créatures », « empreinte de sa substance et rayonnement de sa gloire », « image du Dieu invisible », est le Modèle parfait, unique, la cause exemplaire de notre perfection. Mais avec Lui, en son rayonnement, Marie est aussi notre Modèle, Chef-d’œuvre de la Trinité. miroir de Justice, Immaculée, vivant reflet de la Sainteté de Son Fils.

— « Dans le mystère de l’Église… la Bienheureuse Vierge Marie occupe la première place, offrant, à un titre éminent et singulier, le modèle de la Vierge et de la Mère. C’est dans sa foi, et dans son obéissance qu’elle a engendré sur la terre le Fils du Père… Les fidèles du Christ… sont encore tendus dans leurs efforts pour croître en sainteté par la victoire sur le péché ; c’est pourquoi ils lèvent les veux vers Marie comme modèle des vertus qui rayonne sur toute la communauté des élus… Marie rassemble et reflète en elle-même d’une certaine façon les requêtes suprêmes de la foi, et elle appelle les fidèles à son Fils et à son sacrifice. Ainsi qu’à l’amour du Père,… la Vierge a été par sa vie le modèle de cet amour maternel dont doivent être animés tous ceux qui, associés à la mission de l’Église, travaillent à la régénération des hommes. » (Lumem Gentium ch. VIII n° 63-64)

3° – EN ÉTANT NOTRE REFUGE.

Nous sommes tous d’une immense faiblesse. Trop faibles pour demeurer longtemps fidèles à notre vocation chrétienne et religieuse, nous tombons, plus ou moins souvent, plus ou moins lourdement. Notre route chrétienne est jalonnée d’innombrables chutes et d’incessants relèvements.

Il est des jours, de longues périodes de nuit plus ou moins totale : nous n’y voyons plus clair, nous n’y comprenons plus rien.

Il est des heures de terribles tempêtes : Dieu nous paraît beaucoup trop haut, trop loin, trop silencieux. L’instant de notre chute, lui, nous paraît terriblement proche.

Il est des épreuves, des souffrances, des larmes, que nous ne pouvons confier à personne.

Il est des heures de doute, de révolte, de lâcheté, où nous ne pensons pas pouvoir regarder Dieu en face, ni même le Christ.

Parce qu’elle est Mère, pleinement, Marie est ce refuge en lequel nous pouvons venir nous abriter, quel que soit notre état d’âme. Éminemment maternel, l’amour de Marie s’arrête à chacun de nous, individuellement. Chacun de nous reçoit d’elle, personnellement, tout l’amour qu’un enfant reçoit de sa mère.

— Elle aime les pauvres pécheurs, surtout les plus pauvres, c’est-à-dire ceux qui sont le plus détachés de leurs péchés, ceux qui reconnaissent le plus humblement la malice de leurs fautes, et croient avec le plus de foi que leurs chutes peuvent être, pour la miséricorde de Dieu, l’occasion de nouvelles effusions de grâces, en un mot, ceux qui ont le plus parfaitement le sens du péché.

Si le message évangélique est extrêmement exigeant, requérant de nous d’incessants dépassements, de douloureux sacrifices, si, en certaines heures, nous redoutons une certaine austérité qui, à tort, nous paraîtrait inhumaine, combien il nous est bon que Marie soit là, Type de la Femme voulue de toute éternité par Dieu, pour chacun de nous, Mère très aimante et très proche, toute-secourable à notre misère, et toute-puissante sur le Cœur de Dieu. Combien il nous est doux de savoir qu’aux côtés du Nouvel Adam, Notre Sauveur, se trouve Marie, Nouvelle Ève, Mère des Humains, incarnant, rayonnant tout spécialement la Tendresse, la Fidélité, la Délicatesse, la Miséricorde de Dieu, « Beaucoup plus Mère que Reine ».

Comment ne pas nous abandonner entièrement à son influence maternelle, toute-puissante et toute-miséricordieuse, et cela d’autant plus que nous sommes plus petits et plus pécheurs, plus faibles et plus démunis ?

CONCLUSION

En résumé, Marie est un cadeau pour nous tous. Elle a un rôle maternel pour tous les hommes, en elle découle la surabondance de la grâce du Christ. Au pied de la croix (douleur maximale), elle a une nouvelle mission, celle d’enfanter l’Église, les hommes. Elle reçoit Jean : « Voici ton fils, fils, voici ta mère. » La présence de Marie au pied de la croix a été un soutien, une aide. La souffrance ne diminue pas, mais Marie est là. (Pour nous, c’est la même chose, au pied de la croix invoquons Marie!) – Marie n’est pas simplement une belle couronne, un beau supplément de notre vie spirituelle, elle agit puissamment dans la construction des murs de notre édifice intérieur. On ne peut pas se passer d’elle. En effet par sa prière, Marie engendre Jésus en nous tous.

Pour terminer, reprenons la prière de consécration à Marie de Jean-Paul II, en la basilique Sainte-Marie-Majeure, le 8 décembre 1981, redonnée à Fatima le 13 mai 1982 :

«Mère des hommes et des peuples, toi qui connais toutes leurs souffrances et leurs espérances, toi qui ressens d’une façon maternelle toutes les luttes entre le bien et le mal, entre la lumière et les ténèbres qui secouent le monde, accueille l’appel que, dans l’Esprit Saint, nous adressons directement à ton cœur, et embrasse dans ton amour de mère et de servante du Seigneur, ceux qui ont le plus besoin de ta tendresse et aussi ceux dont tu attends toi-même d’une façon particulière qu’ils s’en remettent à toi. Prends sous ta protection maternelle toute la famille humaine que, dans un élan affectueux, nous remettons entre tes mains, ô notre Mère. Que vienne pour tous le temps de la paix et de la liberté, le temps de la vérité, de la justice et de l’espérance ».