Aimer la Vierge selon Jean-Paul I

Aimer la Vierge selon Jean-Paul I

«J’ai commencé à aimer la Vierge Marie avant même de la connaître durant les soirées près du feu, sur les genoux maternels, la voix de maman récitant le rosaire…».

Bienheureux Jean-Paul I
Bienheureux Jean-Paul I

C’est ainsi qu’Albino Luciani*, pape pendant trente-trois jours du 26 août au 28 septembre 1978, a parlé de sa dévotion à la Vierge en commençant une homélie. C’était en 1975, lorsqu’il fut invité par le diocèse de Sainte Marie, dans le sud du Brésil, à l’occasion du pèlerinage marial et du centenaire de l’immigration d’habitants de la Vénétie dans ce pays.

Arrivé  là, il avait trouvé devant lui deux cent mille personnes. Il était écrit sur une banderole: «Quand vous rentrerez en Italie, dites aux habitants de la Vénétie que nous restons fidèles à la dévotion à la Vierge».

«Laissez-moi vous dire maintenant deux mots, poursuivait le futur pape, au sujet de Marie mère et sœur.»

«Mère du Seigneur, on la voit aussi aux noces de Cana; elle manifeste un cœur de mère pour les deux époux qui se trouvent dans un grand embarras. C’est Elle qui obtient le miracle! Il semble presque que Jésus se soit inventé une loi pour lui-même: “Je fais le miracle, mais c’est Elle qui doit le demander!”.

« Nous devons donc l’invoquer souvent en tant que mère, nous devons avoir une grande confiance en Elle, la vénérer profondément. Saint François de Sales l’appelle même avec tendresse “notre grand-mère” pour avoir la consolation de jouer le rôle du petit-fils qui se jette avec une confiance totale dans ses bras.»

«Mais Paul VI, qui a déclaré Marie Mère de l’Église, l’appelle souvent aussi sœur».

«Marie, continuait Mgr Luciani, quoique privilégiée, quoique mère de Dieu, est aussi notre sœur. “C’est vraiment notre sœur”, dit saint Ambroise. Elle a vécu une vie comme la nôtre. Elle a dû elle aussi émigrer en Égypte. Elle a eu besoin d’aide elle aussi. Elle lavait le linge et la vaisselle, elle préparait les repas, elle balayait le sol. »

« Elle a accompli toutes ces tâches communes mais d’une façon non commune parce que, dit le Concile, “quand elle vivait sur la terre la même vie que tous les autres, une vie remplie par les soucis de la famille et du travail, elle était toujours intimement unie à son Fils”.

« Si bien que la confiance, la Vierge nous l’inspire non seulement parce qu’elle est très miséricordieuse mais aussi parce qu’elle a vécu notre vie, elle a fait l’expérience de beaucoup de nos difficultés et nous devons la suivre et l’imiter spécialement dans la foi».

«Il est impossible de concevoir notre vie, la vie de l’Église, sans le rosaire, les fêtes mariales, les sanctuaires mariaux et les images de la Vierge», a écrit Albino Luciani lorsqu’il était patriarche de Venise. Et ce qui montre avec quelle vénération pleine de tendresse et de reconnaissance il s’adressait à la Vierge et combien il avait à cœur la pratique du rosaire, ce n’est pas seulement le rappel constant qu’il en fait dans ses interventions et ses homélies, mais sa vie tout entière.

Parlant, un jour, du rosaire à l’occasion d’une fête mariale à Vérone, il s’exclama : «Certains trouvent cette forme de prière dépassée, inadaptée à notre époque qui demande, dit-on, une Église qui soit tout entière esprit et charisme. »

« L’amour, disait Charles de Foucauld, s’exprime en peu de mots, toujours les mêmes, des mots qu’il répète toujours. En répétant avec la voix et le cœur les Ave Maria, nous parlons comme des enfants à notre mère. Le rosaire, prière humble, simple et facile aide à s’abandonner à Dieu, à être des enfants».

* Réputé pour sa douceur et sa sensibilité à l’égard de la condition ouvrière, le Pape était fils d’un travailleur saisonnier devenu verrier et d’une employée d’hospice.