Saint Antoine de Padoue

Sermon de Saint Antoine pour l’Assomption de Marie

« Il posa sur sa tête le diadème royal ».

« Venez, dit le Cantique, contemplez, filles de Sion, le roi Salomon, avec le diadème dont sa mère l’a couronné, au jour de ses épousailles >, (Ct 3, 11).

La Vierge Marie a couronné le Fils de Dieu avec le diadème de la chair humaine, le jour de ses épousailles, lorsque la nature divine fut unie, comme un époux, à la nature humaine, dans la chambre nuptiale de la Vierge Marie. Aujourd’hui, le Fils a couronné sa Mère du diadème de la gloire céleste.

Venez, admirez la Mère avec le diadème dont son Fils l’a couronnée, aujourd’hui, jour de son Assomption.

Vase d’or

L’humilité se conserve par la pauvreté. La pauvreté est dite « d’or » parce qu’elle rend riches ceux qui la possèdent.

Où il y a la vraie pauvreté, il y a le nécessaire. Où il y a l’abondance, il y a l’indigence.

Or éclatant de la pauvreté ! Celui qui ne te possède pas , même s’il possède tout le reste, n’a rien ! Les biens temporels enflent et s’évanouissent. Dans la pauvreté, il y a la joie ; dans les richesses, la tristesse et le tourment.

« Mieux vaut une bouchée de pain sec avec la tranquillité, dit Salomon, qu’un veau engraissé avec la discorde ou une maison pleine de victimes, Mieux vaut peu de biens avec la crainte du Seigneur que de grands trésors qui ne rassasient pas, Mieux vaut habiter un pays désert qu’avec une femme querelleuse et chagrine.

Mieux vaut une habitation à l’angle d’un toit  que faire maison commune avec les autres »
(cf. Pr 17, 1 ; 15, 15-16 ; 21, 19 et 21, 9).

Vase d’or massif

L’humilité et la pauvreté de la Vierge Marie furent ornées de la pureté ; c’est pourquoi on ajoute : Vase d’or massif.

Ce vase a été orné de toutes sortes de pierres précieuses , privilèges et dons célestes. Celle qui engendra le Créateur et le Rédempteur réunit en elle-même les mérites de tous les saints.

O incomparable dignité de Marie, abîme insondable de miséricorde. Jamais à un ange ni à un homme ne fut ou ne sera donné une telle grâce et autant de miséricorde que celles qui furent données à la Vierge que Dieu le Père a voulu comme Mère de son Fils.

Ce serait une grâce et une dignité très grande pour une simple femme que d’avoir un fils avec un empereur. Vraiment supérieure à toute grâce fut celle de Marie qui eut un Fils en commun avec le Père Éternel. A cause de cela, elle a mérité aujourd’hui d’être couronnée au ciel.

Olivier chargé de fruits

L’olivier est la plante ; l’olive, le fruit ; l’huile, le suc. L’olivier produit une fleur parfumée, d’où se forme l’olive qui est d’abord verte, puis rouge et enfin mûre.

Sainte Anne fut l’olivier d’où germa la fleur au parfum incomparable de la Vierge Marie. Celle-ci fut verte, demeura vierge dans la conception et la nativité du Sauveur, avant l’enfantement et dans l’enfantement ; elle fut rouge dans la passion de son Fils, lorsque l’épée transperça son âme ; elle fut mûre dans l’Assomption d’aujourd’hui, car elle est épanouie et possède le bonheur de la gloire céleste.

Prenant part à sa joie, nous chantons dans l’introït de la messe de ce jour : « Réjouissons-nous tous dans le Seigneur »

Cyprès s’élevant jusqu’aux nuages

Comme un cyprès, la Vierge Marie s’élève aujourd’hui plus haut que tous les anges.

A ce sujet, nous lisons dans Ézéchiel : « Au-dessus du firmament qui était sur la tête des quatre animaux, apparut quelque chose qui avait l’aspect d’une pierre de saphir en forme de trône, et sur cette forme de trône, tout en haut, un être ayant apparence humaine » (Ez 1, 26).

Dans les quatre animaux sont représentés tous les saints, décorés de vertus et instruits de l’enseignement des quatre évangiles ; dans le firmament, les chœurs des anges ; dans le trône, la Vierge Marie, dans laquelle le Seigneur s’humilia lorsqu’il prit chair en elle. Dans le fils d’homme, Jésus Christ, Fils de Dieu et de l’homme. Dans la gloire du ciel, il y a donc tous les saints, les anges, la Vierge Marie et Jésus Christ.

Nous te prions, ô Notre Dame, Mère de Dieu,
exaltée au dessus des chœurs des anges.
Remplis le vase de notre cœur de la grâce céleste ;
fais-nous resplendir de l’or de la sagesse;
soutiens-nous avec la puissance de ton intercession ;
orne-nous des pierres précieuses de tes vertus ;
répands sur nous l’huile de ta miséricorde,
par laquelle tu couvres la multitude de nos péchés.
Que nous soyons trouvés dignes
d’être élevés à la hauteur de la gloire céleste
et de vivre heureux pour l’éternité
avec tous les bienheureux.
Nous demandons cela à Jésus Christ,
ton Fils qui en ce jour t’a exaltée
au-dessus des chœurs des anges,
t’a couronnée de la couronne du royaume
et t’a placée sur le trône de la lumière éternelle.
A lui soit honneur et gloire pour les siècles éternels.
Et que toute l’Église chante : Amen. Alléluia !

*

– La catéchèse de l’audience générale du 10 février 2010 a été consacrée par le Pape émérite Benoît XVI à « l’un des saints les plus populaires de l’Église catholique ».

Saint Antoine « a fortement contribué au développement de la spiritualité franciscaine grâce à sa grande intelligence, à son sens de l’équilibre, à son zèle apostolique et à sa ferveur mystique… Il fut l’un des premiers grands théologiens des Frères Mineurs pour ne pas dire le premier ».

Saint Antoine a composé un cycle de sermons pour le dimanche, un autre consacré aux saints, proposant ainsi un parcours spirituel tellement riche que Pie XII le proclama en 1946 Docteur de l’Église, en lui attribuant le titre de Docteur évangélique car ses semons reprenaient toute la fraîcheur et la beauté de l’Évangile ».

Dit de Padoue ou de Lisbonne, Antoine définit la prière « comme une relation d’amitié où l’homme dialogue avec le Seigneur », l’articulant en quatre dispositions indispensables: ouvrir avec confiance son cœur à Dieu, lui parler avec affection, lui confier nos attentes, le louer et le remercier.

Cet enseignement résume la théologie franciscaine, « la centralité de l’amour divin qui s’ouvre à la sphère affective et à la volonté cordiale, qui est aussi source d’un connaissance spirituelle qui dépasse toutes les connaissances ».

Le Docteur évangélique connaissait bien les défauts de la nature humaine, et « la tendance à tomber dans le péché. Il exhortait sans cesse à combattre l’inclination à l’avidité, à l’orgueil et à l’impureté… Au début du XIII siècle, dans un contexte de renaissance des villes et du commerce, le nombre des personnes insensibles aux pauvres s’accroissait.

Ainsi invitait-il les fidèles à rechercher l’amitié des pauvres et la véritable richesse, celle du cœur ». Cet enseignement « est tout aussi valable aujourd’hui, face à la crise économique, aux inégalités qui appauvrissent tant de personnes et accroissent la pauvreté.

Puis un autre des aspects saillants de la théologie franciscaine, le christocentrisme, « invite à réfléchir aux mystères de l’humanité du Seigneur, principalement la Nativité et la Crucifixion. « La vue du Crucifié inspirait à Antoine une immense gratitude envers Dieu, mais aussi de l’estime pour la dignité de la personne humaine, grâce à laquelle croyant comme incroyant peut trouver un sens enrichissant à sa vie ».

Rappelons « l’importance du crucifix pour notre culture et pour l’humanisme découlant de la foi chrétienne… C’est parce que Dieu nous considère importants que nous devons être dignes des souffrances du Christ ».

Le Pape a conclu en sollicitant l’intercession de saint Antoine en faveur de l’Église, et en particulier des prédicateurs. « Suivant son exemple, puissent-ils unir ensemble une saine doctrine, une piété sincère et rigueur de discours. Prions afin que prêtres et diacres accomplissent leur ministère avec conscience, annonçant en l’actualisation la Parole de Dieu auprès des fidèles, surtout dans les homélies liturgiques ».