la Vierge Marie selon Saint Jérôme

la Vierge Marie selon Saint Jérôme

Aujourd’hui l’Église fait mémoire de saint Jérôme né vers 347 à Stridon (actuelle Croatie) et mort le 30 septembre 420 à Bethléem, il y a exactement 1600 ans. Moine, traducteur de la Bible, docteur de l’Église, c’est l’un des quatre pères de l’Église latine, avec Ambroise de Milan, Augustin d’Hippone et Grégoire le Grand.

Voici ce qu’en dit le Pape François dans sa Lettre Apostolique :

SCRIPTURAE SACRAE AFFECTUS – une affection pour la Sainte Écriture

Saint Jérôme dans son étude - Jan van Eyck et atelier 1442
Saint Jérôme dans son étude – Jan van Eyck et atelier 1442

Le 30 septembre de l’année 420, Jérôme achevait son parcours terrestre à Bethléem, dans la Communauté qu’il avait fondée près de la grotte de la Nativité. Il se confiait ainsi à ce Seigneur qu’il avait toujours cherché et connu dans l’Écriture, le même qu’il avait déjà rencontré, souffrant de fièvre, comme Juge, dans une vision, peut être pendant le Carême 375.

Lors de cet évènement qui marque un tournant décisif dans sa vie, un moment de conversion et de changement de perspectives, il se sent traîné en présence du Juge : « Interrogé à propos de ma condition, j’ai répondu que j’étais chrétien. Mais celui qui siégeait ajouta “Tu mens ! tu es cicéronien, non pas chrétien”».

En effet, Jérôme avait aimé dès son plus jeune âge la limpide beauté des textes classiques latins, en comparaison desquels les écrits de la Bible lui paraissaient, initialement, bruts et incorrects, trop rudes pour son goût littéraire raffiné.

Cet épisode de sa vie favorise sa décision de se dédier entièrement au Christ et à sa Parole, en consacrant son existence à rendre toujours plus accessibles aux autres les lettres divines, par son infatigable travail de traducteur et de commentateur. Cet évènement imprime à sa vie une nouvelle et plus décisive orientation : devenir serviteur de la Parole de Dieu, comme amoureux de la « chair de l’Écriture ».

Ainsi, dans la recherche continue qui caractérise sa vie, il met en valeur ses études de jeunesse et la formation reçue à Rome, en réorganisant son savoir au service plus mature de Dieu et de la communauté ecclésiale.

C’est pourquoi saint Jérôme entre de plein droit parmi les grandes figures de l’Église antique, dans la période qui est définie comme le siècle d’or de la Patristique, un véritable pont entre Orient et Occident : il est un ami de jeunesse de Rufin d’Aquilée, il rencontre Ambroise et entretient une abondante correspondance avec Augustin.

En Orient, il connaît Grégoire de Nazianze, Didyme l’Aveugle, Épiphane de Salamine. La tradition iconographique chrétienne le consacre en le représentant avec Augustin, Ambroise et Grégoire le Grand, parmi les quatre grands docteurs de l’Église d’Occident.

De ses écrits, partant de Jésus, voici une méditation de Jérôme sur la Vierge Marie

Vierge du MagnificatLa venue de Jésus-Christ dans le monde a été pour nous, enfants de la gentilité (des nations), une cause de joie et d’espérance. Elle nous a fait participer aux privilèges de la nation sainte; les prophéties et les anciennes promesses ont été, pour la plupart, accomplies en notre faveur.

Nous tenons dans nos mains les divines Écritures, source de lumière et de consolation; nous vivons au sein de la véritable Église, notre nouvelle terre promise où coulent les ruisseaux de lait et de miel; enfin avec les Juifs qui attendaient le Messie avec foi et amour, et avec ceux d’entre eux qui se convertissent à Jésus-Christ, nous pouvons invoquer Dieu comme notre Père, compter sur l’accomplissement de ses promesses, avoir part à son héritage, recueillir tous les effets de la Rédemption.

Remercions Dieu d’une telle miséricorde. Profitons des trésors spirituels mis à notre disposition avec tant de libéralité. Vivant sous le même Chef, qui est Jésus-Christ, n’ayons qu’un même cœur pour l’aimer, une même bouche pour le bénir. Approchons-nous de ce rejeton de Jessé qui a montré à la terre un si doux épanouissement.

Allons contempler la beauté de sa doctrine, respirer le parfum de ses exemples, goûter les fruits de sa grâce. Allons à lui avec confiance; il s’est élevé, non point selon l’expression du prophète, comme une verge de fer pour frapper et détruire, et mais comme une tige féconde et fleurie pour enrichir la terre embaumer nos âmes.

Enfin la tête du serpent est écrasée, une nouvelle Ève répare les fautes de l’ancienne. Admirez ici les secrets de la divine miséricorde. Une femme avait commencé l’ouvrage de notre perte: une vierge commence l’œuvre de notre rédemption.

Un ange de ténèbres était intervenu dans notre chute: un Ange de lumière intervient dans notre salut. Satan avait voulu élever Ève à une fausse grandeur en lui faisant affecter la divinité: Vous serez comme des dieux; Gabriel établit Marie dans la véritable grandeur par une sainte société avec Dieu: Le Seigneur est avec vous.

Ève avait cru au serpent: Marie croit à l’Ange; une foi pieuse, dit Tertullien, efface la faute d’une crédulité téméraire. Ève, séduite par le démon, avait fuit devant la face de Dieu: Marie, instruite par l’Archange, se rend digne de porter Dieu. Ève, par sa désobéissance, nous avait présenté le fruit de mort: Marie, humble et soumise, conçoit dans ses chastes flancs Jésus, le fruit de vie.

O Mère des vivants! Nous crions vers vous; misérables bannis, enfants d’Eve, nous gémissons dans cette vallée de larmes; offrez nos soupirs à votre cher Fils, et montrez-nous un jour ce fruit béni de vos entrailles que nous avons reçu de vous. Ainsi soit-il.

Ce qu’est la bienheureuse Marie toujours Vierge et combien elle est grande, l’Ange le déclare divinement lorsqu’il lui dit: « Je vous salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes. »

Il convenait en effet que la Vierge reçut de tels dons, qu’elle fût pleine de grâces, elle qui a donné aux cieux la gloire, à la terre le Seigneur, au monde la paix, aux nations la foi; elle qui a mis fin aux vices, elle qui a restitué l’ordre de la vie et la pureté des mœurs.

C’est à juste titre qu’elle est dite toute remplie puisque la plénitude de grâce qui n’est accordé qu’aux autres que par degrés, est répandue en une seule fois tout entière en Marie.

Elle en est vraiment remplie; quoique nous croyions que les saints pères et les prophètes ont eu la grâce, ils ne l’ont pas eu cependant entière à ce point; au contraire en Marie toute la plénitude de grâce qui existe dans le Christ est venue, quoique d’une façon différente.

Et c’est pourquoi il lui dit: Vous êtes bénie entre toutes les femmes; cela veut dire: plus bénie que toutes les femmes. Ainsi toute malédiction qui fut apportée par Eve, la bénédiction de Marie l’a complètement enlevée.