La parabole du bon samaritain

Vincent Van Gogh - Le Bon Samaritain d'après Delacroix, 1890L’Évangile d’aujourd’hui — nous sommes au chapitre 10 de Luc — est la célèbre parabole du bon samaritain. Qui était cet homme ? C’était un homme quelconque, qui descendait de Jérusalem vers Jéricho sur la route qui traverse le désert de la Judée. Sur cette route, un homme venait d’être attaqué par des brigands, volé, frappé et abandonné à moitié mort. Avant le samaritain, un prêtre et un lévite passent, c’est-à-dire deux personnes attachées au culte dans le Temple du Seigneur. Ils voient ce pauvre homme, mais ils passent outre sans s’arrêter. Le samaritain, au contraire, quand il vit cet homme, « fut saisi de pitié » (Lc 10, 33) dit l’Évangile. Il s’approcha, pansa ses plaies en y versant un peu d’huile et de vin ; puis il le chargea sur sa propre monture, le conduisit dans une auberge et paya le logement pour lui… En somme, il prit soin de lui : c’est l’exemple de l’amour pour le prochain.

Mais pourquoi Jésus choisit-il un samaritain comme protagoniste de la parabole ? Parce que les samaritains étaient méprisés par les juifs, à cause de diverses traditions religieuses ; et pourtant Jésus montre que le cœur de ce samaritain est bon et généreux et que — à la différence du prêtre et du lévite — il met en pratique la volonté de Dieu, qui veut la miséricorde plus que les sacrifices (cf. Mc 12, 33). Dieu veut toujours la miséricorde et non la condamnation de tous. Il veut la miséricorde du cœur, car Lui est miséricordieux et sait bien comprendre nos misères, nos difficultés et nos péchés. Il nous donne à tous ce cœur miséricordieux ! Le samaritain fait justement cela : il imite précisément la miséricorde de Dieu, la miséricorde envers celui qui a besoin.

… Soyez comme lui, des bons samaritains ! Et je souhaite aussi aux médecins, aux infirmiers, et à ceux qui travaillent dans les hôpitaux et dans les maisons de soin, d’être animés par le même esprit. Confions cette intention à l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie.

Pape François extrait de l’Angélus dimanche 14 juillet 2013

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s’inspirer de la compassion du Samaritain

« Maître, que dois-je faire pour avoir part à la vie éternelle ? » (Lc 10,25) Un docteur de la Loi pose une question au Seigneur. Il oriente notre méditation vers les biens à venir, ceux du Royaume Céleste. Il s’agit là d’une question existentielle qui se pose à tout homme : « Qu’y a-t-il après la mort ? » Jésus est venu nous le révéler : « Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures, sinon, je vous l’aurai dit ; je vais vous préparer une place » (Jn 14,2). Après notre passage sur la terre, il y a une vie éternelle qui s’ouvre à nous, dans la maison du Père. Mais comment y parvenir ?

Jésus nous donne la réponse : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même » (Lc 10,27). Toute la Loi se résume à ce commandement de l’amour : aimer Dieu, son prochain et soi-même. Saint Paul dit : « La charité est l’accomplissement de la Loi » (Rm 13,10). Il est important d’entendre ce message : le chemin vers le Ciel est celui de l’Amour ; et c’est Jésus lui-même qui nous donne d’aimer. Ouvrons nos cœurs, en ce jour, aux personnes à qui nous avons du mal du pardonner. Ou peut-être, est-ce à moi-même que je n’arrive pas à pardonner ? Laissons l’Esprit-Saint agir puissamment en nos cœurs.

Puis Jésus raconte la parabole du Bon Samaritain pour répondre à la question du docteur de la Loi : « Qui est mon prochain ? » (Lc 10,29). Dans le Judaïsme, mon prochain c’est une personne de mon peuple, un Israélite, celui qui partage la foi juive. Les autres peuples sont des étrangers, qu’il faut accueillir en situation de détresse, mais qui demeurent étrangers.

Jésus renverse la question. Par son récit, Il montre que c’est le Samaritain, et non pas le lévite ou le prêtre, qui a été le prochain de l’homme dépouillé par les bandits. Jésus explique donc que la charité n’est pas enfermée dans les frontières d’une religion. Le Samaritain, pour les Juifs, est un hérétique. Et pourtant c’est bien lui qui est venu en aide à l’homme en souffrance. Au soir de notre vie, ce seront les actes de charité qui demeureront. Pour tout chrétien, il est important de se poser cette question : « Quel acte de charité ai-je posé aujourd’hui ? » Une journée sans acte de charité est une journée perdue !

Les Pères de l’Église lisent généralement ce récit d’un point de vue allégorique. Le Bon Samaritain, c’est Jésus lui-même. C’est Jésus qui est saisi de pitié en voyant notre péché qui nous défigure, tout comme le Bon Samaritain est saisi de pitié en voyant l’homme laissé à moitié-mort. C’est Jésus qui panse les blessures du pécheur au moyen des sacrements tels que la Confession ou l’Eucharistie ; tout comme le Bon Samaritain panse les plaies de l’homme en y versant de l’huile et du vin. C’est Jésus qui nous porte sur la Croix pour nous conduire au sein de l’Église, tout comme le Bon Samaritain prend l’homme blessé sur sa monture et le conduit à l’auberge.

En ce jour, nous sommes appelés à être à la fois le Bon Samaritain qui pose un acte de charité qui demeure dans la vie éternelle, mais aussi l’homme blessé qui se laisse guérir et porter par Jésus.

P. Pascal Montavit