Abnégation et pénitence voie obligée pour l’homme en recherche de perfection

Ce texte très intéressant peut être lu en tenant compte de l’autre versant de la vie chrétienne qu’est la grâce, le pardon, l’amour de Dieu, tel qu’il s’exprime de façon magnifique en Marie, la Sainte Mère de Dieu, « pleine de grâce ».

Chers Fils et Chères Filles,

Nous voudrions donner quelques aspects de la physionomie de l’homme, tel que l’Église le conçoit, en tenant compte des enseignements traditionnels du catholicisme, singulièrement de l’enseignement du récent Concile, en ayant présentes à l’esprit quelques-unes des réflexions que notre époque applique à l’homme.

L’homme est à la recherche de lui-même. Il veut prendre conscience de lui-même, veut donner à sa vie une expression propre, qu’il réclame toujours nouvelle, ou libre, complète, puissante, originale, personnelle, authentique … Certains ont parlé de surhomme et d’homme à la vie héroïque; ils l’ont surtout défini sous son aspect biologique et zoologique (cf. Desmond Morris).

L’anthropologie est en question à tous les niveaux. Elle constitue, aujourd’hui, le thème principal de la discussion scientifique, philosophique, sociale, politique et même religieuse (cf. Gaudium et spes n. 14). Qui est l’homme? Et quel est le type d’homme que nous pouvons considérer comme idéal? Et c’est l’antique question socratique: « Je te le demande, qu’est-ce qu’un saint? » (Platon, Euthypron).

C’est à peine si nous posons la question; nous n’entendons pas l’étudier et la traiter dans une simple conversation, comme celle-ci; mais nous voudrions attirer votre attention sur ce thème central de la problématique contemporaine, et mettre en évidence une difficulté provenant de notre qualité de chrétien.

Nous ne parlons pas de l’aspect bien connu du théocentrisme, par lequel Dieu occupe la place centrale dans la conception chrétienne, en opposition avec l’auto-idolâtrie moderne, l’anthropocentrisme: c’est-à-dire que nous ne parlons pas d’une conception humaniste et profane, mettant Dieu au centre de tout.

Nous parlons plutôt de l’attitude pénitentielle qui se trouve au départ de la participation au « Royaume des Cieux » (Mt 3, 2) et qui s’appelle « metanoia », conversion, changement profond et agissant de pensées, de sentiments, de conduite; qui oblige à un certain renoncement de soi et accompagne aussi bien l’apprentissage que la pratique des normes chrétiennes.

Cette attitude implique des sacrifices — parfois très importants — comme dans les vœux religieux; elle inspire au fidèle le sens du péché, en raison de son caractère contraignant, mais salutaire; elle suppose un esprit attentif aux dangers et aux tentations qui guettent chacun de nos pas; elle trace à l’homme la voie étroite qui est la seule menant au salut (cf. Mt 7, 13-14); elle réclame une imitation de l’exemple du Christ — rien moins que facile — et incite, jusqu’à l’exaltation de la croix, à une certaine participation à son sacrifice.

La vie chrétienne considère comme très importantes la mortification, l’abnégation, la pénitence (cf. la sévérité demandée à l’homme, contre ce qui est peut-être, en lui-même, source de péché (Mt 5, 29-30, 18, 8).

Caractéristiques de la vie chrétienne ; Le Maître nous exhorte à la pénitence et à l’expiation suite page 2