Les chrétiens ne doivent pas accumuler les richesses, mais les mettre plutôt à disposition des plus nécessiteux, à l’image de la première communauté chrétienne guidée par les Apôtres, dont la vie est décrite dans la première lecture du jour, tirée du livre des Actes des Apôtres.

Trois grâces sont à demander aux communautés chrétiennes : l’harmonie, la pauvreté et la patience. La conversation nocturne entre Jésus et Nicodème – au centre de la liturgie de la parole – se consacre au thème de la « renaissance », ce qui signifie « renaître de l’Esprit ».
Les lectures de la veille invitaient à « réfléchir à l’une des nombreuses transformations » que l’Esprit opère : donner du « courage », transformer l’homme « d’un lâche et craintif » en « courageux pour annoncer Jésus sans crainte ». De personne en tant qu’individu, on passe à « ce que l’Esprit fait dans une communauté ».
Harmonie et bien commun, signes d’une communauté née de nouveau
En relisant le passage des Actes des Apôtres (4, 32-37) qui décrit les premières communautés chrétiennes on semble presque être confronté à la description d’un monde idéal: « Tout le monde était ami, tout le monde mettait en commun, personne ne se disputait. »
« C’est comme un résumé, comme si la vie s’arrêtait un peu et que l’Esprit de Dieu nous montrait ce qu’il pouvait faire dans une communauté, comment une communauté pourrait être transformée: une communauté diocésaine, une paroisse, une communauté religieuse, une communauté familiale. »
Dans cette description, sont à mettre en évidence deux signes caractéristiques de « renaissance dans une communauté ». D’abord l’harmonie: « La multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un cœur et une âme ». Qui est né de l’Esprit, c’est-à-dire qui a la « grâce de l’unité, de l’harmonie ». En fait, le Saint-Esprit est « le seul qui puisse nous donner l’harmonie » car « il est aussi l’harmonie entre le Père et le Fils ». Ensuite, il y a un deuxième signe, et c’est celui du « bien commun ». Dans l’écriture, nous lisons: « Aucun d’entre eux n’était dans le besoin, personne ne considérait comme sa propriété ce qui lui appartenait. »
Difficultés à purifier et persécutions
À ce stade, ces deux aspects ne sont qu’une « étape » dans le cheminement de la communauté renaissante. En fait, on commence également à rencontrer des « problèmes ». Par exemple, il y a le cas « du mariage d’Ananias et de Saphire », qui, entrant dans la communauté, « ont tenté de frauder la communauté ».
Une expérience négative qui de nos jours est semblable aux « maîtres bienfaiteurs qui s’approchent de l’Église, viennent pour l’aider et utilisent l’Église pour leurs propres affaires ». Puis il y a aussi « les persécutions » qui, de plus, avaient été « annoncées par Jésus. »
A cet égard, la dernière des béatitudes de Matthieu : » Heureux quand ils vous insultent, vous persécutent à cause de moi … Réjouissez-vous ». Jésus « a promis bien de belles choses, la paix, l’abondance: ‘Vous en aurez cent fois plus avec des persécutions' ».
Tout cela se trouve « dans la première communauté renaissante du Saint-Esprit », à laquelle Pierre explique : « Les frères ne s’émerveillent pas de ces persécutions, de ce feu qui a éclaté parmi vous ». « L’image du feu » est celle du « feu qui purifie l’or », c’est « l’or d’une communauté renaissant du Saint-Esprit purifié des difficultés, des persécutions ».
Le don de la patience dans les difficultés
Un troisième élément important : le « conseil de Jésus » donné à ceux qui se retrouvent au milieu de difficultés et de persécutions: « Ayez de la patience, car avec patience, vous sauverez vos vies, vos âmes ‘. » Nous avons besoin de « patience pour durer, supporter les problèmes, supporter les difficultés, supporter les médisances, les calomnies, les maladies, supporter la douleur de la perte d’un fils, de sa femme, de son mari, de sa mère, de son père … la patience. »
le non-cumul les richesses, mais leur gestion en vue du bien commun
Voici donc les trois éléments : une communauté chrétienne « montre qu’elle renaît dans le Saint-Esprit, quand c’est une communauté qui recherche l’harmonie » et non pas la division interne, « lorsqu’elle recherche la pauvreté » et « non l’accumulation de richesses » – les richesses, en fait, « sont pour le service » – et quand elle a de la patience, c’est-à-dire quand « elle ne se fâche pas immédiatement face aux difficultés et ne se sent pas offensée », parce que « le serviteur de Dieu, Jésus, est patient. »
« En cette deuxième semaine de Pâques » au cours de laquelle sont célébrés les mystères pascals, on doit « penser à nos communautés », qu’elles soient diocésaines, paroissiales, familiales ou religieuses, on doit demander trois grâces: celle de « l’harmonie, qui est plus que de l’unité », celle de la « pauvreté » – qui ne signifie pas « de la misère » : en fait, qui a une possession « doit bien la gérer pour le bien commun et avec générosité »- et enfin la grâce de la« patience ».
Nous devons en effet comprendre que non seulement « chacun de nous » a reçu la grâce de « renaître dans l’Esprit », mais que cette grâce est aussi pour « nos communautés ».
Pape François, homélie de la messe à Sainte Marthe le mardi 14 avril 2015