une foi sans don et sans gratuité est incomplète

«une foi sans don et sans gratuité est incomplète»

Méditant sur l’Évangile de Marc, où l’homme bon demande à Jésus ce qu’il faut faire pour obtenir la vie éternelle, le Pape François a invité les fidèles à se demander quelle était leur véritable relation à Dieu et comment leur foi était nourrie.
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PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
Dimanche 3 octobre 2021

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Chers frères et sœurs, bonjour !

La liturgie d’aujourd’hui nous propose la rencontre entre Jésus et un homme qui « possédait beaucoup de biens » (Mc 10, 22) et qui est entré dans l’histoire comme « le jeune homme riche » (cf. Mt 19, 20-22).

Nous n’en connaissons pas le nom. L’Évangile de Marc, en réalité, parle de lui comme « tel », sans mentionner son âge et son nom, suggérant que dans cet homme nous pouvons tous nous voir, comme dans un miroir. Sa rencontre avec Jésus, en effet, nous permet de faire un test de foi. Je teste ma foi en lisant ceci.

Cet homme commence par une question : « Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? (v. 17). On note les verbes qu’il utilise : avoir à faire – avoir. Voici sa religiosité : un devoir, un faire pour avoir ; « Je fais quelque chose pour obtenir ce dont j’ai besoin ». Mais c’est une relation commerciale avec Dieu, un « do ut des ». La foi, en revanche, n’est pas un rite froid et mécanique, un « je dois faire je reçois ».

C’est une question de liberté et d’amour. La foi est une question de liberté, c’est une question d’amour. Voici un premier test : qu’est-ce que la foi pour moi ? S’il s’agit avant tout d’un devoir ou d’une monnaie d’échange, on se trompe, car le salut est un don et non un devoir, il est gratuit et ne s’achète pas.

La première chose à faire est de se débarrasser d’une foi commerciale et mécanique, qui insinue la fausse image d’un Dieu comptable, d’un Dieu contrôleur, pas d’un père. Et bien des fois dans la vie on peut vivre cette relation de foi « commerciale » : je fais ça pour que Dieu me donne ça.

Jésus – deuxième passage – aide cet homme en lui offrant le vrai visage de Dieu. En effet – dit le texte – « il fixa son regard sur lui » et « l’aimait » (v. 21) : c’est Dieu ! C’est là que la foi naît et renaît : non d’un devoir, non pas d’une chose à faire ou à payer, mais d’un regard d’amour à accueillir. Ainsi la vie chrétienne devient belle, si elle n’est pas basée sur nos capacités et nos projets, mais est basée sur le regard de Dieu.

Votre foi, ma foi est-elle fatiguée ? Vous souhaitez la dynamiser ? Cherchez le regard de Dieu : mettez-vous en adoration, laissez-vous pardonner dans la Confession, placez-vous devant le Crucifix. Bref, laissez-vous aimer par lui, c’est le commencement de la foi : laissez-vous aimer par celui qui est père.

Après la question et le regard, il y a – troisième et dernier passage – une invitation de Jésus, qui dit : « Il ne te manque qu’une chose ». Que manquait-il à cet homme riche ? Le don, la gratuité : « Va, vends ce que tu as, donne-le aux pauvres » (v. 21). C’est peut-être ce qui nous manque aussi. Souvent nous faisons le strict minimum, alors que Jésus nous invite autant que possible.

Que de fois nous nous contentons de devoirs – des préceptes, quelques prières et tant de choses comme ça – alors que Dieu, qui nous donne la vie, nous demande des sauts de vie !

Dans l’Évangile d’aujourd’hui, nous voyons clairement ce passage du devoir au don ; Jésus commence par rappeler les commandements : « Ne tuez pas, ne commettez pas d’adultère, ne volez pas… » et ainsi de suite (v. 19), et arrive à la proposition positive : « Allez, vendez, donnez, suivez-moi !  » (voir v. 21). La foi ne peut se limiter au non, car la vie chrétienne est un oui, un oui d’amour.

Chers frères et sœurs, une foi sans don, une foi sans gratuité est une foi incomplète, c’est une foi faible, une foi malade. On pourrait le comparer à un aliment riche et nutritif qui manque pourtant de saveur, ou à un jeu plus ou moins bien joué mais sans but : non, ça ne marche pas, il n’y a pas de « sel ».

La foi sans don, sans gratuité, sans œuvres de charité finit par nous rendre triste : comme cet homme qui, bien que regardé avec amour par Jésus lui-même, rentra chez lui « attristé » et « le visage noir » (v. 22) .

Aujourd’hui, nous pouvons nous demander : « Où en est ma foi ? Est-ce que je l’éprouve comme une chose mécanique, comme une relation de devoir ou d’intérêt avec Dieu ? Est-ce que je me souviens de l’avoir nourri en laissant Jésus me voir et m’aimer ? ».

Laissez-vous regarder et aimer par Jésus ; que Jésus nous regarde, et nous aime. « Et, attiré par lui, est-ce que je correspond avec gratuité, avec générosité, de tout mon cœur ? ».

Que la Vierge Marie, qui a dit un oui total à Dieu, un oui sans mais – il n’est pas facile de dire oui sans mais : la Vierge l’a fait, un oui sans mais – savourons la beauté de faire de la vie un cadeau.

Après l’Angélus

Chers frères et sœurs,

aujourd’hui encore j’ai la joie d’annoncer l’annonce de nouveaux bienheureux. Hier, à Naples, Maria Lorenza Longo, épouse et mère d’une famille du XVIe siècle, a été béatifiée. Veuve, elle fonda l’Hôpital des Incurables et des Clarisses Capucines à Naples. Femme d’une grande foi et d’une intense vie de prière, elle s’est efforcée de répondre aux besoins des pauvres et des souffrants.

Aujourd’hui, à Tropea, en Calabre, a été béatifié don Francesco Mottola, fondateur des Oblats et des Oblats du Sacré-Cœur, décédé en 1969. Pasteur zélé et annonceur infatigable de l’Évangile, il fut un témoin exemplaire d’un sacerdoce vécu dans la charité et la contemplation. Une salve d’applaudissements pour ces nouveaux bienheureux !

Aujourd’hui, à l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, je voudrais rendre hommage aux frères et sœurs souffrant de troubles mentaux et aussi aux victimes, souvent jeunes, de suicide. Prions pour eux et leurs familles, afin qu’ils ne soient pas laissés seuls ou discriminés, mais accueillis et soutenus.

Je vous salue tous, Romains et pèlerins de divers pays : familles, groupes, associations et fidèles individuels. Je salue en particulier les fidèles de Bussolengo et ceux de Novoli ; les confirmands de la paroisse de la Résurrection à Rome et la Coopérative du Soleil de Corbetta. Je vois aussi qu’elles sont de Montella, et je les salue… A l’effigie de Sœur Bernadette. Nous prions pour la canonisation rapide.

Je souhaite à tous un bon dimanche. Et s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir !


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Traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse