Les mots ont du poids, parler avec douceur pour ne pas détruire les autres

Les mots ont du poids, parler avec douceur pour ne pas détruire les autres

Domenico_Fetti_la_Parabole_de_la_paille_et_de_la_poutre
Domenico_Fetti_la_Parabole_de_la_paille_et_de_la_poutre

À l’Angélus, le Pape François nous invite à faire attention au langage utilisé qui peut « alimenter les préjugés, dresser des barrières » et « polluer le monde« . Puis il dénonce : sur les réseaux sociaux de nombreuses fake news et agressions. Le Souverain Pontife nous demande de réfléchir sur notre propre regard :

« Nous nous plaignons souvent de ce qui ne va pas dans la société, dans l’Église, dans le monde, sans nous poser de questions. Nous regardons les autres comme Dieu nous regarde qui ne voit pas les erreurs irrémédiables. en nous, mais les enfants qui ils ont tort. »

« Parlons-nous avec douceur ou polluons-nous le monde en répandant des poisons : critiquer, se plaindre, alimenter une agression généralisée ? »

Le mercredi des Cendres, le Saint Père invite à une journée de prière et de jeûne pour la paix en Ukraine.

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Dans un moment de crise et de tension, de peur et de déséquilibres internationaux, le Pape exhorte à la paix qui se construit à partir du langage. S’attardant sur l’Évangile de Luc d’aujourd’hui, dans lequel « Jésus nous invite à réfléchir sur notre regard et sur notre parole », il met en garde contre les conséquences d’un usage abusif et léger de la langue qui peut faire mal comme une arme.

Avec la langue on peut aussi nourrir les préjugés, dresser des barrières, attaquer et même détruire nos frères : le commérage fait mal et la calomnie peut être plus tranchante qu’un couteau !

Colère et agressivité dans le monde numérique

Un risque qui s’accroît surtout aujourd’hui dans le monde numérique : trop de mots qui « courent vite » et « véhiculent la colère et l’agressivité, alimentent les fausses nouvelles et profitent des peurs collectives pour répandre des idées déformées« . Le Souverain Pontife cite Dag Hammarskjöld, diplomate suédois secrétaire général de l’ONU de 1953 à 1961, prix Nobel de la paix : « Abuser de la parole, c’est mépriser l’être humain ».

Attention à utiliser les mots superficiellement

C’est vrai, tout comme il est vrai que « la façon dont on parle, on se rend compte de ce qu’il a dans le cœur ».

Les mots que nous utilisons disent qui nous sommes. Parfois, cependant, nous prêtons peu d’attention à nos mots et les utilisons superficiellement. Mais les mots ont du poids : ils nous permettent d’exprimer des pensées et des sentiments, de donner la parole aux peurs que nous avons et aux projets que nous avons l’intention de réaliser, de bénir Dieu et les autres.

Demandons-nous quel genre de mots nous utilisons, dit le Pape aux fidèles : « Des mots qui expriment l’attention, le respect, la compréhension, la proximité, la compassion, ou des mots qui visent principalement à nous rendre beaux devant les autres ? »

La paille et la poutre

De même, il faut aussi réfléchir sur son propre « regard« . Et c’est-à-dire, si vous vous concentrez « sur le fait de regarder la paille dans l’œil de votre frère sans remarquer le faisceau dans le nôtre« . Ce qui veut dire « être très attentif aux défauts des autres, même petits comme une paille, négligeant sereinement les nôtres, leur donnant peu de poids ».

Nous trouvons toujours des raisons de blâmer les autres et de nous justifier. Et bien des fois nous nous plaignons de choses qui ne vont pas dans la société, dans l’Église, dans le monde, sans d’abord nous remettre en question et sans nous engager d’abord à nous changer.

« Tout changement positif et fructueux doit commencer par nous-mêmes, sinon il n’y aura pas de changement. »

Reconnaissez vos propres misères

Ce faisant, « notre regard est aveugle ». Et si nous sommes aveugles « nous ne pouvons pas prétendre être des guides et des enseignants pour les autres : un aveugle, en effet, ne peut pas guider un autre aveugle« .

La première chose est donc « de regarder en nous pour reconnaître nos misères », car « si nous ne sommes pas capables de voir nos défauts, nous serons toujours enclins à grossir ceux des autres. Si, au contraire, nous reconnaissons nos erreurs et nos misères, la porte de la miséricorde s’ouvre pour nous ».

Voir le bien chez les autres, pas le mal

Il s’agit essentiellement de regarder les autres comme le Seigneur nous regarde « qui ne voit pas d’abord le mal, mais le bien ».

Dieu nous regarde ainsi : il ne voit pas en nous des erreurs irrémédiables, mais des enfants qui commettent des erreurs. Nous changeons de perspective. Il ne se concentre pas sur les erreurs mais sur les enfants qui font des erreurs… Dieu distingue toujours la personne de ses erreurs. Il croit toujours en la personne et est toujours prêt à pardonner les erreurs. Et nous savons que Dieu pardonne toujours.

Nous sommes tous appelés à faire de même : « Chercher non pas le mal chez les autres, mais le bien ».

Texte complet de la catéchèse lors de l’Angélus