LE MOIS DU SAINT NOM DE JÉSUS – XXXe JOUR.

LE MOIS DU SAINT NOM DE JÉSUS – XXXe JOUR.

RÉSURRECTION DE JÉSUS-CHRIST.

Quid quaeritis viventem cum mortuis? non est hic: sed surrexit.

Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant? Jésus n’est plus ici : il est ressuscité. Luc. 24.

Ier Point.

IHS extrait des armes du Pape François
IHS extrait des armes du Pape François

Le lendemain de la mort du Sau­veur, qui était le jour du sabbat, les Juifs se souvinrent que Jésus avait prédit lui-même sa résurrection. (Test pourquoi ils allèrent trouver Pilate, et lui demandè­rent la permission de faire garder le tom­beau dans lequel l’auguste victime Tenait d’être déposée.

D’après le consentement du gouverneur, ils posèrent leur sceau sur la pierre qui était à l’entrée du sépulcre, et placèrent autour de ce monument des soldats qui avaient l’ordre d’en interdire l’approche aux disciples de Jésus.

A voir cet empressement du peuple juif, on dirait qu’il craint le mensonge et la sé­duction, tandis que c’est réellement contre la vérité qu’il cherche à se défendre, le but de toutes ces mesures étant plutôt d’empêcher la Parole du Sauveur que de réprimer les tentatives de ses disciples.

C’est ce qui a fait dire à un Père de l’É­glise, qu’au lieu de garder simplement le sépulcre, les soldats le tenaient assiégé ; que c’était à la résurrection et à la vie qu’ils en fermaient l’entrée, et qu’ils étaient en sentinelle pour empêcher que Jésus-Christ ne triomphât de la mort.

Mais que peuvent toutes les précautions humaines, lorsqu’elles ont pour but d’ar­rêter les effets de la puissance divine ? Que signifie ce sceau apposé par les Juifs sur un tombeau qui ne doit point voir la cor­ruption ? A quoi servent tous ces satellites armés à l’entour d’un corps que la milice céleste environne de sa protection et de ses hommages ?

Inutiles efforts ! ressour­ces impuissantes ! Toutes ces précautions ne retarderont pas d’un seul instant la ré­surrection du Sauveur : au moment fixé par sa volonté, son âme divine viendra se réunir à son corps ; la pierre qui le couvre sera renversée, et le Fils de Dieu sortira glorieusement du tombeau, laissant dans l’étonnement et dans la frayeur les soldats chargés de s’opposer à son triomphe.

Quoique l’Église ignore le moment pré­cis de la résurrection de Jésus, il est cer­tain qu’elle eut lieu de grand matin, puis­que les saintes femmes qui arrivèrent au sépulcre avant le lever du soleil, n’y trou­vèrent plus son corps qu’elles venaient em­baumer.

Or, en ressuscitant le matin du troisième jour, le Fils de Dieu prévint le moment où les gardes seraient tentés d’a­bandonner son tombeau, en pensant que leur fonction n’était plus nécessaire. Il im­portait infiniment à la religion, dit saint Jean Chrysostome, que Jésus-Christ res­suscitât lorsque les gardes étaient encore autour de son sépulcre, et qu’ils en fus­sent les premiers témoins.

Comme ils pou­vaient, par un caprice, par un mouve­ment d’impatience, par le mépris d’une prédiction qu’ils regardaient comme faus­se, ou se retirer tout-à-fait, ou ne laisser que peu de gens autour du sépulcre.

Le Fils de Dieu envoie son ange, avant le lever du soleil, pour leur montrer qu’ils gardent un tombeau où il n’est plus, et pour leur faire voir, en ôtant la pierre qui en fermait l’en­trée, qu’inutilement ils assiègent un lieu d’où ils n’ont pu l’empêcher de sortir.

Il ne faut pas croire cependant que Fange envoyé du Ciel pour rendre témoignage à la résurrection du Sauveur, ait eu quelque part à ce grand prodige. Jésus-Christ devant ressusciter par ses propres forces et par sa seule puissance, n’avait pas besoin du mi­nistère de l’ange pour l’aider à sortir du tombeau.

D’ailleurs les saints Pères ont tou­jours cru que le corps du Fils de Dieu n’était plus dans le sépulcre lorsque l’ange vint renverser la pierre qui en fermait l’entrée. Voici comment s’explique à ce sujet saint Jérôme dans une de ses lettres adressée à Hédibie, pieuse dame qui demeurait dans les Gaules :

« Ne croyons pas, lui dit-il, que l’ange soit venu pour ouvrir le sépulcre à Jésus-Christ, et pour empêcher que la pierre ne fût un obstacle à sa résurrection ; mais soyons, au contraire, persuadés que l’ange ne vint qu’après que Jésus-Christ fut ressuscité au moment qu’il lui plut, et qui est inconnu à tous les hommes : il fut envoyé pour rendre public  et manifeste ce qui s’était passé dans le secret, et pour faire voir, en ôtant la pierre et en se tenant auprès du tombeau, qu’il était vide et que Jésus-Christ n’y était plus. »

Les gardes que la présence de l’ange avait remplis d’effroi, se hâtèrent de prendre la fuite, et coururent annoncer aux princes des prêtres tout ce qu’ils avaient vu. Quelle impression ne devait pas faire un semblable récit sur l’esprit des Juifs ?

Il y a peu de temps qu’ils disaient de Jésus : s’il est le roi d’Israël, qu’il descende de la croix, et nous croirons en lui ; or quel prétexte leur reste-t-il pour autoriser leur incrédulité, maintenant qu’on leur annonce que ce même Jésus est sorti vivant du tombeau ?

Ce der­nier prodige est bien plus incompréhensible que le premier ; car il est bien plus facile, comme le remarque saint Augustin, d’éviter la mort que de la vaincre, et il y a sans comparaison plus de puissance et plus de preuve de la divinité à sortir du tombeau, qu’à prolonger sa vie de quelques jours.

Cependant la nouvelle de la résurrection du Sauveur ne put dissiper l’aveuglement des prêtres et des magistrats des Juifs : ils s’assemblèrent, et après avoir délibéré en­semble, ils décidèrent qu’on donnerait aux gardes une grande somme d’argent, afin de les engager à dire partout que la nuit, pen­dant qu’ils dormaient, les disciples de Jésus avaient enlevé son corps.

O le déplorable artifice! s’écrie saint Augustin : est-ce donc là toute la ressource que d’avoir recours à des témoins endormis? S’ils dormaient, qu’ont-ils pu découvrir ? s’ils n’ont rien vu, de quoi sont-ils témoins ?

O folie plus stupide que la léthargie même ! Comment ne vois-tu pas que, si les soldats étaient éveillés, ils ont dû empêcher les disciples du Sauveur d’en­lever son corps, puisqu’ils étaient envoyés pour cela, et qu’ils en avaient la force ; et que s’ils étaient endormis, ils n’ont rien vu de ce qui s’est fait ? ( In Ps. 63, 65. )

IIe Point.

La résurrection de Jésus-Christ a été regardée par tous les saints comme un si grand mystère, qu’ils ont toujours dit qu’il valait mieux en adorer humblement la grandeur, que de chercher à la pénétrer. Con­tentons-nous donc d’entrer aujourd’hui dans son esprit, et d’en retirer les salutaires in­structions qu’il renferme.

Et d’abord la résurrection du Sauveur peut et doit être considérée comme le modèle de notre résurrection spirituelle. De même, dit saint Paul, que Jésus-Christ ressuscité d’en­tre les morts est entré dans la gloire de son Père, de même nous devons marcher dans une nouvelle vie.

De plus, la résurrection de Jésus-Christ étant le principal fondement de la foi chré­tienne, cette résurrection spirituelle est aussi le fondement et le principal caractère d’une véritable conversion, pourvu qu’elles aient l’une et l’autre les mêmes qualités. Or quelles étaient les qualités du corps de Jé­sus-Christ, après sa résurrection ? Il était d’abord tout brillant de lumière et plus éclatant que le soleil.

Comment donc notre âme pourra-t-elle re­produire cet éclat et cette lumière qui en­vironnaient le corps du Sauveur ?

c’est en répandant autour d’elle l’odeur du bon exemple. Il y a peut-être bien longtemps que notre conduite est un sujet de gémissement et de douleur pour l’Église, il y a peut-être longtemps que nos scandales entraînent la chute de nos frères : tâchons donc de réparer ce malheur, et faisons en sorte que l’édification de nos bons exemples se répande autour de nous comme une lumière bien­faisante et salutaire.

En ce moment même, les flammes de l’enfer dévorent peut-être des âmes dont nos exemples ont procuré la réprobation : quel moyen de réparer un si grand crime ? il faudrait que nous pussions les soustraire à la vengeance divine, ces âmes infortunées; mais quoiqu’il ait été en notre pouvoir d’oc­casionner leur perte, il ne nous est plus possible de les délivrer.

Tout ce qui nous reste à faire, c’est de travailler pour Jésus-Christ, après avoir travaillée pour le démon; c’est de conquérir les âmes à la vertu, après les avoir trop longtemps sacrifiées au péché.

En second lieu, le corps de Jésus-Christ après sa résurrection, était doué d’une agi­lité prodigieuse : il se montrait à ses disci­ples sans leur laisser le temps de prévoir son approche ; il se manifestait presqu’au même instant sur des points fort éloignés les uns des autres, et disparaissait sans lais­ser après lui la moindre trace de son pas­sage.

Or cette agilité du corps du Sauveur est l’image de l’agilité spirituelle que nous devons faire paraître dans l’accomplissement de nos devoirs.

Il faut que nous renoncions à cette mollesse, à cette indolence que nous n’avons pas eu jusqu’ici la force de combat­tre ; il faut que nous nous portions à la pra­tique de la vertu avec un saint empresse­ment, avec une pieuse ardeur qui fassent voir que toutes nos œuvres ont pour prin­cipe un amour sincère et détaché des objets terrestres.

En troisième lieu, Jésus-Christ ressuscité ne se manifesta ni au peuple juif, ni aux gentils, parce qu’ils étaient indignes d’une si grande faveur ; et il nous apprit, par cet exemple, à rompre tout commerce avec les méchants, lorsque nous avons eu le bonheur de recouvrer l’amitié de Dieu.

Si nous con­sidérons les causes qui ont amené nos chu­tes les plus déplorables, nous reconnaîtrons qu’une des principales est la fréquentation des impies et des libertins : c’est là l’écueil contre lequel notre innocence a tant de fois échoué, et ce sera le même qui nous expo­sera à de nouveaux naufrages, si nous n’avons soin de l’éviter..

Éloignez-vous du méchant, a dit l’Esprit-Saint, et il ne vous arrivera aucun malheur. (Prov. 6, 27.)

Enfin Jésus-Christ ressuscité ne meurt plus, dit saint Paul, la mort n’aura plus d’empire sur lui. Voilà le trait caractéris­tique d’une solide conversion : il ne faut pas souffrir une seconde mort ; c’est-à-dire, qu’il faut avoir en horreur le péché qui à dépouillé notre âme de la vie de la grâce.

Il faut éviter avec soin de retomber dans les désordres dont on a fait pénitence, parce que, comme le dit saint Augustin, une bles­sure rouverte se guérit beaucoup plus diffi­cilement. Enfin il faut fuir comme le serpent toutes les occasions de péché.

Il faut qu’on ne nous retrouve plus dans ces assemblées dangereuses, dans ces bals, dans ces spectacles où nous avons perdu tant de fois le fragile tré­sor de notre innocence ; il faut qu’on puisse dire de nous ce que l’ange disait de Jésus-Christ ressuscité : Ne cherchez pas parmi les morts celui qui est vivant.

Vous ne le trouverez plus, ce chrétien pénitent, dans ces sociétés criminelles dont il était autrefois si recher­ché ; il ne fréquente plus ces personnes im­pies dont les propos ne tendaient qu’à ébran­ler sa foi ; il fuit maintenant la compagnie des libertins dont les lèvres distillent le poison de la volupté : ne le cherchez plus dans toutes ces occasions, il y a renoncé pour toujours.

PRIÈRE.

Voilà donc, ô Jésus ! votre victoire consom­mée, puisque vous triomphez aujourd’hui de la mort, et que, par votre triomphe, son empire est détruit pour toujours !

Ah ! c’est maintenant que je puis dire avec l’Apôtre : ô mort ! où est ta victoire ? ô mort ! où est ton aiguillon? toute ta puissance est désor­mais anéantie, parce que du moment où les portes du tombeau se sont rouvertes pour le Fils de Dieu, celles de l’enfer ont été fer­mées pour les hommes.

O beau jour de la résurrection de Jésus ! jour de gloire et de bonheur ! jour de salut et de triomphe ! il fallait un éclat aussi vif que le vôtre pour dissiper la nuit profonde qui enveloppait la terre depuis quatre mille ans. Mais, ô mon Dieu! je ne puis m’empêcher de trembler lorsque je songe que votre triomphe sur la mort peut devenir inutile pour moi.

Éloi­gnez de moi ce malheur, divin Jésus, et fai­tes qu’en vous voyant ressuscité aujourd’hui à une vie glorieuse et triomphante, je res­suscite moi-même à la vie de la grâce, sans laquelle je n’entrerai jamais en possession de la vie glorieuse que vous nous avez mé­ritée.

RÉSOLUTIONS.

l.° Je méditerai souvent sur les qualités du corps de Jésus-Christ après sa résur­rection, afin de ‘ pouvoir les reproduire dans ma résurrection spirituelle à laquelle je vais travailler dès aujourd’hui.

2.° Lorsque l’ouvrage de ma conversion sera plus avancé, je me tracerai un règle­ment de vie ; et lorsque je m’en écarterai sans des raisons légitimes, je m’imposerai quelques pratiques de pénitence, le tout avec l’agrément de mon directeur.