Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

Le livre de Tobie : l’espérance que Dieu nous écoute

9 juin 2017

Tobie disant adieu à son Père, William-Adolphe Bouguereau trompe l’œil sur toile (1860)

Un conseil pour «ce week-end»: il n’y a besoin que d’«un quart d’heure» pour le lire en entier, mais cela vaut la peine de le faire, car le livre de Tobie «nous enseigne comment nous comporter sur le chemin de la vie», que ce soit «dans les nombreux bons moments» ou «dans les nombreux mauvais moments.»

Et «il nous enseigne également à discerner», pour ne pas «nous laisser tromper» par les «feux d’artifice», ni non plus par le désespoir le plus sombre, qui doit être affronté en ayant recours à la prière, à la patience et à l’espérance.

Ce sont précisément les histoires parallèles des personnages bibliques de Tobie et Sara — présentés, précisément, dans le livre de Tobie — que le Pape François a proposé au cours de la Messe célébrée vendredi matin 9 juin à Sainte-Marthe, suggérant à la lumière de ces événements un examen de conscience personnel.

«Chez ces deux personnes — prenons Tobie et Sara — il y a de mauvais moments et de bons moments, comme dans toute vie.» Tout d’abord, «il y a de mauvais moments: Tobie est persécuté, il est moqué, il est insulté» et même «insulté par sa femme» Anne, qui certes «n’était pas une femme méchante, elle travaillait pour mener de l’avant leur foyer parce qu’il était aveugle, il était devenu aveugle.»

C’est «un mauvais moment qui ne s’explique pas.» Et ainsi, aussi bien Anne que Sara souffraient, parce qu’«elle aussi avait été insultée» et, bien qu’étant très jeune, elle voulait même se pendre. «Toutes les deux, dans ces mauvais moments, ont demandé la mort»: Tobie lui-même l’a fait, constatant combien tout était «noir, obscur, sombre.»

«Nous sommes tous passés par de mauvais moments, forts: pas aussi forts que celui-ci, mais nous savons ce que l’on ressent dans un moment sombre, dans un moment de douleur, dans un moment de difficultés». Mais «Sara pense: “Si je me pends, est-ce que je ferai souffrir mes parents?” et elle s’arrête et prie.»

A son tour, «Tobie dit: “C’est ma vie, allons de l’avant” et il prie». Voilà précisément «l’attitude qui nous sauve dans les moments difficiles: la prière». Ainsi que «la patience, car ils sont tous les deux patients avec leur propre douleur.»

Et également «l’espérance que Dieu nous écoute et fasse passer ces mauvais moments.» Mais «il y a également de beaux moments dans l’histoire de ces deux personnes». En effet, leur histoire, «avons-nous entendu, finit bien.»

L’attitude de Tobie et Sara a donné à François l’occasion de proposer un examen de conscience personnel. «Je me demande, et cette question nous la posons à nous tous: est-ce que, dans les mauvais moments et dans les bons moments je sais discerner ce qui se passe dans mon âme, est-ce que je sais comprendre ce qui arrive? Et dans les mauvais moments, est-ce que je sais que c’est la croix et qu’il n’y a pas d’explication, même si cela semble une malédiction?»

Précisément «dans ces moments, est-ce que je réussis à prier, à prendre patience et à avoir au moins un peu d’espérance?» Et aussi : «Dans les bons moments, est-ce que je laisse entrer la joie dans mon cœur, mais cette joie qui appartient à Dieu, qui te conduit à remercier Dieu, ou est-ce que je tombe dans la vanité et je crois que toute la vie est ainsi ?»

«Lorsque nous lirons ce livre pendant le week-end, demandons la grâce de savoir discerner ce qui se passe dans les mauvais moments de notre vie, et comment aller de l’avant, et ce qui se passe dans les bons moments, et de ne pas nous laisser tromper par la vanité.»

le Notre Père, prière chrétienne par excellence

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 7 juin 2017


Frères et sœurs,

Il y avait quelque chose de fascinant dans la prière de Jésus, si fascinant qu’un jour ses disciples ont demandé à y être introduits. Les Évangélistes ont documenté ce mystère du Christ.Les disciples de Jésus ont été impressionnés par ce fait que lui, surtout le matin et le soir, il se réfugiait dans la solitude et «plongeait» dans la prière. Et pour cela, un jour, ils lui ont demandé de leur enseigner aussi à prier. (cf. Lc 11,1)

C’est alors que Jésus a transmis ce qui est devenu par excellence la prière chrétienne : le « Notre Père ». En fait, Luc, par rapport à Matthieu, nous donne la prière de Jésus d’une manière un peu raccourcie, qui commence par la simple prière : « Père » (v. 2).

Jésus nomme Dieu du nom de « Père », résumé de toute prière chrétienne. Nous serions tentés d’utiliser un titre plus élevé et plus conforme à la transcendance divine. Mais le mot « Père » nous établit dans une relation de confiance avec lui ; comme un enfant qui se sait aimé de lui.

C’est la grande révolution que le christianisme introduit dans la psychologie religieuse de l’homme. Le mystère de Dieu, devant qui nous sommes si petits, ne nous fait plus peur ; mais nous avons parfois du mal à l’accepter. Dieu est Père, mais à sa manière, un père bon, sans défense face au libre arbitre de l’homme, qui n’applique pas les critères de la justice humaine, mais qui a besoin de pardonner, capable seulement de décliner le mot « aimer ».

Ainsi, que nous soyons au loin, hostiles ou que nous nous proclamions sans Dieu, nous ne sommes jamais seuls. Cette certitude est la source de notre espérance : en toute circonstance nous avons un Père qui nous regarde avec amour et ne nous abandonne pas.

Maintenant, je vais vous faire une proposition : tout le monde a tant de problèmes et tant de besoins. Réfléchissons un peu en silence à ces problèmes et ces besoins. Pensons aussi au Père, à notre Père, qui ne peut être sans nous, et qui en ce moment nous regarde. Et tous ensemble, avec confiance et espérance, prions: « Notre Père, qui es aux cieux … »

***

Que l’Esprit-Saint nous introduise dans la prière de Jésus. Osons entrer dans une véritable relation filiale, d’amour et de confiance avec Dieu notre Père, une relation qui exclue toute crainte et toute angoisse : nous ne nous sentirons plus jamais seuls et notre vie en sera transformée.

Que Dieu vous bénisse !


© Copyright – Libreria Editrice Vaticana

l’hypocrite tue la communauté et nuit à l’Église

la parole hypocrite

«L’hypocrisie n’est pas le langage de Jésus», et comme «l’hypocrisie est capable de tuer une communauté», il ne doit pas non plus être celui des chrétiens.  Ce mardi 6 juin 2017, lors de sa messe quotidienne dans la chapelle de la Maison Sainte-Marthe, le Pape a dit que, suivant l’exemple de Jésus, le langage des chrétiens doit être vrai, loin des tentations que sont le faux-semblant et l’adulation.

L’hypocrite n’est pas chrétien

Dans son homélie, le Pape a insisté sur l’adjectif «hypocrite» tant de fois utilisé par Jésus pour qualifier les docteurs de la loi, «parce qu’ils font voir une chose mais en pense une autre, comme le suggère l’étymologie même de cette parole», l’hypocrisie. L’hypocrisie n’est pas le langage de Jésus, et ce n’est pas non plus le langage des chrétiens. «Un chrétien ne peut être hypocrite, un hypocrite n’est pas chrétien.»

Mais comment procèdent les hypocrites ? Ils commencent toujours par l’adulation. «L’hypocrite est toujours un adulateur, qu’il en fasse état de manière forte ou plus nuancée.» Et ceux-ci cherchent à aduler Jésus. «Les hypocrites ne disent pas la vérité, ils exagèrent et font croître la vanité.» François dit se souvenir d’un prêtre connu il y a fort longtemps et qui «buvait toutes les adulations qu’on lui faisait. C’était sa faiblesse.»

Répondre par la réalité

Quant à l’adulation, elle commence avec «de mauvaises intentions», comme c’est le cas avec les docteurs de la loi qui, dans l’Évangile du jour, testent Jésus pour le faire tomber, d’abord en l’adulant puis en lui demandant s’il est juste de payer l’impôt à César. «L’hypocrisie a ce double visage.»

Mais Jésus ayant connaissance de leur hypocrisie, dit clairement : ‘Pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ? Faites-moi voir une pièce d’argent’. «Jésus répond toujours aux hypocrites et aux idéologues par des éléments réels. La réalité est telle quelle, tout le reste est hypocrisie ou idéologie.»

Jésus demande à voir une pièce sur laquelle l’image de César est gravée, et il répond «avec sagesse» : ‘Ce qui est à César, rendez-le à César, et à Dieu ce qui est à Dieu’. «Jésus nous fait voir la réalité qui est le contraire de l’hypocrisie et de l’idéologie.»

Le troisième aspect de l’hypocrisie est son langage, «le langage de la tromperie», celui du serpent qui s’adresse à Eve. Il commence en adulant l’autre pour le détruire, et même «il lui arrache sa personnalité et son âme.» «Il tue les communautés.»

Quand il y a des hypocrites dans les communautés, le danger est grand. Il regrette amer tout le mal que l’hypocrisie peut faire à l’Église. «L’hypocrite peut tuer une communauté. Il parle gentiment, mais juge brutalement une personne. L’hypocrite est un tueur.»

«Rappelons-nous donc cela : L’hypocrite commence par aduler et il faut toujours répondre par la réalité. Car le langage de l’hypocrite qui est celui du diable qui fait rôder sa langue bifide dans nos communautés pour les détruire.»

Le Pape demande au Seigneur de protéger les fidèles pour qu’ils ne tombent pas dans ce vice de l’hypocrisie, qui maquille les comportements avec de mauvaises intentions. Il invite au silence ceux qui ne seraient pas capables de répondre par la réalité à l’hypocrisie.