Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

le Carême, temps favorable à la rencontre personnelle avec Jésus

Philippe. de Champaigne (1602-1674) – Jésus et la Samaritaine au puits de Jacob

Reprenant l’Évangile du jour qui évoque la rencontre entre Jésus et une femme de Samarie, le Pape François ce dimanche à l’Angélus a expliqué que le temps de Carême est propice à la rencontre personnelle avec le Christ,  Cette rencontre a lieu lorsque Jésus et ses disciples traversaient cette région habitée par des gens que les hébreux méprisaient, car ils la considéraient schismatique et hérétique.

Or il s’agit de l’une des premières populations qui adhéra à la prédication chrétienne des Apôtres. Le Pape s’est arrêté sur le dialogue entre Jésus et la Samaritaine. Jésus lui demande à boire, puis dans la conversation qui s’installe, la femme se rend compte qu’elle a devant elle le Messie, en personne. Fait rare, Jésus confirme ses soupçons : «Je le suis, moi qui te parle.»

A la source de la Parole de Dieu

La Samaritaine se retrouve à la source de la Parole de Dieu, cette source dont jaillit de l’eau qui donne la vie éternelle et qui a été répandue dans nos cœurs le jour de notre baptême. Nous avons peut-être oublié que Dieu nous a transformés et remplis de sa grâce, «nous avons peut-être réduit ce grand don à un simple épisode de notre vie personnelle.»

Si c’est le cas, «alors nous allons à la recherche de puits qui ne désaltèrent pas et qui ne contiennent pas d’eau pure.» Ce passage de l’Évangile de Jean est précisément pour  ceux qui connaissent déjà le Christ, mais qui ne l’ont peut-être  pas encore rencontré en personne, ni n’ont parlé avec lui. «Peut-être que nous ne l’avons pas encore reconnu comme notre Sauveur.»

Ce temps de Carême est une occasion propice pour se rapprocher de Jésus, pour le rencontrer dans la prière, pour lui parler, et l’écouter. C’est aussi l’occasion de voir son visage dans le visage d’un frère ou d’une sœur souffrante, pour renouveler la grâce reçue du Baptême, pour se désaltérer à la source de la Parole de Dieu et de son Esprit Saint ; et ainsi découvrir aussi la joie de devenir artisans de réconciliation et instruments de paix dans la vie de tous les jours.

Jésus aimable dans le sein de sa mère

ANNONCIATION FRA FILIPPO LIPPI (1406-1469)

Noël Véran Aubry (lazariste) (1719-1756) est le seul auteur au XVIIIe siècle à écrire dans un sens nettement contemplatif et affectif. Son Manuale Christianorum de 1754 a été traduit en français en 1774 (puis en 1861 et en 1892). En voici un extrait concernant la Sainte Mère de Jésus, Marie.

Le Seigneur est petit, et aimable à l’excès ! En effet, de quelque manière que je te considère dans le sein de ta Mère, divin Jésus, soit caché dans ses entrailles, soit visible entre ses bras, mon âme se fond de joie, et dans les transports de mon cœur, je ne cesse de m’écrier : le Seigneur est petit, et aimable à l’excès ! Tu es aimable à l’excès dans le sein de ta très douce Mère.

Car là tu penses à moi, là tu m’aimes, là tu me réconcilies avec ton Père, là tu demandes mon cœur, là tu donnes le tien; là, pendant neuf mois, tu es détenu pour moi captif de mon amour. Mais dis, je te prie, ô mon captif, dis, ô captif de mon amour, pourquoi tu restes là si longtemps renfermé et caché ?

Je sais, très aimable Jésus, je sais ce que tu y fais. Tu t’y formes à mon image et à ma ressemblance ; tu t’y formes des yeux pour me regarder ensuite avec honte, des oreilles pour m’écouter avec patience ; de petites lèvres pour distiller la myrrhe ; une langue pour m’instruire; des pieds pour venir à moi; des mains pour me secourir; des bras pour m’entourer, une petite bouche pour m’embrasser ; un cœur et une poitrine pour brûler d’amour pour moi; un sang que tu répandras pour moi; un corps pour l’immoler un jour pour moi sur l’autel de la croix. Le Seigneur est petit et aimable à l’excès !

Tu es aimable à l’excès entre les bras de ta tendre Mère, où, lorsque tu m’apparais, m’apparaît toute humanité, toute beauté, toute douceur, toute suavité. O très doux, ô très délicieux, ô très aimable enfant, ma vie, mes délices, mes amours, mon Jésus, est-ce donc bien toi que j’aperçois sur le très chaste sein de ta Mère ? Là tu te couches, là tu reposes, là tu es nourri parmi les lis. Qui me donnera, ô mon frère qui suces le lait de ma mère, de te trouver, de te voir, de te couvrir de baisers, et je dirai à tous : Enfant Seigneur, et aimable à l’excès !

Eh! Que puis-je dire autre chose ? Mon esprit tressaille de joie en Dieu mon Sauveur. Dans le sein d’une Vierge tu deviens ma chair ; à ta naissance, mon petit frère, à la Circoncision, mon Sauveur ; à la Présentation, ma victime ; à l’Épiphanie, mon roi et mon Dieu.

Jésus est aimable dans le sein de son Père, mais il est aussi aimable dans le sein de sa Mère Dans le sein de son Père, il me crée à son image; dans le sein de sa Mère, il se façonne à la mienne. Dans le sein de son Père, il crée tout pour moi, le ciel, la terre et tout ce qu’ils renferment ; dans le sein de sa Mère, il se fait lui-même pour moi. Dans le sein de son Père, il me tire du néant; dans le sein de sa Mère, il me tire de l’enfer. Dans le sein de son Père, il me forme, dans le sein de sa mère, il me réforme. Dites, Anges, dites, mortels, que vous semble-  t-il de mon Christ ?

Est-il plus aimable dans le sein de son Père ? Ou l’est-il davantage dans celui de sa Mère ? Pour moi, je dirai ce que je pense, et je le dirai hardiment : dans le sein de son Père, le Seigneur est grand et au-dessus de toute louange. Dans le sein de sa Mère, le Seigneur est petit et aimable à l’excès.

Que ressentons-nous quand nous voyons les sans-abris?

Tympan de l’abbaye Saint-Pierre de Moissac. parabole du pauvre Lazare et du mauvais riche : Lazare agonisant, dont les ulcères sont léchés par des chiens

Le Pape a médité sur la parabole de l’homme riche et de Lazare tiré de l’évangile de Saint-Luc, soulignant la nécessité, aujourd’hui, de faire attention à ne pas se renfermer sur nous, et à ne pas ignorer les pauvres et les sans-abris. Veillons à ne pas prendre la route qui mène du péché à la corruption, a mis en garde le Saint-Père dans son homélie lors de la messe à la Maison Sainte Marthe ce jeudi 16 mars 2017 au matin.

La route glissante du péché à la corruption

«Quand une personne vit dans sa bulle, respire l’air de sa satisfaction, de sa vanité, et se fie seulement à lui-même, il perd la direction, il perd la boussole et ne sait pas où sont les limites.» C’est ce qu’il se passe dans l’évangile de Luc : l’homme riche passe sa vie à profiter et se préoccupe pas du pauvre qui est devant la porte de sa maison.  «Lui savait qui était cet homme pauvre. Car lorsqu’il parle avec Abraham, il dit : Envoie moi Lazare. Il savait aussi comment il s’appelait !» «Mais on peut revenir du péché : c’est le pardon et le Seigneur pardonne».  Cependant, «il y a une limite d’où il est difficile de revenir en arrière : c’est lorsque le péché se transforme en corruption.»

Que ressentons-nous face aux pauvres?

«Que ressentons-nous dans notre cœur quand nous allons dans la rue et que nous voyons les sans-abris ?» demande le Saint-Père. «Ceci fait partie du panorama, du paysage d’une ville, comme une statue, l’arrêt d’un autobus. C’est normal, cela ? Soyez attentifs.» «Qu’est-ce que je sens lorsqu’à la télévision, je vois qu’une bombe est tombée sur un hôpital, et que beaucoup d’enfants sont morts. Je dis une prière et je continue à vivre comme si de rien n’était ?»

«Nous demandons au Seigneur : Regarde, Seigneur, mon cœur. Vois si je me trompe de chemin, si je suis sur cette route glissante du péché à la corruption.»