Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

Le royaume des cieux est proche

PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
Dimanche 4 décembre 2016

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Léonard de Vinci – Saint Jean-Baptiste – Louvre. Regardons bien la croix, quasi invisible, au bout de l’index de Jean

Dans l’Évangile de ce deuxième dimanche de l’Avent résonne l’invitation de Jean-Baptiste: « Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche » (Mt 3,2). Avec ces mêmes paroles, Jésus va commencer sa mission en Galilée (cf. Mt 4,17); et ce sera aussi une annonce qui portera les disciples à leur première expérience missionnaire (cf. Mt 10,7).

L’évangéliste Matthieu veut ainsi présenter Jean comme celui qui prépare la voie à la venue du Christ et les disciples comme les continuateurs de la prédication de Jésus. C’est la même joyeuse annonce: le royaume de Dieu vient, en effet, il est proche, il est au milieu de nous! Cette parole est très importante: «Le royaume de Dieu est parmi vous» dit Jésus et Jean annonce ce que Jésus dira plus tard: « Le royaume de Dieu est venu, il est arrivé, il est au milieu de vous. »

Tel est le message central de toute mission chrétienne. Quand un missionnaire va, quand un chrétien va pour annoncer Jésus, il ne va pas faire du prosélytisme, comme s’il était un adepte qui cherche pour son équipe plus d’adhérents. Non, il va simplement pour annoncer: «Le royaume de Dieu est parmi vous ». Et le missionnaire prépare la voie pour Jésus, qui rencontre son peuple.

Mais quel est ce royaume de Dieu, ce royaume des cieux, ces synonymes? Nous pensons maintenant à quelque chose qui regarde la vie après la mort, la vie éternelle. Bien sûr, cela est vrai, le royaume de Dieu s’étendra sans cesse au-delà de la vie terrestre, mais la bonne nouvelle que Jésus amène – et que Jean anticipe – est que le royaume de Dieu, nous ne devons pas l’attendre dans l’avenir: il est proche, d’une certaine façon il est déjà présent et nous pouvons expérimenter dès maintenant sa puissance spirituelle. »

« Le royaume de Dieu est parmi vous », dit Jésus, Dieu vient établir sa domination dans notre histoire, dans l’aujourd’hui de tous les jours dans nos vies et, la où elle est acceptée avec foi et humilité, pousse l’amour, la joie et la paix.

La condition pour entrer et faire partie de ce royaume est de faire un changement dans nos vies, c’est de se convertir, de nous convertir tous les jours, un pas en avant chaque jour … C’est de quitter la voie, pratique mais trompeuse, des idoles de ce monde: le succès à tout prix, le pouvoir au détriment des faibles, la soif de richesse, le plaisir à tout prix.

Ouvrir la voie pour le Seigneur qui vient, cela n’entrave pas notre liberté, mais nous donne le vrai bonheur. Avec la naissance de Jésus à Bethléem, c’est Dieu lui-même qui est venu habiter parmi nous, pour nous libérer de l’égoïsme, du péché et de la corruption, de ces attitudes qui sont du diable: le succès à tout prix;  la recherche du pouvoir au détriment des plus faibles;  la soif de richesse et la recherche le plaisir à tout prix.

Noël est un jour de grande joie, également extérieure, mais est avant tout un événement religieux dont la préparation spirituelle est nécessaire. Dans cette période de l’Avent, laissons-nous guider par l’exhortation de Jean-Baptiste: «Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez ses sentiers. » (v. 3)

Nous préparons le chemin du Seigneur et redressons ses sentiers, lorsque nous examinons notre conscience, lorsque nous regardons nos attitudes, pour chasser les attitudes pécheresses que j’ai mentionnées, qui ne sont pas de Dieu: le succès à tout prix; le pouvoir au détriment des plus faibles; la soif de richesses; le plaisir à tout prix.

Que la Vierge Marie nous prépare à la rencontre avec cet amour – toujours-plus-grand, qui est celui qu’apporte Jésus, et qui,la nuit de Noël, s’est fait si petit, comme un grain de blé tombé en terre. Jésus est cette graine: la semence du Royaume de Dieu.

Je vous souhaite à tous un bon dimanche et un chemin d’Avent, pour préparer la voie pour le Seigneur, la conversion de chaque jour. Rendez-vous jeudi pour la fête de Marie Immaculée. Ces jours-ci, nous prions ensemble, demandant son intercession maternelle pour la conversion des cœurs et le don de la paix.


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Je crois en l’Esprit-Saint

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Giotto. 1304-1306. Fresque de la Pentecôte. Chapelle des Scrovegni – Padoue : les apôtres ne sont plus de face mais en cercle comme enclos dans une structure architecturale gothique.

Le père Raniero Cantalamessa a inauguré, ce 2 décembre 2016, un cycle de catéchèses prévu, chaque vendredi, en ce temps de l’Avent.

Le thème des quatre méditations est: “Buvons, sobres, l’ivresse de l’Esprit”.

Depuis la chapelle Redemptoris Mater du Palais apostolique, en présence du Pape François, des responsables de la Curie romaine et de la Chapelle pontificale, le prédicateur de la Maison pontificale a consacré sa première méditation au thème “Je crois en l’Esprit-Saint” soulignant que l’Esprit-Saint «n’est pas une simple ‘façon d’agir’ de Dieu» mais «une personne».

«La nouveauté majeure de l’après-concile, dans la théologie et dans la vie de l’Église, a un nom bien précis: l’Esprit Saint»  «Le courant que l’on appelle la “Théologie du troisième article”» [du Credo] n’entend pas «se substituer à la théologie traditionnelle mais plutôt l’appuyer et la vivifier.»

Ce courant «se propose de faire de l’Esprit Saint non seulement l’objet du traité qui le concerne, la Pneumatologie, mais, aussi, l’atmosphère dans laquelle se déroule toute la vie de l’Église et toute recherche théologique, ‘la lumière des dogmes’, comme un ancien Père de l’Église définissait l’Esprit Saint..»

L’Esprit Saint est une “relation subsistante”

Dans le credo actuel, «on part de Dieu Père et Créateur, puis de Lui on passe au Fils et à son œuvre rédemptrice, et enfin à l’Esprit Saint et son action dans l’Église. Dans la réalité, la foi suit le chemin inverse.» Mais «cela ne signifie pas que le credo de l’Église n’est pas parfait ou qu’il doit être réformé (…) C’est la manière de le lire et le commenter qui doit changer quelquefois, pour refaire le chemin qui a conduit à sa formation.»

«l’Esprit Saint n’est pas un parent pauvre dans la Trinité (…) une simple ‘façon d’agir’ de Dieu, une énergie ou un fluide qui envahit l’univers comme pensaient les stoïciens; c’est une ‘relation subsistante’, donc une personne.»

«L’Esprit-Saint n’est pas la ‘troisième personne du singulier’, mais la “première personne du pluriel.” Le ‘Nous‘ du Père et du Fils.» «Quand, pour s’exprimer de manière humaine, le Père et le Fils parlent de l’Esprit Saint, ils ne disent pas ‘lui’, mais disent ‘nous‘, parce qu’il est celui qui les unit.»

L’Esprit-Saint «est la personne la moins connue et la moins aimée des Trois, bien qu’il soit l’Amour en personne». Il «est comme le vent: on ne voit pas d’où il vient et où il va, mais on voit les effets de son passage. Il est comme la lumière qui éclaire tout ce qui est devant, en restant elle-même cachée.»

02-12-2016 source : Radio Vatican

nous libérer de nos résistances à la grâce

Nous avons tous dans le cœur des résistances à la grâce : il faut les trouver et demander de l’aide au Seigneur, en se reconnaissant pécheurs. Le Pape François a lancé cet appel lors de la messe matinale à la Maison Sainte-Marthe, ce 1er décembre 2016, pour la première semaine de l’Avent. Il s’est arrêté sur les résistances cachées derrière les paroles vides, qui justifient ou accusent.

Il y a deux types de résistance. Il y a les «résistances ouvertes, qui naissent de la bonne volonté», comme celle de Saul qui résistait à la grâce mais «était convaincu de faire la volonté de Dieu». C’est Jésus lui-même qui lui dit de s’arrêter et Saul se convertit. «Les résistances ouvertes sont saines», dans le sens qu’elles sont «ouvertes à la grâce pour se convertir». Tous, en effet, nous sommes pécheurs.

Pour le Pape, par contre, les «résistances cachées» sont les plus dangereuses parce qu’elles sont celles qui ne se font pas voir. «Chacun de nous a son propre style de résistance cachée à la grâce», mais il faut le trouver «et le mettre devant le Seigneur, afin qu’Il nous purifie». C’est «la résistance dont Étienne accusait les docteurs de la Loi : résister à l’Esprit Saint alors qu’ils voulaient apparaître comme cherchant la gloire de Dieu». Dire ceci a coûté la vie à Étienne : «Ces résistances cachées, que nous avons tous, de quelle nature sont-elles ? Elles viennent toujours pour arrêter un processus de conversion. Toujours ! (…) Quand il y a des résistances c’est le diable qui les sème, pour que le Seigneur n’aille pas de l’avant.»

Le Pape a donc évoqué les trois types de résistances cachées. Il y a la résistance des «paroles vides». Pour le faire comprendre, il s’est référé à l’Évangile d’aujourd’hui, quand Jésus dit qu’il ne suffit pas de dire «Seigneur, Seigneur» pour entrer dans le Royaume des Cieux. Comme dans la Parabole des deux fils que le Père envoie à la vigne : L’un dit «non» et puis y va, l’autre dit «oui» et ensuite n’y va pas.

«Dire « oui », très diplomatiquement», signifie parfois dire non… C’est la résistance des paroles vides, quand une personne se justifie continuellement, quand «il ya toujours une raison à opposer». Quand il y a tellement de justifications, «il n’y a pas la bonne odeur de Dieu, mais la mauvaise odeur du Diable.» «Le chrétien n’a pas besoin de se justifier, car il a été justifié par la Parole de Dieu. Je ne dois donc pas chercher à justifier ma position pour ne pas suivre ce que le Seigneur m’indique.»

Et ensuite il y a la résistance des «paroles accusatoires», quand on accuse les autres pour ne pas se regarder soi-même. En pensant ne pas avoir besoin de conversion, on résiste à la grâce, comme le rappelle la parabole du pharisien et du publicain.

Les résistances les plus dures ne sont donc pas ces grandes résistances historiques comme la ligne Maginot ou d’autres, mais celles qu’il y a «dans nos cœurs, tous les jours». La résistance à la grâce est un bon signe «parce qu’elle nous indique que le Seigneur est en train de travailler en nous». Nous devons donc «faire tomber les résistances, pour que la grâce aille de l’avant». La résistance en effet cherche toujours à se cacher avec les formalités des paroles vides, des paroles de justification, des paroles d’accusation et autres, elle cherche toujours à «ne pas nous laisser porter en avant par le Seigneur, parce qu’il y a toujours une Croix». «Là où il y a le Seigneur, il y aura une Croix.» Quand il y a des résistances, il ne faut donc pas avoir peur, mais il faut demander de l’aide au Seigneur en se reconnaissant pécheurs.

«Je vous dirais de ne pas avoir peur quand chacun de nous, chacun de nous, trouve que dans son cœur il y a des résistances. Mais il faut le dire clairement au Seigneur : «Regarde, Seigneur, moi je cherche à recouvrir cela, à faire ceci pour ne pas laisser entrer ta parole». Et dire cette parole est très beau, non ? « Seigneur, avec ta grande force, porte-moi secours. Que ta grâce puisse vaincre les résistances du péché. » Les résistances sont toujours un fruit du péché originel que nous portons. C’est mauvais d’avoir des résistances ? Non, c’est beau ! Ce qui est mauvais, c’est de les prendre pour se défendre de la grâce du Seigneur. Avoir des résistances est normal, c’est dire « Je suis pécheur, aide-moi, Seigneur ». Préparons-nous avec cette réflexion pour Noël.»