Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

Le Seigneur regarde le délaissé

Le Pape François a célébré la messe place Saint-Pierre dimanche 25 septembre à l’occasion du jubilé des catéchistes qui se déroule à Rome dans le cadre de l’année de la Miséricorde. A cette occasion plusieurs milliers de catéchistes venus du monde entier se sont retrouvés pour un pèlerinage international.

la-parabole-de-lazare-et-du-mauvais-riche-abbatiale-saint-pierre-de-moissacEn commentant les textes du jour lors de son homélie, le Pape est revenu sur le commandement de l’Apôtre Paul à Timothée qui rappelle le centre de la foi. « Ce centre autour duquel tout tourne, ce cœur palpitant qui donne vie à tout, c’est l’annonce pascale, la première annonce : le Seigneur Jésus est ressuscité, le Seigneur Jésus t’aime, il a donné sa vie pour toi ; ressuscité et vivant, il est présent à tes côtés et il t’attend chaque jour. Nous ne devons jamais l’oublier ».

« En ce Jubilé des catéchistes, il nous est demandé de ne pas nous lasser de mettre en premier l’annonce principale de la foi : le Seigneur est ressuscité.  Il n’y a pas de contenu plus important, rien de plus solide et actuel.» L’annonce de Dieu-amour ne peut se faire qu’en aimant, non pas en cherchant à convaincre, jamais en imposant la vérité, non plus en se raidissant sur des obligations religieuses ou morales. Au contraire, Dieu est annoncé en rencontrant les personnes, en prêtant attention à leur histoire et à leur chemin. Le message du Seigneur, parce qu’il n’est pas une idée mais bien une personne, passe par un témoignage simple et vrai.

La mondanité, un « trou noir » qui engloutit le bien

L’Évangile qui relate la parabole de l’homme riche et de Lazare nous aide à comprendre ce que veut dire aimer, c’est à dire dépasser nos cécités, sentir avec son cœur avant de voir avec ses yeux. «La mondanité qui anesthésie l’âme est entrée dans le cœur» de l’homme riche de la parabole, cette mondanité est comme un « trou noir » qui engloutit le bien, qui éteint l’amour parce qu’elle ramène tout au moi.

Le Seigneur regarde celui qui est négligé et mis à l’écart du monde, ainsi «Lazare est le seul personnage, dans toutes les paraboles de Jésus, à être appelé par son nom». Cette pauvreté de Lazare, à l’inverse de l’ostentation de l’homme riche s’exprime avec une grande dignité. Ceci est enseignement précieux. «En tant que serviteurs de la parole de Jésus nous sommes appelés à ne pas étaler une apparence et à ne pas rechercher la gloire ; nous ne pouvons pas non plus être tristes ni nous lamenter. Ne soyons pas des prophètes de malheur qui se complaisent à dénicher les dangers ou les déviances ; ne soyons pas des gens qui se retranchent dans leurs propres environnements en émettant des jugements amers sur la société, sur l’Église, sur tout et sur tous, polluant le monde de choses négatives. »

Celui qui annonce l’espérance de Jésus est porteur de joie et voit loin, car il sait regarder au-delà du mal et des problèmes et en même temps il voit bien de près, car il est attentif au prochain et à ses nécessités. «Que le Seigneur nous donne la grâce d’être renouvelés chaque jour par la joie de la première annonce».

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« Et enfin je vous salue spécialement, vous tous, très chers catéchistes ! Merci de votre engagement dans l’Église au service de l’évangélisation, dans la transmission de la foi. Que la Vierge Marie vous aide à persévérer dans la voie de la foi et témoignez par votre vie de ce que vous transmettez par la catéchèse. » (Angélus)

Eucharistie et charité

eucharistie-foi-esperance-et-chariteEn poursuivant la réflexion sur le Mystère eucharistique, cœur de la vie chrétienne, je voudrais aujourd’hui mettre en lumière le lien qui existe entre l’Eucharistie et la charité. « Charité » – en grec agape, en latin caritas – ne signifie pas avant tout l’acte ou le sentiment généreux, mais le don spirituel, l’amour de Dieu que l’Esprit Saint répand dans le cœur humain et qui le pousse à se donner à son tour à Dieu lui-même et au prochain (cf. Rm 5, 5).

Toute l’existence terrestre de Jésus, de sa conception à la mort sur la Croix, a été un unique acte d’amour, si bien que nous pouvons résumer notre foi dans ces paroles : Jesus Caritas, Jésus Amour. Au cours de la Dernière Cène, sachant que « son heure était venue » (Jn 13, 1), le Maître divin offrit à ses disciples un exemple suprême d’amour en leur lavant les pieds et leur confia son héritage le plus précieux, l’Eucharistie, dans laquelle est concentré tout le mystère pascal, comme l’a écrit le vénéré Pape Jean-Paul II dans l’Encyclique Ecclesia de Eucharistia (n. 5).

« Prenez, mangez, ceci est mon corps… buvez-en tous, car ceci est mon sang » (Mt 26, 26-27). Les paroles de Jésus au Cénacle anticipent sa mort et manifestent la conscience avec laquelle Il l’a affrontée, la transformant en un don de soi, dans l’acte d’amour qui se donne totalement. Dans l’Eucharistie, le Seigneur se donne à nous à travers son Corps, son âme et sa divinité, et nous devenons une seule chose avec lui et entre nous.

Notre réponse à son amour doit alors être concrète, elle doit s’exprimer dans une authentique conversion à l’amour, dans le pardon, dans l’accueil réciproque, et dans l’attention aux besoins de tous. Il existe de nombreuses et multiples formes de service que nous pouvons rendre au prochain dans la vie de tous les jours avec un peu d’attention. L’Eucharistie devient ainsi la source de l’énergie spirituelle qui renouvelle notre vie chaque jour et renouvelle ainsi également le monde dans l’amour du Christ.

Des témoins exemplaires de cet amour sont les saints, qui ont puisé dans l’Eucharistie la force d’une charité active et souvent héroïque. Je pense notamment à présent à saint Vincent de Paul, dont nous célébrerons après-demain la mémoire liturgique. Saint Vincent de Paul a dit : « Quelle joie de servir la personne de Jésus Christ dans ses pauvres membres ! ». Et il l’a fait avec toute sa vie. Je pense également à la bienheureuse Mère Teresa, fondatrice des Missionnaires de la Charité, qui dans les plus pauvres parmi les pauvres, aimait Jésus, reçu et contemplé chaque jour dans l’Hostie consacrée.

Avant et plus que tous les saints, la charité divine a empli le cœur de la Vierge Marie. Après l’Annonciation, poussée par Celui qu’elle portait dans son sein, la Mère du Verbe incarné, courut rendre visite à sa cousine Élisabeth pour l’aider. Prions afin que chaque chrétien, se nourrissant du Corps et du Sang du Seigneur, croisse toujours plus dans l’amour envers Dieu et dans le service généreux à ses frères. Dans la prière de l’Angélus, nous contemplons la Vierge Marie, qui a cru à la parole du Seigneur et qui a accepté de faire pleinement sa volonté. Puissions-nous suivre son exemple, trouvant ainsi la vraie voie et la vraie liberté.

BENOÎT XVI ANGÉLUS Castel Gandolfo dimanche 25 septembre 2005 (© Copyright 2005 – Libreria Editrice Vaticana)

face aux victimes de l’attentat de Nice

Le Pape François a reçu ce samedi matin 24 septembre 2016 en la salle Paul VI, au Vatican, les familles des victimes de l’attentat terroriste de Nice. Cette attaque survenue le 14 juillet dernier, jour de la fête nationale française, a fait 86 morts et 434 blessés. Un chauffeur-livreur s’était élancé, à bord d’un camion, dans la foule réunie sur la promenade des Anglais pour assister au traditionnel feux d’artifice.

Avant que le Pape ne prenne la parole, Mgr André Marceau, l’évêque de Nice a expliqué qu’il ne fallait pas céder au désespoir ou à la haine. «Que Dieu élimine de nos cœurs tout projet de terreur et qu’il nous aide à être ses artisans de paix.» 86 œillets ont été offerts au Pape, représentant les 86 victimes de l’attentat du 14 juillet.

Christian Estrosi, ancien maire de Nice, actuel président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et de la métropole Nice-Côte d’Azur était présent dans la salle Paul VI ce samedi matin.  L’imam Boubekeur Bekri, vice-président du conseil régional du culte musulman dans le sud-est de la France, a participé à la rencontre avec un groupe de musulmans. «En tant que musulman et croyant, je pense qu’on est dans le droit fil de la pensée du croyant, de la capacité de converger les uns vers les autres. Nous y allons avec beaucoup de respect», a-t-il souligné, en évoquant «l’humanisme intense» du Pape François, exprimé par exemple lors de sa visite aux réfugiés principalement musulmans sur l’île grecque de Lesbos. Un tiers des 86 personnes tuées à Nice le 14 juillet étaient de confession musulmane. Maurice Niddam, président du consistoire de Nice, n’accompagnait pas des victimes juives, mais a voulu soutenir cette démarche : «Ce Pape est très humain, très proche du peuple, ouvert aux autres confessions. Quand il parle de victimes d’actes de terrorisme, ce n’est pas de la sensiblerie, il est sincèrement blessé.»

Le Saint-Père leur a fait part de son émotion, a rendu hommage à toutes les personnes qui s’étaient mobilisées pour venir en aide aux victimes, mais surtout il a appelé à «une authentique conversion du cœur» qui ne laisse pas de place à la haine.

Voici le discours du Pape : –> Lire la suite →