Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

l’effusion de l’Esprit Saint

A l’occasion de la messe de la Pentecôte qu’il a présidée en la basilique Saint-Pierre, le Pape François a insisté sur la continuité entre les signes de Dieu manifestés à Pâques et à la Pentecôte. « L’effusion qui a eu lieu le soir de la Résurrection se répète le jour de Pentecôte, renforcée par d’extraordinaires manifestations extérieures. Le soir de Pâques, Jésus apparaît aux Apôtres et souffle sur eux son Esprit (cf. Jn 20, 22) ; le matin de la Pentecôte, l’effusion se produit de façon retentissante, comme un vent qui s’abat avec impétuosité sur la maison et fait irruption dans les esprits et dans les cœurs des Apôtres. » 

Il a aussi voulu rappeler la présence féminine, parfois oubliée de Marie dans le Cénacle. « Avec eux se trouvait Marie, la Mère de Jésus, première disciple, mère de l’Église naissante. De sa paix, de son sourire, avec sa présence maternelle, elle accompagnait la joie de la jeune Épouse, l’Église de Jésus. »

Déployant sa réflexion en trois temps, le Pape a rappelé que la Parole de Dieu « guide, renouvelle et fructifie » . Elle « conduit dans la vérité tout entière » (Jn 16, 13), « renouvelle la face de la terre » (Ps 103) et « donne ses fruits » (Ga 5, 22-23).

Faisant écho aux inerties de tous les chrétiens depuis les temps apostoliques, le Pape a rappelé que « aux Apôtres, incapables de supporter le scandale de la passion de leur Maître, l’Esprit donnera une nouvelle clé de lecture pour les introduire dans la vérité et dans la beauté de l’événement du salut. Ces hommes, d’abord effrayés et bloqués, enfermés dans le Cénacle pour éviter les répercussions du vendredi saint, n’auront plus honte d’être disciples du Christ, ils ne craindront plus devant les tribunaux humains. »

Rappelant que « le don de l’Esprit Saint renouvelle la face de la terre », le Pape a voulu signifier l’unité profonde de la Création dans le plan de Dieu, et donc le devoir de l’homme de respecter toute créature. « Le Psaume dit : « Tu envoies ton souffle… et tu renouvelles la face de la terre » (Ps 103, 30). Le récit des Actes des Apôtres sur la naissance de l’Église trouve une correspondance significative dans ce Psaume, qui est une grande louange au Dieu Créateur. L’Esprit Saint que le Christ a envoyé du Père, et l’Esprit créateur qui a donné la vie à toute chose, sont un seul et le même. C’est pourquoi le respect du créé est une exigence de notre foi : le “jardin” dans lequel nous vivons ne nous est pas confié pour que nous l’exploitions mais pour que nous le cultivions et le gardions avec respect », citation du livre de la Genèse. « Mais cela est n’est possible que si Adam, l’homme formé de la terre, accepte à son tour se laisser renouveler par l’Esprit Saint, s’il se laisse remodeler par le Père sur le modèle du Christ, nouvel Adam. Alors oui, renouvelés par l’Esprit de Dieu, nous pouvons vivre la liberté des fils, en harmonie avec tout le créé, et nous pouvons reconnaître en chaque créature un reflet de la gloire du Créateur, comme l’affirme un autre psaume : « Ô Seigneur notre Dieu, qu’il est grand ton nom par toute la terre ! » (8, 2.10). »

Puis le Pape a évoqué la Lettre aux Galates de Saint Paul, pour évoquer « le “fruit” qui se manifeste dans la vie de ceux qui marchent selon l’Esprit (cf. 5, 22). D’un côté, il y a la « chair » avec le cortège de ses vices que l’Apôtre énumère, et qui sont les œuvres de l’homme égoïste, fermé à l’action de la grâce de Dieu. Au contraire, dans l’homme qui par la foi, laisse l’Esprit de Dieu faire irruption en lui, fleurissent les dons divins, résumés en neuf vertus joyeuses que Paul appelle « fruits de l’Esprit » : « Amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi » (Ga 5, 22). »

« Fortifiés par l’Esprit et par ses multiples dons, qui guide, qui rénove toute la terre, qui donne des fruits, devenons capables de lutter sans compromissions contre le péché et la corruption, qui s’élargit dans le monde de plus en plus, de jour en jour, et de nous dévouer avec une persévérance patiente aux œuvres de la justice et de la paix. »

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Notre mois de Marie de la Médaille Miraculeuse avec Sœur Catherine Labouré : 24 MAI

Comparaison et commérages

Jésus parlait beaucoup avec Pierre et avec tous les autres, tout comme les apôtres parlaient entre eux et avec les autres, mais il s’agissait « d’un dialogue d’amour ». Jésus avait demandé à plusieurs reprises à Pierre « s’il l’aimait, s’il l’aimait plus que les autres. Pierre avait dit oui et le Seigneur lui a donné comme mission : pais mes brebis ». Cela a été précisément « un dialogue d’amour », mais à un certain point, Pierre a eu la tentation de s’immiscer dans la vie d’un autre, Judas, et après avoir su qu’il aurait trahi, il demanda à Jésus la raison pour laquelle il lui permettait de le suivre encore. « Jésus une autre fois lui fit un reproche : “que t’importe ?” (cf Jn 21, 20-25, l’Évangile d’aujourd’hui). Ne t’immisce pas dans la vie de l’autre. Que t’importe si c’est ce que je veux ? ». Pierre est un homme et donc il subit lui aussi la tentation d’interférer dans la vie des autres, c’est-à-dire « comme l’on dit de manière courante, de mettre son nez partout ». À nous aussi, dans notre vie chrétienne, cela arrive ; « combien de fois sommes-nous tentés de faire cela ? Le dialogue, ce dialogue avec Jésus, est dévié sur une autre voie. Et le fait de s’immiscer dans la vie des autres a de nombreuses modalités ». Il en a souligné deux : se comparer toujours aux autres et les commérages.

La comparaison est de toujours se demander « pourquoi cela à moi et non à celui-ci ? Dieu n’est pas juste ! » Pour clarifier le concept, voici en exemple la petite Thérèse qui « quand elle était enfant, a eu la curiosité de comprendre pourquoi Jésus ne semblait pas juste : à un il donnait beaucoup, et à l’autre bien peu. Elle était une enfant et elle a posé la question à sa sœur aînée et cette dernière — sage cette sœur ! — a pris un dé à coudre et un verre. Elle les a rempli d’eau tous les deux et puis a demandé : dis-moi Thérèse, quel est le plus plein des deux ? Mais tous les deux sont pleins ! Et Jésus est comme cela avec nous : cela ne l’intéresse pas si tu es grand, petit. Ce qui l’intéresse c’est si tu es plein d’amour de Jésus et de la grâce de Jésus ! C’est ainsi que Jésus fait avec nous ». Lorsque l’on fait des comparaisons « on termine dans l’amertume et l’envie. Ce que le diable veut. On commence en louant Jésus et puis sur ce chemin de comparaison, on termine dans l’amertume et l’envie ».

La deuxième modalité est constituée par les commérages. On commence par beaucoup d’éducation : « Mais moi, je ne veux parler mal de personne mais il me semble que… » et puis on termine par « écorcher son prochain. C’est précisément comme cela ! » « Combien de commérages dans l’Église ! Combien nous commérons nous chrétiens » et le commérage « est justement écorcher, se faire du mal l’un l’autre » comme si l’on voulait rabaisser l’autre pour s’élever soi-même. « Les commérages sont destructeurs dans l’Église. C’est un peu l’esprit de Caïn : tuer son frère, avec la langue. Mais sur cette voie, nous devenons des chrétiens aux bonnes manières et aux mauvaises habitudes ! » En résultent trois comportements négatifs : la désinformation, à savoir « seulement la moitié qui nous convient et pas l’autre moitié » ; vient ensuite la diffamation : « quand une personne a vraiment un défaut, a fait une grosse bêtise » il faut la raconter, « faire le journaliste, non ? Et la réputation de cette personne est ruinée » ! La troisième est la calomnie : « Dire des choses qui ne sont pas vraies. Cela est vraiment tuer son frère ! »

PAPE FRANÇOIS – Extrait de la MÉDITATION MATINALE en la CHAPELLE de la MAISON SAINTE-MARTHE
Samedi 18 mai 2013
(L’Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 21 du 23 mai 2013)

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Notre mois de Marie de la Médaille Miraculeuse avec Sœur Catherine Labouré : 23 MAI

la Sainte Vierge après l’Ascension

Après les événements de la Résurrection et de l’Ascension, Marie, entrant au Cénacle avec les Apôtres dans l’attente de la Pentecôte, était présente en tant que Mère du Seigneur glorifié. Elle était non seulement celle qui «avança dans son pèlerinage de foi» et garda fidèlement l’union avec son Fils «jusqu’à la Croix», mais aussi la «servante du Seigneur», laissée par son Fils comme mère au sein de l’Église naissante: «Voici ta mère».

Ainsi commença à se former un lien spécial entre cette Mère et l’Église. L’Église naissante était en effet le fruit de la Croix et de la Résurrection de son Fils. Marie, qui depuis le début s’était donnée sans réserve à la personne et à l’œuvre de son Fils, ne pouvait pas ne pas reporter sur l’Église, dès le commencement, ce don maternel qu’elle avait fait de soi. Après le départ de son Fils, sa maternité demeure dans l’Église, comme médiation maternelle: en intercédant pour tous ses fils, la Mère coopère à l’action salvifique de son Fils Rédempteur du monde.

LETTRE ENCYCLIQUE REDEMPTORIS MATER DE JEAN-PAUL II SUR LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE DANS LA VIE DE L’ÉGLISE EN MARCHE n° 40.

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la Sainte Vierge après l’Ascension dans LUMEN GENTIUM –>

Dieu ayant voulu que le mystère du salut des hommes ne se manifestât ouvertement qu’à l’heure où il répandrait l’Esprit promis par le Christ, on voit les Apôtres, avant le jour de Pentecôte, « persévérant d’un même cœur dans la prière avec quelques femmes dont Marie, Mère de Jésus, et avec ses frères » (Ac 1, 14) ; et l’on voit Marie appelant elle aussi de ses prières le don de l’Esprit qui, à l’Annonciation, l’avait déjà elle-même prise sous son ombre.

PAUL, ÉVÊQUE, SERVITEUR DES SERVITEURS DE DIEU, AVEC LES PÈRES DU SAINT CONCILE, POUR QUE LE SOUVENIR S’EN MAINTIENNE À JAMAIS. CONSTITUTION DOGMATIQUE SUR L’ÉGLISE LUMEN GENTIUM n° 59.