Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

veillée pascale à Rome

04-04-2015 source : Radio Vatican

La veillée pascale, au Vatican, commence à 20h30 dans la basilique Saint Pierre.

7 000 lumières distribuées à Saint-Pierre

La nuit de la joie et de la délivrance s’ouvre. La célébration de la Résurrection commence. En cette nuit, Dieu fait passer son Fils de la mort à la vie, et ainsi la vigile pascale est le cœur et le sommet de l’année liturgique.

Un peu partout sur la planète, cette veillée s’ouvre par un grand feu, symbolisant la lumière du Ressuscité. Au Vatican, 7 000 lumières sont distribuées aux fidèles dans la basilique. Le Pape qui préside la veillée, bénit le feu nouveau et fait son entrée en procession dans Saint-Pierre, portant le cierge pascal, accompagné du chant de l’Exultet : « Qu’exulte maintenant la foule des anges du ciel ».

Pendant la célébration, les catholiques sont appelés à renouveler les promesses de leur baptême, et de nombreux baptêmes sont célébrés, d’adultes en particulier. Le Pape François administre ainsi le baptême à dix catéchumènes. La plus âgée est une kenyane de 67 ans et la plus jeune, une cambodgienne de 13 ans. Ils viennent de 5 pays. Outre le Kenya et le Cambodge, ils viennent du Portugal, d’Albanie et d’Italie.

Les chrétiens persécutés au cœur des célébrations pascales

Lors de cette veillée, des chants de joie de l’Église qui exulte avec les anges mais qui n’oublie cependant pas les drames en cours sur la terre, et ceux qui passent cette nuit de Pâques dans la peur. « Revigore la foi des chrétiens persécutés », « bénis les gouvernants qui chercheront la paix » ou encore « convertis les cœurs de ceux qui sèment l’horreur » : voilà quelques-unes des prières universelles de ce samedi soir.

Comme on l’a compris, cette année, le Pape prie, spécialement, pour les chrétiens massacrés dans « un silence complice » : ces martyrs de notre temps, persécutés et crucifiés sous nos yeux. Il l’a affirmé à la fin de la via Crucis au Colisée.

mystère du Samedi Saint

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– Le Samedi Saint est le jour où Dieu est caché, comme on le lit dans une ancienne Homélie : « Que se passe-t-il ? Aujourd’hui, un grand silence enveloppe la terre. Un grand silence et un grand calme. Un grand silence parce que le Roi dort. Dieu s’est endormi dans la chair, et l’enfer a tremblé. » (Homélie pour le Samedi Saint, PG 43, 439)

– Dieu caché fait partie de la spiritualité de l’homme contemporain, de façon existentielle, presque inconsciente, comme un vide dans le cœur qui s’est élargi toujours plus.

– Le Samedi Saint est une « terre qui n’appartient à personne » entre la mort et la résurrection, mais dans cette « terre qui n’appartient à personne » est entré l’Un, l’Unique qui l’a traversée avec les signes de sa Passion pour l’homme : « Passio Christi. Passio hominis. Passion du Christ. Passion de l’homme. »

– Tel est le mystère du Samedi Saint ! Précisément de là, de l’obscurité de la mort du Fils de Dieu est apparue la lumière d’une espérance nouvelle : la lumière de la Résurrection. Eh bien, il me semble qu’en regardant ce saint linceul avec les yeux de la foi, on perçoit quelque chose de cette lumière.

Extrait de la méditation de Benoît XVI devant le Saint-Suaire de Turin en mai 2010

Les souffrances du monde…

… au cœur du Chemin de Croix romain

02-04-2015 source : Radio Vatican

Comme tous les ans, le Vendredi Saint, le Pape François a présidé la célébration de la Passion du Seigneur à partir de 17h, en la basilique Saint-Pierre. Ce rite austère se compose de la Liturgie de la Parole et de l’Adoration de la Croix suivies de la communion. Comme c’est la tradition, l’homélie a été prononcée par le prédicateur de la Maison Pontificale, le père Raniero Cantalamessa.

A 21h15, le Saint-Père s’est rendu au Colisée pour la traditionnel Chemin de Croix, un des temps forts de la Semaine Sainte à Rome, qui attire chaque année des dizaines de milliers de fidèles et de touristes. La tribune du Pape a été installée sous un dais, sur une terrasse du Palatin qui domine le célèbre amphithéâtre, alors que les lumignons des fidèles éclaraient la nuit romaine.

Cette année, le long du parcours, la croix a été portée, entre autres, par trois familles italiennes, par des religieuses dominicaines irakiennes, par des franciscains de la Custodie de Terre Sainte et par des fidèles venus de Syrie, du Nigéria, d’Égypte et de Chine. A la fin du rite, le Pape a adressé une brève allocution aux fidèles avant de donner sa bénédiction apostolique.

Cette année, les méditations ont été confiées à un prélat italien, Mgr Renato Corti, évêque émérite de Novare. Il y a dix ans, Mgr Corti avait été chargé de prêcher la retraite de Carême du Pape Jean-Paul II et de la Curie romaine. Il est connu entre autres pour l’attention qu’il accorde à la formation spirituelle du clergé et des laïcs. Le texte qu’il a préparé accorde une large place aux souffrances du monde, à la peine de mort, aux mauvais traitements infligés aux enfants et à la persécution des croyants.

« La croix est le sommet lumineux de l’amour de Dieu qui nous protège. Nous sommes nous aussi appelés à être gardiens par amour ». C’est le titre que Mgr Corti a voulu donner à ses méditations. L’amour de Dieu est le fil conducteur de ce texte ; un don qui engage les hommes et les femmes à être à leur tour les gardiens de la création et de leur prochain.

Des questions lancinantes

Au fil de quatorze stations, c’est Jésus lui-même qui livre ses sentiments et ses réflexions face aux persécutions religieuses, aux injustices, aux défis auxquels les familles sont confrontées. Les principaux protagonistes de ce texte sont les persécutés, les personnes abandonnées, les mineurs profanés et blessés dans leur intimité.

La montée au Calvaire laisse entrevoir les croyants emprisonnés, condamnés, massacrés à cause de leur foi ou de leur engagement en faveur de la justice et de la paix ; l’angoisse du Christ dévoile les âmes blessées par la solitude, l’abandon, l’indifférence, la maladie ; le mal infligé par la haine et par le mensonge. Lorsque Jésus est dépouillé de ses vêtements et humilié, le texte établit un rapprochement avec le trafic des êtres humains, les enfants soldats, l’esclavage.

Les questions sont lancinantes : pourquoi continue-t-on de torturer, de condamner à mort, d’exercer la violence ? Et c’est à Marie qu’est confié le prochain Synode sur la famille contemporaine tandis qu’une place est également réservée à la présence des femmes dans l’Eglise. Les méditations ont été enrichies par le testament spirituel de Shahbaz Bhatti, ministre pakistanais de confession catholique, défenseur infatigable de la liberté de religion, assassiné en mars 2011. Le texte cite également des écrits des pères de l’Eglise, de Paul VI et du cardinal Martini.

A la fin du Chemin de Croix, les paroles que l’auteur attribue à Jésus déchirent le silence de la peur devant la mort : mon corps est bloqué mais mon cœur est libre ; libre parce qu’il est habité par l’amour. Ce texte invite les fidèles à saisir ce que Jésus a pu ressentir au cœur des dernières heures de sa vie terrestre, à s’interroger sur les scandales du monde contemporain, comme la peine de mort encore pratiquée dans une soixantaine d’États, à demander pardon pour les enfants soldats, à s’inquiéter pour le sort des chrétiens d’Orient. Il propose une prière pour le droit fondamental à la liberté religieuse.