Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

Ville et anti-ville

opportunités et des risques des espaces urbains

Samedi 7 février, en recevant les membres du Conseil pontifical pour les laïcs, le Pape François s’est arrêté sur le thème de leur assemblée plénière qui vient de se conclure.

« Il semble vraiment que chaque ville, même celle qui apparaît la plus florissante et ordonnée, ait la capacité d’engendrer en elle une obscure ‘anti-ville’. »

« Face à ces tristes scénarios, nous devons toujours nous rappeler que Dieu n’a pas abandonné la ville ; Il habite dans la ville ».

« Le phénomène de l’urbanisme a pris désormais des dimensions mondiales : plus de la moitié des habitants de la planète vivent dans des villes. Et le contexte urbain a un puissant impact sur la mentalité, la culture, les styles de vie, les relations interpersonnelles, la religiosité des personnes. Dans ce contexte, si varié et complexe, l’Église n’est plus la seule « promotrice de sens » et les chrétiens doivent absorber les « langages, symboles, messages et paradigmes qui offrent de nouvelles orientations de vie, souvent en contraste avec l’Évangile. » Les villes présentent de grandes opportunités et de grands risques: elles peuvent être de magnifiques espaces de liberté et de réalisation humaine, mais aussi de terribles espaces de déshumanisation et de misère ».

les chrétiens victimes…

… de ceux qui haïssent Jésus

06-02-2015 source : Radio Vatican

Le martyre des chrétiens n’appartient pas au passé, et beaucoup d’entre eux sont encore aujourd’hui victimes « de gens qui haïssent Jésus Christ ». C’est la déchirante constatation du Pape François lors de l’homélie de la messe célébrée ce vendredi matin en la chapelle de la maison Sainte-Marthe, au terme d’une intense méditation sur la vie et la mort de St Jean-Baptiste.

C’est une des homélies de Sainte-Marthe les plus touchantes que le Pape propose, tout en suivant la page de l’Évangile selon Saint Marc qui raconte la fin tragique de St Jean-Baptiste. Le Pape François souligne qu’il « n’a jamais trahi sa vocation », « conscient que son devoir devait consister uniquement en l’annonce de la venue du Messie », conscient d’être  « seulement la voix » car « la Parole était d’un autre », « il finit sa vie comme le Seigneur, en martyr ».

C’est surtout lorsqu’il finit en prison sur ordre d’Hérode Antipas que « le plus grand homme parmi ceux qui sont nés d’une femme » devient «  petit, petit, petit »,  d’abord touché par l’épreuve de « l’obscurité de l’âme »- lorsqu’il doute que Jésus est celui dont il a annoncé la venue- ensuite lorsqu’arrive le moment de la fin, ordonnée par un roi fasciné, et en même temps perplexe à propos de Jean. Une fin que le Pape considère avec réalisme :

« À la fin, après cette purification, après cette déchéance continue vers l’anéantissement qui montre le chemin de l’anéantissement de Jésus, il finit sa vie. Ce roi perplexe devient capable d’une décision, non parce que son cœur s’est converti mais parce que le vin lui en a donné le courage. Et ainsi, Jean finit sa vie sous l’autorité d’un roi médiocre, ivre et corrompu, à cause d’une danseuse et de la haine vindicative d’une adultère. Ainsi finit le Grand, le plus grand homme parmi ceux qui sont nés d’une femme ».

« Lorsque je lis ce passage je vous confesse que je m’émeus et que je pense toujours à deux choses : premièrement, je pense à nos martyrs d’aujourd’hui, ces hommes, ces femmes et ces enfants qui sont persécutés, hais, chassés de leurs maisons, torturés et massacrés, Et ce n’est pas quelque chose qui appartient au passé : cela se passe aujourd’hui. Nos martyrs qui finissent leur vie sous l’autorité corrompue de gens qui haïssent Jésus Christ. Cela nous ferait du bien de penser à nos martyrs. Nous pensons aujourd’hui à St Paul Miki mais cela remonte à 1600. Pensons à ceux d’aujourd’hui ! De 2015. »

En outre, cet affaissement « continu de Jean le Grand  jusqu’au néant » fait penser « que nous sommes sur ce chemin et que nous allons vers la terre où tous, nous finirons ». Cela me fait penser « à moi-même ».

« Moi aussi je prendrai fin. Nous tous, nous prendrons fin. Personne n’a acheté sa vie. Nous aussi, que nous le voulions ou non, nous allons sur le chemin de l’anéantissement existentiel de la vie et ceci, au moins en ce qui me concerne, me fait prier pour que cet anéantissement ressemble le plus possible à Jésus Christ, à son propre anéantissement ».

L’Église est pauvre…

… l’Évangile n’est pas une théorie de la prospérité

05-02-2015 Radio Vatican

L’Église doit annoncer l’Évangile « dans la pauvreté » et celui qui l’annonce doit avoir comme unique objectif celui d’alléger les maux des plus pauvres, sans jamais oublier que ce service est l’œuvre de l’Esprit Saint et non pas de forces humaines. C’est le fond de la pensée du Pape François pour l’homélie de la messe célébrée ce jeudi matin en la chapelle de la maison Sainte-Marthe et que nous nous proposons de méditer en tant qu’associés de la médaille miraculeuse, nous rappelant combien est présente en filigrane la Vierge Marie dans cette présentation de l’Église.

Guérir. Réconforter. Libérer. Chasser les démons. Et ensuite, reconnaitre avec sobriété : je suis un simple « ouvrier du Royaume ». C’est ce que doit faire et exprimer un ministre du Christ lorsqu’il soigne les nombreux « blessés » qui attendent dans les rangs de l’Église, un « hôpital de campagne ». Ce concept cher au Pape François revient dans sa réflexion du matin, dicté par le passage de l’Évangile où Jésus invite les disciples, deux à deux, dans les villages pour prêcher, guérir les malades et chasser les « esprits impurs ».

Le regard du Pape est attiré par la description que Jésus fait à propos du style que doit assumer ses invités par rapport au peuple : des personnes dépourvues de faste- Ne portez « ni pain, ni besace, ni argent à votre ceinture » leur dit-il- parce que l’Évangile « doit être annoncé dans la pauvreté », car « le salut n’est pas une théologie de la prospérité ». C’est seulement et rien d’autre que « la bonne nouvelle » de la libération portée à chaque opprimé.

« C’est la mission de l’Église : une Église qui guérit, qui soigne. Parfois, j’ai parlé de l’Église comme d’un hôpital de campagne. C’est vrai : nombreux sont les blessés ! Combien de personnes n’ont-elles pas besoin que leurs blessures soient guéries ? C’est la mission de l’Église : soigner les blessures du cœur, ouvrir les portes, libérer, dire que Dieu est bon, que Dieu pardonne tout, que Dieu est père, que Dieu est tendre, que Dieu nous attend toujours… »

Dévier de l’essence de cette annonce augmente le risque d’altérer la mission de l’Église qui se vide ainsi de la seule chose qui compte dans son engagement afin d’alléger les différentes formes de misère : conduire le Christ aux pauvres, aux aveugles et aux prisonniers :

« C’est vrai, nous devons aider et former des organisations en vue de cet objectif : oui, car le Seigneur nous donne des dons pour cela. Mais lorsque nous oublions cette mission, que nous oublions la pauvreté, que nous oublions le zèle apostolique et que nous mettons l’espérance dans ces moyens, l’Église glisse lentement vers une ONG et devient une belle organisation : puissante mais non évangélique parce qu’il manque cet esprit, cette pauvreté, cette force de guérir ».

Les disciples reviennent « heureux » de leur mission et le Pape rappelle que Jésus les accompagne et les amène « se reposer un peu ». Cependant, il « ne leur dit pas : mais, vous êtes grands. Lors de la prochaine sortie, il va falloir mieux organiser les choses… ». Il leur dit seulement : lorsque vous avez fait tout ce que vous deviez faire, dites-vous à vous-mêmes : “Nous sommes des serviteurs inutiles”. Voilà l’apôtre. Et quelle pourrait être plus belle louange pour un apôtre ? C’est un ouvrier du Royaume, un travailleur du Royaume. C’est la plus grande louange car elle mène sur cette voie de l’annonce de Jésus : guérir, protéger, proclamer cette bonne nouvelle et cette année de grâce pour faire en sorte que le peuple retrouve le Père, pour porter la paix dans le cœur des gens ».