Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

sur le voyage apostolique en Corée

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI
Mercredi 20 août 2014

Voyage apostolique en Corée

Je rends grâce au Seigneur pour le voyage apostolique que je viens d’accomplir en Corée.  L’Église est gardienne de la mémoire et de l’espérance. La béatification de 124 martyrs ainsi que la rencontre avec les jeunes ont été le signe qu’il y a quelqu’un, Jésus Christ, pour lequel il vaut la peine de donner sa vie. L’Église en Corée est née, non pas de missions envoyées de l’extérieur, mais de l’attrait pour l’Évangile, de l’engagement missionnaire et du martyre de fidèles laïcs. Le Christ n’abolit pas les cultures, il prend ce qui est bon et le porte à son accomplissement. Formant une grande famille objet de violentes persécutions, les chrétiens prirent comme modèle la première communauté de Jérusalem, pratiquant l’amour fraternel qui dépasse toute différence sociale. A leur suite, j’ai invité les chrétiens d’aujourd’hui à être généreux avec les plus pauvres et les exclus.Je vous salue bien cordialement chers amis de langue française. A l’occasion de votre pèlerinage à Rome, je vous invite à vous unir à la prière de toute l’Eglise pour ces communautés d’Asie que je viens de visiter, ainsi que pour tous les chrétiens persécutés dans le monde, particulièrement en Iraq. Que Dieu vous bénisse !

 


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Le Pape est revenu à Rome

2014-08-18 Radio Vatican

Le Pape a atterri à l’aéroport de Rome Fiumicino ce lundi peu avant 18h, heure de Rome, au terme d’un voyage de cinq jours en Corée du Sud.

Il portait avec lui un bouquet de fleurs offert par une jeune fille coréenne, qu’il a promis de déposer à la basilique Sainte-Marie-Majeure. Il sest ensuite rendu directement dans cette basilique qu’il visite traditionnellement au départ et au retour de chacun de ses voyages.

Ainsi s’achève son troisième voyage apostolique, après le Brésil en juillet 2013 et la Terre Sainte en mai 2014. Son quatrième voyage sera européen, puisqu’il se rendra en Albanie le 21 septembre.

Son voyage en Corée du Sud a été marqué par un immense succès populaire, qui a supris les médias occidentaux, dans un pays qui ne compte que 10% de catholiques. Xavier Sartre dresse le bilan de ce voyage historique, le premier d’un Pape en Asie depuis 15 ans.

En déclarant lors de sa rencontre avec les évêques d’Asie qu’il aimerait que « les pays avec lesquels le Saint-Siège n’a pas encore une relation pleine » n’hésitent pas « à promouvoir un dialogue au bénéfice de tous », le Pape a clairement affiché sa volonté de nouer des relations diplomatiques avec la Chine. Mais aussi avec le Vietnam, deux pays avec lesquels les rapports sont compliqués. Les deux traditionnels télégrammes envoyés à Pékin au moment du survol de la Chine par l’avion papal, ont été l’occasion de réaffirmer cette attitude positive : nous sommes là, prêts à parler avec vous.

Cette disposition au dialogue, le Pape aimerait que les Coréens l’aient entre eux, entre ceux du Nord et ceux du Sud. C’est ce qu’il a dit en rencontrant les jeunes asiatiques. Il a ainsi rappelé aux jeunes Coréens qu’ils ne formaient qu’une seule famille parlant la même langue avec leurs frères du Nord.

En se rendant en Corée du Sud, le Pape ne s’est pas contenté d’aller à la rencontre de ce pays et de son Église. C’est bien toute l’Asie qu’il a voulu saluer, démontrant que le Saint-Siège avait bien l’intention de se tourner davantage vers ce continent en pleine mutation. Il a prouvé à chacune de ses interventions que l’Église avait quelque chose à dire à ce continent qui se jette à corps perdu dans le développement économique en oubliant l’essentiel : l’homme… car fidèle aux périphéries qui lui sont si chères, le Pape a rappelé à tous le besoin de se préoccuper des laissés-pour-compte, les grands perdants d’une course aux richesses matérielles… Un message bien reçu au moins ici, en Corée du Sud…

INTERVIEW DU PAPE DANS L’AVION DE RETOUR DE CORÉE

réconciliation et paix, dialogue et rencontre

18 -08-2014 source : L’Osservatore Romano

Pour la Corée, qui depuis plus de soixante ans vit « une expérience de division et de conflit », et pour toute l’Asie, le Pape François voit à l’horizon « de nouvelles opportunités de dialogue, de rencontre et de dépassement des différences ». Et ainsi, en conclusion de son troisième voyage par-delà les frontières italiennes, il lance un message qui conjugue réalisme et espérance : même lorsque toute perspective humaine semble « impossible à parcourir et parfois même repoussante » – assure-t-il pendant la messe célébrée dans la cathédrale de Séoul lundi matin, 18 août, peu avant de quitter la Corée pour rentrer au Vatican – il est possible de faire l’expérience que « le pardon est la porte de la réconciliation » en mesure de « combler toute division, de guérir toute blessure et de rétablir les liens originels d’amour fraternel ».

Une conviction qui, dans la vision du Pape François, se fonde sur la « ténacité de la patience » et sur le travail minutieux d’une diplomatie étrangère aux « récriminations, critiques inutiles et démonstrations de force », comme il l’avait souligné devant les autorités politiques coréennes dès son arrivée dans la matinée du jeudi 14. Sans oublier que, dans un monde toujours plus mondialisé, la paix passe aussi à travers un développement économique à mesure d’homme, attentif aux plus vulnérables et capable de mettre un frein à « l’esprit de compétition effrénée qui – met-il en garde lors de la Messe de l’Assomption – engendre égoïsme et conflits ».

Le Pape appelle les chrétiens à apporter une contribution originale à cet engagement, à travers un « témoignage prophétique » qui est bénéfique à toute la société. Et ainsi aux évêques coréens rappelle-t-il que l’Église doit fuir la tentation du « bien-être spirituel » qui éloigne les pauvres de ses portes. Et aux prélats du continent, il tient une éclairante leçon de dialogue, en les invitant à ne pas « se cacher derrière des réponses faciles, des phrases toutes faites, des lois et des règlements » mais à s’approcher des autres avec un esprit libre et ouvert. En ayant bien à l’esprit que les chrétiens n’œuvrent pas comme des « conquérants » mais souhaitent marcher aux côtés de chaque homme pour montrer que l’unité – comme il le rappelle aux garçons et aux filles protagonistes de la sixième journée de la jeunesse asiatique réunis au sanctuaire de Solmoe — « ne détruit pas la diversité mais la reconnaît, la réconcilie et l’enrichit ».

« Ayez confiance dans la puissance de la croix du Christ ! » C’est le message que le Pape a voulu laisser aux Coréens dont il a pris congé au cours d’une ultime messe qui a conclu son troisième voyage apostolique. Dans la petite cathédrale de Myeong-dong, perchée sur une colline noyée au milieu des gratte-ciels modernes de la mégapole de Séoul, le Pape a demandé aux Coréens d’accueillir « la grâce réconciliatrice » dans leurs cœurs et de la partager avec les autres. Une invitation claire au dialogue entre Coréens, « frères et sœurs, membres d’une unique famille et d’un unique peuple ».

Le but de cette messe était très clair : implorer de Dieu « la grâce de la paix et de la réconciliation », ce qui a une « résonance particulière dans la péninsule coréenne » divisée depuis plus de soixante ans en deux pays antagonistes. Cette prière est d’autant plus forte « quand un peuple entier élève sa supplication pressante vers le ciel ».

Le Pape a précisé toutefois que la promesse de Dieu de « restaurer dans l’unité et dans la prospérité un peuple dispersé par le malheur et la division » est « inséparablement lié à un commandement », celui de « revenir vers Dieu et d’obéir de tout cœur à sa loi ». Cette transformation du cœur peut « changer le cours de notre vie et de notre société comme individus et comme peuple ».

Critique d’une mentalité de compétition

Le Pape François a alors appelé chacun à « réfléchir sur la façon » dont il témoigne comme individu et comme communauté, d’un engagement évangélique pour les défavorisés, pour les marginalisés, pour ceux qui n’ont pas de travail ou « sont exclus de la prospérité de beaucoup ». Le Pape en a profité pour fustiger une nouvelle fois la « mentalité fondée sur la suspicion, sur l’antagonisme et sur la compétition, et appelé à favoriser plutôt une culture façonnée par l’enseignement de l’Évangile et par les plus nobles valeurs traditionnelles du peuple coréen ».

La réconciliation n’est toutefois possible que quand la porte du pardon est ouverte. C’est pourquoi le Pape a demandé aux Coréens de « rendre un témoignage convaincant au message réconciliateur du Christ », dans les maisons, les communautés et dans tous les domaines de la vie nationale. Ce témoignage doit être étendu « dans un esprit d’amitié et de coopération avec les autres chrétiens, avec les adeptes des autres religions et avec tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté qui ont à cœur l’avenir de la société coréenne ». Et comme pour montrer l’exemple, le Pape, lors de la bénédiction finale, a utilisé la croix byzantine que lui avait offerte avant la messe l’archevêque grec-orthodoxe de Séoul, le métropolite Ambrosios.

Le Pape, très grave, a donc élevé cette prière « pour l’émergence de nouvelles opportunités de dialogue, de rencontre et de dépassement des différences, pour une continuelle générosité à fournir l’assistance humanitaire à tous ceux qui sont dans le besoin », allusion claire aux actions menées par l’Église sud-coréenne envers les populations du Nord à qui elle vient en aide au gré des circonstances politiques.

Alors que la présidente sud-coréenne Park Geun-hye assistait à la messe, et que le Pape appelait à la réconciliation, rappelant que les Coréens ne forment qu’un seul peuple et une seule famille, des exercices militaires conjoints coréens et américains ont débuté dans la péninsule comme tous les ans. Une concordance de calendrier qui révèle combien la réconciliation sera difficile et fruit d’un long parcours.

Adieu aux Coréens

Cette messe de réconciliation et de paix fut aussi une messe d’adieu à la Corée et au peuple coréen. Le Pape a ainsi tenu à saluer les prêtres de Corée qui, « quotidiennement travaillent au service de l’Évangile et à l’édification du peuple dans la foi, l’espérance et la charité », contribuant ainsi « grandement à l’œuvre de réconciliation et de paix dans ce pays ».

Au début de la messe, juste avant de rejoindre l’autel, le Pape a salué chacune des sept femmes de réconfort qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, furent réduites à l’état d’esclaves sexuelles au service de l’armée japonaise. Le Pape les a saluées, les écoutant attentivement, accomplissant un acte de reconnaissance envers ces femmes dont le sort fût ignoré jusqu’aux années 1990 et qui sont devenues depuis un enjeu politique interne et international, principalement entre la Corée du Sud et le Japon.

messe finale du Pape en Corée

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18-08-2014 source : Radio Vatican

Le Pape a quitté la Corée pour Rome

L’avion du pape a décollé de la base aérienne de Séoul, sous la pluie, à 13h, heure locale, soit 6h, heure de Rome. Il n’y a pas eu de cérémonie particulière pour ce départ. Les évêques coréens qui ont assisté à la messe de ce matin ont accompagné le Pape jusqu’à la passerelle de l’avion. Le pape François, après les avoir salués, a rejoint l’appareil sur un tapis rouge, entre deux haies de gardes d’honneur en uniforme traditionnel. L’avion s’est ensuite éloigné avant de rejoindre la piste et de s’envoler. C’est en toute simplicité, à l’image du pape François, que s’est achevé ce troisième voyage apostolique en Corée du Sud. Le pape François doit donner une conférence de presse aux journalistes présents sur le vol papal, comme lors de ses précédents voyages (Brésil, Israël/Palestine).

Lors de ce trajet retour vers l’Italie, le Pape survolera à nouveau la Chine, la Mongolie, la Russie, la Biélorussie, la Pologne, la Slovaquie, l’Autriche, la Slovénie et la Croatie. Comme de tradition, des télégrammes seront envoyés aux autorités respectives de ces pays. Le Pape François adresse notamment au président chinois Xi Jinping « l’assurance de ses meilleurs vœux, au moment où il invoque la bénédiction divine sur la Chine ».

Ce voyage de quatre jours du Pape en Corée, -le premier d’un Souverain Pontife sur le continent asiatique depuis 1989-, a été marqué par de nombreux temps forts : la rencontre avec les jeunes participants aux 6èmes journées asiatiques de la jeunesse, la rencontre avec les évêques de Corée et ceux de l’Asie toute entière, la béatification de 124 martyrs coréens, et s’est conclu par un évènement non moins significatif : une messe pour la paix et la réconciliation entre les deux Corées.

Au cours de sa visite apostolique, le Pape a pu goûter à un accueil enthousiaste et des plus chaleureux, et a pu se rendre compte de la vitalité d’une Église coréenne en pleine expansion.