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LE MOIS DE SAINT JOSEPH – IIIe JOUR

LE MOIS DE SAINT JOSEPH – IIIe JOUR

Saint Joseph image du Père Éternel.

Saint Joseph - Houchin - église St Omer
Saint Joseph – Houchin – église St Omer

Saint Joseph, qui a été figuré dans l’Ancien Testament par un de ses plus grands patriarches, a été lui-même, dans le Nouveau Testament, l’image du Père éternel. Telle est la doctrine exposée par un des plus fervents serviteurs de ce grand saint.

Jean-Jacques Olier

« L’admirable saint Joseph fut donné à la terre pour exprimer visiblement les perfections adorables de Dieu le Père. »

Combien Dieu le Père a honoré saint Joseph.

 « Saint Joseph étant choisi pour être l’image de Dieu le Père, c’était une chose admirable de voir les vertus et les perfections de cette sainte personne. Quelle sagesse ! quelle force! Quelle prudence ! quelle simplicité ! Je ne crois pas que jamais il y eut rien de pareil au monde ; car il est aisé de comprendre que, si Dieu le Père a pris ce saint pour être ridée et l’image de ses perfections, l’excellence de ce grand homme est incomparable… »

Il est l’image des beautés du Père Éternel.

« Sans doute, c’était un extérieur grave et modeste, c’était une composition admirable, une beauté sans pareille, à cause de celui dont il était la figure, aux yeux mêmes du Fils de Dieu; car si les cieux, la terre, les éléments, en un mot, toute la composition du monde est si belle, si rare et ordonnée avec tant de poids, de nombre et de mesure, parce qu’elle nous doit servir pour admirer les perfections de Dieu et qu’elle nous représente sa beauté; quelle doit être celle de ce grand saint que Dieu le Père forme exprès de ses mains, pour se figurer soi-même à son Fils unique!

« Et ce qui est plus considérable encore, c’est que saint Joseph, formé sur l’idée du Père Éternel, pour le représenter à son Fils lui-même, le représente en qualité de père et porte en lui tous les charmes et toutes les douceurs de la paternité divine. »

Il est l’image de la sainteté du Père Éternel.

« Quelle n’est pas la sainteté de saint Joseph, choisi pour être l’image de Dieu le Père! Le grand saint vit dans une sainteté parfaite, séparé de tous les biens de la terre et de toutes les créatures, et l’Évangile vous le représente comme rempli de cette sainteté incomparable, en disant : Cum esset justus, « lorsqu’il était juste, » c’est-à-dire saint. Il est, d’ailleurs, établi avec ce caractère unique de sainteté, qu’il est destiné pour être le gardien de la créature la plus parfaite et la plus précieuse du monde. En effet, Notre-Seigneur choisit un saint, et un des plus grands saints du monde, pour être le gardien de la très-sainte Vierge après sa mort; un homme vierge, pour être le protecteur et la sûreté de sa Mère. Ici, Dieu le Père choisit un homme qu’il fait l’image de sa sainteté, afin qu’il soit la sûreté et la protection non-seulement de la très-sainte Vierge, mais encore du Fils qu’il a engendré éternellement : In sanctitate et justitia coram ipso. »

Il est l’image de l’amour du Père Éternel pour son Fils.

« Dieu le Père, en choisissant saint Joseph pour en faire son image à l’égard de son Fils, a vécu dans le sein de saint Joseph, où il aimait son Fils d’un amour infini, et disant continuellement de ce fils unique : Hic est Filius meus dilectus, in quo mihi bene complacui. Le Père, en lui-même, aime son Fils, comme son Verbe éternel, et dans saint Joseph il aime ce même Fils comme Verbe incarné. Il résidait dans l’âme de ce grand saint et la rendait participante, non-seulement de ses vertus, mais encore de sa vie et de son amour de père ; c’est pourquoi saint Joseph entrait dans l’amour du Père éternel pour son Fils, et l’aimait dans l’étendue et l’ardeur, la pureté et la sainteté de cet amour. »

4° Il est l’image de l’autorité du Père Éternel sur son Fils.

Saint Joseph était l’oracle de Jésus-Christ, qui lui faisait connaître toutes les volontés de son Père céleste. Il entendait, par la bouche de ce grand saint, la parole venue de son Père dont saint Joseph était l’organe sensible ; c’était une horloge qui lui indiquait tous les moments marqués par les desseins de Dieu. Quel objet de complaisance pour Jésus-Christ! O grand Saint! que vous êtes heureux de fournir une si belle matière à l’amour de Jésus! Heureux Joseph! heureux Jésus ! heureux Joseph de fournira Jésus le plus juste sujet de ses délices! Bienheureux, ô Jésus! de trouver en Joseph l’objet de vos plus saintes complaisances !

« C’est une vie admirable, sans doute, que celle de Dieu le Père, dans l’éternité, aimant son Fils, et le Fils par réciproque aimant le Saint-Esprit. C’était aussi une admirable vie que celle de Joseph et de Marie, image de Dieu le Père, pour Jésus-Christ son Fils. Quel était leur amour pour Jésus et l’amour de Jésus pour eux! Notre-Seigneur voyait, dans l’un et dans l’autre, l’image des perfections de Dieu son Père, et voyant ces beautés, quel amour ! quelle joie! quelle consolation! La sainte Vierge et saint Joseph, voyant de leur côté la personne de Dieu en Jésus, avec tout ce qu’il est, Fils de Dieu, Verbe du Père, la splendeur de sa vie et le caractère de sa substance ; quelle révérence ! quel respect! quel absorbement d’amour! quelle adoration profonde ! C’était là un ciel, un paradis sur la terre ; c’étaient des délices sans fin, dans ce lieu de douleur, l’abondance de tous les biens au sein de la pauvreté ; c’était une gloire commencée déjà dans la vileté, l’abjection et la petitesse de leur vie. « O Jésus, je ne m’étonne pas si vous demeurez trente ans entiers dans cette heureuse maison , sans quitter Joseph. Je ne m’étonne pas si vous êtes inséparable de sa personne. Sa maison seule vous est un paradis. Hors de cette maison, vous ne trouvez que des objets funestes, que des pécheurs, ces tristes causes de votre mort ; et dans la maison de Joseph, qui est aussi celle de Marie, vous trouvez les objets les plus délicieux de votre joie, les saintes sources de votre vie. Vous ne sortez jamais de ce saint lieu que pour aller dans le temple, et le monde se moquait de votre solitude et de cette vie retirée ; mais il ne savait pas que le temple était une figure morte du sein de votre Père, et que saint Joseph, comme son image vivante, était le lieu de ses délices et de votre repos. » (Considérations sur saint Joseph.)

Dieu nous veut grands, c’est pourquoi il nous veut libres

Dieu nous veut grands, c’est pourquoi il nous veut libres

SAMEDI (2e semaine de Carême) Michée 7,14…20 – Luc 15,1-3.11-32

vitrail Chartres parabole du fils prodigue
vitrail Chartres parabole du fils prodigue

Le père leur partagea son bien (Lc 15,12)

Quelles que soient les circonstances, Dieu respecte les choses qu’il a créées, leur nature et leurs lois, la dureté du fer, la pesanteur de la terre, la chaleur du feu.

Mais il existe des êtres plus hauts que la matière brute : Dieu a voulu l’homme, et à l’homme il a fait le cadeau le plus grand possible : il nous a donné la liberté. Cette liberté, Dieu va la respecter jusqu’au bout.

C’est Jésus lui-même qui nous suggère cela dans un de ses récits : Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : Père, donne-moi ma part d’héritage. Et le père leur parta­gea son bien. Peu de jours après, le plus jeune, rassem­blant tout ce qu’il avait, partit pour un pays lointain et y dissipa son bien dans une vie de prodigue (Lc 15,11-13).

Pourquoi donc ce père a-t-il laissé partir l’enfant malgré la douleur que cela lui causait, malgré le tort que son fils se faisait à lui-même et qu’il prévoyait bien ?

Justement parce que celui qui réclamait la liberté était son fils. Si un esclave, un domestique engagé par contrat était venu réclamer sa liberté, le maître l’aurait renvoyé à son travail au besoin par la force. Mais le père savait que son petit ne serait jamais heureux s’il le retenait malgré lui. Il a respecté sa liberté d’homme, quoi qu’il pût en coûter à lui ou à ce petit qu’il aimait plus que lui-même.

Dieu n’est pas un dictateur. Tous les dictateurs veulent rendre leurs peuples heureux, mais par la force. Et leurs peuples ne sont pas heureux parce qu’ils ne sont pas libres.

Dieu n’est pas « paternaliste » : les patrons paternalistes veulent rendre leurs ouvriers heureux comme eux, patrons, l’entendent et sous leur tutelle. Et les ouvriers préfèrent plus que tout leur liberté.

Dieu est père : il veut nous voir marcher par nous-mêmes, comme des hommes libres et non comme des en­fants.

Croyons-nous vraiment à la grandeur de la liberté ?

Si oui, nous comprendrons que ce qui fait sa valeur, c’est de l’acheter à un grand prix comme il le faut.

Ceux qui sont prêts à être des esclaves gras ne comprendront jamais cela. Souvenons-nous des heures où (durant la seconde guerre mondiale) nous étions privés de notre liberté ; alors, même des gens d’habitude calmes, aimant vivre dans leurs pantoufles, ont frôlé la mort, la prison, la torture et parfois les ont subies pour redevenir eux et leur pays des hommes libres.

Dieu nous a voulus grands, non pas tant par nos actions qui souvent sont limitées mais par la liberté que nous avons de les faire ou non.

Jacques Loew « Fêtes et Saisons », n » 117, août 1957, p. 9.

L’homme est appelé à se donner, par un élan de géné­rosité consentie, qui lui fait dépasser ses frontières et l’in­troduit dans le monde bienheureux de la communion et de l’amour. (Jean Mouroux)

LE MOIS DE SAINT JOSEPH – IIe JOUR

LE MOIS DE SAINT JOSEPH – IIe JOUR

Saint Joseph figuré par le patriarche Joseph dans l’Ancien Testament

I

Albert le grand

Le songe du patriarche Joseph Ancien Testament - cathédrale de Bourges
Le songe du patriarche Joseph Ancien Testament – cathédrale de Bourges

« Chaque personnage de l’Ancien Testament a une signification prophétique conforme aux traits principaux de son caractère et de sa vie. Si donc on se demande quel est celui d’entre eux qui a été la figure de saint Joseph, on peut douter, au premier abord, que ce soit le premier Joseph, fils de Jacob ; car celui-ci paraît avoir été plutôt l’image de Notre-Seigneur, comme ayant été le fils, de Rachel, né dans la vieillesse de son père, comme ayant été vendu, comme ayant été destiné à délivrer son peuple et à sauver son pays.

« Cependant, si l’on étudie de plus près les analogies des Écritures, on reconnaît qu’à une seule et même personne est attribué, dans l’Ancien Testament, des symboles divers et multiples. Ainsi, quand on raconte qu’il fut dit à Abraham : Prends ton fils, le saint patriarche était la figure de Dieu le Père, qui n’épargna pas son propre Fils ; et ailleurs, quand il lui fut ordonné de sortir de la terre de Canaan, il figurait Jésus-Christ, qui était sorti de sa patrie céleste et de sa famille, c’est-à-dire du sein de son Père, pour venir en ce monde. Enfin, quand on raconte du même Abraham qu’il s’assit sous le portique de sa tente durant la chaleur du jour, c’est qu’il figure alors les anciens patriarches, qui s’assirent à l’ombre de la loi, et attendirent avec de fervents désirs l’incarnation du Verbe.

« On peut donc admettre aussi que le premier Joseph figurait Notre-Seigneur dans sa captivité, dans sa délivrance, et dans son action de libérateur du peuple égyptien; mais dans sa fidélité, dans sa chasteté, dans la révélation qui lui fut faite des secrets divins et dans la charge qui lui fut confiée pour la conservation des fruits de la terre, il figurait le second Joseph.
Son nom de Joseph, qui veut dire progrès, lui convient d’ailleurs admirablement : il exprime la progression ascendante de ses vertus et de sa sainte renommée, la piété et le respect croissant dont il a été l’objet de la part des hommes; il exprime aussi la hauteur sublime où l’a élevé sa mission auprès du Sauveur et de la Vierge mère.
Que, si vous le comparez maintenant au grand patriarche jadis vendu sur la terre d’Égypte, vous trouverez qu’en recevant le même nom, Joseph de Nazareth fut revêtu de la même chasteté, doté de la même innocence et de la même grâce.
En effet, le patriarche Joseph, vendu et conduit en Égypte par suite de la haine que lui portaient ses frères, tout en représentant le Christ, qui devait être vendu par un traître, représente aussi saint Joseph, fuyant de son pays pour se dérober à la haine d’Hérode, et emportant le Christ en Égypte.
Le premier, repoussant de perfides suggestions, demeura fidèle à son maître ; le second, reconnaissant dans son épouse la Mère de Dieu, resta son chaste gardien et son protecteur fidèle.
L’un eut l’intelligence des songes, l’autre fut le témoin et le ministre des mystères célestes : l’un garda les blés en vue de la famine, non-seulement pour lui, mais pour tout le peuple ; l’autre reçut, pour le conserver au monde entier, le pain vivant descendu du ciel.
Oui, le fidèle et prudent serviteur du roi d’Égypte fut en réalité la figure du fidèle et prudent serviteur de Dieu, homme juste par excellence, que Jésus-Christ élut pour être le consolateur de sa Mère, le père nourricier de son humanité, et l’auxiliaire discret de ses grands desseins sur le monde.

« En étudiant la vie du premier Joseph, on voit donc combien les traits d’un tel caractère convenaient au second Joseph, à celui qui s’acquitta de sa mission protectrice envers la Mère de Dieu et son divin Fils avec la plus scrupuleuse fidélité, et qui éprouva pour eux, en remplissant ce ministère sacré, les sentiments du père le plus dévoué et de l’époux le plus tendre. »
(Albert le grand – Question sur le Messie, p. 42. Ce parallèle entre les deux Joseph, qui met en relief plusieurs traits importants de la figure de saint Joseph, a été souvent reproduit par les Pères de l’Église et par les auteurs mystiques, entre autres par saint Bernard, saint Bernardin de Sienne, saint Pierre Chrysologue, saint Augustin , etc.)

On le retrouve aussi dans le décret du Souverain Pontife. « De même, y est-il dit, que Dieu avait constitué Joseph, fils du patriarche Jacob, intendant de la terre d’Égypte, afin qu’il mit du blé en réserve pour le peuple, ainsi, au moment de la plénitude des temps où il devait envoyer sur la terre son Fils unique le Sauveur du monde, il choisit un autre Joseph dont le premier avait été la figure, il le fit maître et prince de sa maison et de son héritage, et lui donna la garde de ses principaux trésors. » Décret du 8 décembre 1870.)

II

Saint Alphonse de Liguori

« Figurons-nous donc, chrétiens, que le Seigneur, nous voyant dans la peine, nous dit à tous les paroles que Pharaon disait à son peuple pendant la famine de l’Égypte : Allez à Joseph. Allons donc à Joseph, si nous voulons être secourus et consolés. Grâce à Dieu, il n’y a maintenant au monde aucun chrétien qui n’ait de la dévotion à ce grand saint; mais ceux qui en reçoivent le plus de grâces sont ceux qui l’invoquent le plus souvent et avec le plus de confiance.
Aussi ne manquons jamais chaque jour, et plusieurs fois par jour, de nous recommander à lui, puisque sa puissance auprès de Dieu l’emporte sur celle de tous les autres saints, et n’est surpassée que par celle de la sainte Vierge. Adressons-lui habituellement quelques prières spéciales; ayons soin de les multiplier pendant sa neuvaine, et de faire avec fidélité le jeûne de sa vigile. Mais que notre culte se tourne surtout à étudier sa vie et à imiter ses vertus. » (Sermon sur saint Joseph.)

« 0 bienheureux Joseph!
nous vous appelons à notre aide dans les souffrances
de la ténébreuse Égypte,
où nous sommes exilés.
Comme l’illustre patriarche
dont la prudence conserva le pain à son peuple,
soyez notre sauveur,
et ranimez les forces de ceux qui vont mourir de faim. »

« Compatiens esto, hos heu retinet tenebrosa
Torquet et AEgyptus, sis salvator velut alter,
Egregius patriarcha Joseph frumenta recondens
Providus. O jam jamque ferme refove precantes. »
(Josephina, de Gerson.)