Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

Il est le chemin

«Il est le chemin»

Une semaine après son retour de Budapest, depuis la fenêtre du palais apostolique, dimanche 7 mai, le Pape François a proposé une réflexion sur le dernier discours de Jésus avant sa mort, sur la préparation qu’il offre aux disciples pour les guider à la destination finale.

Dominant une place Saint-Pierre aux allures estivales lors du 5e dimanche de Pâques, il a commenté les dernières paroles de Jésus: «Je pars vous préparer une place […] afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi». «Le Seigneur aujourd’hui nous montre donc tous le lieu merveilleux où aller et, en même temps, il nous dit comment y aller, il nous montre le chemin. Il nous dit où aller et comment y aller».

LE PAPE FRANÇOIS

REGINA CAELI

Place Saint-Pierre
dimanche 7 mai 2023

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Chers frères et sœurs, bonjour!

L’Évangile de la liturgie d’aujourd’hui (Jn 14, 1-12) est tiré du dernier discours de Jésus avant sa mort. Le cœur des disciples est troublé, mais le Seigneur leur adresse des paroles rassurantes, les invitant à ne pas avoir peur, n’ayez pas peur : en fait, il ne les abandonne pas, mais il va leur préparer une place et les guider eux vers ce but.

Ainsi aujourd’hui le Seigneur nous indique à tous l’endroit merveilleux où aller, et, en même temps, nous dit comment y aller, nous montre le chemin à suivre. Il nous dit où aller et comment y aller.

Tout d’abord, où aller. Jésus voit le trouble des disciples, il voit leur peur d’être abandonnés, tout comme cela nous arrive quand nous sommes forcés de nous séparer de quelqu’un que nous aimons. Et puis il dit: «Je vais te préparer une place […], afin que là où je suis tu sois aussi» (vv. 2-3). Jésus utilise l’image familière du foyer, lieu de relations et d’intimité.

Dans la maison du Père – dit-il à ses amis et à chacun de nous – il y a de la place pour vous, vous êtes les bienvenus, vous serez accueillis pour toujours par la chaleur d’une étreinte, et je suis au Ciel pour vous préparer une place ! Cette étreinte avec le Père nous prépare, lieu de toute éternité.

*

Frères et sœurs, cette Parole est une source de consolation, elle est une source d’espérance pour nous. Jésus ne s’est pas séparé de nous mais nous a ouvert la voie, anticipant notre destination finale : la rencontre avec Dieu le Père, dans le cœur duquel il y a une place pour chacun de nous.

Puis, lorsque nous éprouvons de la fatigue, de la confusion et même des échecs, nous nous souvenons de la direction que prend notre vie. Il ne faut pas perdre de vue l’objectif, même si aujourd’hui on risque de l’oublier, d’oublier les dernières questions, les plus importantes : où allons-nous ? Où marchons-nous ? Pour quoi vaut-il la peine de vivre ?

Sans ces questions, on écrase la vie uniquement sur le présent, on pense qu’il faut en profiter le plus possible et on finit par vivre au jour le jour, sans but, sans but. Notre patrie, par contre, est aux cieux (voir Phil 3:20), n’oublions pas la grandeur et la beauté de la destination !

Une fois que nous avons découvert la destination, nous aussi, comme l’Apôtre Thomas dans l’Évangile d’aujourd’hui, nous nous demandons : comment y aller, quel est le chemin ? Parfois, surtout quand il y a de gros problèmes à affronter et qu’on a le sentiment que le mal est plus fort, et on se demande : que dois-je faire, quel chemin dois-je suivre ?

Écoutons la réponse de Jésus : « Je suis le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14, 6). « Je suis le chemin ». Jésus lui-même est le chemin à suivre pour vivre dans la vérité et avoir la vie en abondance. Il est le chemin et donc la foi en Lui n’est pas un « paquet d’idées » à croire, mais un chemin à parcourir, un voyage à faire, un voyage avec Lui. C’est suivre Jésus, car Il est le chemin qui mène à bonheur qui ne se fixe pas.

Suivez Jésus et imitez-le, surtout avec des gestes de proximité et de miséricorde envers les autres. Voici la boussole pour atteindre le Ciel : aimer Jésus, le chemin, devenir signes de son amour sur la terre.

*

Frères et sœurs, vivons le présent, prenons le présent entre nos mains mais ne nous laissons pas submerger: levons les yeux, regardons vers le Ciel, rappelons-nous notre but, pensons que nous sont appelés à l’éternité, à la rencontre de Dieu. Et, du Ciel au cœur, renouvelons aujourd’hui le choix de Jésus, le choix de l’aimer et de marcher après lui.

Que la Vierge Marie, qui en suivant Jésus a déjà atteint son but, soutienne notre espérance.

Regina Coeli …

Après le Regina Caeli

Chers frères et sœurs !

Deux béatifications ont été célébrées hier. À Montevideo, en Uruguay, l’évêque Jacinto Vera, qui a vécu au XIXe siècle, a été béatifié. Pasteur soucieux de son peuple, il a témoigné de l’Évangile avec un zèle missionnaire généreux, promouvant la réconciliation sociale dans le climat tendu de la guerre civile.

À Grenade, en Espagne, la jeune Maria de la Concepción Barrecheguren y García a été béatifiée. Alitée par une grave maladie, elle supporta les souffrances avec une grande force spirituelle, suscitant admiration et consolation chez tous. Elle meurt en 1927 à l’âge de 22 ans.

Une salve d’applaudissements aux deux bienheureux !

Je vous salue tous cordialement, Romains et pèlerins d’Italie et de nombreux pays, en particulier les fidèles d’Australie, d’Espagne, d’Angleterre et les étudiants du Collège Saint Thomas de Lisbonne.

Je salue l’Association Meter et son fondateur Don Fortunato Di Noto, qui poursuivent leur engagement pour prévenir et combattre la violence envers les mineurs ; célébrer aujourd’hui la 27ème Journée des Enfants Victimes ; depuis 30 ans, ils défendent l’enfance contre les abus et la violence.

Je suis proche de vous, frères et sœurs, et je vous accompagne de ma prière et de mon affection. Ne vous lassez jamais d’être du côté de la victime, il y a l’Enfant Jésus qui vous attend, merci !

Demain, à Pompéi, la traditionnelle supplication à Notre-Dame du Rosaire sera élevée, dans ce sanctuaire que le bienheureux Bartolo Longo a voulu dédier à la paix. En ce mois de mai, nous prions le chapelet en demandant à la Sainte Vierge le don de la paix, en particulier pour l’Ukraine tourmentée. Que les dirigeants des nations écoutent les souhaits des personnes qui souffrent et veulent la paix !

Je souhaite à tous un bon dimanche. S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir !


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Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

Préserver ses racines et construire des ponts

Préserver ses racines et construire des ponts

Comme après chaque voyage apostolique, le Pape François est revenu sur sa récente visite en Hongrie, achevée il y a trois jours, lors de l’audience générale ce mercredi 3 mai, place Saint-Pierre. Il a illustré ce pèlerinage au pays de saint Étienne à travers deux images: les racines et les ponts.

 

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 3 mai 2023

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Résumé

Chers frères et sœurs,

Je suis allé il y a trois jours en Hongrie. Je veux redire ma gratitude aux Autorités et à l’Église locale ainsi qu’à tous ceux qui ont préparé et accompagné ce voyage auprès de ce peuple. Pour vous partager ma visite, j’aimerai vous donner deux images : les racines et les ponts.

Tout d’abord les racines. Le peuple hongrois en possède de belles : son histoire est peuplée de héros et surtout de saints qui ont su témoigner de l’Évangile de l’amour en donnant leur vie pour leur peuple. Ces saints nous redisent que le Christ est notre avenir. Ces racines ont passées l’épreuve du feu : une persécution athée violente qui a privé les hongrois de liberté.

Aujourd’hui encore notre liberté est menacée par un consumérisme anesthésiant qui nous coupe de nos racines et nous enferme dans un individualisme matérialiste stérile. C’est seulement en vivant de nos racines que nous porterons du fruit.

Ensuite les ponts. Budapest est célèbre pour ses ponts, qui unissent et relient. Ils nous redisent la vocation de l’Europe de construire des ponts de paix entre les peuples, des ponts qui accueillent, comme ce pont humanitaire qui relie la Hongrie à l’Ukraine.

Ce pays est aussi soucieux de bâtir des ponts entre générations, des ponts entre croyants, mais aussi des « ponts pour demain » par la protection de l’environnement et le développement durable. En ce début du mois de mai, nous confions ce cher pays à la Vierge Marie. Demandons lui d’enraciner nos cœurs dans l’amour de Dieu et de nous aider à bâtir des ponts de paix dans le monde.

Audience générale : Le Voyage en Hongrie

Chers frères et sœurs, bonjour !

Il y a trois jours, je suis rentré du voyage en Hongrie. Je tiens à remercier tous ceux qui ont préparé et accompagné cette visite par la prière, et à renouveler ma gratitude aux Autorités, à l’Église locale et au peuple hongrois, un peuple courageux et riche de mémoire. Pendant mon séjour à Budapest, j’ai pu ressentir l’affection de tous les Hongrois. Aujourd’hui, je voudrais vous raconter cette visite à travers deux images : les racines et les ponts.

Les racines. Je me suis rendu en pèlerin chez un peuple dont l’histoire – comme l’a dit saint Jean-Paul II – a été marquée par « de nombreux saints et héros, entourés d’une foule de gens humbles et travailleurs » (Discours lors de la cérémonie d’accueil, Budapest, 6 septembre 1996). C’est vrai : j’ai vu tant de gens humbles et travailleurs soigner avec fierté le lien avec leurs racines.

Et parmi ces racines, comme l’ont montré les témoignages recueillis lors des rencontres avec l’Église locale et avec les jeunes, il y a avant tout les saints : les saints qui ont donné leur vie pour le peuple, les saints qui ont témoigné de l’Évangile de l’amour et qui ont été des lumières dans les temps de ténèbres.

Tant de saints du passé qui aujourd’hui nous exhortent à surmonter le risque du défaitisme et la peur du lendemain, en nous rappelant que le Christ est notre avenir. Les saints nous rappellent ceci : Christ est notre avenir.

Cependant, les solides racines chrétiennes du peuple hongrois ont été mises à l’épreuve. Leur foi a été éprouvée par le feu. En effet, au cours de la persécution athéiste du XXe siècle, les chrétiens ont été violemment frappés, des évêques, des prêtres, des religieux et des laïcs ont été tués ou privés de leur liberté.

Et alors que l’on tentait d’abattre l’arbre de la foi, les racines restaient intactes : une Église cachée a résisté, mais vive, forte avec la force de l’Évangile. Et en Hongrie, cette extrême persécution, l’oppression communiste avait été précédée par l’oppression nazie, avec la tragique déportation de tant de juifs.

Mais dans cet atroce génocide, beaucoup se sont distingués par leur résistance et leur capacité à protéger les victimes, et cela a été possible parce que les racines du vivre ensemble étaient solides.

Nous à Rome, nous avons une brave poétesse hongroise qui a traversé toutes ces épreuves et qui transmet aux jeunes la nécessité de se battre pour un idéal, de ne pas se laisser vaincre par la persécution, par le découragement. Cette poétesse a 92 ans aujourd’hui : Joyeux anniversaire, Edith Bruck !

Mais aujourd’hui encore, comme cela ressort des rencontres avec les jeunes et le monde de la culture, la liberté est menacée. Comment ? Surtout avec des gants blancs, par un consumérisme anesthésiant, où l’on se contente d’un peu de bien-être matériel et où, oubliant le passé, on « flotte » dans un présent fait à la mesure de l’individu.

C’est la persécution dangereuse de la mondanité, induite par le consumérisme. Mais quand la seule chose qui compte est de penser à soi et de faire ce qui nous plaît, les racines s’étouffent. C’est un problème qui se pose dans toute l’Europe, où le dévouement aux autres, le sentiment de communauté, l’émotion de la beauté de rêver ensemble et de créer des familles nombreuses sont en crise.

L’Europe entière est en crise. Réfléchissons donc à l’importance de préserver les racines, car ce n’est qu’en allant en profondeur que les branches pousseront vers le haut et porteront des fruits. Chacun de nous peut se demander, également comme peuple, chacun de nous : quelles sont les racines les plus importantes de ma vie ? Où suis-je enraciné ? Est-ce que je m’en souviens, est-ce que j’en prends soin ?

Après les racines, voici la seconde image : les ponts. Budapest, née il y a 150 ans de l’union de trois villes, est célèbre pour les ponts qui la traversent et unissent ses parties. Cela a mis en évidence, notamment lors des rencontres avec les autorités, l’importance de construire des ponts de paix entre les différents peuples.

Telle est, en particulier, la vocation de l’Europe, qui est appelée, en tant que « pont de paix », à intégrer les différences et à accueillir ceux qui frappent à ses portes. En ce sens, c’est beau, le pont humanitaire créé pour tant de réfugiés de l’Ukraine voisine, que j’ai pu rencontrer, en admirant le grand réseau de charité de l’Église hongroise.

Le pays est également très engagé dans la construction de « ponts pour demain » : il se préoccupe beaucoup du soin de l’environnement- et c’est un aspect très, très beau de la Hongrie – l’attention portée au soin de l’environnement et d’un avenir « soutenable », et l’on s’y emploie à construire des ponts entre les générations, entre les personnes âgées et les jeunes, un défi auquel aujourd’hui personne ne peut renoncer.

Il y a aussi des ponts que l’Église, comme il ressort de la rencontre spécifique, est appelée à jeter vers les gens d’aujourd’hui, parce que l’annonce du Christ ne peut pas consister uniquement à répéter le passé, mais doit toujours être adaptée, afin d’aider les femmes et les hommes de notre temps à redécouvrir Jésus.

Enfin, en rappelant avec gratitude les beaux moments liturgiques, la prière avec la communauté gréco-catholique et la solennelle célébration eucharistique avec tant de participation, je pense à la beauté de construire des ponts entre les croyants : dimanche, à la messe, il y avait des chrétiens de différents rites et pays, et de différentes confessions, qui en Hongrie travaillent bien ensemble. Construire des ponts, des ponts d’harmonie et des ponts d’unité.

J’ai été frappé, lors de cette visite, par l’importance de la musique, qui est un trait caractéristique de la culture hongroise.

Il me plait enfin de rappeler, en ce début de mois de mai, que les Hongrois sont très dévots à la Sainte Mère de Dieu. Consacrés à elle par le premier roi, saint Étienne, par respect, ils s’adressaient habituellement à elle sans prononcer son nom, l’appelant seulement par les titres de Reine

À la Reine de Hongrie confions ce cher pays, à la Reine de la Paix confions la construction de ponts dans le monde, à la Reine du Ciel, que nous célébrons en ce temps pascal, confions-lui nos cœurs pour qu’ils soient enracinés dans l’amour de Dieu.


Je salue cordialement les personnes de langue française, en particulier le Pèlerinage National Notre-Dame de Salut, les différents établissements scolaires, les paroisses et groupes de pèlerins venus de France.

Dans un monde matérialiste et individualiste, demandons au Seigneur de nous maintenir enracinés dans le Christ, qui nous apprends à nous donner sans cesse à nos frères et à devenir des ponts entre les hommes, pour bâtir un monde plus fraternel. Que Dieu vous bénisse.


 


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Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

Confiance en Saint Joseph

Confiance en Saint Joseph

Saint-Joseph
Saint-Joseph

En ce premier mai, dédié à Saint Joseph, écoutons dom Guéranger, Abbé de Solesmes, restaurateur de l’Ordre des Bénédictins en France au XIXe siècle. Voici comment il en parle dans le dernier volume de son Année liturgique:

« La sainte Église se propose aujourd’hui, dans l’intérêt de ses enfants, de diriger leur confiance vers un secours si puissant et si opportun. La dévotion à saint Joseph était réservée pour ces derniers temps.

Le culte de cet admirable personnage, culte fondé sur l’Évangile même, ne devait pas se développer dans les premiers siècles de l’Église; non pas que les fidèles, considérant le rôle sublime de saint Joseph dans l’économie du mystère de l’Incarnation, fussent entravés en quelque chose dans les honneurs qu’ils auraient voulu lui rendre.

Mais la divine Providence avait ses raisons mystérieuses pour retarder le moment où la Liturgie devait prescrire chaque année les hommages publics à offrir à l’époux de Marie.

L’Orient précéda l’Occident, ainsi qu’il est arrivé d ‘autres fois, dans le culte spécial de saint Joseph; mais au XVe siècle, l’Église latine l’avait adopté tout entière, et depuis lors il n ‘a cessé de faire les plus heureux progrès dans les âmes catholiques.

La bonté de Dieu et la fidélité de notre Rédempteur à ses promesses s’unissent toujours plus étroitement de siècle en siècle, pour protéger en ce monde l’étincelle de la vie surnaturelle qu’il doit conserver jusqu’au dernier jour.

Dans ce but miséricordieux, une succession non interrompue de secours vient réchauffer, pour ainsi dire, chaque génération, et lui apporter un nouveau motif de confiance dans la divine Rédemption .

A partir du XIe siècle, où le refroidissement du monde commença à se faire sentir, ainsi que l’Église elle-même nous en rend témoignage, chaque époque a vu s’ouvrir une nouvelle source de grâces. Ce fut d’abord la fête du très saint Sacrement, dont les développements ont produit successivement la procession solennelle, les expositions, les saluts, les quarante heures.

Ce fut ensuite la dévotion au saint Nom de Jésus, dont saint Bernardin de Sienne fut le principal apôtre, et celle du Via Crucis ou Chemin de la Croix qui produit tant de fruits de componction dans les âmes.

Le XVIe siècle vit renaître la fréquente communion, par l’influence principale de saint Ignace de Loyola et de sa Compagnie . Au XVIIe, fut promulgué le culte du Sacré-Cœur de Jésus, qui s’établit dans le siècle suivant. Au XIXe, la dévotion à la très -sainte Vierge a pris des accroissements et une importance qui sont un des caractères surnaturels de notre temps.

Le saint Rosaire, le saint Scapulaire, que nous avaient légués les âges précédents, ont été remis en honneur, les pèlerinages en l’honneur de la Mère de Dieu, suspendus par les préjugés jansénistes et rationalistes, ont repris leur cours.

L’Archiconfrérie du saint Cœur de Marie a étendu ses affiliations dans le monde entier; des prodiges nombreux sont venus récompenser la foi rajeunie; enfin notre temps a vu le triomphe de l’Immaculée Conception, préparé et attendu dans les siècles moins favorisés.

Mais la dévotion envers Marie ne pouvait se développer ainsi sans amener avec elle le culte fervent de  saint Joseph . Marie et Joseph ont une part trop intime dans le divin mystère de l’Incarnation, l’une comme Mère du Fils de Dieu, l’autre comme gardien de l’honneur de la Vierge et Père nourricier de l’Enfant-Dieu, pour que l’on puisse les isoler l’un de l’autre.

Une vénération particulière envers saint Joseph a donc été la suite du développement de la piété envers la très-sainte Vierge. Mais la dévotion à l’égard de l’Époux de Marie n ‘est pas seulement un juste tribut que nous rendons à ses admirables prérogatives ; elle est encore pour nous la source d ‘un secours nouveau
d ‘une immense étendue, qui a été déposé entre les mains de saint Joseph par le fils de Dieu.

Écoutez le langage inspiré de l’Église dans la sainte Liturgie :

« 0 Joseph, l’honneur des habitants du ciel, l’espoir de notre vie ici-bas, LE SOUTIEN DE CE MONDE ! »

Quel pouvoir dans un homme !Mais aussi cherchez un homme qui ait eu avec le Fils de Dieu des rapports aussi intimes que Joseph. Jésus daigna être soumis à Joseph ici-bas ; au ciel, il tient à honorer Celui dont il voulut emprunter le secours, et à qui il confia son enfance avec l’honneur de sa Mère.

Il n ‘est donc pas de limites au pouvoir de saint Joseph, et la sainte Église nous invite à recourir avec une confiance absolue à ce tout-puissant Protecteur. Au milieu des agitations terribles auxquelles le monde est en proie, que les fidèles l’invoquent avec foi et ils seront protégés.

En tous les besoins de l’âme et du corps, en toutes les épreuves et toutes les crises que le chrétien peut avoir à traverser, dans l’ordre temporel comme dans l’ordre spirituel, qu’il ait recours à saint Joseph, et sa confiance ne sera pas trompée.

Le roi de l’Égypte disait à ses peuples affamés : « Allez à Joseph » : le Roi du ciel nous fait la même invitation, et le fidèle gardien de Marie a plus de crédit auprès de Lui que le fils de Jacob, intendant des greniers de Memphis, n’en eut auprès de Pharaon.

La révélation de ce nouveau refuge préparé pour les derniers temps a été d’abord communiquée, selon l’usage que Dieu garde pour l’ordinaire, à des âmes privilégiées auxquelles elle était confiée comme un germe précieux ; ainsi en fut-il pour l’institution de la fête du Saint-Sacrement, pour celle du Sacré-Cour de Jésus et pour d’autres encore.

Au XVIe siècle, sainte Thérèse, dont les écrits étaient appelés à se répandre dans le monde entier, reçut dans un degré supérieur les communications divines à ce sujet, et elle consigna ses sentiments et ses désirs dans sa Vie, écrite par elle -même.

On ne s’étonnera pas que Dieu ait choisi la réformatrice du Carmel pour la propagation du culte de saint Joseph, quand on se rappellera que ce fut par l’influence de l’Ordre des Carmes, introduit en Occident au XIIIe siècle, que ce culte s’établit d’abord dans nos contrées.

Voués depuis tant de siècles à la religion envers Marie, les solitaires du Mont-Carmel avaient découvert avant d ‘autres le lien qui rattache les honneurs auxquels.a droit la Mère de Dieu à ceux qui sont dus à son virginal Époux. Sur cette terre où s’est accompli le divin mystère de l’Incarnation, l’ail du fidèle plonge plus avant dans ses augustes profondeurs.

Entouré de tant de souvenirs ineffables, le chrétien arrive plus promptement à comprendre que le Fils de Dieu prenant la nature humaine, s ‘il lui fallait une Mère, il fallait à cette Mère un protecteur; en un mot que Jésus, Marie et Joseph, forment à des degrés divers l’ensemble de relations et d ‘harmonies sous lesquelles l’ineffable mystère devait se produire sur la terre…..

A la veille des grandes tribulations de l’Église, Pie IX, par un instinct surnaturel, a voulu appeler au secours du troupeau qui lui est confié le puissant Protecteur qui n’a jamais eu tant de maux à combattre, ni tant de fléaux à détourner.

Mettons donc désormais notre confiance dans le pouvoir de l’auguste Père du peuple chrétien, Joseph, sur qui tant de grandeurs n ‘ont été accumulées qu’afin qu’il répandît sur tous, dans une mesure plus abondante que les autres saints, les influences du divin mystère de l’Incarnation dont il a été, après Marie, le principal ministre sur la terre.

Père et Protecteur des fidèles, glorieux Joseph, nous bénissons notre Mère la sainte Église qui, dans ce déclin du monde, nous a appris à espérer en vous. De longs siècles se sont écoulés sans que vos grandeurs fussent encore manifestées, mais vous n ‘en étiez pas moins au ciel l’un des plus puissants intercesseurs du genre humain.

Chef de la Sainte Famille dont un Dieu est membre, vous poursuiviez votre ministère paternel à notre égard. Votre action cachée se faisait sentir pour le salut des peuples et des particuliers ; mais la terre éprouvait vos bienfaits, sans avoir encore institué, pour les reconnaître, les hommages qu’elle vous offre aujourd’hui.

Une connaissance plus étendue de vos grandeurs et de votre pouvoir, la proclamation de votre Protectorat sur tous nos besoins, étaient réservée à ces temps malheureux où l’état du monde aux abois appelle des secours qui ne furent pas révélés aux âges précédents.

Nous venons donc à vos pieds, 0 Joseph ! afin de rendre hommage en vous à une puissance d’intercession qui ne connaît pas de limites, à une bonté qui embrasse tous les frères de Jésus dans une même adoption .

Nous savons, 0 Marie, que rien ne vous est plus agréable que de voir honorer l’Époux que vous avez aimé d’une incomparable tendresse. Vous accueillez avec une faveur particulière nos demandes, lorsqu’elles vous sont présentées par ses mains.

Les liens formés par le ciel à Nazareth subsisteront éternellement entre vous et Joseph, et l’amour sans bornes que vous portez à votre Fils divin resserre encore l’affection que votre cœur si aimant conserve pour jamais à celui qui fut en même temps le nourricier de Jésus et le gardien de votre virginité.

O Joseph, nous sommes aussi les fils de votre Épouse Marie ; prenez dans vos bras tous ces nouveaux enfants, souriez à cette nombreuse famille et daignez accepter nos instances que la sainte Église encourage et qui montent vers vous plus puissants que jamais.

Vous êtes « le soutien du monde,» columen mundi, l’un des appuis sur lesquels il repose; car le Seigneur, en vue de vos mérites et par déférence à votre prière, le souffre et le conserve malgré les iniquités qui le souillent.

Votre effort est grand, ô Joseph, en ces temps où les saints manquent, où les vérités sont diminuées, il vous faut peser de tout le poids de vos mérites, pour que le plateau de la divine balance n’incline pas du coté de la justice.

Daignez, o Protecteur universel, ne pas vous lasser dans ce labeur ; l’Église de votre Fils adoptif vous en supplie aujourd’hui. Le sol miné par la liberté effrénée de l’erreur et du mal est, à chaque instant, sous le point de fondre sous ses pieds ; ne vous reposez pas un instant, et par votre intervention paternelle, hâlez- vous de lui préparer une situation plus calme. »

Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse