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Notre-Dame de Guadalupe : aujourd’hui encore Dieu envoie sa Mère consolatrice

Notre-Dame de Guadalupe :
aujourd’hui encore Dieu envoie sa Mère consolatrice

Le Pape a présidé lundi 12 décembre en la basilique Saint-Pierre la messe en mémoire de Notre-Dame de Guadalupe, patronne de l’Amérique latine, apparue à un jeune Indien en 1531. Comme il y a près de cinq siècles, l’époque actuelle est difficile,  «mais la condescendance et l’amour divins nous disent que même ce temps est un temps propice de salut dans lequel le Seigneur, par la Vierge Marie, continue à nous donner son Fils qui nous invite à la fraternité».

NOTRE DAME DE GUADALUPE

HOMÉLIE DU SAINT-PÈRE FRANÇOIS

Basilique Saint Pierre
lundi 12 décembre 2022
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Notre Dame de Guadalupe Basilique Saint Pierre
Notre Dame de Guadalupe Basilique Saint Pierre

Notre Dieu conduit à tout moment l’histoire de l’humanité, rien n’échappe à sa puissance qui est tendresse et amour prévoyant. Il devient présent à travers un geste, un événement, une personne.

Il ne cesse de regarder dans notre monde, nécessiteux, blessé, anxieux, pour l’assister de sa compassion et de sa miséricorde. Sa façon d’intervenir, de se manifester, nous surprend toujours et nous comble de joie. Il nous étourdit, et il le fait avec son propre style.

La lecture de la lettre aux Galates nous offre une indication précise qui nous aide à contempler, avec gratitude, son dessein pour nous racheter et faire de nous ses enfants adoptifs : « Lorsque le temps établi fut accompli, Dieu envoya son Fils, né d’une femme ». (Ga 4,4).

Ainsi, la venue du Fils dans la chair humaine est l’expression suprême de sa méthode divine en faveur du salut. Dieu, qui a tant aimé le monde, nous a envoyé son Fils, « né d’une femme », afin que « quiconque croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle » (Jn 3, 16).

Ainsi, en Jésus, né de Marie, l’Éternel entre dans la précarité de notre temps, devient pour toujours, irréversiblement « Dieu-avec-nous » et marche à nos côtés comme frère et compagnon. Il est venu pour rester. Rien de ce qui nous appartient ne lui est étranger car il est comme « l’un de nous », proche, ami, égal à nous en tout sauf le péché.

Et quelque chose comme ça, dans ce style, s’est passé il y a près de cinq siècles, à ce moment compliqué et difficile pour les habitants du nouveau monde, le Seigneur a voulu transformer le tumulte causé par la rencontre entre deux mondes différents en une reprise de sens, une récupération de dignité., dans l’ouverture à l’Évangile, transformez-le en rencontre.

Et il l’a fait en envoyant Marie, sa Mère, dans la logique que nous rappelle l’Évangile d’aujourd’hui : après l’annonce de l’ange, « Marie partit et alla sans tarder dans une ville de montagne » (Lc 1,39). La Vierge hâtive.

C’est ainsi que Notre-Dame de Guadalupe est arrivée dans les terres bénies de l’Amérique, se présentant comme la « Mère du Dieu très vrai pour qui l’on vit » (cf. Nican Mopohua) ; et elle est venue réconforter, répondre aux besoins des petits, sans exclure personne, les envelopper comme une mère attentionnée de sa présence, de son amour et de son réconfort. C’est notre Mère métisse.

Et cette année, nous célébrons Guadalupe à un moment difficile pour l’humanité. C’est une période amère, pleine du bruit de la guerre, des injustices croissantes, des pénuries, de la pauvreté, de la souffrance. Il y a la faim.

Et bien que cet horizon paraisse sombre et déconcertant, avec des présages de destruction et de désolation plus grandes, la foi, l’amour et la condescendance divine nous enseignent encore et nous disent que c’est aussi un temps propice au salut, dans lequel le Seigneur, à travers la Vierge Mère de métis, continue de nous donner son Fils, qui nous appelle à être frères, à mettre de côté l’égoïsme, l’indifférence et l’antagonisme, nous invitant à prendre soin les uns des autres « sans tarder », à aller à la rencontre des frères et sœurs oubliés et abandonnés par nos sociétés consuméristes et apathiques, nos frères et sœurs laissés pour compte. Et elle le fait sans tarder : elle est la Mère pressée, pressée, la Mère soucieuse.

Aujourd’hui comme hier, Sainte Maríe de Guadalupe veut nous rencontrer, comme un jour avec Juan Diego sur la colline de Tepeyac. Il veut rester avec nous. Elle nous supplie de lui permettre d’être notre mère, d’ouvrir nos vies à son Fils Jésus et d’accueillir son message pour apprendre à aimer comme Lui.

Elle est venue accompagner le peuple américain sur ce dur chemin de pauvreté, d’exploitation, de colonialisme et culturel. Elle est au milieu des caravanes qui, en quête de liberté, marchent vers le nord.

Elle est au milieu de ce peuple américain dont l’identité est menacée par un paganisme sauvage et exploiteur, blessée par la prédication active d’un athéisme pratique et pragmatique. Et elle est là. « Je suis ta Mère », nous dit-elle. La Mère d’amour pour qui on vit.

Aujourd’hui, 12 décembre, commence sur le continent américain la neuvaine intercontinentale de Guadalupana, un chemin qui prépare la célébration du Ve centenaire de l’événement de Guadalupano en 2031. J’exhorte tous les membres de l’Église que les pèlerins en Amérique, pasteurs et fidèles, participer à ce parcours festif.

Mais, s’il vous plaît, qu’ils le fassent avec le véritable esprit Guadalupéen. Je suis préoccupé par les propositions idéologico-culturelles de toutes sortes, qui veulent s’approprier la rencontre d’un peuple avec sa Mère, qui veulent démétisser, faire la Mère.

S’il vous plaît, ne permettons pas que le message soit distillé dans des schémas banals et idéologiques. Le message est simple, il est tendre : « Ne suis-je pas là, parce que je suis ta Mère ? » Et la Mère n’est pas idéologisée.

Que Jésus-Christ, celui que toutes les nations désirent, par l’intercession de Notre Mère de Guadalupe, nous accorde des jours de joie et de sérénité, afin que la paix du Seigneur habite dans nos cœurs et dans le cœur de tous les hommes et femmes de bien sera.


Copyright © Dicastero per la Comunicazione – Libreria Editrice Vaticana

Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

Notre-Dame de Guadalupe, la sainte patronne des Amériques

visage de Notre Dame de Guadalupe
visage de Notre Dame de Guadalupe

Le 12 décembre, l’Église universelle fait mémoire de Notre-Dame de Guadalupe, qui a rang de fête au Vatican. Il s’agit désormais d’une tradition : en fin de journée, le Saint-Père préside la messe célébrée en la fête de Notre-Dame de Guadalupe. La célébration est précédée par la récitation du chapelet.

Tepeyac, une colline de Mexico choisie par la Vierge

Tout commence en décembre 1531. Mexico est depuis peu la capitale de la Nouvelle-Espagne, mais conserve quelques traces de la civilisation aztèque qui a dominé la région pendant près de 700 ans. Une civilisation pratiquant une religion polythéiste et prônant de cruels sacrifices humains.

Le 9 décembre, une «Dame» interpelle un pauvre Indien – baptisé six ans plus tôt – à Tepeyac, une colline au nord-ouest de la ville : «Juanito, le plus humble de mes fils, où vas-tu?». Elle se présente alors à Juan Diego comme la «Mère du Vrai Dieu», et lui donne des instructions pour que l’évêque, Juan de Zumárraga, fasse bâtir une église sur le lieu de l’apparition.

Mais il fallut plusieurs apparitions de la Vierge à Juan Diego et un signe pour que le prélat se laisse convaincre. Ainsi le 12 décembre, le jeune mexicain redescend de cette colline inculte portant dans son habit (le tilma) plusieurs roses fleuries par Notre-Dame elle-même.

À son arrivée devant l’évêque, Juan Diego déplie son vêtement blanc : les roses odorantes tombent à terre, et l’on aperçoit alors, sur la tunique du berger Indien, l’image de la Mère de Dieu telle qu’elle était apparue sur la colline. Un premier sanctuaire est construit en 1533.

Le tilma, vêtement de pauvre qualité fait à base de cactus, aurait dû se détériorer en quelques années. Aujourd’hui, il est toujours intact et peut être vénéré au sanctuaire Notre-Dame de Guadalupe, dont la nouvelle basilique a été érigée en 1976. Un sanctuaire marial qui est le plus visité au monde, signe de la vitalité et de l’universalité de la dévotion envers la «Mère des Amériques».

Notre-Dame de Guadalupe et les papes depuis le 20e siècle

En 1910, alors que le culte de Notre-Dame de Guadalupe est déjà très ancré, saint Pie X proclame la Vierge de Guadalupe Patronne de l’Amérique latine. Un patronage étendu aux Philippines par Pie XI en en 1935 et aux Amériques par Pie XII en 1946. Un an plus tôt ce dernier avait qualifié Notre-Dame de Guadalupe de «Reine du Mexique et l’Impératrice des Amériques», et estimé l’image réalisée avec des «pinceaux qui ne sont pas de ce monde».

En 1961, saint Jean XXIII l’invoque comme la «Mère des Amériques». En 1966, saint Paul VI envoie une rose d’or à la Basilique Notre-Dame de Guadalupe. Un lieu où se rend saint Jean-Paul II dès la première année de son pontificat, au mois de janvier 1979. Il rédige à cette occasion une prière à la «Mère des Amériques». Vingt ans plus tard, toujours depuis le Mexique, il l’invoque comme «Étoile de la première et de la nouvelle évangélisation d’Amérique». C’est aussi saint Jean-Paul II qui béatifie Juan Diego le 6 mai 1990 et le canonise le 31 juillet 2002.

Le Pape François se montre aussi fermement attaché à la Vierge de Guadalupe. Au cours de son voyage apostolique au Mexique en février 2016, il lui rend plusieurs fois de touchants hommages, déclarant par exemple : «la ‘Vierge Brune’ nous enseigne que l’unique force capable de conquérir le cœur des hommes est la tendresse de Dieu», ou mettant la rencontre entre Marie et Juan Diego à la portée de tout croyant : « ‘Ne suis-je, moi, pas ta mère ? Ne suis-je pas là, moi ?’, nous redit Marie. Va construire mon sanctuaire, aide-moi à bâtir la vie de mes enfants, qui sont tes frères.»

extraits © Copyright – Libreria Editrice Vaticana

L’Avent est un temps pour réapprendre qui est notre Seigneur

L’Avent est un temps pour réapprendre qui est notre Seigneur

Un « renversement » de perspectives : l’Évangile d’aujourd’hui nous présente Jésus en qui tout est miséricorde. Lors de l’angélus de ce dimanche, le Pape François nous présente l’égarement de Jean-Baptiste et affirme que le doute n’est pas en contradiction avec la foi, en effet, il est parfois indispensable à la croissance spirituelle : il nous aide à comprendre que Dieu est toujours plus grand que nous l’imaginons.

PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
Dimanche 4 décembre 2022

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Avant l’angélus

Chers frères et sœurs, bon dimanche !

L’Évangile de ce troisième dimanche de l’Avent nous parle de Jean-Baptiste qui, en prison, envoie ses disciples demander à Jésus : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? (Mt 11:4). En fait, Jean, entendant parler des œuvres de Jésus, est saisi par le doute s’il est vraiment le Messie ou non. En fait, il pensait à un Messie sévère qui, en arrivant, aurait rendu justice avec puissance en punissant les pécheurs.

Maintenant, Jésus, cependant, a des paroles et des gestes de compassion envers tous, au centre de son action se trouve la miséricorde qui pardonne, par laquelle « les aveugles retrouvent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent , l’Évangile est proclamé aux pauvres » (v. 5). Cependant, cela nous fait du bien de nous attarder sur cette crise de Jean-Baptiste, car elle peut aussi nous dire quelque chose d’important.

Le texte souligne que Jean est en prison, et cela, ainsi que le lieu physique, suggère la situation intérieure qu’il vit : en prison, il y a l’obscurité, il n’y a aucune possibilité de voir clair et de voir au-delà. En effet, le Baptiste n’est plus capable de reconnaître Jésus comme le Messie attendu. Il est assailli par le doute et envoie les disciples vérifier : « Allez voir s’il est le Messie ou non ».

Nous sommes étonnés que cela arrive précisément à Jean, qui avait baptisé Jésus dans le Jourdain et l’avait désigné à ses disciples comme l’Agneau de Dieu (cf. Jn 1, 29). Mais cela signifie que même le plus grand croyant passe par le tunnel du doute.

Et ce n’est pas une mauvaise chose, au contraire, c’est parfois essentiel pour la croissance spirituelle : cela nous aide à comprendre que Dieu est toujours plus grand que nous ne l’imaginons ; les travaux qu’il fait sont étonnants par nos calculs ; son action est toujours différente, elle va au-delà de nos besoins et de nos attentes ; et donc nous ne devons jamais cesser de le chercher et de nous convertir à son vrai visage.

Un grand théologien disait que Dieu « il faut le retrouver par étapes… en croyant parfois le perdre » (H. de Lubac). Le Baptiste aussi : dans le doute, il le cherche encore, l’interroge, « discute » avec lui et finit par le retrouver.

Bref, Jean, défini par Jésus comme le plus grand né d’une femme (voir Mt 11, 11), nous apprend à ne pas fermer Dieu dans nos projets. C’est toujours le danger, la tentation : se faire un Dieu à notre mesure, un Dieu à utiliser. Et Dieu est autre chose.

Frères et sœurs, nous pouvons nous aussi nous retrouver parfois dans sa situation, dans une prison intérieure, incapables de reconnaître la nouveauté du Seigneur, que nous gardons peut-être prisonnier de la présomption de déjà tout savoir de lui. ne sait jamais tout sur Dieu, jamais !

Peut-être avons-nous en tête un Dieu puissant qui fait ce qu’il veut, plutôt que le Dieu de l’humble douceur, le Dieu de miséricorde et d’amour, qui intervient toujours dans le respect de notre liberté et de nos choix.

Peut-être nous vient-il aussi de lui dire : « Es-tu vraiment Toi, si humble, le Dieu qui vient nous sauver ? ». Et quelque chose de similaire peut aussi nous arriver avec des frères : nous avons nos idées, nos préjugés et nous attachons des étiquettes rigides aux autres – surtout à ceux qui se sentent différents de nous.

L’Avent est donc un temps de renversement des perspectives, où l’on se laisse émerveiller par la grandeur de la miséricorde de Dieu. Émerveillement : Dieu étonne toujours.  Dieu est toujours Celui qui suscite l’émerveillement en vous.

Un temps – l’Avent – où, en préparant la crèche de l’Enfant Jésus, nous réapprenons qui est notre Seigneur ; un temps pour sortir de certains stratagèmes, de certains préjugés envers Dieu et ses frères. L’Avent est un temps où, au lieu de penser à des cadeaux pour nous, nous pouvons donner des paroles et des gestes de consolation à ceux qui sont blessés, comme Jésus l’a fait avec les aveugles, les sourds et les boiteux.

Que la Madone nous prenne par la main, comme une mère, en ces jours de préparation à Noël et nous aide à reconnaître dans la petitesse de l’Enfant la grandeur de Dieu qui vient.

Après l’angélus

Chers frères et sœurs !

Hier, à Barbacena au Brésil, Isabel Cristina Mrad Campos a été béatifiée. Cette jeune femme a été tuée en 1982 à l’âge de vingt ans, par haine de la foi, pour avoir défendu sa dignité de femme et la valeur de la chasteté. Que son exemple héroïque stimule en particulier les jeunes à donner un témoignage généreux de foi et d’adhésion à l’Évangile. Une salve d’applaudissements au nouveau Bienheureux !

Je suis avec douleur et inquiétude les nouvelles qui arrivent du Soudan du Sud concernant les violents affrontements de ces derniers jours. Nous prions le Seigneur pour la paix et la réconciliation nationale, afin que les attaques cessent et que les civils soient toujours respectés.

Je vous salue tous, qui êtes venus de Rome, d’Italie et de nombreuses parties du monde. En particulier, je salue les fidèles de Barcelone, Valence, Alicante, Beyrouth, Le Caire, et ceux du Mexique et de Pologne.

Je salue la communauté catholique tanzanienne en Italie ; les groupes paroissiaux de Terni, Panzano in Chianti, Perugia, Nozza di Vestone; le chœur Alpini de Rome; et les représentants des citoyens qui vivent dans les zones les plus polluées d’Italie, espérant une solution juste à leurs graves problèmes et aux maladies qui proviennent de cet environnement pollué.

Et je voudrais adresser un salut cordial aux détenus de la prison « Due Palazzi » de Padoue : je vous salue avec affection !

Et maintenant je bénis les « Bambinelli », c’est-à-dire les petites statues de l’Enfant Jésus que vous, chers enfants et jeunes, avez apportées ici et que vous déposerez ensuite dans la crèche en rentrant chez vous.

Je vous invite à prier, devant la crèche, pour que le Noël du Seigneur apporte un rayon de paix aux enfants du monde entier, en particulier à ceux qui sont contraints de vivre les jours terribles et sombres de la guerre, cette guerre en Ukraine qui détruit tant de vies, tant de vies et tant d’enfants. La bénédiction des Bambinelli… [il les bénit].

Je souhaite à tous un bon dimanche et un bon voyage vers le Noël de Jésus, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir.


Copyright © Dicastero per la Comunicazione – Libreria Editrice Vaticana

Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse