Nous célébrerons l’Immaculée Conception au cœur de l’Avent. Marie nous prépare ainsi à la venue du Seigneur. Lui qui ne s’est jamais résigné au péché a voulu nous donner une garantie d’espérance.
La femme et sa descendance sont mordus au talon. Mais le Tentateur, c’est à la tête qu’il est atteint, et toute son œuvre avec lui est perdue. Tout au long de la Révélation, Dieu redit sa promesse par ses Prophètes. Et Dieu sait et fait ce qu’il dit.
Qui peut prétendre être saints, immaculés ? Marie, ce chef d’œuvre de sa grâce, en laquelle toutes ses promesses s’accomplissent, se tient sainte et immaculée devant Dieu pour qui rien n’est impossible.
Il a fallu attendre le XIXe siècle pour que l’Église perçoive ce mystère de la sainteté de Marie, qui lui vient de son propre Fils. Ce mystère, entrevu avec Catherine Labouré, Marie le dévoile à Bernadette Soubirous, jeune fille illettrée. « Je suis l’Immaculée Conception. »
On disait jusque-là qu’elle était conçue sans péché mais pas encore qu’elle était elle-même Immaculée Conception. Comprenons la place unique qu’a Marie dans le plan de Dieu ; à chaque ‘Je vous salue Marie’, nous disons ‘pleine de grâce’, car il n’y a pas de place pour le péché.
Marie, préservée du péché, n’est pas lointaine, c’est une alliée, un modèle, elle porte la vie de Dieu, elle est la nouvelle Eve. Marie est celle qui nous accueille maintenant.
Elle comprend le péché avec pitié et douce miséricorde car elle le voit dans sa misère et non dans la tentation et l’attirance
Marie écoute, entend et soutient. Elle a connaissance des abîmes de la miséricorde de Dieu et, de là, elle peut remettre le pécheur sur le chemin de son Fils.
Marie est notre éducatrice qui nous conduit dans la foi, sans menace ni châtiment. Elle a montré ses talents d’éducatrice avec Catherine et Bernadette, rencontre après rencontre. Quelle chance, quelle grâce, quelle joie, d’avoir du Seigneur reçu Marie !
Le Pape François, lors de ce premier dimanche de l’Avent qui commence le temps de Noël, a exhorté les fidèles à sortir de leur torpeur et à se réveiller pour reconnaître et accueillir le Seigneur qui se cache dans les situations les plus communes et ordinaires de notre vie.
LE PAPE FRANÇOIS
ANGÉLUS
Place Saint-Pierre
dimanche 27 novembre 2022
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Chers frères et sœurs, bonjour, bon dimanche !
Dans l’Evangile de la liturgie d’aujourd’hui, nous entendons une belle promesse qui nous introduit au temps de l’Avent : « Ton Seigneur viendra » (Mt 24, 42). C’est le fondement de notre espérance, c’est ce qui nous soutient même dans les moments les plus difficiles et douloureux de notre vie : Dieu vient, Dieu est proche et Il vient. N’oublions jamais ça !
Le Seigneur vient toujours, le Seigneur nous visite, le Seigneur s’approche et reviendra à la fin des temps pour nous accueillir dans son étreinte. Avant cette parole, nous nous demandons : comment le Seigneur vient-il ? Et comment le reconnaître et l’accueillir ? Arrêtons-nous brièvement sur ces deux questions.
La première question : comment le Seigneur vient-il ? Nous avons souvent entendu dire que le Seigneur est présent dans notre cheminement, qu’il nous accompagne et nous parle. Mais peut-être, distraits que nous sommes par tant de choses, cette vérité ne nous reste-t-elle que théorique ; oui, nous savons que le Seigneur vient mais nous ne vivons pas cette vérité ou nous imaginons que le Seigneur vient de façon éclatante, peut-être par quelque signe prodigieux.
Et au lieu de cela, Jésus dit que cela se passera « comme aux jours de Noé » (cf. v. 37). Et que faisaient-ils à l’époque de Noé ? Simplement les choses normales et quotidiennes de la vie, comme toujours : « ils ont mangé et bu, se sont mariés et ont été donnés en mariage » (v. 38). Prenons ceci en compte : Dieu est caché dans nos vies, Il est toujours là, Il est caché dans les situations les plus courantes et les plus ordinaires de nos vies.
Cela ne vient pas dans des événements extraordinaires, mais dans les choses de tous les jours, cela se manifeste dans les choses de tous les jours. Il est là, dans notre travail quotidien, dans une rencontre fortuite, face à une personne dans le besoin, même lorsque nous affrontons des journées qui paraissent grises et monotones, le Seigneur est là, qui nous appelle, nous parle et inspire notre Actions.
Cependant, il y a une deuxième question : comment reconnaître et accueillir le Seigneur ? Nous devons être éveillés, attentifs, vigilants. Jésus nous avertit : il y a le danger de ne pas s’apercevoir de sa venue et de ne pas être préparé à sa visite. J’ai rappelé d’autres fois ce que disait saint Augustin : « Je crains le Seigneur qui passe » (Serm. 88,14.13), c’est-à-dire que je crains qu’il passe et je ne le reconnais pas !
En fait, de ces gens du temps de Noé, Jésus dit qu’ils mangèrent et burent « et ne savaient rien jusqu’à ce que le déluge vint et les emporta tous » (v. 39). Faisons attention à ceci : ils n’ont rien remarqué ! Ils étaient occupés avec leurs affaires et ne se rendaient pas compte que le déluge était sur le point de venir.
En effet, Jésus dit qu’à sa venue, « deux hommes seront dans les champs : l’un sera enlevé et l’autre laissé » (v. 40). Que veut-il dire? Quelle est la différence? Simplement qu’on était vigilant, attendu, capable de percevoir la présence de Dieu dans la vie quotidienne ; l’autre, au contraire, était distrait, il « passait » et ne remarquait rien.
Frères et sœurs, en ce temps de l’Avent, laissons-nous secouer notre torpeur et nous réveiller du sommeil ! Essayons de nous demander : suis-je conscient de ce que je vis, suis-je attentif, suis-je éveillé ? Est-ce que j’essaie de reconnaître la présence de Dieu dans les situations quotidiennes, ou suis-je distrait et un peu dépassé par les choses ?
Si nous ne remarquons pas sa venue aujourd’hui, nous ne serons pas non plus préparés lorsqu’il viendra à la fin des temps. Alors, frères et sœurs, restons vigilants ! Attendre que le Seigneur vienne, attendre que le Seigneur nous rapproche, parce qu’il est là, mais attendre attentivement.
Et la Sainte Vierge, Femme d’attente, qui a su saisir le passage de Dieu dans la vie humble et cachée de Nazareth et l’a accueilli en son sein, aide-nous dans ce cheminement d’attention à attendre le Seigneur qui est parmi nous et à passer .
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Après l’angélus
Chers frères et sœurs !
Je suis avec inquiétude la recrudescence de la violence et des affrontements qui se produisent depuis des mois dans l’État de Palestine et dans celui d’Israël. Mercredi dernier, deux lâches attentats à Jérusalem ont blessé de nombreuses personnes et tué un garçon israélien ; et le même jour, lors des affrontements armés à Naplouse, un garçon palestinien est mort.
La violence tue l’avenir, brise la vie des plus jeunes et affaiblit les espoirs de paix. Nous prions pour ces jeunes morts et pour leurs familles, en particulier leurs mères. J’espère que les autorités israéliennes et palestiniennes s’intéresseront davantage à la recherche du dialogue, à l’établissement d’une confiance mutuelle, sans laquelle il n’y aura jamais de solution pacifique en Terre Sainte.
Je suis proche de la population de l’île d’Ischia, frappée par une inondation. Je prie pour les victimes, pour ceux qui souffrent et pour tous ceux qui sont venus à la rescousse.
Et je me souviens aussi de Burkhard Scheffler, mort il y a trois jours ici sous la colonnade de la place Saint-Pierre : il est mort de froid.
Je vous salue tous avec affection, venant d’Italie et de divers pays, en particulier les pèlerins de Varsovie et de Grenade, les représentants de la communauté roumaine et ceux de la communauté du Timor oriental présents à Rome, ainsi que les Équatoriens qui célèbrent la Fête de Notre-Dame d’El Quinche.
Je salue les participants à la marche qui a eu lieu ce matin pour dénoncer les violences sexuelles faites aux femmes, malheureusement une réalité générale et répandue partout et également utilisée comme arme de guerre. Ne nous lassons pas de dire non à la guerre, non à la violence, oui au dialogue, oui à la paix ; surtout pour le peuple ukrainien battu. Hier, nous avons rappelé la tragédie de l’Holodomor.
J’adresse mes salutations au secrétariat du FIAC (Forum International de l’Action Catholique), réuni à Rome à l’occasion de la VIIIe Assemblée.
Et je souhaite à tous un bon dimanche et un bon voyage de l’Avent. S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir !
Voici de la part du P. Tomaz MAVRIC, notre Supérieur Général, la Lettre de l’Avent :
P. Thomas Mavric, cm
LETTRE DE L’AVENT
LES CONSEILS ÉVANGÉLIQUES :
UN APPEL UNIVERSEL A LA SAINTETÉ
A tous les membres de la Famille vincentienne
Chers frères et sœurs,
La grâce et la paix de Jésus soient toujours avec nous !
Cette lettre de l’Avent est une invitation à prier, méditer et intérioriser les conseils évangéliques comme moyen de poursuivre notre chemin avec saint Vincent de Paul, « mystique de la Charité ». Jésus est le centre de notre vie, de notre action, de nos aspirations.
Pour nous, chrétiens, il est le point de mire, le modèle et celui que nous devons mettre à la première place dans nos vies, que notre vocation soit à la vie conjugale, au célibat ou à une forme de vie consacrée. La pauvreté, la chasteté et l’obéissance sont des signes incontestables et frappants dans la vie de Jésus, car il était pauvre, chaste et obéissant.
Habituellement, lorsque nous parlons des conseils évangéliques de pauvreté, de chasteté et d’obéissance, nous les associons à la vie consacrée. Les personnes consacrées suivent un chemin spécifique, confirmé par les vœux qu’elles prononcent. Cependant, les conseils évangéliques font partie de la réponse à l’appel universel à la sainteté de chaque chrétien, mais toujours selon sa vocation spécifique, donnée par Jésus lui-même.
Jésus reste le prototype de la manière de vivre les trois conseils évangéliques. Bien qu’il ait tout eu, il a vécu pauvrement. Il était chaste, ce qui lui permettait une grande liberté dans ses relations. Il a été obéissant, exprimant avec une grande clarté que sa mission sur terre se déploierait selon le dessein du Père et s’abandonnant totalement à la volonté de son Père jusqu’à la dernière seconde de sa vie terrestre, jusqu’à la croix où il s’est exclamé avant de retourner dans la maison de son Père : « Tout est accompli » (Jean 19, 30).
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Le fondement du conseil évangélique de pauvreté est la vie du Fils de Dieu : « Jésus-Christ, qui, ayant tout, n’avait rien ; il était le maître et le seigneur de tout le monde, il a fait les biens qui y sont ; cependant il a voulu, pour l’amour de nous, se priver de l’usage ; bien qu’il fût le seigneur de tout le monde, il s’est fait le plus pauvre de tous les hommes, il en a eu même moins que les moindres animaux ». Coste XI, 224 ; conférence 130 « Sur la pauvreté », 6 août 1655.
Notre appel commun, en tant que Vincentiens, à servir les pauvres nous pousse à témoigner dans le monde de notre configuration au Christ qui a commencé avec notre baptême et s’approfondit jusqu’à notre retour dans la maison du Père.
En tant que Vincentiens, notre priorité n’est pas l’accumulation de biens matériels et de ressources financières pour nos propres fins égoïstes, car nous gardons toujours à l’esprit et dans le cœur que les pauvres sont « nos Seigneurs et nos Maîtres » qui ont droit à nos ressources.
Réfléchir à la manière dont nous pouvons les assister nous aide à vivre le conseil évangélique de pauvreté par un mode de vie sobre et simple. La mission vincentienne nous place dans le monde des pauvres. La pauvreté vincentienne favorise une communauté de service et de solidarité avec nos frères et sœurs.
Elle suppose également de modeler notre vie sur l’exemple de Jésus pauvre, qui a évangélisé les personnes les plus abandonnées. Saint Vincent, selon la longue tradition de l’Église, fait la distinction entre la pauvreté intérieure et la pauvreté extérieure, toutes deux nécessaires. Sans manifestation extérieure, la « pauvreté spirituelle » n’est pas crédible. Sans motivation spirituelle, la « pauvreté matérielle » est souvent de l’ordre du mal.
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Le conseil évangélique de chasteté concerne également tous les chrétiens, évidemment ceux qui prononcent le vœu, mais aussi les personnes mariées et les célibataires.
En tant que Vincentiens, régulièrement au contact des pauvres, nous ne devons pas les aider seulement matériellement, mais aussi spirituellement, en abordant la personne de manière intégrale, en partageant avec elle la valeur de la chasteté dans le cadre de l’évangélisation.
Les pauvres comprendront les relations chrétiennes grâce à la façon dont nous vivons en cohérence avec les valeurs de l’Évangile, en étant lumière et sel pour l’humanité.
La chasteté implique la continence intérieure et extérieure, selon l’état de vie, afin que l’affectivité et la sexualité de la personne soient vécues avec un profond respect des autres et de soi-même. Le célibat présuppose la renonciation au mariage et aux expressions sexuelles qui lui sont propres.
Pour les Vincentiens dans la vie consacrée, ces deux éléments du vœu, chasteté et célibat, sont des manifestations extérieures de leur don total. Ils doivent être perçus comme l’engagement d’une «responsabilité particulière : le service des pauvres » et non comme un refus de la responsabilité familiale. Les exigences d’une suite radicale de Jésus conduisent les Vincentiens consacrés à s’offrir entièrement pour la cause du Royaume.
Pour les Vincentiens en général, le conseil évangélique de chasteté nous aide à grandir dans une relation intime avec Jésus. En tant que don généreux de soi aux autres, la chasteté favorise notre mission d’évangélisation et de charité envers les pauvres, une expression de générosité et de créativité. Comme la pauvreté, la chasteté encourage une communauté de service qui ne peut être efficace qu’à travers l’amitié et des relations fraternelles.
Nous sommes appelés à développer la liberté et le soutien mutuel à travers des amitiés saines et la prudence, menant au zèle apostolique. Nous devons reconnaître nos propres faiblesses, notre besoin d’humilité et la nécessité du soutien indispensable de Jésus. Saint Vincent affirme : « L’humilité est un très excellent moyen pour acquérir et conserver la chasteté ». Coste XI, 168 ; conférence 111, «Sur la chasteté», 13 novembre 1654.
Il y a des moments où la fidélité à Jésus implique des sacrifices. Saint Vincent recommande un sérieux sacrifice (la mortification) des sens intérieurs et extérieurs et de savoir éviter les modes d’expression de l’affectivité et de la sexualité qui ne sont pas en accord avec le célibat.
Parce que notre humanité a ses forces et ses faiblesses, nous devons parler sincèrement des difficultés avec Jésus et avec d’autres personnes qui peuvent nous soutenir, comme notre confesseur et notre directeur spirituel.
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Le troisième conseil évangélique est l’obéissance. Il s’adresse aux personnes qui sont ouvertes au message de Jésus. Malgré les doutes et les incertitudes, elles s’abandonnent à Jésus et lui font confiance, persuadées qu’en fin de compte, le chemin qu’il nous propose de suivre est le meilleur.
Comme nous le rappelle saint Vincent : « il y a bénédiction de Dieu dans les actions faites par obéissance ». Coste VI, 560 ; lettre 2431 à François Villain, Prêtre de la Mission, à Troyes, 25 octobre 1657
L’obéissance implique des valeurs et des attitudes évangéliques telles que l’humilité, la simplicité, la douceur, le dialogue, le don de l’écoute dans la vie conjugale, dans le célibat ou dans la vie consacrée. Même lorsque saint Vincent s’adresse aux personnes consacrées, il évoque souvent l’exemple de l’obéissance et de la déférence des laïcs :
« J’ai connu un conseiller de la cour… Tout conseiller qu’il était et âgé, il ne faisait jamais rien sans prendre conseil. S’il n’avait personne, il appelait son laquais : « Viens ça, petit Pierre, j’ai une telle affaire ; que penses-tu que je doive faire là-dessus ? » Son laquais lui répondait : « Monsieur, il me semble que vous feriez bien de faire comme cela. » — « Va, Pierre, tu as raison, je suivrai ton conseil. » Et il m’a dit qu’il éprouvait que Dieu donnait une telle bénédiction là-dessus que les choses qu’il faisait de cette sorte réussissaient à bien. » Coste XIII, 642 ; document 160, Conseil du 20 juin 1647
Lorsque deux ou plusieurs personnes n’arrivent pas à se mettre d’accord entre elles, surtout sur des questions d’importance, c’est le conseil évangélique d’obéissance qui les mène à un état de paix intérieure et de réconciliation qu’elles ne pouvaient pas imaginer.
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En tant que chrétiens et Vincentiens, nous nous efforçons de ne pas avoir le dernier mot, ni d’avoir raison, mais de nous situer dans le rôle du serviteur, de celui qui sert et non de celui qui est servi. Que la méditation et l’intériorisation des conseils évangéliques aident chacun de nous à répondre à l’appel universel à la sainteté et ainsi, recevoir de grandes bénédictions.
« Que bienheureux sont ceux qui se donnent à Dieu de cette sorte pour faire ce que Jésus-Christ a fait, et pratiquer après lui les vertus qu’il a pratiquées : la pauvreté, l’obéissance, l’humilité, la patience, le zèle et les autres vertus ! Car ainsi ils sont les vrais disciples d’un tel Maître ; ils vivent purement de son esprit et répandent, avec l’odeur de sa vie, le mérite de ses actions, pour la sanctification des âmes, pour lesquelles il est mort et ressuscité » Coste VIII, 543 ; lettre 3314 à Joseph Beaulac [1656].
Ma prière de l’Avent pour tous les membres de la Famille vincentienne : « continuez à le craindre [Notre Seigneur] et à le bien aimer ; offrez-lui vos incommodités et vos petits services, et ne faites rien que pour lui complaire, et de la sorte vous irez croissant en grâce et en vertu ». Coste IV, 410 ; lettre 1512 aux Sœurs de Valpuiseaux, 23 juin 1652.
Votre frère en saint Vincent,
Tomaž Mavrič, CM, Supérieur général