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Effusion de l’Esprit au soir de Pâques

Effusion de l’Esprit au soir de Pâques

Saint Jean-Paul II, il y a 25 ans exactement

effusion de l'Esprit Saint
effusion de l’Esprit Saint

1. Veni Creator Spiritus ! Les lectures que nous avons entendues, chers jeunes, parlent de l’effusion de l’Esprit Saint. Selon l’Evangile de Jean, elle eut lieu d’abord le jour même de la Résurrection. Le Christ apparaît au Cénacle, où sont enfermés les disciples et, après s’être fait connaître, leur parle ainsi : « Recevez l’Esprit Saint ; à qui vous remettrez les péchés, ils seront pardonnés, et à qui vous ne les pardonnez pas, ils ne sera pas pardonné » (Jn 20, 22-23).

Ce qui se passera à la Pentecôte, cinquante jours après la Résurrection, sera la confirmation et la manifestation publique de cette effusion du soir de Pâques. Les Apôtres avec la Mère de Jésus attendent ce moment réunis dans la prière, comme nous l’a rappelé la première lecture (cf. Ac 1, 13-14). Ils savent que cet événement marquera un tournant dans leur vie et dans leur mission. Et, en effet, l’expérience de la Pentecôte marque le début de la mission de l’Église, qui à partir de ce moment se manifeste publiquement et commence à annoncer l’Évangile.

L’Église sait qu’elle est née par l’œuvre de l’Esprit Saint : de même que le Christ est né de la Vierge Marie par la puissance de l’Esprit Saint, de même l’Église a à ses débuts la puissance vivifiante de l’Esprit. Et c’est pourquoi elle ne cesse d’invoquer : « Envoie ton Esprit, Seigneur, pour renouveler la terre » (cf. Ps 103, 30).

2. Depuis le jour de la Pentecôte, l’œuvre de salut accomplie par le Christ a trouvé, à travers l’Église, des voies toujours nouvelles pour se répandre dans le monde. Au IXe siècle, l’Évangile, annoncé par les saints Frères de Thessalonique, Cyrille et Méthode, a atteint votre terre, la Grande Moravie, ainsi que les nations slaves voisines, y trouvant un terrain favorable. Vos ancêtres ont accueilli le christianisme des « apôtres des Slaves » et sont eux-mêmes devenus des apôtres. Ainsi, par exemple, le baptême de la Pologne est lié à l’action apostolique des voisins tchèques.

Saint Adalbert vient aussi de Bohême, de la grande lignée bohémienne de Slavnik, dont le berceau était ici, sur le territoire du diocèse de Hradec Králové, où nous nous rencontrons. Avec la célébration d’aujourd’hui, nous rendons grâce à Dieu, dans le millénaire de saint Adalbert, pour sa mission et pour le témoignage qu’il a rendu au Christ jusqu’au sacrifice de sa vie.

3. Chers jeunes et filles des diocèses de la République tchèque ! Jeunes amis d’autres pays européens ! Vénérés Frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce, qui les avez accompagnés ici ! Religieux et religieuses, et vous tous, chers fidèles ici présents ! Je vous salue cordialement sur cette belle place, sur laquelle se dresse la cathédrale, la seule dédiée à l’Esprit Saint, comme aime à le rappeler le très cher Mgr Karel Otcenášek, évêque de ce diocèse, que je remercie de son ancienne amitié, bien connue de lui. , pour les paroles cordiales qu’il m’a adressées.

Je voudrais également remercier les citoyens de Hradec Králové pour le sens aigu de l’hospitalité dont ils ont su faire preuve également en cette circonstance, en donnant leur place dans la partie centrale de la place à des jeunes de diverses régions du pays, réunis ici pour la rencontre qui leur est dédiée. A tous les fidèles du Diocèse, je dois donc un mot de reconnaissance particulière pour la générosité avec laquelle ils ont contribué, souvent au prix de sacrifices considérables, à la construction du « Centre de nouvelle évangélisation et d’inculturation » promu par l’Évêque. Je suis sûr qu’ils pourront également continuer à soutenir son fonctionnement pratique.

Mais revenons à vous, les jeunes. Dans le cadre des fêtes de Santadalbertian, c’est votre journée, chers jeunes et filles, et je suis heureux de vous voir ici en si grand nombre. Il y a deux ans, en mai 1995, je suis allé à Svatý Kopecek avec beaucoup d’entre vous. Je me souviens toujours avec joie de cette rencontre, au cours de laquelle j’ai commenté le « Notre Père »: l’une des plus belles rencontres de jeunes auxquelles j’ai jamais assisté. Quelques mois plus tard a eu lieu le pèlerinage des jeunes à Lorette, où vous êtes venus nombreux avec vos Évêques. Vos représentants ont également participé aux rencontres mondiales de Denver et de Manille.

Je vous salue tous avec affection. Une pensée particulière va à ceux qui n’ont pas pu être parmi nous. En particulier à vous, enfants et jeunes malades, qui offrez vos souffrances pour votre prochain ; et à vous, jeunes moniales cloîtrées, qui avez choisi la vie contemplative et priez beaucoup pour vos pairs.

4. « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie » (Jn 20,21). Adalbert sentit ces paroles comme s’adressant à lui-même. Premier évêque de Prague de sang bohémien, il était, à la fin du premier millénaire, héritier des traditions de sainteté des martyrs qui l’avaient précédé, notamment de Ludmila et de Wenceslaus. En même temps, il regarde vers l’avenir : il met tout en œuvre pour la renaissance spirituelle de Prague et de la Patrie, soutenu par une foi ardente au Christ.

Il s’est battu pour la vérité. Elle n’acceptait pas que l’esprit du temps l’étouffe. Il a vécu pour cela, déterminé à ne reculer devant aucune pression de la société de son temps. Au seuil du troisième millénaire, dont vous, jeunes et filles, serez les premiers protagonistes, saint Adalbert se présente à vous comme un intrépide témoin de la foi. En le regardant, vous pourrez trouver inspiration et lumière pour relever avec courage les défis du moment présent.

Il vous apprend à vous ouvrir aux autres dans le don généreux de vous-même. Vous avez une grande aspiration à la liberté et à la plénitude de vie : tout cela ne peut se réaliser par la recherche égoïste de ses propres avantages, mais seulement par l’ouverture de l’amour. La vocation à l’amour est votre vocation fondamentale. Jésus vous appelle dans ce cheminement : répondez-lui « oui », comme l’a fait saint Adalbert. En surmontant les frontières étouffantes de l’égoïsme avec la puissance de l’amour du Christ, vous serez les bâtisseurs de la nouvelle Europe et du monde de demain.

5. « Envoie ton Esprit, Seigneur, pour renouveler la terre ». De la première communauté chrétienne réunie au Cénacle, nous avons reçu cette invocation inspirée du Psaume, et j’ai aujourd’hui la joie de la répéter avec vous, jeunes, au seuil du troisième millénaire. Vous vivez dans une situation qui, à certains égards, est analogue à celle des premiers chrétiens. Le monde autour ne connaissait pas l’Évangile. Mais ils ne se sont pas égarés. Ayant reçu le don de l’Esprit, ils se sont réunis autour des Apôtres, s’aimant fraternellement. Ils savaient qu’ils étaient le nouveau ferment dont le monde romain avait besoin au coucher du soleil. Ainsi unis dans l’amour, ils surmontèrent toute résistance.

Soyez aussi comme eux ! Soyez Église, pour porter l’annonce joyeuse de l’Évangile au monde d’aujourd’hui. Saint Adalbert était un serviteur passionné de l’Église. Soyez-le aussi ! L’Église a besoin de vous ! Après quarante ans à essayer de la bâillonner, elle vit, ici avec vous, une guérison prodigieuse, même au milieu de tant de difficultés. Elle compte sur vos énergies fraîches, l’apport de votre intelligence et de votre enthousiasme. Faites confiance à l’Église comme elle vous fait confiance !

6. « Envoie ton Esprit, Seigneur, pour renouveler la terre ». L’Église, qui a reçu le Saint-Esprit à la Pentecôte, l’apporte à l’homme de tous les temps. Il vous l’apporte aussi par ses sacrements. Ils rappellent les étapes fondamentales de votre vie : vous avez été baptisés dans l’eau et dans l’Esprit et beaucoup d’entre vous ont déjà reçu la Confirmation, le sacrement dans lequel l’Esprit vous rend capable et vous engage à être des témoins du Christ.

Priez le Saint-Esprit pour manifester sa présence dans votre vie. Pour moi, l’expérience de l’action de l’Esprit Saint m’a été particulièrement transmise par mon père, alors que j’avais ton âge. Si je me trouvais en difficulté, il me recommandait de prier le Saint-Esprit ; et cet enseignement m’a montré le chemin que j’ai suivi jusqu’à aujourd’hui. Je te parle de cela parce que tu es jeune, comme je l’étais alors. Et je vous en parle sur la base de nombreuses années de vie, également passées dans des moments difficiles.

7. Revenons au Cénacle. Jésus souffle sur les Apôtres et leur dit : « Recevez l’Esprit Saint ; à qui tu remettras les péchés ils seront pardonnés et à qui tu ne les pardonneras pas, ils resteront non pardonnés » (Jn 20 : 21-23). Je souhaite, chers jeunes et filles, que ces mots surtout restent en vous : dans votre esprit et dans votre cœur. Le Saint-Esprit est donné comme source de force pour vaincre le péché. Seul Dieu a le pouvoir de pardonner les péchés, car Lui seul scrute l’être humain à fond et peut pleinement mesurer sa responsabilité. Le péché reste, dans sa profondeur psychologique, un secret dans lequel Dieu seul a le pouvoir d’entrer pour dire à l’homme par une parole efficace : « Tes péchés sont pardonnés, tu es pardonné » (cf. Mt 9, 2.5 ; Mc 2, 5.9 ; Lc 5, 20.23).

Je veux, chers amis, que vous vous en souveniez. Il y a, on le sait, ce qu’on appelle les « péchés sociaux », mais, en définitive, tout péché dépend de la responsabilité d’un homme concret. Cet homme concret lutte contre le péché, le surmonte ou est vaincu par lui. L’homme concret, s’il est vaincu par le péché, souffre. Oui, les remords de conscience sont une douleur. Ils ne peuvent pas être éliminés. Tôt ou tard, nous devons demander pardon. Si le mal que nous avons commis concerne d’autres hommes, nous devons aussi demander leur pardon ; mais pour que la culpabilité soit vraiment remise, il faut toujours obtenir le pardon de Dieu.

Dans le sacrement de réconciliation, le Christ nous a fait un grand don. Si nous savons la vivre fidèlement, elle devient une source inépuisable de vie nouvelle. Ne l’oubliez pas ! Sachez puiser à cette source la grâce, la guérison, la joie, la paix avec la joie, pour participer à la vie même du Christ, qui est la vie du Père communiquée dans l’Esprit Saint.

8. Chers amis ! Je vous confie la tâche d’apporter une contribution décisive à l’évangélisation de votre pays. Amener le Christ dans le troisième millénaire. AIE confiance en lui! Sa promesse traverse les siècles : « Celui qui perdra sa vie à cause de moi et à cause de l’Évangile la sauvera » (Mc 8, 35). N’ai pas peur! La vie avec le Christ est une merveilleuse aventure. Lui seul peut donner tout son sens à la vie, Lui seul est le centre de l’histoire. Vivez de lui ! Avec Maria ! Avec vos saints !

Demandez au Christ le don de l’Esprit. En effet, c’est précisément lui, l’Esprit, la Personne divine qui a pour tâche de guérir, purifier, sanctifier les consciences des hommes et ainsi renouveler la face de la terre. Je souhaite de tout cœur que cela se produise pour vous, pour votre nation, pour tous ceux qui font partie de l’héritage millénaire de Saint Adalbert, et pour les peuples du monde entier. Que s’accomplissent en vous les paroles annoncées avec tant de force par l’Église dans la Liturgie d’aujourd’hui : Veni Sancte Spiritus, Viens, Esprit Saint !

En vous est la source de lumière et de vie ;
en Toi la flamme de l’amour éternel ;
en toi le secret de l’espérance qui ne déçoit pas.

Viens, Saint-Esprit ! Amen.

VOYAGE APOSTOLIQUE EN république TCHÈQUE (25-27 AVRIL 1997) CONCÉLÉBRATION EUCHARISTIQUE POUR LES JEUNES HOMÉLIE DE JEAN-PAUL II Grande place de Hradec Králové – Samedi 26 avril 1997


Copyright © Dicastero per la Comunicazione – Libreria Editrice Vaticana

Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

L’’anniversaire de la fondation de Rome.

L’anniversaire de la fondation de Rome.

SAINT JEAN-PAUL II

Bannière romaine SPQR
Bannière romaine SPQR

1. Il est très évocateur cet événement qui, il y a quelques jours, a été rappelé à la ville et au monde. Il est très évocateur aussi pour chaque homme, parce que l’homme est un « être historique ». Cela ne signifie pas seulement qu’il est soumis au temps, comme tous les êtres vivants de notre monde.

L’homme est un être historique parce qu’il est capable d’insérer dans sa vie le temps, le transitoire, le passé et d’en faire une dimension particulière de son existence temporaire. Il en est ainsi dans les différents domaines de la vie humaine.

Chacun de nous a sa propre histoire qui commence au jour de sa naissance. En même temps, chacun de nous, à travers l’histoire, fait partie de la communauté. L’appartenance de chacun de nous, en tant qu’ « être social », à un groupe ou à une société déterminée, s’opère toujours par l’histoire, dans une certaine dimension historique.

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C’est ainsi que les familles, les nations ont aussi leur histoire. L’une des tâches de la famille est de se rattacher à l’histoire et à la culture de la nation, et en même temps de prolonger cette histoire dans l’éducation.

Lorsque nous parlons de l’anniversaire de la fondation de Rome, nous nous trouvons devant une réalité encore plus vaste. Ceux pour qui la Rome d’aujourd’hui est leur ville, leur capitale, ont certainement un droit et un devoir particuliers de se référer à cet événement, à cette date.

Et puis, tous les Romains d’aujourd’hui savent parfaitement que ce qu’il y a d’exceptionnel dans cette ville, dans cette capitale, c’est qu’elle déborde leur propre histoire. Il faut ici remonter à un passé beaucoup plus lointain, non seulement jusqu’à l’ancien empire mais plus haut encore, jusqu’à la fondation de Rome.

Un immense patrimoine historique, différentes civilisations et cultures humaines, différentes transformations sociopolitiques nous séparent de cette date en même temps qu’ils nous y rattachent.

Je dirai plus encore : la fondation de Rome ne marque pas seulement le commencement d’une succession de générations humaines qui ont habité cette ville et cette péninsule ; elle constitue aussi un commencement pour des nations et des peuples lointains qui ont conscience d’avoir un lien et une unité particulière avec la tradition culturelle latine dans ce qu’elle a de plus profond.

Moi aussi, bien que je vienne de la lointaine Pologne, je me sens lié par ma généalogie spirituelle à la fondation de Rome. Il en est de même pour toute la nation dont je suis originaire, ainsi que pour beaucoup d’autres nations de l’Europe d’aujourd’hui, et même au-delà.

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2. L’anniversaire de la fondation de Rome est tout particulièrement évocateur pour nous qui croyons que l’histoire de l’homme sur la terre — l’histoire de toute l’humanité — a pris une nouvelle dimension avec le mystère de l’Incarnation. Dieu est entré dans l’histoire de l’homme en devenant homme. Telle est la vérité centrale de la foi chrétienne, qui est au cœur de l’Évangile et de la mission de l’Église.

En entrant dans l’histoire de l’homme, en devenant homme, Dieu a fait de cette histoire, dans toute son extension, l’histoire du salut. Ce qui s’est accompli à Nazareth, à Bethléem et à Jérusalem est histoire et, en même temps, ferment d’histoire.

Bien que l’histoire des hommes et des peuples ait suivi et continue à suivre des voies qui lui sont propres ; bien que l’histoire de Rome, alors au sommet de son antique splendeur, ait laissé passer inaperçues la naissance, la vie, la passion, la mort et la résurrection de Jésus de Nazareth, cependant, ces événements du salut sont devenus un nouveau levain dans l’histoire de l’homme, particulièrement dans l’histoire de Rome.

On peut dire qu’au moment de la naissance de Jésus, au moment où il est mort en croix et ressuscité, l’ancienne Rome, alors capitale du monde, a connu une nouvelle naissance. Ce n’est pas par hasard que nous la trouvons déjà si profondément insérée dans le Nouveau Testament.

Saint Luc, qui compose son Évangile comme la marche de Jésus vers Jérusalem où s’accomplit le mystère pascal, fait de Rome, dans les Actes des apôtres, le point terminal des voyages apostoliques, où se manifestera le mystère de l’Église.

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Le reste nous est bien connu. Les apôtres de l’Évangile, et en premier lieu Pierre de Galilée, puis Paul de Tarse sont venus à Rome et y ont implanté l’Église là aussi. C’est ainsi que, dans la capitale du monde antique, a commencé son existence le Siège des successeurs de Pierre, des évêques de Rome.

C’est aux Romains que saint Paul avait adressé sa lettre magistrale avant de venir ici, et qu’Ignace, évêque d’Antioche, a adressé son testament spirituel à la veille de son martyre. Ce qui était chrétien s’est enraciné en ce qui était romain et, après s’être développé dans l’humus romain, a commencé à croître avec une nouvelle force.

Avec le christianisme, ce qui était romain a commencé à vivre une nouvelle vie, sans cesser pour autant de demeurer authentiquement « indigène ».

Comme le dit très bien d’Arcy : « Il y a dans l’histoire une présence qui fait d’elle plus qu’une simple succession d’événements. Comme dans un palimpseste, le nouveau se superpose à ce qui a déjà été écrit en lettres indélébiles et en élargit indéfiniment le sens. » (M. C. d’Arcy, S. J., The Sense of History Secular and Sacred, Londres 1959, 275.)

Rome doit au christianisme une nouvelle universalité de son histoire, de sa culture, de son patrimoine. Cette universalité chrétienne ( « catholique ») de Rome se poursuit jusqu’à aujourd’hui. Non seulement elle a derrière elle deux mille ans d’histoire, mais elle continue à se développer sans cesse : elle arrive à de nouveaux peuples, à de nouvelles terres.

C’est pourquoi les gens de toutes les parties du monde affluent bien volontiers vers Rome pour se retrouver comme chez eux dans ce centre toujours vivant d’universalité.

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3. Je n’oublierai jamais les années, les mois, les jours où je suis venu ici pour la première fois. En cet endroit de prédilection, celui où je revenais sans doute le plus souvent, il y avait l’antique Forum romain, si bien conservé aujourd’hui encore. Combien il était éloquent pour moi, à côté de cet autre forum, l’église de Santa-Maria-Antiqua, construite directement sur un ancien édifice romain.

Le christianisme est entré dans l’histoire de Rome non par la violence, la force militaire, la conquête ou l’invasion, mais par la force du témoignage, payé très cher par le sang des martyrs, pendant plus de trois siècles.

Il est entré par la force du levain de l’Évangile qui en révélant à l’homme sa vocation ultime et sa dignité suprême en Jésus-Christ (cf. Lumen gentium, 40 ; Gaudium et spes, 22), a commencé à agir au plus profond de l’âme pour ensuite imprégner les institutions humaines et toute la culture. C’est pourquoi cette seconde naissance de Rome est si authentique, si riche de vérité intérieure, de force et de rayonnement spirituels.

Romains de vieille souche, accueillez ce témoignage d’un homme qui est venu ici par la volonté du Christ pour y être votre évêque en cette fin du second millénaire. Accueillez ce témoignage et inscrivez-le dans votre magnifique patrimoine auquel nous participons tous. L’homme provient de l’histoire. Il est fils de l’histoire pour en devenir ensuite l’artisan responsable. Aussi, le patrimoine de cette histoire le concerne-t-il profondément.

C’est un grand bien pour la vie de l’homme qui doit être rappelé non seulement à l’occasion des fêtes, mais chaque jour. Puisse ce bien toujours trouver sa juste place dans notre conscience et notre comportement ! Efforçons-nous d’être dignes de l’histoire dont témoignent ici les églises, les basiliques, et plus encore le Colisée et les Catacombes de la Rome antique.

Tels sont les vœux, chers Romains, que vous adresse, en l’anniversaire de la fondation de Rome, votre évêque que vous avez accueilli d’un cœur si ouvert, il y a six mois, comme le Successeur de saint Pierre, comme le témoin de cette mission universelle que la divine Providence a inscrite dans le livre de l’histoire de la Ville éternelle.

Saint JEAN-PAUL II – AUDIENCE GÉNÉRALEPlace Saint-Pierre – Mercredi 25 avril 1979

Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

Comme Thomas, oser l’aventure de la foi

Comme Thomas, oser l’aventure de la foi

Dans le commentaire de l’Évangile de ce 24 avril, lors de la prière du Regina Coeli, le Pape François a parlé sur l’exemple de Thomas. Il a en particulier encouragé tous les chrétiens à ne pas avoir peur des crises qu’ils traversent parfois dans leur vie de foi.

 

LE PAPE FRANCOIS

REGINA COELI

Place Saint-Pierre
Deuxième dimanche de Pâques ou Miséricorde Divine, 24 avril 2022

Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui, dernier jour de l’Octave de Pâques, l’Évangile nous raconte la première et la seconde apparitions du Ressuscité aux disciples. Jésus vient à Pâques, alors que les Apôtres sont enfermés au Cénacle, par peur, mais comme Thomas, l’un des Douze, n’est pas présent,

il revient huit jours plus tard (cf. Jn 20, 19-29). Concentrons-nous sur les deux protagonistes, Thomas et Jésus, regardant d’abord le disciple puis le Maître. C’est un beau dialogue que ces deux-là ont.

L’apôtre Thomas, tout d’abord. Il représente nous tous, qui n’étions pas présents au Cénacle lorsque le Seigneur est apparu et nous n’avions pas d’autres signes physiques ou apparitions de sa part. Nous aussi, comme ce disciple, nous luttons parfois : comment croyez-vous que Jésus est ressuscité, qui nous accompagne et est le Seigneur de notre vie sans l’avoir vu, sans l’avoir touché ?

Comment croyez-vous cela? Pourquoi le Seigneur ne nous donne-t-il pas des signes plus évidents de sa présence et de son amour ? Quelques signes que je vois mieux… Ici, nous aussi nous sommes comme Thomas, avec les mêmes doutes, les mêmes raisonnements.

Mais nous n’avons pas à en avoir honte. En nous racontant l’histoire de Thomas, en effet, l’Évangile nous dit que le Seigneur ne cherche pas des chrétiens parfaits. Le Seigneur ne cherche pas des chrétiens parfaits. Je vous le dis : j’ai peur quand je vois un chrétien, une association de chrétiens qui se croient parfaits.

Le Seigneur ne cherche pas des chrétiens parfaits ; le Seigneur ne cherche pas des chrétiens qui ne doutent jamais et qui affichent toujours une foi sûre. Quand un chrétien est comme ça, quelque chose ne va pas. Non, l’aventure de la foi, comme pour Thomas, est faite d’ombres et de lumières. Sinon, de quelle foi s’agirait-il ?

Elle connaît des moments de consolation, d’élan et d’enthousiasme, mais aussi de lassitude, d’égarement, de doutes et d’obscurité. L’Évangile nous montre la « crise » de Thomas pour nous dire qu’il ne faut pas craindre les crises de la vie et de la foi. Les crises ne sont pas un péché, elles sont un cheminement, il ne faut pas les craindre.

Souvent, ils nous rendent humbles, car ils nous dépouillent de l’idée d’être bien, d’être meilleurs que les autres. Les crises nous aident à nous reconnaître dans le besoin : elles ravivent le besoin de Dieu et nous permettent ainsi de revenir au Seigneur, de toucher ses blessures, de revivre son amour, comme la première fois.

Chers frères et sœurs, mieux vaut une foi imparfaite mais humble, qui revient toujours à Jésus, qu’une foi forte mais présomptueuse, qui nous rend fiers et arrogants. Malheur à ceux-ci, malheur !

Et face à l’absence et au cheminement de Thomas, qui est souvent le nôtre aussi, quelle est l’attitude de Jésus ? L’Évangile dit deux fois qu’Il « est venu » (vv. 19.26). Une première fois, puis une seconde fois, huit jours plus tard.

Jésus n’abandonne pas, il ne se lasse pas de nous, il n’a pas peur de nos crises, de nos faiblesses. Il revient toujours : quand les portes sont fermées, il revient ; quand on doute, ça revient ; quand, comme Thomas, on a besoin de le rencontrer et de le toucher de plus près, il revient.

Jésus revient toujours, frappe toujours à la porte, et ne revient pas avec des signes puissants qui nous feraient sentir petits et insuffisants, voire honteux, mais avec ses blessures ; il revient nous montrant ses blessures, signes de son amour qui a épousé nos fragilités.

Frères et sœurs, surtout lorsque nous vivons des moments de lassitude ou de crise, Jésus, le Ressuscité, veut revenir pour être avec nous. Il attend juste que nous le cherchions, que nous l’invoquions, même que, comme Thomas, nous protestions, lui apportions nos besoins et notre incrédulité. Il revient toujours.

Pourquoi? Parce qu’il est patient et miséricordieux. Il vient ouvrir les cénacles de nos peurs, de nos incrédulités, car il veut toujours nous donner une autre chance. Jésus est le Seigneur des « autres opportunités » : il nous en donne toujours une autre, toujours.

Alors pensons à la dernière fois – faisons un peu de mémoire – où, pendant un moment difficile, ou une période de crise, nous nous sommes enfermés, nous barricadant dans nos problèmes et laissant Jésus hors de la maison.

Et promettons-nous, la prochaine fois, dans l’effort, de chercher Jésus, de revenir à lui, à son pardon – il pardonne toujours, toujours ! -, revenir à ces blessures qui nous ont guéris. Ainsi, nous deviendrons aussi capables de compassion, d’aborder les blessures des autres sans rigidité et sans préjugés.

Que Notre-Dame, Mère de la Miséricorde – j’aime à penser à elle comme Mère de la Miséricorde le lundi après le dimanche de la Miséricorde -, nous accompagne sur le chemin de la foi et de l’amour.

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Après le Regina Coeli

Chers frères et sœurs,

aujourd’hui, diverses Églises orientales catholiques et orthodoxes, ainsi que diverses communautés latines, célèbrent Pâques selon le calendrier julien. Nous l’avons célébrée dimanche dernier, selon le calendrier grégorien. Je leur présente mes meilleurs vœux : le Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité !

Qu’il soit celui qui remplit d’espoir les bonnes attentes des cœurs. Qu’il soit celui qui donne la paix, outragé par la barbarie de la guerre. Aujourd’hui, deux mois se sont écoulés depuis le début de cette guerre : au lieu de s’arrêter, la guerre s’est intensifiée.

Il est triste qu’en ces jours, qui sont les plus saints et les plus solennels pour tous les chrétiens, le rugissement mortel des armes se fasse plus entendre que le son des cloches annonçant la résurrection ; et il est triste que les armes prennent de plus en plus la place de la parole.

Je renouvelle l’appel à une trêve pascale, signe minimal et tangible d’un désir de paix. Arrêtez l’attaque, pour répondre à la souffrance de la population épuisée; arrêtons-nous, obéissant aux paroles du Ressuscité qui, le jour de Pâques, répète à ses disciples : « La paix soit avec vous ! (Lc 24,36 ; Jn 20,19.21).

Je demande à chacun d’augmenter la prière pour la paix et d’avoir le courage de dire, de montrer que la paix est possible. Dirigeants politiques, veuillez écouter la voix du peuple qui veut la paix, pas une escalade du conflit.

À cet égard, je salue et remercie les participants à l’extraordinaire Marche Pérouse-Assise pour la paix et la fraternité, qui se déroule aujourd’hui ; ainsi que ceux qui se sont joints, donnant vie à des événements similaires dans d’autres villes d’Italie.

Aujourd’hui, les évêques du Cameroun effectuent un pèlerinage national avec leurs fidèles au sanctuaire marial de Marianberg, pour reconsacrer le pays à la Mère de Dieu et le placer sous sa protection. Ils prient en particulier pour le retour de la paix dans leur pays, qui depuis plus de cinq ans, dans diverses régions, est déchiré par la violence.

Élevons également notre plaidoyer, ensemble avec les frères et sœurs du Cameroun, afin que Dieu, par l’intercession de la Vierge Marie, accorde bientôt une paix véritable et durable à ce pays bien-aimé.

Je vous salue tous, Romains et pèlerins d’Italie et de nombreux pays.

Joyeux dimanche tout le monde! Et s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir.


Copyright © Dicastero per la Comunicazione – Libreria Editrice Vaticana

Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse