En cette veille de la fête de l’Annonciation, invoquons notre Sainte Mère.
Les vers chantés en grégorien de cette séquence priée en temps d’épidémie sont extraites d’une homélie sur la Nativité de saint Pierre Damascène, évêque de Damas au huitième siècle. Ce texte fut offert d’après la tradition sur un carton par saint Barthélémy apparaissant aux Clarisses de Coimbra au Portugal, alors que la ville était ravagée par la peste en 1317, pour qu’elles prient en s’en aidant : le couvent fut épargné.
L’Étoile du Ciel, qui allaita le Seigneur,
a extirpé la peste de la mort,
qu’avait plantée la première parenté de l’homme.
Que cette même Étoile
daigne maintenant arrêter ces éléments
dont les combats ont tué un grand nombre
par la plaie d’une mort funeste.
O très pieuse Étoile de la mer, protégez-nous de la peste.
Écoutez-nous, ô Dame,
car votre Fils vous honore en ne vous refusant rien.
Sauve-nous, Jésus, nous pour qui la Vierge Marie te prie.
Priez pour nous, très sainte Mère de Dieu. ℞. Vous qui avez écrasé la tête du serpent, secourez-nous.
Prions:
Dieu de miséricorde, Dieu d’amour, Dieu de pardon, qui fut ému de compassion pour l’affliction de ton peuple, et qui dit à l’Ange dévastateur de ton peuple : « Retiens ta main » ; pour l’amour de cette Étoile glorieuse, dont le sein précieux t’a allaité avec douceur contre le venin de nos péchés, accorde-nous le secours de ta grâce, afin qu’à l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie ta Mère, nous soyons délivrés en toute sûreté de toute peste et de la mort imprévue, et que nous soyons miséricordieusement sauvés de l’assaut de toute perdition. Par toi, Jésus-Christ, Roi de gloire, qui avec le Père et l’Esprit Saint vis et règnes, Dieu pour les siècles des siècles. Amen !
Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse
Le prédicateur de la Maison pontificale a prononcé le cinquième et dernier sermon du Carême dans la salle Paul VI, en présence du Pape : le lavement des pieds est « le sacrement de l’autorité chrétienne ».
Il est important de bien comprendre « le sens que le lavement des pieds a pour Jean ». La récente constitution apostolique du pape François Praedicate Evangelium « le mentionne dans le préambule, comme l’icône même du service qui doit caractériser tout le travail de la Curie romaine réformée ».
Ce matin, vendredi 8 avril, le cardinal Cantalamessa nous a de nouveau invités à réfléchir sur l’Eucharistie, à partir du célèbre passage de l’Évangile dans lequel Jésus se penche pour laver les pieds des disciples.
Il aide à comprendre, dit le prédicateur de la Maison pontificale, comment on peut faire de l’existence une Eucharistie et ainsi « imiter dans la vie ce qui se célèbre sur l’autel ». De plus, nous sommes confrontés à « un de ces épisodes (un autre est celui où le côté de Jésus est percé), dans lequel l’évangéliste suggère clairement qu’il y a un mystère en dessous qui va au-delà du fait contingent qui pourrait, en soi, paraître négligeable ».
Le cardinal a commencé la réflexion en se demandant pourquoi Jean, dans le récit de la Dernière Cène, ne parle pas « de l’institution de l’Eucharistie », mais se réfère « à sa place, au lavement des pieds ». C’est qu’en tout ce qui concerne Pâques et l’Eucharistie, l’évangéliste « montre qu’il veut mettre l’accent sur l’événement plus que sur le sacrement ; plus le sens que le signe « .
Pour lui, la nouvelle Pâque ne commence pas tant au Cénacle, « lorsque le rite qui doit la commémorer est institué », puisque « nous savons que la Cène de Jean n’est pas une cène de Pâques ». Au contraire, elle commence sur la croix « lorsque le fait qu’il doit être commémoré est accompli ».
C’est là que « s’opère le passage de l’antique Pâques à la nouvelle ». Pour cela, Jésus sur la croix « n’a aucun os brisé» : car ainsi « cela a été prescrit pour l’agneau pascal dans l’Exode ».
Le prédicateur propose donc de méditer sur le service qui n’est pas, « en soi, une vertu ». Dans aucun catalogue de vertus « on ne rencontre le mot diakonía, service ». En effet, on parle même « d’un service au péché (cf. Rm 6, 16) ou aux idoles (cf. 1 Co 6, 9) qui n’est certainement pas un bon service ».
En effet, le service est « une chose neutre : il désigne une condition de vie, ou une manière de se rapporter aux autres dans son travail, un être dépendant des autres ». Cela peut même être « une mauvaise chose, si elle est faite par contrainte (comme dans l’esclavage), ou simplement par intérêt ».
Charité
Aujourd’hui tout le monde parle de service, tout le monde se dit en service. Mais il est évident que le service dont parle l’Évangile « est tout autre chose, même s’il n’exclut pas en lui-même, ni ne disqualifie nécessairement le service tel qu’il est compris par le monde ». La différence est tout « dans les motivations et dans l’attitude intérieure avec laquelle le service est rendu ».
En relisant l’histoire du lavement des pieds, on comprend avec quel esprit Jésus le fait et ce qui l’émeut : « Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’à la fin (Jn 13 : 1) « . Le service « n’est donc pas une vertu, mais découle des vertus et, en premier lieu, de la charité ».
En effet, c’est « la plus grande expression du nouveau commandement » ; c’est « une manière de se manifester de l’agapè », c’est-à-dire de cet amour qui « ne cherche pas son propre intérêt (cf. 1 Co 13, 5) », mais celui des autres, qui « n’est pas seulement constitué de la recherche, mais aussi du don ».
En bref, c’est « une participation et une imitation de l’action de Dieu » qui, étant « le Bien, tout le Bien, le Bien Suprême », ne peut « aimer et profiter que librement, sans intérêt propre ».
Pour cette raison, le service évangélique, « par opposition à celui du monde, n’est pas propre aux inférieurs, aux nécessiteux, à ceux qui n’ont pas » ; mais plutôt « de ceux qui possèdent, de ceux qui sont placés au-dessus, de ceux qui ont ».
Pour cette raison, Jésus dit que, dans son Église, avant tout « celui qui gouverne » doit être « comme celui qui sert » (Lc 22,26), celui qui est « le premier doit être » le serviteur de tous « (Mc 10 :44) « . En ce sens, le lavement des pieds est « le sacrement de l’autorité chrétienne ».
Humilité
A côté de la gratuité, le service « exprime une autre caractéristique de l’agape divine : l’humilité ». Les paroles de Jésus : « Vous devez vous laver les pieds les uns aux autres » signifient : « Vous devez vous rendre les uns aux autres les services d’une humble charité ».
Charité et humilité, ensemble, « forment le service évangélique ». Mais, si vous y réfléchissez, qu’est-ce que « Jésus a fait pour se définir humble ? » Peut-être « se sentait-il mal dans sa peau, ou parlait-il d’une manière modeste de sa personne ? » Non.
Au contraire, dans l’épisode même du lavement des pieds, il se dit « Maître et Seigneur » (cf. Jn 13, 13). Alors qu’a-t-il fait pour se définir comme « humble » ? Le cardinal se l’est demandé et la réponse a été qu' »il s’est abaissé, il est descendu pour servir ! »
« Les trois dimensions de la vie chrétienne :
l’élection, la promesse, l’alliance »
Psaume 104 (105)
Psaume de ce jour 104 (105), 4-5, 6-7, 8-9
R/ Le Seigneur s’est toujours souvenu de son alliance. (104, 8a)
Cherchez le Seigneur et sa puissance,
recherchez sans trêve sa face ;
souvenez-vous des merveilles qu’il a faites,
de ses prodiges, des jugements qu’il prononça.
Vous, la race d’Abraham son serviteur,
les fils de Jacob, qu’il a choisis.
Le Seigneur, c’est lui notre Dieu :
ses jugements font loi pour l’univers.
Il s’est toujours souvenu de son alliance,
parole édictée pour mille générations :
promesse faite à Abraham,
garantie par serment à Isaac.
*
Le Seigneur s’est toujours souvenu de son alliance. Nous l’avons répété dans le Psaume responsorial (Cf. Ps 105, 8). Le Seigneur n’oublie pas, il n’oublie jamais. Si, il n’oublie que dans un cas, quand il pardonne les péchés. Après avoir pardonné il perd la mémoire, il ne se souvient plus des péchés. Dans les autres cas, Dieu n’oublie pas. Sa fidélité est mémoire.
Sa fidélité à son peuple.
Sa fidélité à Abraham est mémoire des promesses qu’il avait faites. Dieu a élu Abraham pour tracer une route. Abraham est un élu, il était l’élu. Dieu l’a élu. Ensuite, il lui a promis un héritage dans cette élection et aujourd’hui, dans le passage du livre de la Genèse, un pas de plus est accompli. “Voici mon alliance avec toi” (Gn17, 4).
L’alliance.
Une alliance qui lui fait voir loin sa fécondité: “Tu deviendras le père d’une multitude de peuples” (Gn17, 4). L’élection, la promesse et l’alliance, sont les trois dimensions de la vie de foi, les trois dimensions de la vie chrétienne. Chacun de nous est un élu, personne ne choisit d’être chrétien parmi toutes les possibilités que le “marché” religieux lui offre, il est un élu.
Nous sommes chrétiens parce que nous avons été élus. Dans cette élection, il y a une promesse, il y a une promesse d’espérance, le signe est la fécondité: “Abraham, tu seras le père d’une multitude de peuples et… tu seras fécond dans la foi (Cf. Gn. 17, 5-6). Ta foi s’épanouira en œuvres, en bonnes œuvres, également en œuvres de fécondité, une foi féconde.
Mais tu dois observer – le troisième pas – l’alliance avec moi” (Cf. 17, 9). Et l’alliance est la fidélité, être fidèle. Nous avons été élus, le Seigneur nous a fait une promesse, maintenant il nous demande une alliance. Une alliance de fidélité.
Jésus dit qu’Abraham exulta de joie en imaginant, en voyant son jour, le jour de la grande fécondité, son fils – Jésus était le fils d’Abraham (Cf. Jn. 8, 56) – qui est venu refaire la création, ce qui est plus difficile que la faire, dit la liturgie – il est venu accomplir la rédemption de nos péchés, pour nous libérer.
Le chrétien n’est pas chrétien parce qu’il peut faire voir “la foi du baptême.” Tu es chrétien si tu dis oui à l’élection que Dieu a fait de toi, si tu suis les promesses que le Seigneur t’a faites et si tu vis une alliance avec le Seigneur : voilà ce qu’est la vie chrétienne. Les péchés sur le chemin sont toujours contre ces trois dimensions : ne pas accepter l’élection et “élire” tant d’idoles, tant de choses qui ne sont pas Dieu.
Ne pas accepter l’espérance de la promesse, partir, regarder de loin les promesses, et même de nombreuses fois, comme le dit la Lettre aux Hébreux (Cf. He 6, 12; He 8, 6), en les saluant de loin et faire que les promesses soient aujourd’hui avec les petites idoles que nous faisons, et oublier l’alliance, vivre sans alliance, comme si nous étions sans alliance… La fécondité est joie, cette joie d’Abraham qui vit le jour de Jésus et qui était plein de joie (cf. 8, 56).
C’est la révélation que la Parole de Dieu nous donne aujourd’hui sur notre existence chrétienne. Qu’elle soit comme celle de notre Père: conscient d’être élu, joyeux d’aller vers une promesse et fidèle dans l’accomplissement de l’alliance.