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Editorial de la lettre aux associés de la Médaille miraculeuse

LA FOI DE MARIE

La Orana Maria Paul Gauguin 1848-1903
La Orana Maria Paul Gauguin 1848-1903

La première béatitude, rapportée dans l’Évangile et proclamée par Élisabeth, est celle de la foi :

«Bienheureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur !» (Luc 1,45).

«Oui, dit saint Augustin, Marie, en donnant son adhésion à la parole de l’Ange, a ouvert par sa foi le paradis aux hommes.»

Elle a vu son Fils dans l’étable de Bethléem,
et elle crut qu’il était le Créateur du monde.

Elle l’a vu fuir devant Hérode,
et elle crut qu’il était le Roi des rois.

Elle le vit naître,
et elle crut qu’il était éternel.

Elle le vit pauvre, manquant du nécessaire,
et elle le crut souverain Maître de toutes choses.

Elle le vit couché sur la paille,
et elle crut qu’il était le Tout-Puissant.

Elle observa qu’il ne parlait pas,
et elle crut qu’il était la Sagesse infinie.

Elle l’entendit gémir,
et elle crut qu’il était la joie du paradis.

Elle le vit enfin mourir crucifié, rassasié d’opprobres,
et tandis qu’autour d’elle, la foi vacillait dans tous les cœurs,
elle persévéra dans la ferme croyance qu’il était Dieu.

«Près de la croix de Jésus, sa Mère se tenait debout» (Jean 19,25).

«Marie était debout, dit saint Antonin, élevée et soutenue par sa foi en la divinité du Christ, et attendant sans crainte sa prochaine résurrection.»

Ce fut alors, s’écrie Albert le Grand, que «la foi de Marie s’éleva au degré le plus sublime. Les disciples sombrèrent dans le doute, seule la sainte Vierge demeura ferme dans la foi».

Par sa foi Marie mérite d’être la lumière, «le flambeau des chrétiens» (saint Méthode).

Mais comment imiter le parfait modèle de notre foi, la bienheureuse Vierge Marie ? La foi est un don de Dieu et une vertu à mettre en pratique. Elle doit nous servir de règle, et pour croire et pour agir.

C’est dans ce sens qu’écrit saint Jacques : «La foi sans les œuvres est morte» (2,26).

Et saint Augustin insiste : «Vous dites : Je crois, credo, eh bien ! Faites ce que vous dites, et alors vous avez la foi.» ■

Jean-Daniel Planchot

LE ZÈLE DE MARIE

La Vierge de Tendresse, icône du XIIIe siècle
La Vierge de Tendresse, icône du XIIIe siècle

« Le zèle, c’est la cinquième maxime, qui consiste dans un pur désir de se rendre agréable à Dieu et utile au prochain. Zèle pour étendre l’empire de Dieu, zèle pour procurer le salut du prochain. Y a-t-il rien au monde de plus parfait ? Si l’amour de Dieu est un feu, le zèle en est la flamme ; si l’amour est un soleil, le zèle en est le rayon. Le zèle est ce qui est de plus pur dans l’amour de Dieu.”

Voilà ce que dit Vincent de Paul en achevant de parler des cinq vertus de la Mission (simplicité, humilité, douceur, don de soi et zèle apostolique). Marie, la sainte Mère, les a pratiquées par excellence, et surtout celle de zèle, l’ardente flamme de l’apostolat.

Elle qui a goûté et pénétré l’amour de Dieu et en a été enflammée, désire conduire tous les hommes à Dieu. Plus l’amour pour Dieu est grand, plus est considérable et efficace l’apostolat qui en dérive. Intimement associée à l’œuvre  rédemptrice de Jésus, Marie remplit une mission apostolique universelle, en vue du bien de toute l’humanité.

Sans bruit ni tapage, mais humblement, cachée, silencieuse, elle donne le Rédempteur au monde dans le secret de la nuit. Elle partage toute la vie de Jésus jusqu’au Calvaire. Son coeur de Mère en est éprouvé, mais c’est par ce don de soi, vivifié par l’amour pur, que Marie parvient aux cimes les plus élevées du zèle apostolique. Ainsi remplit-elle sa mission de Mère de l’Église universelle que lui confère Jésus en saint Jean : «Voici ta mère.»

«Ô Marie, vous êtes plus mère que reine. En méditant votre vie, si humble et si simple, telle que l’Évangile me la présente, je n’ai aucune crainte de m’approcher de vous. Je vous vois vivre dans la pauvreté et l’effacement, sans ravissements ni extases, sans le resplendissement des miracles, sans actions d’éclat. Et ainsi, vous me faites comprendre que je puis, moi aussi, suivre vos traces et monter le sentier escarpé de la sainteté en pratiquant les vertus cachées. Près de vous, ô Marie, j’aime à rester petite et je découvre mieux la vanité des grandeurs humaines» (Sainte Thérèse de Lisieux). ■

Jean-Daniel Planchot, cm

MARIE ET LE DON DE SOI

La descente de croix - fin XVe siècle - huile sur bois | DR
La descente de croix – fin XVe siècle – huile sur bois | DR

L’attitude d’un être devant la mort
est souvent la plus haute
expression de sa vie.
Marie, Mère immobile et silencieuse
de la crucifixion, nous en apprend
le sens profond : tout est vivant
dans le Christ. Nous ne méditons
pas pour apprendre à mourir,
mais pour apprendre à vivre,
car si notre vie pouvait ressembler
à celle du Christ, notre mort rendrait
le même témoignage !
Il nous faut comprendre le sens
de ces mystérieux
abaissements de Jésus,
de son abnégation,
de sa mortification suprême.

Marie nous invite à nous donner comme son Fils s’est donné,
comme elle-même s’est  donnée !

La vie chrétienne est un amour, mais l’amour est un don.
Tout ce qui se retourne sur nous-mêmes est misérable et infécond.
Il faut franchir les étroites limites de notre « moi », d’un tenace égoïsme.
Notre joie, notre grandeur, c’est le don que nous faisons
de nous-mêmes !

La Vierge Marie nous y invite devant ce porche de douleur
sous lequel il faut s’engager pour parcourir le mystère de la Passion.

C’est vers elle, la mère qui a tout connu des souffrances de son fils
que nous nous tournons afin d’en retirer le grand élan purificateur,
la recherche de ce qui plaît toujours à Dieu, sans nous ratatiner
sur nous-mêmes et stériliser nos vies.

Au plus sacré de nous-mêmes, nous entendons retentir la parole de Jésus :
« Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ! »

Marie sait bien comme nous avons peur de cette ombre de la croix sur notre vie
et comme ce seul mot de souffrance nous épouvante.

Comme une enfant qui s’effraie dans les ténèbres, prenons sa main,
pour qu’elle nous aide à comprendre les leçons austères de la croix.

C’est Marie qui nous a donné l’empreinte, la noblesse du visage de Jésus,
ce miroir où l’homme doit reconnaître sa propre face
défigurée par l’orgueil, cette fausse grandeur qui nie toutes les vraies.

Oui, vraiment, « Dieu soit loué, qui mortifie et qui vivifie ! » (Saint Vincent de Paul) ■

Jean-Daniel Planchot

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