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Hommage du Pape à la sagesse de la Mongolie

Hommage du Pape à la sagesse de la Mongolie

À l’occasion de son premier discours prononcé devant le monde politique et la société civile, le Souverain pontife a salué la Mongolie comme un pays sachant allier tradition et modernité, sa contribution à la paix dans le monde., et a loué l’apport important des différentes traditions religieuses pour la société mongole.
voyage du Pape en Mongolie
voyage du Pape en Mongolie

VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS EN MONGOLIE

[31 août – 4 septembre 2023]

RENCONTRE AVEC LES AUTORITÉS, LA SOCIÉTÉ CIVILE ET LE CORPS DIPLOMATIQUE

DISCOURS DU SAINT-PÈRE

Salle “Ikh Mongol” du Palais d’État (Oulan-Bator

Samedi 2 septembre 2023

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Monsieur le Président de la République,
Monsieur le Président du Grand Khoural d’État,
Monsieur le Premier Ministre,
distingués Membres du Gouvernement et du Corps diplomatique,
illustres Autorités civiles et religieuses,
éminents Représentants du monde de la culture,
Mesdames et Messieurs !

Je remercie le Président pour son accueil et pour les mots qu’il m’a adressés, et j’adresse à chacun de vous mes salutations cordiales. Je suis honoré d’être ici, heureux de m’être rendu dans ce pays fascinant et vaste, auprès de ce peuple qui connaît bien le sens et la valeur du chemin. C’est ce que révèlent ses habitations traditionnelles, les ger, de magnifiques maisons itinérantes.

J’imagine entrer pour la première fois, avec respect et émotion, dans l’une de ces tentes circulaires qui parsèment la majestueuse terre mongole, afin de vous rencontrer et mieux vous connaître. Me voici donc à l’entrée, pèlerin de l’amitié, venu à vous sur la pointe des pieds et le cœur joyeux, désireux de m’enrichir humainement en votre présence.

Lorsqu’on entre dans la maison d’amis, il est beau de s’échanger des cadeaux, en les accompagnant de mots qui évoquent les précédentes occasions de rencontre. Et si les relations diplomatiques modernes entre la Mongolie et le Saint-Siège sont récentes – cette année marque le 30ème anniversaire de la signature d’une lettre visant à renforcer les relations bilatérales – bien plus loin dans le passé, il y a exactement 777 ans, entre la fin du mois d’août et le début du mois de septembre 1246, Fra Giovanni di Pian del Carpine, émissaire du Pape, rendit visite à Guyug, le troisième empereur mongol, et remit au Grand Khan la lettre officielle du Pape Innocent IV. Peu après, la lettre de réponse, marquée du sceau du Grand Khan en caractères mongols traditionnels, fut rédigée et traduite en plusieurs langues. Elle est conservée à la bibliothèque du Vatican et j’ai aujourd’hui l’honneur de vous en remettre une copie authentique, réalisée avec les techniques les plus avancées pour en garantir la meilleure qualité possible. Puisse-t-elle être le signe d’une amitié ancienne qui grandit et se renouvelle.

La yourte, symbole de continuité du peuple mongol

J’ai appris que de la porte de la ger [yourte], tôt le matin, les enfants de vos campagnes regardent l’horizon lointain pour compter le bétail et en rapporter le nombre à leurs parents. Il est bon pour nous aussi d’embrasser du regard le vaste horizon qui nous entoure, en dépassant l’étroitesse de vues et en nous ouvrant à une mentalité d’ampleur globale, comme nous y invitent les ger, qui, nées de l’expérience du nomadisme des steppes, se sont répandues sur un vaste territoire, devenant un élément d’identification des différentes cultures voisines. Les immenses espaces de vos régions, du désert de Gobi à la steppe, des grandes prairies aux forêts de conifères, jusqu’aux chaînes montagneuses de l’Altaï et du Khangaï, avec les innombrables boucles des cours d’eau qui, vues d’en haut, ressemblent à des décorations raffinées sur d’anciennes étoffes précieuses : tout cela est un miroir de la grandeur et de la beauté de la planète tout entière, appelée à être un jardin accueillant. Votre sagesse, la sagesse de votre peuple, accumulée au fil des générations d’éleveurs et d’agriculteurs prudents, toujours attentifs à ne pas perturber l’équilibre délicat de l’écosystème, a beaucoup à enseigner à ceux qui, aujourd’hui, ne veulent pas s’enfermer dans la poursuite d’un intérêt particulier à court terme, mais souhaitent léguer à la postérité une terre encore accueillante, une terre encore fertile.

Une écologie responsable

Ce qui, pour nous chrétiens, est la création, c’est-à-dire le fruit du dessein bienveillant de Dieu, vous nous aidez à le reconnaître et à le promouvoir avec délicatesse et attention, en contrecarrant les effets de la dévastation humaine par une culture de l’attention et de la prévoyance, qui se traduit par des politiques d’écologie responsable. Les ger sont des espaces de vie que l’on pourrait qualifier aujourd’hui de smart et de green, car elles sont adaptables, multifonctionnels et n’ont aucun impact sur l’environnement. En outre, la vision holistique de la tradition chamanique mongole et le respect de chaque être vivant, issus de la philosophie bouddhiste, représentent une contribution précieuse à l’engagement urgent et désormais incontournable en faveur de la protection de la planète Terre.

La culture de la paix de la Mongolie

Les ger, présentes dans les zones rurales comme dans les centres urbains, témoignent également de la précieuse combinaison entre tradition et modernité ; elles réunissent, en effet, la vie des personnes âgées et des jeunes, racontant la continuité du peuple mongol qui, de l’Antiquité à nos jours, a su préserver ses racines en s’ouvrant, surtout au cours des dernières décennies, aux grands défis mondiaux que sont le développement et la démocratie. La Mongolie d’aujourd’hui, en effet, avec son vaste réseau de relations diplomatiques, son adhésion active aux Nations Unies, son engagement en faveur des droits de l’homme et de la paix, joue un rôle important au cœur du grand continent asiatique et sur la scène internationale. Je voudrais également souligner votre détermination à mettre fin à la prolifération nucléaire et à vous présenter au monde comme un pays exempt d’armes nucléaires : la Mongolie est non seulement une nation démocratique qui met en œuvre une politique étrangère pacifique, mais elle entend également jouer un rôle important pour la paix dans le monde. En outre – autre élément providentiel à mentionner – la peine capitale ne figure plus dans votre système judiciaire.

Grâce à leur adaptabilité aux extrêmes climatiques, les ger permettent de vivre dans des territoires très différents, comme ce fut le cas lors de l’épopée bien connue de l’empire mongol, celui qui a connu la plus vaste continuité territoriale de tous les temps – par ailleurs, j’arrive en Mongolie pour un anniversaire important pour vous, le 860ème de la naissance de Gengis Khan. Au cours des siècles, embrasser des terres lointaines et si diverses a mis en évidence la capacité peu commune de vos ancêtres à reconnaître les excellences des peuples qui composaient l’immense territoire impérial et à les mettre au service du développement commun. C’est un exemple à valoriser et à proposer de nouveau à notre époque. Plaise au Ciel que sur la terre, ravagée par trop de conflits, les conditions de ce qui fut autrefois la pax mongolica, c’est-à-dire l’absence de conflits, soient reproduites dans le respect des lois internationales encore aujourd’hui. Comme le dit l’un de vos proverbes, « les nuages passent, le ciel reste » : que les sombres nuages de la guerre passent, qu’ils soient balayés par la volonté ferme d’une fraternité universelle où les tensions sont résolues sur la base de la rencontre et du dialogue, et où les droits fondamentaux sont garantis à tous ! Ici, dans votre pays riche d’histoire et de ciel, implorons ce don d’En-Haut et travaillons ensemble à la construction d’un avenir de paix.

Savoir regarder le Ciel

En entrant dans une ger traditionnelle, le regard est attiré vers le point central le plus élevé, où se trouve une fenêtre sur le ciel. Je voudrais insister sur cette attitude fondamentale que votre tradition nous aide à redécouvrir : savoir garder le regard fixé vers le haut. Lever les yeux vers le ciel – l’éternel ciel bleu que vous vénérez toujours – signifie rester dans une attitude d’ouverture docile aux enseignements religieux. Il y a en effet une profonde connotation spirituelle entre les fibres de votre identité culturelle et il est beau que la Mongolie soit un symbole de liberté religieuse. Dans la contemplation des horizons sans fin et peu peuplés d’êtres humains, s’est en effet affinée dans votre peuple une propension au spirituel, à laquelle on accède en valorisant le silence et l’intériorité. Face à l’autorité solennelle de la terre qui vous entoure avec ses innombrables phénomènes naturels, naît aussi un sentiment d’émerveillement, qui suggère humilité et sobriété, choix de l’essentiel et capacité de détachement de tout ce qui ne l’est pas. Je pense au danger que représente l’esprit de consommation qui, aujourd’hui, en plus de créer tant d’injustices, conduit à un individualisme oublieux des autres et des bonnes traditions que nous avons reçues. Les religions, en revanche, lorsqu’elles s’appuient sur leur patrimoine spirituel originel et ne sont pas corrompues par des déviances sectaires, sont en effet des soutiens fiables dans la construction de sociétés saines et prospères, où les croyants se dépensent afin que la coexistence civile et la planification politique soient toujours davantage au service du bien commun, en représentant également une barrière contre le dangereux virus de la corruption. Celui-ci constitue en tout point une menace sérieuse pour le développement de tout groupe humain, en se nourrissant d’une mentalité utilitariste et sans scrupules qui appauvrit des pays entiers. La corruption appauvrit des pays entiers. Il est révélateur d’un regard qui se détourne du ciel et fuit les vastes horizons de la fraternité, en se refermant sur lui-même et en faisant passer ses propres intérêts avant tout le reste.

Au contraire, beaucoup de vos premiers leaders furent des protagonistes d’un regard tourné vers le haut et d’une vision plus ample, faisant preuve d’une capacité peu commune à intégrer des voix et des expériences différentes, y compris du point de vue religieux. En effet, une attitude respectueuse et conciliante était également réservée aux nombreuses traditions sacrées, comme en témoignent les différents lieux de culte – dont un chrétien – préservés dans l’ancienne capitale Kharakhorum. C’est donc presque naturellement que vous êtes parvenus à la liberté de pensée et de religion, entérinée par votre Constitution actuelle ; après avoir surmonté, sans effusion de sang, l’idéologie athée qui croyait devoir éradiquer le sens religieux, le considérant comme un frein au développement, vous vous reconnaissez aujourd’hui dans cette valeur essentielle d’harmonie et de synergie entre croyants de différentes confessions, qui – chacun de son point de vue – contribuent au progrès moral et spirituel.

La contribution des religions et de l’Église catholique

 

En ce sens, la communauté catholique mongolienne est heureuse de continuer à apporter sa propre contribution. Elle a commencé, il y a un peu plus de trente ans, à célébrer sa foi précisément à l’intérieur d’une ger et même la cathédrale actuelle, qui se trouve dans cette grande ville, en rappelle la forme. Ce sont des signes du désir de partager son œuvre, dans un esprit de service responsable et fraternel avec le peuple mongol, qui est son peuple. Je me réjouis donc que la communauté catholique, aussi petite et discrète soit-elle, participe avec enthousiasme et engagement à la croissance du pays, en diffusant la culture de la solidarité, la culture du respect de tous et la culture du dialogue interreligieux, et en œuvrant pour la justice, la paix et l’harmonie sociale. Je souhaite que, grâce à une législation clairvoyante et attentive aux besoins concrets, les catholiques locaux, aidés par des hommes et des femmes consacrés nécessairement provenant principalement d’autres pays, puissent toujours offrir sans difficulté leur contribution humaine et spirituelle à la Mongolie, au bénéfice de ce peuple. À cet égard, la négociation en cours pour la conclusion d’un accord bilatéral entre la Mongolie et le Saint-Siège représente un canal important pour atteindre ces conditions essentielles au déroulement des activités ordinaires dans lesquelles l’Église catholique est engagée. Parmi celles-ci, outre la dimension plus proprement religieuse du culte, se distinguent les nombreuses initiatives de développement humain intégral, déclinées également dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’assistance, de la recherche et de la promotion culturelle : elles témoignent bien de l’esprit humble, l’esprit fraternel et solidaire de l’Évangile de Jésus, unique voie que les catholiques sont appelés à suivre sur le chemin qu’ils partagent avec tous les peuples.

« Espérer ensemble« 

La devise choisie pour ce Voyage, « Espérer ensemble« , exprime précisément le potentiel inhérent à la marche avec l’autre, dans le respect mutuel et la synergie en vue du bien commun. L’Église catholique, institution ancienne et répandue dans presque tous les pays, témoigne d’une tradition spirituelle, d’une tradition noble et féconde qui a contribué au développement de nations entières dans de nombreux domaines de la vie humaine, de la science à la littérature, de l’art à la politique. Je suis certain que les catholiques mongols sont aussi et seront prêts à apporter leur contribution à la construction d’une société prospère et sûre, en dialogue et en collaboration avec toutes les composantes qui habitent cette grande terre bénie du ciel.

« Sois comme le ciel ».

Par ces mots, un célèbre poète invitait à transcender le caractère éphémère des vicissitudes terrestres, en imitant la magnanimité inspirée précisément par l’immense et limpide ciel bleu qui se contemple en Mongolie. Nous aussi, aujourd’hui, pèlerins et invités dans ce pays qui peut tant offrir au monde, nous désirons répondre à cette invitation, en la traduisant en signes concrets de compassion, de dialogue et de projet commun. Puissent les différentes composantes de la société mongole, bien représentées ici, continuer à offrir au monde la beauté et la noblesse d’un peuple unique. Tout comme votre écriture, puissiez-vous ainsi rester « debout » et soulager tant de souffrances humaines autour de vous, en rappelant à tous la dignité de chaque être humain, appelé à habiter la maison terrestre en étreignant le ciel. Bayarlalaa ! [merci !].


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Voyage apostolique du Pape en Mongolie

Voyage apostolique du Pape en Mongolie

Pape en Mongolie - espérer ensemble
Pape en Mongolie – espérer ensemble

Le Pape François se rend en Mongolie du 31 août au 4 septembre prochain. Dans le programme de ce voyage apostolique, le Pape rencontre les autorités de ce pays d’Asie centrale, la société civile, ainsi que l’ensemble du clergé. À cette occasion sera inaugurée la Maison de la miséricorde. Ce voyage apostolique répond à «l’invitation du président de la Mongolie et des autorités ecclésiastiques

Le jeudi 31 août, le Pape a quitté le soir l’aéroport international de Fiumicino pour se rendre à Oulan-Bator, la capitale de la Mongolie, où son avion a atterri ce matin vendredi 1er septembre à l’aéroport international Gengis Khan. Il a été accueilli par la ministre des Affaires étrangères, Battsetseg Batmunkh, tandis qu’une jeune femme mongole en costume traditionnel lui offrait une coupe de yaourt séché.

Le Souverain pontife a ensuite pris la route pour la préfecture apostolique, distante d’une cinquantaine de kilomètres et située dans la partie sud de la capitale Oulan-Bator. C’est là qu’il résidera au cours de son séjour. Aucune activité publique du Pape n’est prévue pour le reste de la journée.

Samedi 2 septembre aura lieu la cérémonie de bienvenue à Sukhbaatar, la place centrale d’Oulan-Bator. Une visite de courtoisie au président du pays, Ukhnaagiin Khürelsükh, se tiendra à 9h30 au Palais d’État d’Oulan-Bator.

Lors d’une rencontre à 10h20 avec les autorités, la société civile et le corps diplomatique, le Saint-Père prononcera son premier discours dans la salle du palais « Ikh Mongol ». À 11 heures, le Pape François échangera avec le président du Grand Khoural d’État, le Parlement de Mongolie, puis à 11h10, avec le Premier ministre.

Dans l’après-midi, les activités du Pape se poursuivront avec la rencontre des évêques, prêtres, missionnaires, personnes consacrées et agents pastoraux dans la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Mongolie, où le Pape François prononcera un discours.

Dimanche 3 septembre, au théâtre Hun, aura lieu à 10 heures la rencontre œcuménique et interreligieuse avec un discours du Souverain pontife. Puis à 16h00 la célébration eucharistique au Steppe Arena.

Lundi 4 septembre, dernier jour de la visite du Pape dans ce pays d’Asie centrale à majorité bouddhiste, les travailleurs de la charité seront avec le Pape François à 9h30. À cette occasion sera inaugurée la Maison de la Miséricorde. François y prononcera son dernier discours.

À 11H30, se tiendra la cérémonie d’adieu à l’aéroport international d’Oulan-Bator. Le Pape quittera la Mongolie à 12h00 pour regagner Rome, avec une arrivée prévue à 17h20, heure locale.

La devise « Espérer ensemble« 

En choisissant la devise, « Espérer ensemble », a été soulignée la double signification du voyage apostolique du Saint-Père en Mongolie, à savoir une visite pastorale et une visite d’État, le choix s’est porté sur une vertu purement chrétienne (l’espérance), mais aussi largement partagée dans les milieux non chrétiens, en l’associant au mot «ensemble» pour souligner l’importance de la coopération bilatérale entre le Saint-Siège et la Mongolie.

Cette devise représente un idéal commun et un élément qui peut caractériser ce voyage apostolique: la présence du Saint-Père représente pour cette petite partie du peuple de Dieu un signe de grande espérance et d’encouragement et, d’autre part, l’Église qui est en Mongolie, avec sa petitesse et sa marginalité, peut offrir un signe d’espérance pour l’Église universelle.

Le logo

Le logo montre au-dessus de l’écriture, la carte de la Mongolie, parsemée des couleurs rouge et bleue du drapeau national. À l’intérieur, une ger (maison traditionnelle mongole), d’où s’élève une fumée jaune (la couleur du Vatican). À droite de la ger se dresse une croix. La ger (l’habitat traditionnel des Mongols) et la croix sont contenus entre deux écritures verticales, en langue traditionnelle mongole, qui reprennent la devise « Espérer ensemble ».

Prier et servir dans la joie : Kateri Tekakwitha, première sainte autochtone nord-américaine

Prier et servir dans la joie :
Kateri Tekakwitha, première sainte autochtone nord-américaine

Durant sa catéchèse lors de l’audience générale du mercredi 30 août, le Pape François a parlé de la figure de Kateri Tekakwitha, la première femme autochtone nord-américaine à avoir été canonisée. En prenant exemple sur la dévotion totale de cette sainte pour la croix, le Saint-Père nous appelle à nous engager avec un cœur sans partage dans la vocation et la mission» confiée par Dieu.
PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI
Mercredi 30 août 2023

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Résumé de la catéchèse

– La passion pour l’évangélisation : le zèle apostolique du croyant

– 19. Prier et servir dans la joie : Kateri Tekakwitha, première sainte autochtone nord-américaine

Chers frères et sœurs,

aujourd’hui nous poursuivons notre catéchèse sur le zèle et la passion apostolique grâce à la figure de sainte Kateri Tekawitha, première sainte autochtone d’Amérique du Nord au XVIIe siècle. Seule sa mère, d’une tribu différente de celle de son père, était baptisée et c’est elle qui apprit à Kateri à prier et à chanter Dieu.

Mais une épidémie de variole rendit la petite orpheline ; elle garda même toute sa vie des marques sur son visage et une vue très abîmée. Après le baptême, reçu a 20 ans, l’engagement de Kateri dans la mission des pères jésuites auprès des enfants et des personnes malades ou âgées, comme sa manière de servir humblement, de prier ou de supporter ses croix, faisait l’édification de tous et manifestait clairement un grand zèle apostolique.

Son désir de se donner totalement à Dieu l’amena à émettre un vœu de virginité à l’âge de 23 ans, une année avant sa mort précoce. La courte vie de Kateri Katewitha révèle la joie silencieuse et la liberté d’une vie ouverte au Seigneur et aux autres dans un quotidien tout donné.

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Catéchèse

Chers frères et sœurs, bonjour !

Maintenant, poursuivant notre catéchèse sur le thème du zèle apostolique et de la passion pour l’annonce de l’Évangile, regardons aujourd’hui sainte Kateri Tekakwitha, la première femme autochtone d’Amérique du Nord à être canonisée.

Née vers 1656 dans un village du nord de l’État de New York, elle était la fille d’un chef mohawk non baptisé et d’une mère chrétienne algonquienne, qui a appris à Kateri à prier et à chanter des hymnes à Dieu. Beaucoup d’entre nous ont également été présentés au Seigneur pour la première fois au sein de la famille, notamment par nos mères et nos grands-mères.

C’est ainsi que commence l’évangélisation et en effet, ne l’oublions pas, la foi est toujours transmise en dialecte par les mères et les grands-mères. La foi doit se transmettre en dialecte et nous la recevons dans ce dialecte des mères et des grands-mères.

L’évangélisation commence souvent ainsi : par des petits gestes simples, comme celui des parents qui aident leurs enfants à apprendre à parler à Dieu dans la prière et qui leur parlent de son grand et miséricordieux amour. Et les fondements de la foi de Kateri, et souvent aussi de nous, ont été posés de cette manière. Elle l’avait reçu de sa mère en dialecte, le dialecte de la foi.

Quand Kateri avait quatre ans, une grave épidémie de variole a frappé son peuple. Ses parents et son jeune frère sont morts, et Kateri elle-même s’est retrouvée avec des cicatrices au visage et des problèmes de vision.

À partir de ce moment, Kateri dut faire face à de nombreuses difficultés : certes physiques, dues aux effets de la variole, mais aussi aux incompréhensions, aux persécutions et même aux menaces de mort qu’elle subit après son baptême le dimanche de Pâques 1676. Tout cela, il donna à Kateri un grand amour pour la croix, signe définitif de l’amour du Christ, qui s’est donné jusqu’au bout pour nous.

En effet, le témoignage de l’Évangile ne concerne pas seulement ce qui est agréable ; il faut aussi savoir porter nos croix quotidiennes avec patience, confiance et espérance. Patience, face aux difficultés, aux croix : la patience est une grande vertu chrétienne. Celui qui n’a pas de patience n’est pas un bon chrétien.

La patience de tolérer : tolérer les difficultés et aussi tolérer les autres, qui parfois nous ennuient ou nous posent des difficultés… La vie de Kateri Tekakwitha nous montre que chaque défi peut être surmonté si nous ouvrons notre cœur à Jésus, qui nous accorde la grâce dont nous avons besoin : de la patience et un cœur ouvert à Jésus, voilà une recette pour bien vivre.

Après avoir été baptisée, Kateri doit se réfugier chez les Mohawks dans la mission jésuite près de la ville de Montréal. Là, elle assiste à la messe tous les matins, consacre du temps à l’adoration devant le Saint-Sacrement, récite le Rosaire et mène une vie de pénitence.

Ses pratiques spirituelles ont impressionné tout le monde à la Mission ; ils ont reconnu en Kateri une sainteté qui attirait parce qu’elle naît de son amour profond pour Dieu : c’est typique de la sainteté d’attirer. Dieu nous appelle par attraction, il nous appelle avec ce désir d’être proche de nous et elle a ressenti cette grâce d’attraction divine.

En même temps, elle a enseigné aux enfants de la Mission à prier et, à travers l’accomplissement constant de ses responsabilités, y compris le soin des malades et des personnes âgées, elle a donné l’exemple d’un service humble et aimant envers Dieu et le prochain. La foi s’exprime toujours dans le service. La foi n’est pas pour se constituer soi-même, l’âme : non ; c’est servir.

Même si elle a été encouragée à se marier, Kateri a plutôt voulu consacrer pleinement sa vie au Christ. Ne pouvant entrer dans la vie consacrée, elle fait vœu de virginité perpétuelle le 25 mars 1679. Ce choix révèle un autre aspect de son zèle apostolique : le dévouement total au Seigneur.

Bien sûr, tout le monde n’est pas appelé à faire le même vœu que Kateri ; cependant, chaque chrétien est appelé chaque jour à s’engager de tout son cœur dans la vocation et la mission que Dieu lui a confiées, en le servant ainsi que son prochain dans un esprit de charité.

Chers frères et sœurs, la vie de Kateri témoigne encore une fois que le zèle apostolique implique à la fois une union avec Jésus, nourrie par la prière et les sacrements, et le désir de diffuser la beauté du message chrétien à travers la fidélité à sa vocation particulière. Les derniers mots de Kateri sont magnifiques. Avant de mourir, elle a dit : « Jésus, je t’aime ».

Nous aussi, puisant la force du Seigneur, comme l’a fait sainte Kateri Tekakwitha, apprenons à accomplir des actions ordinaires de manière extraordinaire et à grandir ainsi chaque jour dans la foi, la charité et le témoignage zélé du Christ.

Ne l’oublions pas : chacun de nous est appelé à la sainteté, à la sainteté du quotidien, à la sainteté de la vie chrétienne commune. Chacun de nous a cette vocation : avançons sur ce chemin. Le Seigneur ne nous laissera pas tomber.
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Je salue cordialement les pèlerins de langue française présents à cette audience, notamment les sœurs de la Présentation de Marie qui tiennent leur chapitre général dans la lumière de la canonisation récente de leur fondatrice Marie Rivier.

Chers frères et sœurs, puissiez-vous vous laisser prendre par le zèle et la passion apostolique que l’Esprit saint insuffle à toute époque à ceux qui aiment Dieu et le mettent au-dessus de tout.

Que Dieu vous bénisse !
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APPEL

Après-demain, 1er septembre, est célébrée la Journée mondiale de prière pour le soin de la création, inaugurant le « Temps de la création » qui durera jusqu’au 4 octobre, fête de saint François d’Assise. A cette date, j’ai l’intention de publier une Exhortation, un deuxième Laudato si’.

Rejoignons nos frères et sœurs chrétiens dans notre engagement à prendre soin de la création en tant que don sacré du Créateur. Il est nécessaire de se tenir aux côtés des victimes de l’injustice environnementale et climatique, en s’efforçant de mettre fin à la guerre insensée contre notre Maison commune. J’exhorte tout le monde à travailler et à prier pour qu’il regorge à nouveau de vie.

J’adresse une pensée aux jeunes, aux malades, aux personnes âgées et aux jeunes mariés. Seul le Christ possède les paroles de la vie éternelle : je souhaite donc que vous le suiviez toujours avec un cœur ouvert et enthousiaste et que vous en rendiez témoignage chaque jour de votre vie.

Et s’il vous plaît, renouvelons notre proximité et nos prières pour l’Ukraine chère et tourmentée, si éprouvée par de grandes souffrances.

À vous tous, ma bénédiction.


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Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse