Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Aux cardinaux : courage et compassion

22-02-2014 source : Radio Vatican

Un Consistoire ordinaire public présidé par le Pape François pour la création de 19 nouveaux cardinaux s’est déroulé ce samedi matin en la Basilique Saint-Pierre, en présence du Pape émérite Benoît XVI. Seize nouveaux électeurs (moins de 80 ans, en cas de Conclave) entrent au Sacré collège, et trois autres sont des nouveaux cardinaux émérites sans droit de vote, à l’issue de ce premier consistoire du pape François, élu le 13 mars dernier. Le Pape François avait auparavant tenu une très belle homélie sur la mission des cardinaux. En voici le texte intégral en français :

« Jésus marchait devant eux… » (Mc 10,32)

Jésus marche devant nous aussi, en ce moment. Il est toujours devant nous. Il nous précède et nous ouvre la voie… Et c’est notre confiance et notre joie : être ses disciples, demeurer avec lui, marcher derrière lui, le suivre…

Quand nous avons célébré ensemble la première Messe dans la Chapelle Sixtine, « marcher » a été la première parole que le Seigneur nous a proposée : marcher, et ensuite construire et confesser.

Aujourd’hui cette parole revient, mais comme un acte, comme l’action de Jésus qui continue : « Jésus marchait… ». Cela nous frappe dans les Évangiles : Jésus marche beaucoup, il instruit les siens au long du chemin. C’est important. Jésus n’est pas venu pour enseigner une philosophie, une idéologie… mais une « voie », une route à parcourir avec lui, et la route s’apprend en la faisant, en marchant. Oui, chers Frères, voilà notre joie : marcher avec Jésus.

Mais ce n’est pas facile, ce n’est pas confortable, parce que la route que Jésus choisit est celle de la Croix. Alors qu’ils sont en chemin, il parle à ses disciples de ce qui va arriver à Jérusalem : il annonce sa passion, sa mort et sa résurrection. Alors ils sont « stupéfaits » et « remplis de crainte ». Stupéfaits, bien sûr, parce que, pour eux, monter à Jérusalem voulait dire participer au triomphe du Messie, à sa victoire – on le voit ensuite dans la demande de Jacques et de Jean ; et remplis de crainte pour ce que Jésus allait devoir subir, et aussi pour ce que eux risquaient de subir.

A la différence des disciples d’alors, nous savons que Jésus a vaincu, et nous ne devrions pas avoir peur de la Croix ; bien plus, dans la Croix nous avons notre espérance. Cependant, nous sommes nous aussi humains, pécheurs, et nous sommes exposés à la tentation de penser à la manière des hommes et non de Dieu.

Et quand on pense à la manière du monde, quel est la conséquence ? « Les dix autres se mirent à s’indigner contre Jacques et Jean » (v. 41). Ils s’indignent. Si la mentalité du monde prend le dessus, surgissent les rivalités, les jalousies, les factions …

Alors, cette parole que le Seigneur nous adresse aujourd’hui est très salutaire ! Elle nous purifie intérieurement, elle fait la lumière dans nos consciences, elle nous aide à nous mettre pleinement en accord avec Jésus, et à le faire ensemble, au moment où le Collège des Cardinaux s’agrandit par l’entrée de nouveaux membres.

« Jésus les appela près de lui… » (Mc 10,42). Voici l’autre geste du Seigneur. Le long du chemin, il se rend compte qu’il y a besoin de parler aux douze, il s’arrête et les appelle à lui. Frères, laissons le Seigneur Jésus nous appeler à lui ! Laissons-nous convoquer par lui. Et écoutons-le, dans la joie d’accueillir ensemble sa Parole, de nous laisser instruire par elle et par le Saint Esprit, pour devenir toujours plus un seul cœur et une seule âme, autour de lui.

Et alors que nous sommes ainsi convoqués, « appelés près de lui » par notre unique Maître, moi aussi je vous dis ce dont l’Église a besoin : elle a besoin de vous, de votre collaboration, et plus encore de votre communion, communion avec moi et entre vous. L’Église a besoin de votre courage, pour annoncer l’Évangile en toute occasion, opportune ou inopportune, et pour rendre témoignage à la vérité.

L’Église a besoin de votre prière pour le bon cheminement du troupeau du Christ, la prière qui, avec l’annonce de la Parole, est la première tâche de l’Évêque. L’Église a besoin de votre compassion surtout en ce moment de douleur et de souffrance dans de nombreux pays du monde. Nous voulons exprimer notre proximité spirituelle à toutes les communautés ecclésiales et à tous les chrétiens qui souffrent de discriminations et de persécutions. L’Église a besoin de notre prière pour eux, afin qu’ils soient forts dans la foi et qu’ils sachent réagir au mal par le bien. Et notre prière s’étend à tout homme et à toute femme qui subit l’injustice à cause de ses convictions religieuses.

L’Église a besoin de nous aussi pour que nous soyons des hommes de paix et fassions la paix par nos œuvres, nos désirs, nos prières : pour cela invoquons la paix et la réconciliation pour les peuples qui en ces temps sont éprouvés par la violence et par la guerre.

Merci, Frères très chers ! Marchons ensemble derrière le Seigneur, et laissons-nous toujours davantage convoquer par lui, au milieu du peuple fidèle, de la sainte Mère Église.

Qu’est-ce qu’une foi sans oeuvres ?

21-02-2014 source : Radio Vatican

« Une foi qui ne porte pas ses fruits à travers des œuvres, ce n’est pas la foi ». C’est par cette affirmation que le Pape François a commencé son homélie lors de la Messe célébrée ce vendredi matin à la chapelle de la maison Sainte Marthe. Le Pape a célébré la messe en l’honneur des 90 ans du cardinal Silvano Piovanelli, archevêque émérite de Florence, en le remerciant « pour son travail, son témoignage et sa bonté ».

Le monde est plein de chrétiens qui récitent allégrement les paroles du credo mais les mettent très peu en pratique. Ou d’érudits plongés dans la théologie, sans que leur connaissance ne se reflète concrètement dans leur vie. C’est un risque que Saint Jacques craignait déjà il y a deux mille ans et que le Pape François reprend dans l’homélie, en commentant le passage où l’apôtre en parle dans sa lettre. « Son affirmation est claire : la foi qui ne porte pas de fruits dans la vie, une foi qui ne porte pas ses fruits à travers les œuvres, n’est pas la foi » :

La foi n’est pas théorique, elle est pratique

« Nous nous trompons aussi tant de fois à ce propos : nous entendons dire ‘Mais moi, j’ai tant de foi ‘. ‘ Je crois tout, tout… ‘. Et peut-être que la personne qui dit cela a une vie calme, tranquille. Sa foi est comme une théorie , mais elle n’est pas vivante dans sa vie. L’apôtre Jacques, lorsqu’il parle de la foi, il parle vraiment de la doctrine, de ce qu’est le contenu de la foi. Vous pouvez connaître tous les commandements, toutes les prophéties, toutes les vérités de foi mais si cela ne porte pas à la pratique, aux œuvres, cela ne sert à rien. Nous pouvons réciter le credo théoriquement , même sans la foi et il y a tant de personnes qui en font autant. Même les démons ! Les démons connaissent très bien ce qui se dit dans le credo et ils savent que c’est la vérité ».

Les paroles du Pape François font écho à l’affirmation de Saint-Jacques : « Tu crois qu’il n’y a qu’un seul Dieu ? Tu fais bien ; même les démons le croient et tremblent ». La différence, c’est que les démons « n’ont pas la foi », parce que « avoir la foi n’est pas une connaissance », mais bien « recevoir le message de Dieu » porté par le Christ. Dans l’Évangile se trouvent deux signes révélateurs de celui qui « sait ce qu’il doit croire mais qui n’a pas la foi ». Le premier signe est la « casuistique » , représentée par ceux qui demandaient à Jésus s’il était licite de payer les taxes ou lequel des sept frères du mari aurait dû épouser la femme qui était devenue veuve. Le second signe est « l’idéologie » :

La foi et le témoignage ne font qu’un

« Les chrétiens qui envisagent la foi comme un système d’idées, idéologique : il y en avait aussi au temps de Jésus. L’apôtre Jean déclare à propos d’eux qu’ils sont l’antéchrist, les idéologues de la foi, de quelque signe qu’ils soient. À cette époque, il y avait les agnostiques mais il y en aura tellement…Et ainsi, ceux qui tombent dans la casuistique ou ceux qui tombent dans l’idéologie sont des chrétiens qui connaissent la doctrine mais sans la foi, comme les démons. Avec la différence que ceux-là tremblent et ceux-ci, non : ils vivent tranquilles ».

Au contraire, dans l’Évangile, il y a aussi des exemples de « personnes qui ne connaissent pas la doctrine mais qui ont tant de foi ». La Cananéenne, par sa foi, guérit sa fille et la samaritaine ouvre son cœur parce que « elle n’a pas rencontré de vérités abstraites », mais « Jésus Christ ». Et encore, l’aveugle guéri par Jésus et qui, pour ce motif, est interrogé par les pharisiens et les docteurs de la loi jusqu’à ce qu’il se mette à genoux avec simplicité et adore celui qui l’a guéri. Trois personnes qui démontrent comment la foi et le témoignage sont indissolubles :

« La foi mène toujours au témoignage. La foi est une rencontre avec Jésus Christ, avec Dieu, et de là, elle naît et te mène au témoignage. C’est ce que l’apôtre veut dire : une foi sans œuvres, une foi qui ne t’implique pas, qui ne te mène pas au témoignage, n’est pas la foi. Ce sont des paroles et rien de plus que des paroles ».

Pour suivre Jésus, pas assez le catéchisme

20-02-2014 source : Radio Vatican

Pour répondre à la question posée par le Christ lui-même sur ce qu’Il est pour chacun de nous « ce que nous avons appris et étudié dans le catéchisme n’est pas suffisant, même s’il reste important d’étudier et de savoir, mais ce n’est pas suffisant ». Le Pape François , ce jeudi matin, dans l’homélie de la messe célébrée à la Maison Sainte Marthe,a  rappelé ainsi l’importance du « cœur » dans le rapport des croyants avec Jésus.

Commentant la lecture de l’Évangile du jour, le Pape a dit que « pour connaître Jésus il est nécessaire de parcourir le chemin de Pierre », qui « après l’humiliation que lui a fait subir Jésus qui le compare à Satan, à cause de sa manière de raisonner ‘selon les hommes’, « a suivi Jésus, a vu les miracles que Jésus accomplissait, a vu son pouvoir, puis a payé les taxes, comme Jésus le lui avait dit, a péché un poisson, et vu tellement de miracles de ce genre.» « Mais, à un certain moment, Pierre a renié Jésus, il a trahi Jésus, et il a appris cette si difficile science, ou mieux, cette sagesse des larmes et des pleurs ».

Il faut adopter un parcours de disciple

« Cette première question : ‘Qui suis-je pour vous, pour toi ?’ adressée à Pierre, peut se comprendre seulement chemin faisant, après une longue route, faite de grâce et de péché, un parcours de disciple. Jésus à Pierre et à ses disciples n’a pas dit : ‘Fais ma connaissance’, non il a dit ‘Suis-moi’. C’est en suivant Jésus que l’on peut connaître Jésus. Pour suivre Jésus avec nos vertus, mais aussi nos péchés, mais suivre toujours Jésus, ce n’est pas étudier les choses que nous avons besoin mais bien d’une vie de disciple ».

« Connaître Jésus est un don du Père. C’est Lui qui nous fait connaître Jésus ; c’est une œuvre de l’Esprit Saint, qui est un grand travailleur. Ce n’est pas un syndicaliste, c’est un grand travailleur et il travaille en nous, toujours. Il réalise ce travail de nous expliquer le mystère de Jésus, et de nous donner ce sens du Christ. Regardons Jésus, Pierre, les apôtres, et entendons dans notre cœur cette question :’Qui suis-je pour toi ? ‘ ».