Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Louez le nom du Seigneur

Louez le nom du Seigneur

Lecture:  Ps 112, 1-4.7.9

Donnée il y a 20 ans exactement, relisons avec profit la méditation de ce psaume de louange  faite par le défunt Pape Benoît XV. 

Chers frères et sœurs,

Avant de commencer une brève interprétation du Psaume qui vient d’être chanté, je voudrais rappeler que c’est aujourd’hui l’anniversaire de notre bien-aimé Pape Jean-Paul II. Il aurait fêté 85 ans et nous sommes sûrs que, d’En-haut, il nous voit et il est avec nous. En cette occasion nous voulons profondément remercier le Seigneur pour le don de ce Pape et nous voulons dire merci au Pape lui-même pour tout ce qu’il a fait et souffert. [nous pouvons faire mémoire à cette occasion du Pape Benoit XVI et aussi du Pape François].

  1. Le Psaume 112 vient de retentir dans sa simplicité et sa beauté, constituant une véritable porte d’entrée à un petit recueil de Psaumes allant du 112 au 117, conventionnellement appelé le « Hallel égyptien ». C’est l’alleluia, c’est-à-dire le chant de louange, qui exalte la libération de l’esclavage du pharaon et la joie d’Israël à servir le Seigneur en liberté sur la terre promise (cf.Ps 113).

Ce n’est pas pour rien que la tradition juive avait relié cette série de Psaumes à la liturgie pascale. La célébration de cet événement, selon ses dimensions historiques, sociales et surtout spirituelles, était ressentie comme un signe de la libération du mal, dans la multiplicité de ses manifestations.

Le Psaume 112 est un bref hymne qui, dans l’original hébreu, ne comporte qu’une soixantaine de paroles, toutes empreintes de sentiments de confiance, de louange, de joie.

  1. La première strophe (cf. Ps 112, 1-3) exalte le « nom de Yahvé » qui – comme on le sait – indique dans le langage biblique la personne même de Dieu, sa présence vivante et agissante dans l’histoire humaine.

A trois reprises, avec une insistance passionnée, retentit « le nom de Yahvé » au centre de la prière d’adoration. Tout l’être et le temps tout entier – « du lever du soleil à son coucher », dit le Psalmiste (v. 3) – participe à une unique action de grâce. C’est comme si un souffle incessant s’élevait de la terre vers le ciel pour exalter le Seigneur; Créateur du cosmos et Roi de l’histoire.

  1. C’est précisément à travers ce mouvement vers le haut que le Psaume nous  conduit au mystère divin. La deuxième partie (cf. vv. 4-6) célèbre, en effet, la transcendance du Seigneur, décrite par des images verticales qui dépassent le simple horizon humain. On proclame:  le Seigneur est « très haut », il « s’élève pour siéger », et personne ne peut l’égaler; même pour regarder les cieux il doit se « baisser » car « plus haut que tous les cieux, sa gloire » (v. 4).

Le regard divin se dirige sur toute la réalité, sur les êtres terrestres et sur les êtres célestes. Toutefois, ses yeux ne sont pas hautains et détachés, comme ceux d’un empereur distant. Le Seigneur – dit le Psalmiste – « s’abaisse pour voir » (v. 6).

  1. On passe ainsi au dernier mouvement du Psaume (cf. vv. 7-9), qui déplace l’attention des hauteurs célestes jusqu’à notre horizon terrestre. Le Seigneur se baisse avec prévenance sur notre petitesse et notre indigence, qui nous inciterait à nous replier avec crainte. Il va directement, avec son regard plein d’amour et son engagement efficace, vers les derniers et les misères du monde:  « De la poussière il relève le faible, du fumier il retire le pauvre » (v. 7).

Dieu se penche donc sur les indigents et ceux qui souffrent pour les réconforter et cette parole trouve sa dernière force, son dernier réalisme dans le moment où Dieu se penche au point de s’incarner, de devenir l’un de nous, et précisément l’un des pauvres du monde. Il confère au pauvre le plus grand honneur, celui de s' »asseoir au rang des princes »; oui, « au rang des princes de son peuple » (v. 8).

A la femme seule et stérile, humiliée par la société de l’Antiquité comme si elle était une branche sèche et inutile, Dieu donne l’honneur et la grande joie d’avoir de nombreux enfants (cf. v. 9). Le Psalmiste loue donc un Dieu bien différent de nous dans sa grandeur, mais en même temps très proche de ses créatures qui souffrent.

Il est facile de découvrir dans ces versets finaux du Psaume 112, la préfiguration des paroles de Marie dans le Magnificat, le cantique des choix de Dieu « qui a jeté les yeux sur l’humilité de sa servante ». Plus radicale que notre Psaume, Marie proclame que Dieu « a renversé les potentats de leur trône et élevé les humbles » (cf. Lc 1, 48-52; cf. Ps 112, 6-8).

  1. Un « Hymne vespéral » très ancien, conservé dans ce qu’on appelle les Constitutions des Apôtres (VII, 48), reprend et développe le début joyeux de notre Psaume. Nous le rappelons ici, au terme de notre réflexion, pour mettre en lumière la relecture « chrétienne » que la communauté des débuts faisait des Psaumes:  « Louez, enfants, le Seigneur, / louez le nom du Seigneur. / Nous te louons, nous te chantons, nous te bénissons / pour ta gloire immense. / Seigneur roi, Père du Christ agneau immaculé, /qui enlève le péché du monde. / A toi revient la louange, à toi l’hymne, à toi la gloire, / à Dieu le Père, par l’intermédiaire du Fils dans l’Esprit Saint / pour les siècles des siècles. Amen » (S. Pricoco – M. Simonetti,La prière des chrétiens, Milan 2000, p. 97).

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Vous aussi, faites monter vers le Seigneur votre action de grâces, car il n’oublie aucun de vous!

BENOÎT XVI AUDIENCE GÉNÉRALE Mercredi 18 mai 2005

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REGARDONS LE M DE NOTRE MÉDAILLE

25 MAI

REGARDONS LE M DE NOTRE MÉDAILLE

Remarquons que la Croix repose en quelque sorte sur le M de la Médaille, le monogramme de Marie. On ne peut les séparer. Quel émouvant symbole ! Notre Rédemption est due à Jésus, mais Marie y est présente. Le Christ a voulu que sa Mère fût intimement mêlée à ce mystère de la Rédemption comme elle avait participé largement à celui de l’Incarnation.

Quoi d’étonnant dès lors que la Sainte Vierge soit si puissante ? Nous l’avons contemplée les mains chargées de grâces ; nous la voyons maintenant à la source même de l’acquisition de toutes ces grâces. Non seulement elle les dispense avec son Fils, mais elle les acquiert avec lui sur le Calvaire. Voilà la raison profonde pour laquelle elle a voulu fixer l’initiale de son nom au-dessous du signe de notre Rédemption.

Ne participons jamais au la sainte eucharistie sans nous unir profondément à la Vierge Marie. Par elle, avec elle, nous comprendrons mieux les saints mystères, nous y participerons plus activement, nous en profiterons doublement. Que le nom de Marie soit gravé dans notre cœur comme sur notre Médaille ; qu’il soit toujours prêt à jaillir de nos lèvres, toujours présent à notre souvenir !

PRIÈRE

O ma Mère, votre monogramme fixé tout auprès de la Croix de votre Fils me prouve éloquemment que vous êtes toujours là pour m’accueillir avec amour, surtout aux heures pénibles de la vie où je sens moi-même le poids de la Croix peser sur mes épaules.

Faites-moi comprendre que vous attendez de chaque chrétien une participation au grand travail de la Rédemption du monde et que vous recueillez chacune des souffrances acceptées dans un esprit chrétien pour les offrir vous-même à votre Fils et préparer notre place dans le ciel.

Que ces pensées si consolantes illuminent toujours chacun de mes pas jusqu’au dernier jour de ma vie. Ainsi soit-il !

Ô MARIE, CONÇUE SANS PÉCHÉ, PRIEZ POUR NOUS QUI AVONS RECOURS A VOUS !

+P. BAETEMAN

 

LA MÈRE DU GENRE HUMAIN

LA MÈRE DU GENRE HUMAIN

Jésus rencontre sa Mère Chemin de Croix Chapelle ND de la Médaille Miraculeuse Paris
Jésus rencontre sa Mère Chemin de Croix Chapelle Notre-Dame de la Médaille Miraculeuse Paris

Dans l’ordre de la vie surnaturelle, Dieu est notre Père en raison de notre solidarité avec son Christ, qu’il a engendré de Marie à la vie de la nature. De la même manière, Marie est notre Mère, comme chrétiens, au nom de notre solidarité avec le Fils qu’elle a engendré à la vie de ce monde.

On peut la dire, de ce fait, deux fois maternelle, ou une seule, suivant qu’on met à part l’individualité de Jésus ou qu’on l’agrège à cette vaste solidarité en laquelle il a voulu se confondre. Dans les deux cas, Marie est Mère du genre humain en quelque sorte avant d’être mère du Christ, puisqu’elle n’a été appelée à être la Mère du Christ que pour sauver le genre humain.

Quel honneur, par elle, revient à notre race ! Elle est celle « par qui nous avons mérité de mettre au monde l’Auteur de la vie », dit la liturgie. C’est un honneur solidaire que nous avons en cette Mère admirable.

Le fait qu’elle est Mère des hommes et alliée à tous les hommes, fait que par elle l’humanité est mère de Dieu, comme, par le Christ, elle est une avec Dieu. Car Dieu, par le Christ et en le Christ, est bien l’un de nous, et le Christ nous vient de la Vierge.

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Fille de Dieu, Mère de la race humaine, ton Fils Jésus n’est que le premier de tes fils, le premier des « enfants de Marie »; au delà de lui, il y a devant toi toute ta race, et Dieu, en posant sur toi ses regards, nous voit tous entre tes bras.

Oh ! certes, la différence est grande entre le Fils et les fils de cette Mère ; pourtant, ils ne se séparent point. Eve innocente, se tournant vers l’avenir humain et le désignant tout entier, aurait pu dire : mon peuple ; la nouvelle Eve peut tenir le même langage. Elle aussi est la « Mère des vivants ». Par l’adoption du cœur, mais aussi par vocation initiale, elle est la Mère de l’humanité nouvelle engendrée à la croix avec son concours.

Elle est Mère par son mérite universel comme par son amour ; elle est une associée du mérite rédempteur et, à son rang éminent, elle le partage. Nous-mêmes ne le partageons-nous pas ? Si nous avons le pouvoir, au dire de saint Paul, d’« ajouter ce qui manque à la Passion du Christ », la Vierge, en premier et à l’égard du tout, cette fois, est méritante et coopératrice.

Ce privilège, exclusif par son éminence, n’en est pas moins au service de tous. Et il a ceci de singulier qu’il est empreint d’une criante partialité en faveur des rôles bienveillants, au détriment, dirait-on, des droits de la justice.

Jésus, lui, est notre frère en même temps que notre juge, et il est donc en quelque sorte juge et partie; mais enfin il est juge, et le juge, en lui, ne peut-il éventuellement gêner le frère ? Marie est notre sœur seulement, notre Mère seulement ; elle n’a que faire de juger, elle aime.

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Comme saint Thomas le dit de Dieu, mais avec la nuance de partialité que j’exprime, elle nous aime non point parce que nous sommes aimables, mais pour que nous le soyons. Elle a la garde des innocents, qui lui ressemblent, et l’on dirait qu’elle s’acharne, pour peu qu’ils lui accordent leur confiance, à imprimer aux cœurs souillés la marque de son Fils.

Toi qui sais excuser les fautes des pécheurs, lui murmure Corneille : les excuser serait de peu ; elle veut les détruire. C’est par elle pour une grande part que l’Église jouit de cette extraordinaire puissance de résorber le mal et de le tourner en bien. La conversion est une des spécialités de la Vierge, et il est remarquable que la plupart des convertis ont pour elle une particulière tendresse.

Le partage du genre humain en bons et méchants est donc pour elle ce qu’est au pur rayon la neige ou la fange. Elle y voit une occasion de faveurs, non de rejet ou de flétrissure. L’axiome latin d’après lequel « le genre humain vit de peu de gens » n’a pas cours pour son cœur.

Le genre humain est sa famille ; il l’est dans tous ses êtres. Elle y dépense un amour distribué et un amour collectif. Elle est Mère de chaque humain et Mère de l’unité humaine, dont le Père est Dieu et l’aîné Jésus-Christ.

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On l’a appelée familièrement « Notre-Dame de tout le monde » : c’est bien cela ; on y songe surtout au regard de ces déshérités ou de ces irrités que guette le suicide moral, ou bien l’autre.

Ceux qui n’ont plus d’espoir en rien ni en personne, les aigris que toute force, même bienveillante, rebuterait, peuvent venir encore à cette tendre faiblesse, plus forte que la rancœur et que l’orgueil. On ne se rebute pas d’une Mère. Dégoûté de soi et de tout, on accueille pourtant ce regard sans exigence, et l’on consent à s’écrouler dans ces bras.

Mère de la collectivité humaine, Marie est Mère de la vie et de la mort, qui en marquent les phases essentielles. Elle protège les naissances et assiste aux départs tremblants. De tout berceau elle fait un berceau de Jésus; de l’instant si redoutable à notre crainte humaine, elle tire le sentiment d’un doux et lumineux passage.

Elle est Notre-Dame de la Bonne Mort. L’invoquer alors, pour soi ou pour les siens, c’est verser de la suavité dans ce que les vivants appellent des affres.

Marie est aussi la Mère des collectivités qui, parties du foyer, peu à peu s’élargissent. Elle est la Mère des familles, des groupes professionnels, des associations de tout genre qui se recommandent de sa protection, des peuples et des États assez bien inspirés pour lui consacrer un culte.

Elle sera un jour la Mère du genre humain entièrement socialisé, si ce Prodigue, revenu aux lois de la vraie vie, reconnaît enfin comme chef Celui qu’elle nous donne.

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Le vœu de Louis XIII, illustré par les arts, est à cet égard un noble symbole. Bien des cas similaires en pourraient appuyer l’exemple. L’élan des corporations et des communes au moyen âge, les pèlerinages nationaux modernes ont une même signification. Le « blanc manteau d’églises » qui couvre notre pays, manteau si souvent constellé de son chiffre, porte aussi témoignage.

Maternité reconnue; maternité beaucoup plus large encore que l’aveu humain et que la gratitude filiale, la maternité de Marie se propose et se proposera toujours. Rien ne saurait la décourager. Quand on nomme, dans les Litanies, la Porte du ciel, on sait bien qu’une telle porte n’est jamais fermée.

Venez, pèlerins de toutes les générations : cette arche vous invite ; à qui s’y engage elle marque la direction des vraies fins de toute créature : bonheur individuel, heureux échanges fraternels, postérité féconde, et même — car la Mère du genre humain étend jusqu’au milieu humain son empire — ordre final où tend, à travers ses crises pour nous incompréhensibles, l’amour secret de l’univers.

P. Sertillanges

Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse