Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Avec le diable, on ne discute pas

Avec le diable, on ne discute pas !

Lors de l’angélus du dimanche 26 février, premier dimanche de Carême, le Pape François, s’inspirant de l’exemple de Jésus dans l’Évangile selon Matthieu, a parlé de l’importance de ne pas converser ni négocier avec le diable diviseur.

PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
Dimanche 26 février 2023

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Chers frères et sœurs, bonjour !

L’Évangile de ce premier dimanche de Carême nous présente Jésus au désert tenté par le diable (cf. Mt 4, 1-11). Diable signifie « diviseur ». Le diable veut toujours créer la division, et c’est ce qu’il propose aussi en tentant Jésus.Voyons donc de qui veut le diviser et comment il le tente.

De qui le diable veut-il séparer Jésus ? Après avoir reçu le baptême de Jean dans le Jourdain, Jésus a été appelé par le Père « mon Fils bien-aimé » (Mt 3, 17) et l’Esprit Saint est descendu sur lui sous la forme d’une colombe (cf. v. 16) . L’Évangile nous présente ainsi les trois Personnes divines unies dans l’amour.

Alors Jésus lui-même dira qu’il est venu dans le monde pour nous faire participer à l’unité qui existe entre lui et le Père (cf. Jn 17, 11). Le diable, par contre, fait le contraire : il entre en scène pour séparer Jésus du Père et le détourner de sa mission d’unité pour nous. Toujours diviser.

Voyons maintenant comment il essaie de le faire. Le diable veut profiter de la condition humaine de Jésus, qui est faible parce qu’il a jeûné pendant quarante jours et qu’il a eu faim (voir Mt 4, 2).

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Le malin tente alors de lui inculquer trois « poisons » puissants, pour paralyser sa mission d’unité. Ces poisons sont l’attachement, la méfiance et le pouvoir.

D’abord le poison de l’attachement aux choses, aux besoins ; avec un raisonnement persuasif, le diable essaie de suggérer à Jésus : « Tu as faim, pourquoi dois-tu jeûner ? Écoute ton besoin, assouvis-le, tu as le droit et le pouvoir : transformer les pierres en pain. »

Puis le deuxième poison, la méfiance : « Es-tu sûr – insinue le malin – que le Père veut ton bien ? Testez-le, faites-le chanter ! Jetez-vous du haut du temple et faites-lui faire ce que vous voulez. »

Enfin le pouvoir : « Vous n’avez pas besoin de votre Père ! Pourquoi attendre ses cadeaux ? Suis les critères du monde, prends tout toi-même et tu seras puissant ! »

Les trois tentations de Jésus. Et nous aussi, nous subissons toujours ces trois tentations. C’est terrible, mais c’est comme ça, même pour nous : l’attachement aux choses, la méfiance et la soif de pouvoir sont trois tentations répandues et dangereuses, dont le diable se sert pour nous séparer du Père et ne plus nous faire sentir frères et sœurs entre eux. nous, pour nous conduire à la solitude et au désespoir.

Ce qu’il a voulu faire à Jésus, ce qu’il veut nous faire : nous désespérer.

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Mais Jésus surmonte les tentations. Et comment les gagne-t-il ? Éviter de discuter avec le diable et répondre par la Parole de Dieu, c’est important : on ne discute pas avec le diable, on ne dialogue pas avec le diable ! Jésus le confronte à la Parole de Dieu.

Il cite trois phrases de l’Écriture qui parlent d’affranchissement (cf. Dt 8, 3), de confiance (cf. Dt 6, 16) et de service à Dieu (cf. Dt 6, 13). , trois phrases opposées aux tentations. Il ne dialogue jamais avec le diable, ne négocie pas avec lui, mais rejette ses insinuations avec les Paroles bienfaisantes de l’Écriture. C’est une invitation pour nous aussi : il n’y a pas de dispute avec le diable !

Il n’y a pas de négociation, pas de dialogue ; vous ne le battez pas en traitant avec lui, il est plus fort que nous. Nous vainquons le diable en lui opposant fidèlement la Parole divine. De cette manière, Jésus nous apprend à défendre l’unité avec Dieu et les uns avec les autres contre les attaques du diviseur. La Parole divine qui est la réponse de Jésus à la tentation du diable.

*

Et nous nous demandons : quelle place la Parole de Dieu a-t-elle dans ma vie ? Est-ce que j’y recours dans mes luttes spirituelles ? Si j’ai un vice ou une tentation récurrente, pourquoi, avec de l’aide, est-ce que je ne cherche pas un verset de la Parole de Dieu qui réponde à ce vice ? Puis, quand vient la tentation, je la récite, je la prie en me confiant à la grâce du Christ.

Essayons, il nous aidera dans les tentations, il nous aidera beaucoup, car la voix bienfaisante de la Parole de Dieu résonnera parmi les voix qui s’agitent en nous. Marie, vous qui avez accueilli la Parole de Dieu et avec son humilité, qui avez vaincu l’orgueil du diviseur, accompagnez-nous dans le combat spirituel du Carême.

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Après l’angélus

Chers frères et sœurs !

Des nouvelles douloureuses arrivent encore de Terre Sainte : de nombreuses personnes tuées, dont des enfants… Comment arrêter cette spirale de violence ? Je renouvelle mon appel au dialogue pour qu’il l’emporte sur la haine et la vengeance, et je prie Dieu pour les Palestiniens et les Israéliens, afin qu’ils retrouvent le chemin de la fraternité et de la paix, avec l’aide de la communauté internationale.

Je suis également très préoccupé par la situation au Burkina Faso, où les attentats terroristes se poursuivent. Je vous invite à prier pour la population de ce cher pays, afin que les violences qu’elle a subies ne lui fassent pas perdre foi dans la voie de la démocratie, de la justice et de la paix.

Ce matin, j’ai appris avec douleur le naufrage qui s’est produit sur la côte calabraise, près de Crotone. Une quarantaine de morts ont déjà été repêchés, dont de nombreux enfants. Je prie pour chacun d’eux, pour les disparus et pour les autres migrants survivants. Je remercie ceux qui ont apporté leur aide et ceux qui sont accueillants.

Que Notre-Dame soutienne nos frères et sœurs. Et n’oublions pas la tragédie de la guerre en Ukraine, déjà une année de guerre. Et n’oublions pas la douleur des peuples syrien et turc pour le tremblement de terre.

J’adresse mes salutations à vous tous qui êtes venus d’Italie et d’autres pays. Je souhaite la bienvenue à l’Association italienne des donneurs d’organes, qui célèbre son 50e anniversaire : je vous remercie pour votre engagement en faveur de la solidarité sociale et je vous exhorte à continuer à promouvoir la vie par le don d’organes.

Un salut particulier, donc, à tous ceux qui sont venus à l’occasion de la Journée des Maladies Rares, qui aura lieu après-demain : je renouvelle mes encouragements aux Associations de patients et aux membres de leurs familles ; ne manquez pas notre proximité, surtout avec les enfants, pour leur faire sentir l’amour et la tendresse de Dieu.

Et je souhaite à tous un bon dimanche. S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir !


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Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

l’Esprit éclaire notre chemin

l’Esprit éclaire notre chemin

Pour le premier jour du Carême de l’année 2023, le Pape François, lors de l’audience générale en salle Paul VI au Vatican, a continué  sur la passion de l’évangélisation. Il a invité les croyants à ne pas rester enfermés mais à aller à la rencontre de Jésus, et à faire de l’Esprit Saint le moteur de l’évangélisation.

 

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI
Mercredi 22 février 2023

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Résumé de la catéchèse

Frères et sœurs, dans notre itinéraire de catéchèse sur la passion d’évangéliser, repartons aujourd’hui des paroles de Jésus qui demande aux siens d’aller faire des disciples et d’aller baptiser, en portant la joie de la présence de Dieu qui est proche de nous et qui agit en nous. En leur disant cela, tout comme à nous, Jésus communique aussi le Saint-Esprit qui permet de recevoir et d’accomplir la mission.

Grâce à Lui, à la Pentecôte, les Apôtres changeront le monde. C’est par sa force, qui précède les missionnaires et prépare les cœurs, que l’annonce de l’Évangile se réalise. Dans les Actes des Apôtres, on découvre comment le Saint-Esprit est le protagoniste de l’annonce.

Aux débuts de l’Église, s’agissant de la conduite à tenir envers les païens qui se convertissaient à la foi, les Apôtres ont tenu le “Concile de Jérusalem”, le premier de l’histoire, sous la mouvance de l’Esprit Saint qui nous enseigne, aujourd’hui encore, que toute tradition religieuse n’est utile que lorsqu’elle favorise la rencontre avec Jésus.

La décision du premier concile était fondée sur le principe de l’annonce et tout, dans l’Église, doit se conformer à ce principe. Ainsi, l’Esprit éclaire et oriente le chemin de l’Église. C’est pourquoi il est nécessaire de l’invoquer souvent et, plus encore, en ce début de Carême. Sans l’Esprit, l’Église se replie sur elle-même et la flamme de la mission s’éteint. Comme Église, partons et repartons du Saint-Esprit.


Catéchèse
– La passion pour l’évangélisation : le zèle apostolique du croyant
– 5. Le protagoniste de l’annonce : l’Esprit Saint

Chers frères et sœurs, bonjour et bienvenus !

Dans notre itinéraire de catéchèse sur la passion d’évangéliser, aujourd’hui repartons des paroles de Jésus que nous avons entendues : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit » (Mt 28,19).

Allez, – dit le Ressuscité -, non pas pour endoctriner, non pas pour faire des prosélytes, mais pour faire des disciples, c’est-à-dire pour donner à chacun la possibilité d’entrer en contact avec Jésus, de le connaître et de l’aimer en toute liberté.

Allez et baptisez : baptiser signifie immerger et donc, avant d’indiquer une action liturgique, il exprime une action vitale : immerger sa vie dans le Père, dans le Fils, dans l’Esprit Saint ; expérimenter chaque jour la joie de la présence de Dieu qui nous est proche comme Père, comme Frère, comme Esprit qui agit en nous, dans notre propre esprit. Baptiser c’est s’immerger dans la Trinité.

Lorsque Jésus dit à ses disciples – et aussi à nous – « Allez ! », il ne communique pas seulement une parole. Non. Il communique ensemble l’Esprit Saint, car c’est seulement par Lui, l’Esprit Saint, que l’on peut recevoir la mission du Christ et la réaliser (cf. Jn 20, 21-22). Les Apôtres, en effet, restent enfermés dans le Cénacle, par peur, et jusqu’au jour de la Pentecôte où l’Esprit Saint descend sur eux (cf. Ac 2, 1-13).

Et à ce moment-là, la peur se dissipe et avec sa force, ces pêcheurs, pour la plupart sans instruction, vont changer le monde. « Mais s’ils ne savent pas parler… ». Mais c’est la parole de l’Esprit, la force de l’Esprit qui les entraîne pour changer le monde. L’annonce de l’Évangile ne se réalise donc que dans la force de l’Esprit, qui précède les missionnaires et prépare les cœurs : c’est Lui le “moteur de l’évangélisation”.

Nous le découvrons dans les Actes des Apôtres, où, à chaque page, nous constatons que le protagoniste de l’annonce n’est ni Pierre, ni Paul, ni Étienne, ni Philippe, mais c’est l’Esprit Saint. Toujours dans les Actes, on raconte un moment décisif des débuts de l’Église, qui peut aussi nous en dire long.

À l’époque, comme aujourd’hui, ensemble avec les consolations les tribulations ne manquaient pas, – des moments heureux et des moments moins heureux – les joies s’accompagnaient de soucis, les deux choses ensemble. Une d’elles en particulier était par exemple comment se comporter avec les païens qui venaient à la foi, avec ceux qui n’appartenaient pas au peuple juif.

Étaient-ils, oui ou non, tenus d’observer les prescriptions de la loi de Moïse ? Ce n’était pas une mince affaire pour ces gens. Deux groupes se forment ainsi, entre ceux qui considéraient l’observance de la Loi comme indispensable et les autres non. Pour discerner, les Apôtres se réunissent, dans ce qu’on appellera le « Concile de Jérusalem », le premier de l’histoire.

Comment résoudre le dilemme ? On aurait pu chercher un bon compromis entre tradition et innovation : certaines règles doivent être respectées, et d’autres laissées de côté. Pourtant, les Apôtres ne suivent pas cette sagesse humaine à la recherche d’un équilibre diplomatique entre l’un et l’autre, ils ne le font pas, mais s’adaptent à l’œuvre de l’Esprit, qui les avait devancés, en descendant sur les païens comme sur eux.

*

Et donc, en supprimant presque toutes les obligations liées à la Loi, ils communiquent les décisions finales, prises – et ils écrivent ainsi : – « par l’Esprit Saint et nous-mêmes » (cf. Ac 15,28) voilà ce qui est décidé, le Saint-Esprit avec nous, c’est ainsi qu’agissent toujours les Apôtres. Ensemble, sans se diviser, même s’ils avaient des sensibilités et des opinions différentes, ils se mettent à l’écoute de l’Esprit.

Et Il enseigne une chose, valable aussi aujourd’hui : toute tradition religieuse est utile si elle favorise la rencontre avec Jésus, toute tradition religieuse est utile si elle favorise la rencontre avec Jésus.

Nous pourrions dire que la décision historique du premier Concile, dont nous bénéficions également, fut motivée par un principe, le principe de l’annonce : dans l’Église, tout doit être conforme aux exigences de l’annonce de l’Évangile ; non pas aux opinions des conservateurs ou des progressistes, mais au fait que Jésus puisse entrer dans la vie des gens.

Par conséquent, tout choix, tout usage, toute structure et toute tradition doivent être évalués selon le critère où ils favorisent l’annonce du Christ. Quand on trouve des décisions dans l’Église, par exemple des divisions idéologiques :  » Je suis conservateur parce que… je suis progressiste parce que… « .

Mais où est l’Esprit Saint ? Faites attention l’Évangile n’est pas une idée, l’Évangile n’est pas une idéologie : l’Évangile est une annonce qui touche le cœur et qui te fait changer de cœur, mais si tu te réfugies dans une idée, dans une idéologie qu’elle soit de droite ou de gauche ou du centre, tu es en train de faire de l’Évangile un parti politique, une idéologie, un club de personnes.

L’Évangile te donne toujours cette liberté de l’Esprit qui agit en toi et te fait avancer. Et combien est-il nécessaire aujourd’hui de retrouver la liberté de l’Évangile et de nous laisser conduire par l’Esprit.

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Ainsi l’Esprit éclaire le chemin de l’Église, toujours. En effet, Il n’est pas seulement la lumière des cœurs, Il est la lumière qui oriente l’Église : Il fait la clarté, aide à distinguer, aide à discerner. C’est pourquoi il est nécessaire de L’invoquer souvent ; faisons-le plus encore aujourd’hui, au début du Carême.

Car comme Église, nous pouvons avoir des temps et des espaces bien définis, des communautés, des instituts et des mouvements bien organisés, mais sans l’Esprit, tout reste sans âme. L’organisation ne suffit pas : c’est l’Esprit qui donne vie à l’Église.

L’Église, si elle ne Le prie pas et ne l’invoque pas, se replie sur elle-même, dans des débats stériles et épuisants, dans des polarisations lassantes, tandis que la flamme de la mission s’éteint. C’est bien triste de voir l’Église comme si elle était un parlement ; non, l’Église est autre chose.

L’Église est la communauté d’hommes et de femmes qui croient et annoncent Jésus-Christ, mais mus par l’Esprit Saint, et non par leurs propres raisons. Oui, on utilise sa raison mais l’Esprit vient l’éclairer et la mouvoir. L’Esprit, nous fait sortir, nous pousse à proclamer la foi pour nous confirmer dans la foi, nous pousse à partir en mission pour retrouver qui nous sommes.

C’est pourquoi l’apôtre Paul recommande ceci : « N’éteignez pas l’Esprit » (1 Th 5,19). N’éteignez pas l’Esprit. Prions souvent l’Esprit, invoquons-le, demandons-lui chaque jour d’allumer en nous sa lumière. Faisons-le avant chaque rencontre, pour devenir des apôtres de Jésus auprès des personnes que nous rencontrons. Ne pas éteindre l’Esprit dans les communautés chrétiennes et aussi en chacun de nous.

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Chers frères et sœurs, comme Église, partons et repartons de l’Esprit Saint. « Il est sans doute important que, dans notre planification pastorale, nous partions des enquêtes sociologiques, des analyses, de la liste des difficultés, de la liste des attentes et des réclamations. Cependant, il est bien plus important de partir des expériences de l’Esprit : c’est là le vrai point de départ.

Et il faut donc les rechercher, les répertorier, les étudier, les interpréter. C’est un principe fondamental qui, dans la vie spirituelle, s’appelle la primauté de la consolation sur la désolation. D’abord il y a l’Esprit qui console, ranime, éclaire, meut ; ensuite il y aura aussi la désolation, la souffrance, les ténèbres, mais le principe pour s’ajuster dans les ténèbres est la lumière de l’Esprit » (C.M. MARTINI, Evangéliser dans la consolation de l’Esprit, 25 septembre 1997).

C’est le principe pour nous réguler dans les choses que nous ne comprenons pas, dans les confusions, même dans les plus sombres, c’est important. Demandons-nous si nous nous ouvrons à cette lumière, si nous lui donnons de l’espace : est-ce que j’invoque l’Esprit ? Que chacun réponde en son for intérieur.

Combien d’entre nous prient l’Esprit ? « Non, Père, je prie la Vierge, je prie les Saints, je prie Jésus, mais parfois, je prie le Notre Père, je prie le Père » – « Et l’Esprit ? Tu ne pries pas l’Esprit, qui est celui qui fait mouvoir ton cœur, qui t’apporte la consolation, qui t’apporte le désir d’évangéliser et de faire la mission ? ».

Je vous laisse avec cette question : est-ce que je prie l’Esprit Saint ? Est-ce que je me laisse guider par Lui, qui m’invite à ne pas me replier sur moi-même mais à porter Jésus, à témoigner de la primauté de la consolation de Dieu sur la désolation du monde ? Que la Vierge, qui a bien compris cela, nous le fasse comprendre.


Je salue cordialement les personnes de langue française, en particulier les pèlerins de Paris et de Belgique.

Frères et sœurs, en ce début de Carême, demandons au Saint-Esprit de nous inspirer les voies et les moyens pour être des témoins de la consolation de Dieu et des acteurs dévoués de la réconciliation entre nos frères et sœurs, afin de favoriser paix dans notre société.

Que Dieu vous bénisse !

APPELS

Chers frères et sœurs,

après-demain, 24 février, cela fera un an depuis l’invasion de l’Ukraine, depuis le début de cette guerre absurde et cruelle. Un triste anniversaire ! Le bilan des morts, des blessés, des réfugiés et des personnes déplacées, des destructions, des dommages économiques et sociaux est éloquent.

Le Seigneur peut-il pardonner tant de crimes et tant de violence ? Il est le Dieu de la paix. Restons proches du peuple ukrainien meurtri, qui continue à souffrir. Et posons-nous la question : a-t-on fait tout ce qui était possible pour arrêter la guerre ?

J’en appelle à ceux qui ont autorité sur les nations pour qu’ils s’engagent concrètement à mettre fin au conflit, à obtenir un cessez-le-feu et à entamer des négociations de paix. Sur des décombres on ne construira jamais une vraie victoire !

Enfin, comme d’habitude, mes pensées vont aux jeunes, aux malades, aux personnes âgées et aux jeunes mariés. Le Carême commence aujourd’hui, temps privilégié de conversion et de pénitence pour notre esprit. Je voudrais vous demander à tous d’intensifier vos prières, votre méditation sur la parole de Dieu et le service de vos frères pendant cette période.


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Commençons un nouveau chemin de Carême

Commençons un nouveau chemin de Carême

Dix ans déjà, le défunt Pape Benoît XVI, donnait cette homélie pour l’entrée en Carême. En ce jour anniversaire, exceptionnellement, nous la proposons à nouveau aux Associés de la Médaille Miraculeuse.

MESSE, BÉNÉDICTION ET IMPOSITION DES CENDRES

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

Basilique Vaticane
Mercredi des Cendres,
13 février 2013

Vénérés frères,
Chers frères et sœurs !

Aujourd’hui, Mercredi des Cendres, nous commençons un nouveau chemin de Carême, un chemin qui se déroule pendant quarante jours et qui nous conduit à la joie de la Pâque du Seigneur, à la victoire de la Vie sur la mort. Suivant l’antique tradition romaine des stations de Carême, nous nous sommes réunis aujourd’hui pour la Célébration de l’Eucharistie.

Cette tradition prévoit que la première statio ait lieu dans la Basilique Sainte Sabine sur la colline de l’Aventin. Les circonstances ont suggéré de se rassembler dans la Basilique vaticane. Ce soir, nous sommes nombreux autour de la Tombe de l’apôtre Pierre, pour demander aussi son intercession pour la marche de l’Église en ce moment particulier, renouvelant notre foi dans le Pasteur Suprême, le Christ Seigneur.

Pour moi, c’est une occasion propice pour vous remercier tous, spécialement les fidèles du Diocèse de Rome, tandis que je m’apprête à conclure mon ministère pétrinien, et pour demander un souvenir particulier dans la prière.

Les lectures qui ont été proclamées nous offrent des aspects qu’avec la grâce de Dieu nous sommes appelés à faire devenir des attitudes et des comportements concrets au cours de ce Carême. L’Église nous propose à nouveau, surtout, le rappel fort que le prophète Joël adresse au peuple d’Israël : « Parole du Seigneur : revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne les larmes et le deuil ! » (2,12).

L’expression « de tout votre cœur » est soulignée. Elle signifie : du centre de nos pensées et sentiments, de la racine de nos décisions, de nos choix, de nos actions, dans un geste de liberté totale et radicale. Mais ce retour à Dieu est-il possible ? Oui, parce qu’il y a une force qui ne réside pas dans notre cœur, mais qui se dégage du cœur même de Dieu. C’est la force de sa miséricorde.

Le prophète dit encore : « Revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment » (v.13). Le retour au Seigneur est possible comme « grâce », parce qu’il est œuvre de Dieu et fruit de la foi que nous mettons dans sa miséricorde.

Ce retour à Dieu devient réalité concrète dans notre vie seulement lorsque la grâce du Seigneur pénètre dans l’intime et le secoue, nous donnant la force de « déchirer notre cœur ». C’est encore le prophète qui fait résonner de la part de Dieu ces paroles : « Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements » (v. 13).

En effet, de nos jours aussi, beaucoup sont prêts à « déchirer leurs vêtements » devant les scandales et les injustices – naturellement commis par les autres –, mais peu semblent disponibles à agir sur leur propre « cœur », sur leur propre conscience et sur leurs intentions, laissant au Seigneur de transformer, renouveler et convertir.

Ce « revenez à moi de tout votre cœur », ensuite, est un rappel qui implique non seulement chacun mais la communauté.

Toujours dans la première lecture, nous avons écouté : « Sonnez de la trompette dans Jérusalem : prescrivez un jeûne sacré, annoncez une solennité, réunissez le peuple, tenez une assemblée sainte, rassemblez les anciens, réunissez petits enfants et nourrissons ! Que le jeune époux sorte de sa maison, que la jeune mariée quitte sa chambre ! » (v. 15.16).

La dimension communautaire est un élément essentiel dans la foi et dans la vie chrétienne. Le Christ est venu « afin de rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés » (cf. Jn 11,52). Le « Nous » de l’Église est la communauté dans laquelle Jésus nous réunit tous ensemble (cf. Jn 12,32) : la foi est nécessairement ecclésiale.

Et il est important de le rappeler et de le vivre en ce temps du Carême : que chacun soit conscient qu’il n’affronte pas seul le chemin de pénitence, mais avec beaucoup de frères et de sœurs, dans l’Église.

Le prophète, enfin, s’arrête sur la prière des prêtres, qui, les larmes aux yeux, se tournent vers Dieu en disant : « N’expose pas ceux qui t’appartiennent à l’insulte et à la moquerie des païens ! Faudra-t-il qu’on dise : “Où donc est leur Dieu ?” » (v. 17).

Cette prière nous fait réfléchir sur l’importance du témoignage de foi et de vie chrétienne de chacun de nous et de nos communautés pour manifester le visage de l’Église et comment ce visage est, parfois, défiguré. Je pense en particulier aux coups portés contre l’unité de l’Église, aux divisions dans le corps ecclésial.

Vivre le Carême dans une plus intense et évidente communion ecclésiale, dépassant les individualismes et les rivalités, est un signe humble et précieux pour ceux qui sont loin de la foi ou indifférents.

« C’est maintenant le moment favorable, c’est maintenant le jour du salut ! » (2 Co 6,2). Les paroles de l’apôtre Paul aux chrétiens de Corinthe résonnent aussi pour nous avec une urgence qui n’admet ni absence ni inertie. Le terme “maintenant” répété plusieurs fois dit que ce moment ne peut être manqué, il nous est offert comme une occasion unique et qui ne se répète pas.

Et le regard de l’Apôtre se concentre sur le partage par lequel le Christ a voulu caractériser son existence, assumant tout l’humain jusqu’à se charger du péché même des hommes. La phrase de saint Paul est très forte : Dieu « l’a fait péché pour nous ». Jésus, l’Innocent, le Saint, « Celui qui n’avait pas connu le péché » (2 Co 5,21), se charge du poids du péché en en partageant avec l’humanité l’issue de la mort, et de la mort de la croix.

La réconciliation qui nous est offerte a eu un prix très élevé, celui de la croix élevée sur le Golgotha, où le Fils de Dieu fait homme a été suspendu. Dans cette immersion de Dieu dans la souffrance humaine et dans l’abime du mal se trouve la racine de notre justification.

Le « revenir à Dieu de tout votre cœur », sur notre chemin de Carême, passe par la Croix, le fait de suivre le Christ sur la route qui conduit au Calvaire, au don total de soi. C’est un chemin sur lequel on apprend chaque jour à sortir toujours plus de notre égoïsme et de nos fermetures, pour faire place à Dieu qui ouvre et transforme le cœur.

Et saint Paul rappelle comment l’annonce de la Croix résonne jusqu’à nous grâce à la prédication de la Parole dont l’Apôtre lui-même est ambassadeur ; un rappel pour nous afin que ce chemin de Carême soit caractérisé par une écoute plus attentive et assidue de la Parole de Dieu, lumière qui éclaire nos pas.

Dans la page de l’évangile de Matthieu, qui appartient à ce qu’on appelle le Discours sur la montagne, Jésus fait référence à trois pratiques fondamentales prévues par la Loi mosaïque : l’aumône, la prière et le jeûne ; ce sont aussi des indications traditionnelles du chemin de Carême pour répondre à l’invitation à « revenir à Dieu de tout son cœur ».

Mais Jésus souligne comment c’est la qualité et la vérité du rapport à Dieu qui qualifie l’authenticité de chaque geste religieux. Par là il dénonce l’hypocrisie religieuse, le comportement qui veut paraître, les attitudes qui cherchent les applaudissements et l’approbation.

Le vrai disciple ne sert pas lui-même ou le “public”, mais son Seigneur, dans la simplicité et la générosité : « Ton Père voit ce que tu fais dans le secret : il te le revaudra » (Mt 6, 4.6.18).

Alors, notre témoignage sera toujours d’autant plus incisif que nous rechercherons moins notre gloire et serons conscients que la récompense du juste est Dieu Lui-même, le fait d’être unis à Lui, ici-bas, sur le chemin de la foi, et, au terme de la vie, dans la paix et dans la lumière de la rencontre face à face avec Lui pour toujours (cf. 1 Co 13,12).

Chers frères et sœurs, commençons confiants et pleins de joie l’itinéraire du Carême. Que résonne en nous avec force l’invitation à la conversion, à « revenir à Dieu de tout notre cœur », en accueillant sa grâce qui fait de nous des hommes nouveaux, avec cette nouveauté surprenante qui est participation à la vie-même de Jésus.

Qu’aucun de nous, donc, ne soit sourd à cet appel, qui nous est aussi adressé dans le rite austère, à la fois si simple et si suggestif, de l’imposition des cendres, que nous allons accomplir. Que durant ce temps la Vierge Marie, Mère de l’Église et modèle de chaque disciple authentique du Seigneur, nous accompagne. Amen !

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Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse