Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Messe pour la paix et la justice à l’aéroport de N’dolo

Messe pour la paix et la justice à l’aéroport de N’dolo

Depuis l’aérodrome de N’dolo, au bord du fleuve Congo, le Pape François, lors de sa deuxième journée en territoire kinois, a livré devant plus d’un million de fidèles une homélie centrée sur la paix, possible grâce à la force du pardon, à celle de la communauté, et à celle de la mission.

VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS
en RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO et au SOUDAN DU SUD
(Pèlerinage Œcuménique de Paix au Soudan du Sud)
[31 janvier – 5 février 2023]

MESSE POUR LA PAIX ET LA JUSTICE 

HOMÉLIE DU SAINT-PÈRE

Aéroport de Ndolo
Mercredi 1er février 2023

Bandeko, Bobóto [Frères et sœurs, paix] R/ Bondeko [Fraternité]

Bondéko [Fraternité] R/ Esengo [Joie]

Esengo, joie : ma joie de vous voir et de vous rencontrer est grande : j’ai beaucoup désiré ce moment – cela fait un an que nous attendons ! -, merci d’être là !

L’Évangile vient juste de nous dire que la joie des disciples aussi était grande le soir de Pâques, et que cette joie avait jailli «en voyant le Seigneur » (Jn 20, 20). Dans cette atmosphère de joie et de stupeur, le Ressuscité s’adresse aux siens. Et qu’est-ce qu’il leur dit? D’abord, trois mots : «La paix soit avec vous!» (v. 19). C’est une salutation, mais c’est plus qu’une salutation : c’est un don.

Parce que la paix, cette paix annoncée par les anges la nuit de Bethléem (cf. Lc 2, 14), cette paix que Jésus a promise aux siens (cf. Jn 14, 27), elle est maintenant, pour la première fois, solennellement donnée aux disciples.

La paix de Jésus, qui nous est également donnée en chaque Messe, est pascale : elle vient avec la résurrection parce que le Seigneur devait d’abord vaincre nos ennemis, le péché et la mort, et réconcilier le monde avec le Père ; il devait éprouver notre solitude et notre abandon, nos enfers, embrasser et combler les distances qui nous séparaient de la vie et de l’espérance.

Maintenant, les distances entre le Ciel et la terre, entre Dieu et l’homme étant annulées, la paix de Jésus est donnée aux disciples.

*

Mettons-nous de leur côté. Ils étaient ce jour-là complètement abasourdis par le scandale de la croix, blessés intérieurement d’avoir abandonné Jésus en fuyant, déçus de l’issue de son histoire, craignant de finir comme lui. Il y avait en eux de la culpabilité, de la frustration, de la tristesse, de la peur…

Eh bien, alors que dans le cœur des disciples ce sont des ruines, Jésus proclame la paix; alors qu’ils ressentent en eux la mort, il annonce la vie. En d’autres termes, la paix de Jésus survient au moment où tout semble fini pour eux, au moment le plus inattendu et inespéré, où il n’y a aucune lueur de paix.

Ainsi fait le Seigneur : il nous étonne, il nous tend la main lorsque nous sommes sur le point de sombrer, il nous relève quand nous touchons le fond. Frères et sœurs, avec Jésus, le mal ne l’emporte jamais, il n’a jamais le dernier mot. «C’est lui, le Christ, qui est notre paix » (Ep 2, 14) et sa paix est toujours victorieuse.

C’est pourquoi, nous qui appartenons à Jésus, nous ne pouvons pas laisser la tristesse l’emporter sur nous, nous ne pouvons pas laisser la résignation et le fatalisme s’installer. Si l’on respire cette atmosphère autour de nous, qu’il n’en soit pas ainsi pour nous : dans un monde découragé par la violence et la guerre, les chrétiens doivent faire comme Jésus.

Il a répété, avec insistance, aux disciples: La paix, la paix soit avec vous ! (Cf. Jn 20, 19.21) ; et nous sommes appelés à faire nôtre et dire au monde cette annonce inespérée et prophétique du Seigneur, cette annonce de paix.

*

Mais, nous demandons nous, comment garder et cultiver la paix de Jésus ? Lui-même nous indique trois sources de paix, trois sources pour continuer à la cultiver. Elles sont le pardon, la communauté et la mission.

Voyons la première source : le pardon. Jésus dit aux siens : «À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis » (v. 23). Cependant, avant de donner aux apôtres le pouvoir de pardonner, il leur pardonne ; non pas avec des mots, mais avec un geste, le premier que le Ressuscité accomplit devant eux. L’Évangile dit: «Il leur montra ses mains et son côté» (v. 20).

C’est-à-dire qu’il leur montre ses plaies, il les leur offre, parce que le pardon naît des blessures. Il naît lorsque les blessures subies ne laissent pas des cicatrices de haine, mais deviennent le lieu où faire de la place aux autres et accueillir leurs faiblesses. Les fragilités deviennent alors des opportunités, et le pardon devient le chemin de la paix.

Il ne s’agit pas de tout laisser derrière soi comme si de rien n’était, mais d’ouvrir son cœur aux autres avec amour. C’est ce que fait Jésus : face à la misère de ceux qui l’ont renié et abandonné, il montre ses plaies et ouvre la source de la miséricorde. Il n’utilise pas beaucoup de mots, mais il ouvre grand son cœur blessé pour nous dire qu’il est toujours blessé d’amour pour nous.

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Frères et sœurs, lorsque la culpabilité et la tristesse nous oppressent, lorsque les choses ne vont pas bien, nous savons où regarder : vers les plaies de Jésus, prêt à nous pardonner avec son amour blessé et infini. Il connaît tes blessures, il connaît les blessures de ton pays, de ton peuple, de ta terre !

Ce sont des blessures qui brûlent, continuellement infectées par la haine et la violence, alors que le remède de la justice et le baume de l’espérance ne semblent jamais arriver.

Frère et sœur, Jésus souffre avec toi, il voit les blessures que tu portes en toi et désire te consoler et te guérir, en te présentant son Cœur blessé. Dieu répète à ton cœur les paroles qu’il a prononcées aujourd’hui par le prophète Isaïe : «Je le guérirai, je le conduirai, je le comblerai de consolations» (Is 57, 18).

*

Ensemble, aujourd’hui, nous croyons qu’il y a toujours avec Jésus la possibilité d’être pardonné et de recommencer, et aussi trouver la force de pardonner à soi-même, aux autres et à l’histoire ! C’est ce que le Christ veut : nous oindre de son pardon pour nous donner la paix et le courage de pardonner à notre tour, le courage d’accomplir une grande amnistie du cœur.

Comme il nous est bon de purifier nos cœurs de la colère, des remords, de tout ressentiment et de toute rancœur ! Bien-aimés, que ce jour soit un temps de grâce pour accueillir et vivre le pardon de Jésus ! Qu’il soit l’occasion pour toi, qui portes un lourd fardeau dans ton cœur dont tu as besoin de te débarrasser, de recommencer à respirer.

Et qu’il soit un moment propice pour toi, qui t’affirmes chrétien dans ce pays mais qui commets des violences. À toi le Seigneur dit : « Dépose tes armes, embrasse la miséricorde ». Et à tous les blessés et opprimés de ce peuple, il dit : « N’ayez pas peur de mettre vos blessures dans les miennes, vos plaies dans mes plaies.

Faisons-le, frères et sœurs; n’ayez pas peur de sortir le Crucifix de votre col et de vos poches, de le prendre dans les mains et de le porter sur le cœur pour partager vos blessures avec celles de Jésus. De retour à la maison, prenez le Crucifix que vous avez et embrassez-le. Donnons au Christ la possibilité de guérir nos cœurs, jetons en Lui le passé, toutes les peurs, toutes les angoisses.

Comme c’est beau d’ouvrir les portes du cœur et celles de la maison à sa paix ! Et pourquoi ne pas écrire dans vos chambres, sur vos vêtements, à l’extérieur de vos maisons, cette parole : Paix à vous ! Exhibez-la, elle sera une prophétie pour le pays, une bénédiction du Seigneur sur ceux que vous rencontrez. Paix à vous: laissons-nous pardonner par Dieu et pardonnons-nous les uns les autres!

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Voyons maintenant la deuxième source de paix : la communauté. Jésus ressuscité ne s’adresse pas à des disciples individuellement, mais il les rencontre ensemble. Il leur parle au pluriel et il donne sa paix à la première communauté. Il n’y a pas de christianisme sans communauté, tout comme il n’y a pas de paix sans fraternité. Mais en tant que communauté, où marcher, où aller pour trouver la paix ?

Regardons à nouveau les disciples. Avant Pâques, ils suivaient Jésus mais ils raisonnaient encore de manière trop humaine. Ils espéraient un Messie conquérant qui aurait chassé les ennemis, qui aurait accompli des prodiges et des miracles, qui aurait augmenté leur prestige et leur succès.

Mais ces désirs mondains les ont laissés les mains vides, pire, ils ont retiré à la communauté la paix en générant des discussions et des oppositions (cf. Lc 9, 46 ; 22, 24). Pour nous aussi, il y a ce risque : être ensemble mais avancer seul en cherchant dans la société – mais aussi dans l’Église – le pouvoir, la carrière, les ambitions…

Or de cette manière, l’on suit son propre moi au lieu du vrai Dieu, et l’on finit comme les disciples : enfermé chez soi, vide d’espérance et rempli de peur et de désillusions. Mais voici qu’à Pâques ils retrouvent le chemin de la paix grâce à Jésus qui souffle sur eux et dit : «Recevez l’Esprit Saint» (Jn 20, 22).

Grâce à l’Esprit Saint ils ne considèreront plus ce qui les divise mais ce qui les unit ; ils iront dans le monde non plus pour eux-mêmes, mais pour les autres ; non pas pour avoir de la visibilité mais pour donner de l’espérance; non pas pour gagner l’approbation mais pour dépenser leur vie avec joie pour le Seigneur et pour les autres.

*

Frères et sœurs, le danger pour nous est de suivre l’esprit du monde plutôt que celui du Christ. Et quel est le moyen de ne pas tomber dans les pièges du pouvoir et de l’argent, de ne pas céder aux divisions, aux flatteries du carriérisme qui rongent la communauté, aux fausses illusions du plaisir et de la sorcellerie qui renferment en soi-même ?

Le Seigneur nous le suggère à nouveau par l’intermédiaire du prophète Isaïe, en disant: «Je suis avec qui est broyé, humilié dans son esprit, pour ranimer l’esprit des humiliés, pour ranimer le cœur de ceux qu’on a broyés» (Is 57, 15). Le moyen c’est de partager avec les pauvres : voilà le meilleur antidote contre la tentation de nous diviser et de devenir mondains.

Avoir le courage de regarder les pauvres et de les écouter car ils sont des membres de notre communauté, et non pas des étrangers à ôter de notre vue et de notre conscience. Ouvrir notre cœur aux autres, au lieu de le fermer sur nos problèmes ou sur nos vanités.

Repartons des pauvres et nous découvrirons que nous partageons tous une pauvreté intérieure; que nous avons tous besoin de l’Esprit de Dieu pour nous libérer de l’esprit du monde ; que l’humilité est la grandeur du chrétien et la fraternité sa vraie richesse.

Croyons en la communauté et, avec l’aide de Dieu, édifions une Église vide d’esprit mondain mais remplie d’Esprit Saint, libre de toute richesse pour soi-même et pleine d’amour fraternel !

*

Enfin, nous en arrivons à la troisième source de la paix : la mission. Jésus dit aux disciples : «De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie » (Jn 20, 21). Il nous envoie comme le Père l’a envoyé. Et comment le Père l’a-t-il envoyé dans le monde ? Il l’a envoyé pour servir et donner sa vie pour l’humanité (cf. Mc 10, 45), pour manifester sa miséricorde pour chacun (cf. Lc 15), pour chercher ceux qui sont loin (cf. Mt 9, 13).

En un mot, il l’a envoyé pour tous : pas seulement pour les justes, mais pour tous. En ce sens, les paroles d’Isaïe résonnent à nouveau : «Paix! La paix à celui qui est loin, et à celui qui est proche! – dit le Seigneur» (Is 57, 19). À ceux qui sont loin d’abord, et aux proches : pas seulement aux « nôtres », mais à tous.

*

Frères et sœurs, nous sommes appelés à être des missionnaires de paix, et cela nous donnera la paix.

C’est un choix: c’est faire de la place dans nos cœurs pour tous, c’est croire que les différences ethniques, régionales, sociales, religieuses et culturelles viennent après et ne sont pas des obstacles; croire que les autres sont des frères et des sœurs, membres de la même communauté humaine ; croire que tous sont destinataires de la paix apportée dans le monde par Jésus.

C’est croire que nous, chrétiens, nous sommes appelés à collaborer avec tous, à briser le cercle de la violence, à démanteler les complots de la haine.

Oui, les chrétiens, envoyés par le Christ, sont appelés par définition à être la conscience de paix du monde : non seulement des consciences critiques, mais surtout des témoins d’amour ; non pas ceux qui revendiquent leurs droits mais à ceux de l’Évangile que sont la fraternité, l’amour et le pardon ; non pas ceux qui cherchent leurs intérêts, mais des missionnaires de l’amour fou que Dieu a pour chaque être humain.

*

Jésus dit aujourd’hui à chaque famille, communauté, groupe ethnique, quartier et ville de ce grand pays: la Paix soit avec vous. La Paix soit avec vous : que ces paroles de notre Seigneur résonnent dans nos cœurs, en silence. Sentons qu’elles s’adressent à nous et choisissons d’être des témoins du pardon, des acteurs dans la communauté, des personnes en mission de paix dans le monde.

Moto azalí na matói ma koyóka [Celui qui a des oreilles pour entendre] R/Ayoka [Qu’il entende]

Moto azalí na motéma mwa kondima [Celui qui a le cœur pour consentir] R/An R/Andima [Qu’il consente]


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éviter le gaspillage des dons et le rejet des autres

éviter le gaspillage des dons et le rejet des autres

S’appuyant sur l’Évangile du jour selon Matthieu (Mt 5, 1-12), le Pape François lors de l’Angélus de ce dimanche 29 janvier s’est penché sur l’aspect typique des «pauvres en esprit», abordant également la question du gaspillage des «dons que nous sommes et que nous avons».

 

PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
Dimanche 29 janvier 2023

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Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans la liturgie d’aujourd’hui, les Béatitudes sont proclamées selon l’Évangile de Matthieu (voir Mt 5, 1-12). La première est fondamentale et dit ainsi : « Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux » (v. 3).

Qui sont les « pauvres en esprit » ? Ce sont ceux qui savent qu’ils ne se suffisent pas à eux-mêmes, qu’ils ne se suffisent pas à eux-mêmes, et qu’ils vivent en « mendiants de Dieu » : ils ont besoin de Dieu et reconnaissent que le bien vient de lui, comme un don, comme un une grâce. Ceux qui sont pauvres en esprit chérissent ce qu’ils reçoivent ; c’est pourquoi il souhaite qu’aucun don ne soit gaspillé.

Aujourd’hui, je voudrais m’attarder sur cet aspect typique des pauvres en esprit : ne pas gaspiller. Les pauvres en esprit essaient de ne rien gaspiller. Jésus nous montre l’importance de ne pas gaspiller, par exemple après la multiplication des pains et des poissons, lorsqu’il nous demande de ramasser les restes de nourriture pour ne rien perdre (cf. Jn 6, 12).

Ne pas gaspiller nous permet d’apprécier la valeur de nous-mêmes, des personnes et des choses. Malheureusement, c’est un principe souvent bafoué, surtout dans les sociétés les plus riches, où la culture du gaspillage et la culture du gaspillage dominent : les deux sont un fléau. Je voudrais donc vous proposer trois défis contre le gaspillage et la mentalité du gaspillage.

Premier défi : ne pas gaspiller le don que nous sommes. Chacun de nous est bon, quelles que soient nos qualités. Chaque femme, chaque homme est riche non seulement en talents, mais en dignité, il est aimé de Dieu, il est digne, il est précieux.

Jésus nous rappelle que nous ne sommes pas bénis pour ce que nous avons, mais pour qui nous sommes. Et quand une personne lâche prise et se jette, elle se gaspille. Luttons, avec l’aide de Dieu, contre la tentation de nous considérer comme inadéquats, erronés et apitoyés sur nous-mêmes.

Ensuite, deuxième défi : ne gaspillons pas les dons que nous avons. Il s’avère qu’environ un tiers de la production alimentaire totale est gaspillée chaque année dans le monde. Et cela alors que tant de gens meurent de faim !

Les ressources de la création ne peuvent pas être utilisées ainsi ; les biens doivent être gardés et partagés, afin que personne ne manque du nécessaire. Ne gaspillons pas ce que nous avons, mais diffusons une écologie de la justice et de la charité, du partage !

Enfin, troisième défi : ne pas rejeter les gens. La culture du jetable dit : je t’utilise aussi longtemps que j’ai besoin de toi ; quand tu ne m’intéresses plus ou que tu me gênes, je te jette. Et les plus fragiles sont ainsi traités : les enfants à naître, les personnes âgées, les nécessiteux et les défavorisés.

Mais les gens ne peuvent pas être jetés, les défavorisés ne peuvent pas être jetés ! Chacun est un don sacré, chacun est un don unique, à chaque âge et dans chaque condition. Nous respectons et promouvons la vie toujours! Ne rejetons pas la vie !

Chers frères et sœurs, posons-nous quelques questions. Tout d’abord, comment expérimente-t-on la pauvreté d’esprit ? Est-ce que je sais faire de la place à Dieu, est-ce que je crois qu’il est mon bien, ma vraie et grande richesse ? Est-ce que je crois qu’il m’aime ou est-ce que je me jette tristement, oubliant que je suis un cadeau ?

Et puis : suis-je attentif à ne pas gaspiller, suis-je responsable dans l’usage des choses, des biens ? Et suis-je prêt à les partager avec les autres, ou suis-je égoïste ? Enfin : est-ce que je considère les plus fragiles comme des dons précieux, que Dieu me demande de garder ? Est-ce que je me souviens du pauvre, à qui manque le nécessaire ?

Que Marie, Femme des Béatitudes, nous aide à témoigner de la joie que la vie est un don et de la beauté de se donner.

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Après l’Angélus

Chers frères et sœurs !

C’est avec une grande douleur que j’apprends les nouvelles venant de Terre Sainte, notamment la mort de dix Palestiniens, dont une femme, tués lors d’actions militaires anti-terroristes israéliennes en Palestine ; et de ce qui s’est passé près de Jérusalem vendredi soir, lorsque sept Juifs israéliens ont été tués par un Palestinien et trois ont été blessés alors qu’ils quittaient la synagogue.

La spirale de la mort qui s’amplifie de jour en jour ne fait que refermer les quelques lueurs de confiance qui existent entre les deux peuples. Depuis le début de l’année, des dizaines de Palestiniens ont été tués dans des échanges de tirs avec l’armée israélienne.

J’appelle les deux gouvernements et la communauté internationale à trouver, immédiatement et sans délai, d’autres voies qui incluent le dialogue et la recherche sincère de la paix. Prions pour cela, frères et sœurs !

Je renouvelle ensuite mon appel en raison de la grave situation humanitaire dans le corridor de Lachin, dans le Caucase du Sud. Je suis proche de tous ceux qui, en plein hiver, sont contraints d’affronter ces conditions inhumaines. Tous les efforts doivent être déployés au niveau international pour trouver des solutions pacifiques pour le bien des peuples.

Aujourd’hui, c’est la 70e Journée mondiale de la lèpre. Malheureusement, la stigmatisation attachée à cette maladie continue d’entraîner de graves violations des droits de l’homme dans diverses parties du monde. J’exprime ma proximité à ceux qui en souffrent et j’encourage l’engagement pour la pleine intégration de nos frères et sœurs.

En pensant à l’Ukraine martyre, notre engagement et nos prières pour la paix doivent être encore plus forts. Pensons à l’Ukraine et prions pour le peuple ukrainien, qui est si maltraité.

Chers frères et sœurs, après-demain, je partirai pour un voyage apostolique en République démocratique du Congo et en République du Soudan du Sud. Tout en remerciant les Autorités civiles et les évêques locaux pour leurs invitations et pour la préparation de ces visites, je salue avec affection ces chers peuples qui m’attendent.

Ces terres, situées au centre du grand continent africain, sont éprouvées par de longs conflits : la République Démocratique du Congo souffre, surtout dans l’Est du pays, en raison d’affrontements armés et de l’exploitation ; le Soudan du Sud, déchiré par des années de guerre, a hâte que cessent les violences continuelles qui obligent beaucoup de personnes à vivre déplacées et dans des conditions de grande détresse.

J’irai au Soudan du Sud avec l’Archevêque de Canterbury et le Modérateur de l’Assemblée générale de l’Église d’Écosse : nous vivrons ainsi ensemble, en frères, un pèlerinage œcuménique de paix, pour invoquer de Dieu et des hommes la fin des hostilités et la réconciliation.

Je demande à chacun, s’il vous plaît, d’accompagner ce voyage par la prière.

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Texte traduit et présenté par l‘Association de la Médaille Miraculeuse

Pour Jésus maitre de l’annonce, il faut se faire pauvre intérieurement

Pour Jésus maitre de l’annonce, il faut se faire pauvre intérieurement

Le Pape François a poursuivi son cycle de catéchèses sur «la passion pour l’évangélisation: le zèle apostolique du croyant», mercredi 25 janvier, en la solennité de la conversion de saint Paul, depuis la salle Paul VI du Vatican. Dans sa méditation délivrée lors de cette audience générale, le Pape a évoqué cinq aspects inhérents à la joyeuse annonce du Christ: la joie, la libération, la lumière, la guérison et l’émerveillement.

 

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI
Mercredi 25 janvier 2023

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Résumé

Frères et sœurs, mercredi dernier nous avons réfléchi sur Jésus modèle de l’annonce. Aujourd’hui, nous le regardons comme maître de l’annonce, en nous laissant guider par l’épisode où, dans la synagogue de Nazareth, il enseigne sur le passage prophétique de ce qu’il est Lui-même. L’on peut donc identifier cinq éléments.

Le premier est la joie, l’annonce joyeuse. Un chrétien triste peut parler de belles choses mais tout est vain si l’annonce qu’il transmet n’est pas joyeuse. Le deuxième élément est la libération. Toute annonce digne du Rédempteur doit communiquer la libération. Le troisième aspect est la lumière. Jésus nous donne la lumière de la filiation.

Car la vie dépend essentiellement de l’amour du Père qui prend soin de nous, ses enfants bien-aimés. Le quatrième aspect est la guérison. Jésus nous guérit toujours et gratuitement du péché qui nous opprime sans cesse. Celui qui croit en Jésus peut donner la force du pardon de Dieu aux autres. Le jubilé, l’année de grâce, est le dernier point de l’annonce de Jésus qui doit toujours apporter l’émerveillement de la grâce.

L’Évangile s’accompagne d’un sens de stupeur et de nouveauté qui a un nom : Jésus. Il nous aide à l’annoncer en communiquant la joie, la libération, la lumière, la guérison et l’émerveillement. La joyeuse annonce est adressée aux pauvres. Pour accueillir le Seigneur, chacun de nous doit se faire “pauvre à l’intérieur”.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française. Frères et sœurs, en ce jour où nous fêtons la Conversion de saint Paul, clôture de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens sur le thème : « apprenez à faire le bien ! Recherchez le droit » (Is 1, 17), demandons la grâce d’être revêtus de la lumière du Christ, porteurs d’une joyeuse annonce à toutes les personnes qui ont besoin de libération et de guérison.

Que Dieu vous bénisse !

Catéchèse – La passion pour l’évangélisation :
le zèle apostolique du croyant
– 3. Jésus maitre de l’annonce

Chers frères et sœurs, bonjour!

Mercredi dernier, nous avons réfléchi sur Jésus comme modèle d’annonce, sur son cœur pastoral toujours tendu vers les autres. Aujourd’hui, nous le considérons comme le maître de l’annonce. Laissons-nous guider par l’épisode où il prêche dans la synagogue de son village, Nazareth. Jésus lit un passage du prophète Isaïe (cf. 61,1-2) puis surprend tout le monde par un « sermon » très court, d’une seule phrase, une seule phrase.

Et il dit ceci : « Aujourd’hui s’est accomplie cette Écriture que vous avez entendue » (Lc 4, 21). C’était le sermon de Jésus: « Aujourd’hui s’est accomplie cette Écriture que vous avez entendue ». Cela signifie que pour Jésus ce passage prophétique contient l’essentiel de ce qu’il veut dire de lui-même.

Par conséquent, chaque fois que nous parlons de Jésus, nous devrions retracer sa première annonce. Voyons donc en quoi consiste cette première annonce. Cinq éléments essentiels peuvent être identifiés.

*

Le premier élément est la joie. Jésus proclame : « L’Esprit du Seigneur est sur moi ; […] il m’a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres » (v. 18), c’est-à-dire une annonce d’allégresse, de joie. Bonne nouvelle : on ne peut pas parler de Jésus sans joie, car la foi est une belle histoire d’amour à partager.

Témoigner de Jésus, faire quelque chose pour les autres en son nom, c’est dire entre les lignes de la vie que vous avez reçu un si beau cadeau qu’aucun mot ne suffit pour l’exprimer. Au lieu de cela, quand la joie manque, l’Évangile ne passe pas, parce que c’est – le mot lui-même le dit – une bonne nouvelle, et l’Évangile signifie une bonne nouvelle, une nouvelle de joie.

Un chrétien triste peut parler de belles choses mais c’est en vain si l’annonce qu’il transmet n’est pas heureuse. Un penseur a dit : « un chrétien triste est un triste chrétien » : ne l’oubliez pas.

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Nous arrivons au deuxième aspect : la libération. Jésus dit qu’il a été envoyé « pour proclamer la libération aux prisonniers » (ibid.). Cela signifie que celui qui proclame Dieu ne peut pas faire de prosélytisme, non, il ne peut pas faire pression sur les autres, mais les alléger : non pas pour imposer des fardeaux, mais pour les enlever ; apporte la paix, n’apporte pas la culpabilité.

Bien sûr, suivre Jésus implique de l’ascèse, cela implique des sacrifices ; d’autre part, si toute belle chose l’exige, combien plus la réalité décisive de la vie ! Mais celui qui rend témoignage au Christ montre la beauté de la destination plutôt que la fatigue du voyage. Il nous sera arrivé de parler à quelqu’un d’un beau voyage que nous avons fait.

Par exemple, on aura parlé de la beauté des lieux, de ce qu’on a vu et vécu, pas du temps pour s’y rendre et des files d’attente à l’aéroport, non ! Ainsi toute annonce digne du Rédempteur doit communiquer la libération. Comme celle de Jésus. Aujourd’hui, il y a de la joie, parce que je suis venu libre.

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Troisième aspect : la lumière. Jésus dit qu’il est venu pour rendre « la vue aux aveugles » (ibid.). Il est frappant que dans toute la Bible, avant le Christ, la guérison d’un aveugle n’apparaisse jamais, jamais. C’était en fait un signe promis qui viendrait avec le Messie. Mais il ne s’agit pas seulement de vision physique ici, mais d’une lumière qui vous permet de voir la vie d’une nouvelle manière.

Il y a une « venue à la lumière », une renaissance qui ne se produit qu’avec Jésus. Si nous y réfléchissons, c’est ainsi que la vie chrétienne a commencé pour nous : avec le Baptême, qui dans les temps anciens s’appelait « l’illumination ». Et quelle lumière Jésus nous donne-t-il ?

Il nous apporte la lumière de la filiation : Il est le Fils bien-aimé du Père, vivant pour toujours ; et avec lui nous sommes aussi des enfants de Dieu aimés pour toujours, malgré nos erreurs et nos défauts. Alors la vie n’est plus une marche aveugle vers le néant, non : ce n’est pas une question de destin ou de chance. Ce n’est pas quelque chose qui dépend du hasard ou des étoiles, ou même de la santé ou des finances, non.

La vie dépend de l’amour, de l’amour du Père qui prend soin de nous, ses enfants bien-aimés. Quel plaisir de partager cette lumière avec d’autres ! Avez-vous pensé que la vie de chacun de nous – ma vie, votre vie, notre vie – est un geste d’amour ?

Est-ce une invitation à l’amour ? C’est merveilleux ! Mais on l’oublie souvent, face aux difficultés, face aux mauvaises nouvelles, même face – et c’est mauvais – à la mondanité, au mode de vie mondain.

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Quatrième aspect de l’annonce : la guérison. Jésus dit qu’il est venu « pour libérer les opprimés » (ibid.). Opprimés par sentiments de culpabilité, erreurs, vices, péchés…

Opprimé par cela : pensons, par exemple, aux sentiments de culpabilité. Combien d’entre nous ont subi cela ? Réfléchissons un peu à un sentiment de culpabilité pour cela, pour l’autre… Ce qui nous opprime, c’est justement ce mal qu’aucun médicament ou remède humain ne peut guérir : le péché. Et si quelqu’un a un sentiment de culpabilité pour quelque chose qu’il a fait, et que cela fait mal…

Mais la bonne nouvelle est qu’avec Jésus ce mal ancien, le péché, qui semble invincible, n’a plus le dernier mot. Je peux pécher parce que je suis faible. Chacun de nous peut le faire, mais ce n’est pas le dernier mot. Le dernier mot est la main tendue de Jésus qui vous élève du péché. Et Père, quand est-ce que ça arrive ? Une fois? Pas deux? Non. Trois ? Pas toujours.

Chaque fois que vous êtes malade, le Seigneur a toujours une main tendue. Il suffit de s’accrocher et de se laisser porter. La bonne nouvelle est qu’avec Jésus ce mal ancien n’a plus le dernier mot : le dernier mot est la main tendue de Jésus qui vous porte en avant. Du péché, Jésus nous guérit toujours. Et combien dois-je payer pour la guérison ? Rien.

Il nous guérit toujours et gratuitement. Il invite ceux qui sont « fatigués et opprimés » – il le dit dans l’Évangile – d’aller à lui (cf. Mt 11, 28). Ainsi, accompagner quelqu’un à une rencontre avec Jésus, c’est l’amener chez le cardiologue, qui améliore la vie. Il dit : « Frère, sœur, je n’ai pas de réponses à tant de tes problèmes, mais Jésus te connaît, Jésus t’aime, il peut te guérir et apaiser ton cœur ».

Quiconque porte des fardeaux a besoin d’une caresse sur le passé. On entend souvent : « Mais j’aurais besoin de guérir mon passé… J’ai besoin d’une caresse sur ce passé qui me pèse tant… » Il a besoin de pardon. Et celui qui croit en Jésus a précisément cela à donner aux autres : le pouvoir du pardon, qui libère l’âme de toute dette. Frères, sœurs, n’oubliez pas : Dieu oublie tout.

Comment venir? Oui, oubliez tous nos péchés, il n’en a aucun souvenir. Dieu pardonne tout parce qu’il oublie nos péchés. Nous avons juste besoin de nous rapprocher du Seigneur et Il nous pardonne tout. Pensez à quelque chose de l’Évangile, à ce qu’il a commencé à dire : « Seigneur, j’ai péché ! Ce fils… Et le père met sa main dans sa bouche. « Non, ça va, rien… » Il ne le laissera pas finir… Et c’est bien.

Jésus nous attend pour nous pardonner, pour nous guérir. Et combien? Une fois? Deux fois? Pas toujours. « Mais père, je fais toujours les mêmes choses… » Et lui aussi fera toujours les mêmes choses : te pardonner, t’embrasser. S’il vous plaît, nous n’avons aucune méfiance à cet égard. C’est ainsi que vous aimez le Seigneur.

Quiconque porte des fardeaux et a besoin d’une caresse sur le passé a besoin de pardon, sachez que Jésus le fait. Et c’est ce que Jésus donne : libérer l’âme de toute dette. La Bible parle d’une année au cours de laquelle on a été libéré du fardeau de la dette : le Jubilé, l’année de la grâce. Comme si c’était le dernier point de l’annonce.

En effet, Jésus dit qu’il est venu « pour proclamer une année de faveur de la part du Seigneur » (Lc 4, 19). Ce n’était pas un jubilé planifié, comme ceux que nous avons maintenant, où tout est planifié et où l’on réfléchit à comment le faire et ne pas le faire… Non. Mais avec le Christ arrive la grâce qui renouvelle la vie et étonne toujours.

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Le Christ est le Jubilé de chaque jour, de chaque heure, qui s’approche de vous, pour vous caresser, pour vous pardonner. Et l’annonce de Jésus doit toujours apporter l’émerveillement de la grâce. Cet étonnement… « Je n’arrive pas à croire, j’ai été pardonné, j’ai été pardonné » Mais qu’il est grand notre Dieu!

Car ce n’est pas nous qui faisons de grandes choses, mais c’est la grâce du Seigneur qui, même à travers nous, fait des choses imprévisibles. Et ce sont les surprises de Dieu, Dieu est le maître des surprises. Il nous surprend toujours, il nous attend toujours. Nous arrivons, et Il attend. Toujours. L’Évangile s’accompagne d’un sentiment d’émerveillement et de nouveauté qui porte un nom : Jésus.

Il nous aide à l’annoncer comme il le souhaite, nous communiquant joie, libération, lumière, guérison et émerveillement. C’est ainsi que Jésus se communique.

Une dernière chose : cette annonce heureuse, dont l’Évangile dit qu’elle s’adresse « aux pauvres » (v. 18). On les oublie souvent, pourtant ce sont les destinataires explicitement cités, car ce sont les préférés de Dieu.

Souvenons-nous d’eux et rappelons-nous que, pour accueillir le Seigneur, chacun de nous doit se faire « pauvre à l’intérieur ». Avec cette pauvreté qui fait dire : « Seigneur j’ai besoin de pardon, j’ai besoin d’aide, j’ai besoin de force ».

Cette pauvreté que nous avons tous : devenir pauvre de l’intérieur. Il s’agit de dépasser toute prétention à l’autosuffisance pour se comprendre en besoin de grâce, et toujours en besoin de Lui Si quelqu’un me dit : Père, quel est le chemin le plus court pour rencontrer Jésus ? Rendez-vous nécessiteux. Rendez-vous en besoin de grâce, en besoin de pardon, en besoin de joie. Et Il viendra à vous.

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Appel

Après-demain, le 27 janvier, c’est la Journée internationale de commémoration de l’Holocauste. Le souvenir de cette extermination de millions de Juifs et d’autres confessions ne peut être ni oublié ni nié. Il ne peut y avoir d’engagement constant à construire ensemble la fraternité sans d’abord dissiper les racines de la haine et de la violence qui ont alimenté l’horreur de l’Holocauste.

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Enfin, comme d’habitude, mes pensées vont aux jeunes, aux malades, aux personnes âgées et aux jeunes mariés. Aujourd’hui se termine la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens. J’encourage chacun à vivre dans son état de vie les exigences de l’unité chrétienne qui viennent du baptême. Conscients du don de ce sacrement, nous travaillons, prions et offrons chaque jour nos sacrifices pour l’unité de tous les croyants dans le Christ.

Que l’Ukraine meurtrie, qui est si affligée, ne manque pas à nos pensées et à nos prières. Ce matin, j’ai eu une réunion avec les chefs des différentes confessions de foi qui sont en Ukraine – tous unis – et ils m’ont parlé de la douleur de ce peuple. N’oublions jamais, chaque jour, de prier pour une paix ultime en Ukraine.

Ma bénédiction à tous.


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