Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Jésus, roi de l’univers, ne s’est jamais assis sur un trône

«Jésus, roi de l’univers, ne s’est jamais assis sur un trône»

En ce temps liturgique qui invite à réfléchir sur le mystère de Noël, le Pape François a, depuis la salle Paul VI au Vatican lors de la dernière audience de l’année 2022, mis en lumière les signes d’amour, d’humilité, de tendresse de Dieu à travers la naissance du Seigneur Jésus dans une crèche. Jésus, roi de l’univers se dépouillant de sa gloire, «nous attire par son amour».

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI
Mercredi 28 décembre 2022

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Résumé

Chers frères et sœurs,

le temps liturgique nous invite à réfléchir sur le mystère de Noël. Nous pouvons le faire à la lumière de la pensée de saint François de Sales dont nous fêtons le 4ème centenaire de la mort. Une Lettre Apostolique, intitulée « Tout est à l’amour », est publiée aujourd’hui pour commémorer cet anniversaire.

Dans l’une de ses Lettres, saint François de Sales dit qu’il préfère voir cent fois le petit Enfant dans la mangeoire que tous les rois sur leurs trônes. En effet, Saint Luc dans son récit de la naissance de Jésus insiste sur la mangeoire. Elle est un élément symbolique qui aide à comprendre qui est Jésus.

Elle est aussi le signe que Dieu nous donne à Noël et nous révèle son style qui est proximité, compassion et tendresse. Dans une autre Lettre, il nous invite à nous laisser attirer par l’amour de cet Enfant céleste. Cette naissance nous apprend aussi le renoncement parfait à tous les biens du monde, car la pauvreté est un autre aspect qui ressort de la crèche.

Le grand enseignement, qui nous vient donc de l’Enfant Jésus à travers la sagesse de saint François de Sales, est de ne rien désirer ni rejeter de tout ce que Dieu nous envoie, mais de l’accepter par amour, parce qu’il nous aime et ne veut que notre bien.

Catéchèse : Noël avec saint François de Sales

Chers frères et sœurs, bonjour et joyeux Noël encore!

Ce temps liturgique nous invite à faire une pause et à réfléchir sur le mystère de Noël. Et puisque c’est aujourd’hui le quatrième centenaire de la mort de saint François de Sales, évêque et docteur de l’Église, nous pouvons nous inspirer de certaines de ses réflexions. Il a beaucoup écrit sur Noël.

À cet égard, j’ai le plaisir de vous annoncer que la Lettre apostolique commémorant cet anniversaire est publiée aujourd’hui. Le titre est « Tout appartient à l’amour », reprenant une expression caractéristique de saint François de Sales.

En effet, ainsi écrit-il dans le Traité sur l’amour de Dieu : « Dans la Sainte Église tout appartient à l’amour, vit dans l’amour, se fait pour l’amour et vient de l’amour » (Ed. Paoline, Milan 1989, p. 80) . Et peut-être pourrions-nous tous emprunter ce chemin de l’amour, si beau.

Essayons maintenant d’approfondir un peu le mystère de la naissance de Jésus, « en compagnie » de saint François de Sales, afin de combiner les deux commémorations.

Saint François de Sales, dans une des nombreuses lettres adressées à Sainte Jeanne-Françoise de Chantal, écrit ainsi : « Il me semble voir Salomon sur le grand trône d’ivoire, doré et sculpté, qui n’avait d’égal dans aucun royaume, comme L’Écriture dit ( 1 Rois 10,18-20); voir, en bref, ce roi qui n’avait pas d’égal en gloire et en magnificence (voir 1 Rois 10:23).

Mais j’aime mieux voir le cher petit Enfant dans la crèche que tous les rois sur leurs trônes » [1] : ce qu’il a dit est beau. Jésus, le Roi de l’univers, ne s’est jamais assis sur un trône, jamais : il est né dans une étable – on le voit ainsi représenté -, enveloppé de langes et couché dans une mangeoire ; et à la fin il mourut sur une croix et, enveloppé dans un drap, fut mis au tombeau.

En effet, l’évangéliste Luc, racontant la naissance de Jésus, insiste beaucoup sur le détail de la crèche. Est-ce à dire qu’il est très important non seulement en tant que détail logistique, mais en tant qu’élément symbolique pour comprendre quoi ? comprendre quel genre de Messie est celui qui est né à Bethléem, quel genre de Roi : qui est Jésus.

En regardant la crèche, en regardant la croix, en regardant sa vie de simplicité, nous pouvons comprendre qui est Jésus. Jésus est le Fils de Dieu qui nous sauve en se faisant homme, comme nous, se dépouillant de sa gloire et s’humiliant (cf. Ph 2,7-8). Nous voyons ce mystère concrètement dans le foyer de la crèche, c’est-à-dire dans l’Enfant couché dans une mangeoire.

C’est le « signe » que Dieu nous donne à Noël : c’était alors pour les bergers de Bethléem (cf. Lc 2, 12), c’est aujourd’hui et ce sera toujours. Lorsque les anges annoncent la naissance de Jésus : « Allez le trouver » ; et le signe est : vous trouverez un enfant dans une crèche. C’est le signal. Le trône de Jésus, c’est la crèche ou le chemin, durant sa vie quand il a prêché, ou la croix à la fin de sa vie : c’est le trône de notre Roi.

Ce signe nous montre le « style » de Dieu, et quel est le style de Dieu ? Ne l’oubliez jamais : le style de Dieu est proximité, compassion et tendresse. Notre Dieu est proche, compatissant et tendre.

En Jésus, nous voyons ce style de Dieu, avec ce style qui est le sien, Dieu nous attire à lui. Il ne nous prend pas de force, il ne nous impose pas sa vérité et sa justice, il ne nous fait pas de prosélytisme, non : il veut nous attirer avec amour, avec tendresse, avec compassion. Dans une autre lettre, saint François de Sales écrit : « Un aimant attire le fer et l’ambre attire la paille et le foin.

Eh bien, que nous soyons de fer par notre dureté, ou de paille par notre faiblesse, il faut se laisser entraîner vers ce petit Enfant céleste» [2]. Nos forces, nos faiblesses, ne se résolvent que devant la crèche, devant Jésus, ou devant la croix : Jésus dépouillé, pauvre Jésus ; mais toujours avec son style de proximité, de compassion et de tendresse.

Dieu a trouvé un moyen de nous attirer comme nous sommes : avec amour. Pas un amour possessif et égoïste, comme l’est malheureusement si souvent l’amour humain. Son amour est pur don, pure grâce, il est tout et seulement pour nous, pour notre bien.

Alors il nous attire, avec cet amour désarmant et même désarmant, parce que quand on voit cette simplicité de Jésus, on se débarrasse nous aussi des armes de l’orgueil et on va là, humbles, demander le salut, demander pardon, demander lumière pour nos vies, pour pouvoir avancer. N’oubliez pas le trône de Jésus : la crèche et la croix, c’est le trône de Jésus.

Un autre aspect qui ressort de la crèche est la pauvreté – il y a bien là pauvreté – entendue comme le renoncement à toute vanité mondaine. Quand nous voyons l’argent dépensé pour la vanité : beaucoup d’argent pour la vanité mondaine ; tant d’efforts, tant de recherches de vanité ; tandis que Jésus nous montre l’humilité.

Saint François de Sales écrit : « Mon Dieu ! combien de saintes affections cette naissance suscite-t-elle dans nos cœurs ! Mais surtout, elle nous enseigne le renoncement parfait à tous les biens, à toutes les pompes […] de ce monde. Je ne sais pas, mais je ne trouve pas d’autre mystère où la tendresse et l’austérité, l’amour et la rigueur, la douceur et la dureté se mêlent si doucement » [3] : on voit tout cela à la crèche.

Oui, veillons à ne pas glisser dans la caricature mondaine de Noël. Et c’est un problème, parce que c’est Noël. Mais aujourd’hui on voit qu’il y a aussi « un autre Noël », entre guillemets, c’est la caricature mondaine de Noël, qui réduit Noël à une fête sucrée et consumériste. On veut faire la fête, on en a besoin, mais ce n’est pas Noël, Noël c’est autre chose.

L’amour de Dieu n’est pas mielleux, la crèche de Jésus nous le prouve, l’amour de Dieu n’est pas un bienfaiteur hypocrite qui cache la recherche des plaisirs et du confort. Nos aînés qui avaient connu la guerre et même la faim le savaient bien : Noël est joie et fête, certes, mais dans la simplicité et l’austérité.

Et nous terminons par une pensée de saint François de Sales que j’ai également reprise dans la Lettre apostolique. Il l’a dicté aux Sœurs Visitandines – pensez donc ! – deux jours avant sa mort. Et Il dit: «Vois-tu l’Enfant Jésus dans la crèche? Il reçoit tous les ravages du temps, du froid et tout ce que le Père permet qu’il lui arrive.

Il ne refuse pas les petites consolations que sa mère lui donne, et il n’est pas écrit qu’il tende jamais les mains pour avoir les seins de sa mère, mais il laisse tout à ses soins et à sa prévoyance ; il ne faut donc rien désirer ni rien refuser, endurant tout ce que Dieu nous enverra, le froid et les ravages du temps» [4].

Et là, chers frères et sœurs, il y a un grand enseignement qui nous vient de l’Enfant Jésus à travers la sagesse de saint François de Sales : ne rien désirer et ne rien refuser, accepter tout ce que Dieu nous envoie. Mais méfiez-vous! Toujours et seulement par amour, parce que Dieu nous aime et veut toujours et seulement notre bien.

Regardons la crèche, qui est le trône de Jésus, regardons Jésus dans les rues de Judée, de Galilée, prêchant le message du Père et regardons Jésus sur l’autre trône, sur la croix. C’est ce que Jésus nous propose : le chemin, mais c’est le chemin du bonheur.

A vous tous et à vos familles, joyeux Noël et bon début d’année !

[1] A la Mère Chantal, Annecy, 25 décembre 1613, in Tutte le lettere, vol. II (1619-1622), a cura di L. Rolfo , Paoline, Roma 1967, 402-403 ( Œuvres de Saint François de Sales, édition complète, Annecy, Tome XVI, 120-121).

[2] A une religieuse, Paris verso il 6 janvier 1619, in Tutte le lettere, vol. III (1619-1622), a cura di L. Rolfo , Paoline, Roma 1967, 10 ( Œuvres de Saint François de Sales, édition complète, Annecy, Tome XVIII, 334-335).

[3] A une religieuse de l’abbaye sainte Catherine, Annecy, 25 o 26 décembre 1621, in Tutte le lettere, vol. III (1619-1622), a cura di L. Rolfo , Paoline, Roma 1967, 615 ( Œuvres de Saint François de Sales, édition complète, Annecy, Tome XX, 212).

[4] F. De Sales, Entretiens spirituels, Œuvres. Textes présentés et annotés par A. Ravier avec la collaboration de R. Devos, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris 1969, 1319).

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Je salue cordialement les personnes de langue française en particulier les jeunes du Séminaire Saint-Paul VI accompagnés par Mgr Luc Crépy.

Frères et sœurs, en ces jours où nous contemplons le mystère du Dieu fait homme, demandons la grâce de savoir nous priver de quelque chose pour l’offrir au prochain dans le besoin, afin chacun puisse vivre la joie de Noël. Que Dieu vous bénisse !

Je salue ensuite les adolescents du Mouvement des Focolari de différents pays et je les encourage à se confier avec confiance à Jésus, l’ami fidèle qui ne trahit jamais.

Je voudrais vous demander à tous une prière spéciale, pour le pape émérite Benoît, qui soutient silencieusement l’Église. Souvenez-vous de lui – il est très malade – demandant au Seigneur de le consoler et de le soutenir jusqu’au bout dans ce témoignage d’amour pour l’Église.

Enfin, comme d’habitude, mes pensées vont aux jeunes, aux malades, aux personnes âgées et aux jeunes mariés. Que l’Enfant de Bethléem vous donne sa lumière et son réconfort. Qu’il accorde à l’Ukraine tourmentée, opprimée par la brutalité de la guerre, le don tant attendu de la paix.

Je vous bénis de tout cœur.


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Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

Comme saint Étienne, unir la charité et l’annonce de la Parole

Comme saint Étienne, unir la charité et l’annonce de la Parole

En ce 26 décembre, l’Église universelle commémore saint Étienne, premier martyr chrétien. Avant la prière de l’angélus, le Pape François a parlé aux fidèles réunis Place Saint-Pierre de cette figure qui nous invite à témoigner par «la charité, la parole [et] le pardon».

 

FÊTE DE SAINT ÉTIENNE PROTOMARTYR

LE PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
lundi 26 décembre 2022

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Chers frères et sœurs, bonjour, Joyeuses Fêtes!

Hier nous avons célébré le Noël du Seigneur et la liturgie, pour nous aider à mieux l’accueillir, prolonge la durée de la fête jusqu’au 1er janvier : pendant huit jours. Étonnamment cependant, ces mêmes jours, certaines figures dramatiques de saints martyrs sont rappelées.

Aujourd’hui, par exemple, saint Étienne, le premier martyr chrétien ; après-demain les Saints Innocents, les enfants tués par le roi Hérode de peur que Jésus ne leur enlève leur trône (voir Mt 2, 1-18). Bref, la liturgie semble vraiment vouloir nous éloigner du monde des lumières, des déjeuners et des cadeaux dans lequel nous pourrions quelque peu nous installer ces temps-ci. Pourquoi?

Car Noël n’est pas le conte de fées de la naissance d’un roi, mais c’est la venue du Sauveur, qui nous libère du mal en prenant sur lui notre mal : l’égoïsme, le péché, la mort. C’est notre mal : l’égoïsme que nous portons en nous, le péché, parce que nous sommes tous pécheurs, et la mort. Et les martyrs sont les plus proches de Jésus.

En fait, le mot martyr signifie témoin : les martyrs sont des témoins, c’est-à-dire des frères et sœurs qui, à travers leur vie, nous montrent Jésus, qui a vaincu le mal avec miséricorde. Et même de nos jours les martyrs sont nombreux, plus qu’aux premiers temps.

Aujourd’hui, nous prions pour ces frères et sœurs martyrs persécutés qui témoignent du Christ. Mais cela nous fera du bien de nous demander : est-ce que je rends témoignage au Christ ? Et comment pouvons-nous nous améliorer en cela, pour mieux témoigner du Christ ? La figure de Saint Étienne peut nous aider.

Tout d’abord, les Actes des Apôtres nous disent qu’il était l’un des sept diacres que la communauté de Jérusalem avait consacrés pour le service des tables, c’est-à-dire pour la charité (cf. 6, 1-6). Cela signifie que son premier témoignage n’a pas été donné en paroles, mais à travers l’amour avec lequel il a servi les plus nécessiteux.

Mais Étienne ne s’est pas limité à ce travail d’assistance. A ceux qu’il rencontrait, il parlait de Jésus : il partageait sa foi à la lumière de la Parole de Dieu et de l’enseignement des Apôtres (cf. Ac 7,1-53,56). C’est la deuxième dimension de son témoignage : accueillir la Parole et communiquer sa beauté, raconter comment la rencontre avec Jésus change la vie.

Cela était si important pour Étienne qu’il ne se laissa pas intimider même par les menaces de ses persécuteurs, pas même lorsqu’il vit que les choses allaient mal pour lui (cf. v. 54). Charité et annonce, c’était Étienne. Cependant, son plus grand témoignage est encore un autre : celui qui a su unir charité et annonce. Il nous l’a laissé sur le point de mourir, quand, à l’exemple de Jésus, il a pardonné à ses assassins (cf. v. 60; Lc 23, 34).

Voici donc notre réponse à la question : nous pouvons améliorer notre témoignage par la charité envers nos frères, la fidélité à la Parole de Dieu et le pardon. Charité, Parole, pardon.

C’est le pardon qui nous dit si nous pratiquons vraiment la charité envers les autres et si nous vivons la Parole de Jésus.Le par-don est en effet, comme le mot lui-même l’indique, un don plus grand, un don que nous faisons aux autres parce que nous Je suis Jésus, sois pardonné par Lui. Je pardonne parce que j’ai été pardonné : ne l’oublions pas…

Réfléchissons, chacun de nous réfléchissons à sa propre capacité de pardonner : quelle est ma capacité de pardonner, en ces jours où nous pouvons rencontrer, parmi tant d’autres, des personnes avec qui nous ne nous entendions pas, qui nous ont fait du mal, avec qui nous n’avons jamais réparé nos relations.

Demandons à Jésus nouveau-né la nouveauté d’un cœur capable de pardonner : nous avons tous besoin d’un cœur qui pardonne ! Demandons au Seigneur cette grâce : Seigneur, que j’apprenne à pardonner. Nous demandons la force de prier pour ceux qui nous ont blessés, de prier pour les personnes qui nous ont blessés et de prendre des mesures d’ouverture et de réconciliation.

Que le Seigneur nous donne cette grâce aujourd’hui.

Et que Marie, Reine des martyrs, aide-nous à grandir dans la charité, dans l’amour de la Parole et dans le pardon.

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Après l’Angélus

Chers frères et sœurs !

Dans l’atmosphère spirituelle de joie et de sérénité du Saint Noël, je vous salue ici avec affection et tous ceux qui nous suivent par les moyens de communication sociale.

Je renouvelle mon vœu de paix : paix dans les familles, paix dans les communautés paroissiales et religieuses, paix dans les mouvements et associations, paix pour ces populations tourmentées par la guerre, paix pour la chère et tourmentée Ukraine. Il y a tellement de drapeaux ukrainiens ici ! Nous demandons la paix pour ce peuple martyr !

Ces dernières semaines, j’ai reçu de nombreux messages de bons vœux. Ne pouvant répondre à tout le monde, j’exprime ma gratitude à tous, en particulier pour le don de la prière.

Je vous souhaite à tous un joyeux lendemain de Noël et n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir ! »


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Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

l’Esprit Saint aide au discernement

l’Esprit Saint aide au discernement

Pour la dernière audience générale avant Noël, le Pape François, depuis la salle Paul VI, a poursuivi son cycle de catéchèses sur le discernement, donnant quelques conseils pour rendre celui-ci plus facile.

 

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI
Mercredi 21 décembre 2022

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Résumé

Chers frères et sœurs,

Aujourd’hui, je voudrais vous proposer quelques aides plus précises pour faciliter cet exercice du discernement, indispensable à la vie spirituelle.

Une première aide importante nous vient de la Parole de Dieu et de la doctrine de l’Église. La Bible nous avertit que la voix de Dieu résonne dans l’attention, dans le silence. Elle ne s’impose pas, elle est discrète comme la brise, respectueuse. Pour le croyant, la Parole de Dieu n’est pas simplement un texte à lire, elle est une présence vivante, un véritable avant-goût du paradis.

Ce lien affectif avec l’Écriture conduit à une deuxième aide, qui nous vient de notre propre relation affective avec le Seigneur Jésus, car elle nous révèle un Dieu plein de compassion et de tendresse, et l’expérience que nous en faisons fait fondre nos résistances et nos doutes. Elle nous apprend à nous tenir devant le Crucifix, comme les saints, parce que la lumière de Pâques traverse Jésus crucifié.

Enfin, n’oublions pas le don du Saint-Esprit qui est le discernement en action, présence de Dieu en nous, mais aussi le don le plus grand que le Père offre à ceux qui le lui demandent et que la liturgie des Heures nous fait répéter :

Catéchèse sur le discernement – 13.

Chers frères et sœurs, bonjour et bienvenue !

Nous continuons – elles finissent – ​​les catéchèses sur le discernement, et ceux qui ont suivi ces catéchèses jusqu’à présent pourraient peut-être penser : quelle pratique compliquée de discerner ! En réalité, c’est la vie qui est compliquée et, si nous n’apprenons pas à la lire, aussi compliquée soit-elle, nous risquons de la gâcher, de la faire avancer avec des expédients qui finissent par nous humilier.

Lors de notre première rencontre, nous avions vu que toujours, chaque jour, que cela nous plaise ou non, nous accomplissions des actes de discernement, dans ce que nous mangeons, dans ce que nous lisons, au travail, dans les relations, en tout. La vie nous confronte toujours à des choix, et si nous ne les faisons pas consciemment, à la fin la vie choisit pour nous, nous emmenant là où nous ne voulons pas.

Cependant, le discernement ne se fait pas seul. Nous entrons aujourd’hui plus spécifiquement sur quelques aides qui peuvent faciliter cet exercice de discernement, indispensable à la vie spirituelle, même si d’une certaine manière nous les avons déjà rencontrées au cours de ces catéchèses. Mais un résumé nous aidera beaucoup.

Un premier secours indispensable est la comparaison avec la Parole de Dieu et la doctrine de l’Église. elles nous aident à lire ce qui bouge dans le cœur, apprenant à reconnaître la voix de Dieu et à la distinguer des autres voix, qui semblent forcer notre attention, mais qui finalement nous laissent perplexes.

La Bible nous avertit que la voix de Dieu résonne dans le calme, dans l’attention, dans le silence. Pensons à l’expérience du prophète Élie : le Seigneur ne lui parle pas dans le vent qui fend les pierres, ni dans le feu ou le tremblement de terre, mais lui parle dans une brise légère (voir 1 Rois 19 :11-12).

C’est une très belle image qui nous fait comprendre comment Dieu parle, la voix de Dieu ne s’impose pas, la voix de Dieu est discrète, respectueuse, j’oserais dire : la voix de Dieu est humble, et justement pour cela elle est pacifique. Et ce n’est que dans la paix que nous pouvons entrer profondément en nous-mêmes et reconnaître les désirs authentiques que le Seigneur a placés dans nos cœurs.

Et souvent, il n’est pas facile d’entrer dans cette paix du cœur, car nous sommes occupés par tant de choses toute la journée… Mais s’il vous plaît, calmez-vous un peu, entrez en vous-même, en vous-même. Deux minutes, arrêtez. Voyez ce que votre cœur ressent.

Faisons cela, frères et sœurs, cela nous aidera beaucoup, car dans ce moment de calme nous entendons immédiatement la voix de Dieu qui nous dit : « Mais regardez, regardez avec ça, c’est bien ce que vous faites.. . ». Laissons la voix de Dieu venir immédiatement dans le calme, c’est pourquoi Il nous attend.

*

Pour le croyant, la Parole de Dieu n’est pas simplement un texte à lire, la Parole de Dieu est une présence vivante, c’est une œuvre de l’Esprit Saint qui réconforte, instruit, donne la lumière, la force, le rafraîchissement et la joie de vivre. Lire la Bible, lire un morceau, un ou deux morceaux de la Bible, sont comme de petits télégrammes de Dieu qui vous parviennent immédiatement au cœur.

La Parole de Dieu est un peu – et je n’exagère pas – un peu un vrai avant-goût du paradis. Et un grand saint et pasteur, Ambroise, évêque de Milan, l’a bien compris, qui a écrit: «Quand je lis l’Écriture divine, Dieu marche à nouveau dans le paradis terrestre» (Let., 49,3). Avec la Bible nous ouvrons la porte à Dieu qui marche. Intéressant…

Cette relation affective avec la Bible, avec les Écritures, avec l’Évangile conduit à vivre une relation affective avec le Seigneur Jésus : n’ayez pas peur de cela ! Le cœur parle au cœur, et c’est une autre aide indispensable et pas évidente. Bien des fois nous pouvons avoir une idée déformée de Dieu, le considérant comme un juge bourru, un juge sévère, prêt à nous prendre en flagrant délit.

Jésus, au contraire, nous révèle un Dieu plein de compassion et de tendresse, prêt à se sacrifier pour nous rencontrer, tout comme le père dans la parabole du fils prodigue (cf. Lc 15, 11-32). Une fois, quelqu’un a demandé – je ne sais pas si c’était à ma mère ou à ma grand-mère, il m’a dit – « Mais que dois-je faire, maintenant ? – « Écoutez Dieu, Il vous dira quoi faire. Ouvrez votre cœur à Dieu » : un bon conseil.

Je me souviens d’une fois, lors d’un pèlerinage de jeunes, qui a lieu une fois par an au Sanctuaire de Luján, à 70 km de Buenos Aires : il faut toute la journée pour y arriver ; J’avais l’habitude de confesser pendant la nuit. Un garçon s’est approché, âgé d’environ 22 ans, tout tatoués. « Mon Dieu – je pensais – qu’est-ce que ce sera? ».

Et il m’a dit : « Tu sais, je suis venu parce que j’ai un grave problème et j’en ai parlé à ma mère et ma mère m’a dit : ‘Va à Notre-Dame, fais le pèlerinage, et Notre-Dame te le dira’. Et je suis venu. J’ai eu un contact avec la Bible ici, j’ai écouté la Parole de Dieu et cela a touché mon cœur et je dois faire ceci, cela, cela, cela, cela ».

*

La Parole de Dieu vous fait toujours détourner le regard : c’est-à-dire qu’il y a la croix ici, elle est laide, mais il y a autre chose, une espérance, une résurrection. La Parole de Dieu vous ouvre toutes les portes, car Lui, le Seigneur, est la porte. Prenons l’Évangile, prenons la Bible en main : cinq minutes par jour, pas plus.

Emportez un évangile de poche avec vous, dans votre sac, et lorsque vous voyagez, emportez-le et lisez un peu pendant la journée, laissant la Parole de Dieu s’approcher de votre cœur. Faites cela et vous verrez comment votre vie changera en vous rapprochant de la Parole de Dieu.

« Oui, Père, mais j’ai l’habitude de lire la Vie des Saints »: c’est bien, c’est bien, mais ne quittez pas la Parole de Dieu Prenez l’Évangile avec vous et lisez-le ne serait-ce qu’une minute par jour.

C’est très beau de penser à la vie avec le Seigneur comme une amitié qui grandit de jour en jour. Avez-vous pensé à cela? C’est le chemin ! Pensons à Dieu qui nous aime, nous avons besoin d’amis ! L’amitié avec Dieu a la capacité de changer les cœurs ; c’est un des grands dons de l’Esprit Saint, la piété, qui nous rend capables de reconnaître la paternité de Dieu.

Nous avons un Père tendre, un Père affectueux, un Père qui nous aime, qui nous a toujours aimés : lorsque nous l’éprouvons, le cœur fond et des doutes, des peurs, un sentiment d’indignité retombent. Rien ne peut s’opposer à cet amour de la rencontre avec le Seigneur.

*

Et cela nous rappelle une autre grande aide, le don de l’Esprit Saint, qui est présent en nous et qui nous instruit, nous fait vivre la Parole de Dieu que nous lisons,nous  suggère de nouveaux sens, nouys ouvre des portes qui semblaient fermées, nous indique des chemins de la vie là où il semblait qu’il n’y avait que ténèbres et confusion. Je vous demande : priez-vous le Saint-Esprit ? Mais qui est ce grand Inconnu ?

On prie le Père, oui le Notre Père, on prie Jésus, mais on oublie l’Esprit ! Une fois, faisant la catéchèse aux enfants, j’ai posé la question : « Qui parmi vous sait qui est l’Esprit Saint ? ». Et un enfant : « Je sais ! » – « Et qui est-ce ? » – « Le paralytique », m’a-t-il dit ! Il avait entendu « le Paraclet », et pensait qu’il était un paralytique.

Et bien des fois – cela m’a fait réfléchir – le Saint-Esprit est là pour nous, comme s’il était une personne qui ne compte pas. Le Saint-Esprit est celui qui donne vie à votre âme ! Laissez-le entrer. Parlez à l’Esprit comme vous parlez au Père, comme vous parlez au Fils : parlez au Saint-Esprit – qui n’a rien de paralytique ! En lui est la force de l’Église, c’est lui qui vous fait avancer.

L’Esprit Saint est discernement en action, présence de Dieu en nous, il est le don, le plus grand don que le Père assure à ceux qui le demandent (cf. Lc 11, 13). Et comment Jésus l’appelle-t-il ? « Le don » : « Restez ici à Jérusalem en attendant le don de Dieu », qui est le Saint-Esprit. Il est intéressant de mener sa vie en amitié avec le Saint-Esprit : Il vous change, Il vous fait grandir.

La Liturgie des Heures débute les principaux moments de prière de la journée par cette invocation : « Ô Dieu viens me sauver, Seigneur viens vite à mon aide ». « Seigneur, aide-moi ! », car je ne peux pas continuer seul, je ne peux pas aimer, je ne peux pas vivre… Cette invocation au salut est la demande irrépressible qui jaillit du plus profond de notre être.

Le discernement a pour but de reconnaître le salut opéré par le Seigneur dans ma vie, il me rappelle que je ne suis jamais seul et que, si je lutte, c’est parce que l’enjeu est important. Le Saint-Esprit est toujours avec nous. « Oh, Père, j’ai fait quelque chose de mal, je dois me confesser, je ne peux rien faire… ». Mais, avez-vous fait une mauvaise chose? Parlez à l’Esprit qui est avec vous et dites-lui : « Aide-moi, j’ai très mal fait cela ».

Mais n’annulez pas le dialogue avec le Saint-Esprit. « Père, je suis en état de péché mortel » : peu importe, parle-lui pour qu’il t’aide à recevoir le pardon. Ne quittez jamais ce dialogue avec le Saint-Esprit. Et avec ces aides, que le Seigneur nous donne, nous ne devons pas avoir peur. En avant, courage et dans la joie!


Je salue cordialement les pèlerins de langue française présents à cette audience, en particulier le groupe des servants d’autel du diocèse de Versailles. Puisse leur service généreux les faire entrer toujours plus dans l’intimité du Seigneur. Je vous souhaite un joyeux et saint Noël et vous bénis tous !

Enfin, comme d’habitude, mes pensées vont aux jeunes, aux malades, aux personnes âgées et aux jeunes mariés. Que la naissance du Sauveur vous apporte tout le réconfort intime et vous donne la joie de vous sentir aimé par le Dieu qui s’est fait enfant.

Et puis, pensons – en parlant de l’Enfant Jésus – aux nombreux enfants d’Ukraine qui souffrent, souffrent tant, de cette guerre. En cette fête de Dieu devenu enfant, pensons aux enfants ukrainiens.

Quand je les ai trouvés ici, la majorité ne peut pas sourire et quand un enfant perd la capacité de sourire, c’est grave. Ces enfants portent le drame de cette guerre si inhumaine, si dure. Pensons au peuple ukrainien ce Noël : sans lumière, sans chauffage, sans l’essentiel pour survivre, et prions le Seigneur de lui apporter la paix au plus vite.

Je vous bénis de tout mon cœur.


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Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse