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sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Faire circuler la joie de l’Évangile

Faire circuler la joie de l’Évangile

Lors de sa rencontre avec les évêques, les prêtres, les personnes consacrées, les séminaristes et agents pastoraux à Manama, le Pape François a livré une réflexion sur l’Esprit source de joie, d’unité et de prophétie.

 

VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS
au ROYAUME DE BAHREÏN
à l’occasion du «Bahrain Forum for Dialogue: East and West for Human Coexistence »
(3 – 6 NOVEMBRE 2022)

RENCONTRE DE PRIÈRE AVEC LES ÉVÊQUES, LES PRÊTRES,
LES CONSACRÉS, LES SÉMINARISTES ET LES AGENTS PASTORAUX

DISCOURS DU SAINT-PÈRE

Église du Sacré-Cœur à Manama
Dimanche 6 novembre 2022

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Chers Évêques, prêtres, consacrés et séminaristes, agents pastoraux, bonjour !

La rencontre avec un groupe de pèlerins catholiques

Je suis heureux d’être parmi vous, dans cette communauté chrétienne qui manifeste si bien son visage « catholique », c’est-à-dire universel : une Église habitée par des personnes provenant de nombreuses parties du monde, qui se rassemblent pour confesser l’unique foi dans le Christ.

Mgr Hinder, que je remercie pour son service et pour ses paroles, a parlé hier d’un « petit troupeau composé de migrants » : en saluant chacun d’entre vous, j’adresse donc aussi une pensée aux peuples auxquels vous appartenez, à vos familles que vous portez dans votre cœur avec un peu de nostalgie, à vos pays d’origine.

En particulier, en voyant les fidèles du Liban, j’assure ce pays bien-aimé, si fatigué et si éprouvé, ainsi que tous les peuples qui souffrent au Moyen-Orient, de mes prières et de ma proximité. Il est beau d’appartenir à une Église composée d’histoires et de visages différents, qui trouvent leur harmonie dans le seul visage de Jésus.

Et cette variété – je l’ai vu ces jours-ci – est le miroir de ce pays, des personnes qui le peuplent, mais aussi du paysage qui le caractérise et qui, bien que dominé par le désert, présente une richesse et une variété de plantes et d’êtres vivants.

L’eau vive, jaillie du Christ et des croyants

Les paroles de Jésus que nous avons entendues parlent de l’eau vive qui jaillit du Christ et des croyants (cf. Jn 7, 37-39). Elles m’ont fait penser à cette terre : c’est vrai, il y a beaucoup de désert, mais il y a aussi des sources d’eau douce qui coulent silencieusement sous terre et qui l’irriguent.

C’est une belle image de ce que vous êtes et surtout de ce que la foi opère dans la vie : en surface, notre humanité émerge, desséchée par tant de fragilités, de peurs, de défis à relever, de maux personnels et sociaux de toutes sortes ; mais au fond de l’âme, au fond du cœur, l’eau douce de l’Esprit coule calmement et silencieusement, irrigue nos déserts, redonne de la vigueur à ce qui risque de se dessécher, lave ce qui nous enlaidit, étanche notre soif de bonheur.

Et elle renouvelle toujours la vie. C’est de cette eau vive dont parle Jésus. Elle est la source de vie nouvelle qu’il nous promet : le don de l’Esprit Saint, la présence tendre, aimante et régénératrice de Dieu en nous.

Il est bon alors de s’arrêter sur la scène que décrit l’Évangile. Jésus se trouve dans le temple de Jérusalem où l’on célèbre l’une des plus importantes fêtes au cours de laquelle le peuple bénit le Seigneur pour le don de la terre et des récoltes, en faisant mémoire de l’Alliance.

En ce jour de fête, un rite important se déroulait : le grand prêtre se rendait à la piscine de Siloé, puisait de l’eau et, pendant que le peuple chantait et se réjouissait, la versait à l’extérieur des murs de la ville pour indiquer qu’une grande bénédiction allait surgir de Jérusalem pour tous.

De Jérusalem, en effet, le psalmiste avait dit : « En toi, toutes nos sources » (Ps 87,7) ; et le prophète Ézéchiel avait parlé d’une source d’eau qui, jaillissant du temple, irriguerait et féconderait toute la terre comme un fleuve (Ez 47,1-12).

Avec ces prémisses, nous comprenons bien ce que l’Évangile de Jean veut nous dire avec cette scène : nous sommes au dernier jour de la fête, Jésus se tient : « debout » et proclame haut et fort : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi » (Jn 7,37), car des « fleuves d’eau vive » couleront de son sein (v. 38). Quelle belle invitation !

Et l’évangéliste explique : « Il parlait de l’Esprit Saint qu’allaient recevoir ceux qui croiraient en lui. En effet, il ne pouvait y avoir l’Esprit, puisque Jésus n’avait pas encore été glorifié » (v. 39). Il s’agit de l’heure à laquelle Jésus meurt sur la croix : à ce moment-là, ce n’est plus du temple de pierres, mais du côté ouvert du Christ que sortira l’eau de la vie nouvelle, l’eau vivifiante de l’Esprit Saint, destinée à régénérer toute l’humanité, en la libérant du péché et de la mort.

Frères et sœurs, rappelons-nous toujours ceci : c’est là que naît l’Église, elle naît du côté ouvert du Christ, d’un bain de régénération dans l’Esprit Saint (cf. Tt 3, 5). Nous ne sommes pas chrétiens en raison de nos mérites ou simplement parce que nous adhérons à un credo, mais parce que, dans le Baptême, nous avons reçu l’eau vive de l’Esprit qui fait de nous des enfants bien-aimés de Dieu et des frères entre nous, faisant de nous de créatures nouvelles.

Tout découle de la grâce – tout est grâce – tout vient du Saint-Esprit. Permettez-moi donc de m’arrêter brièvement avec vous sur trois grands dons que l’Esprit Saint nous donne et nous demande de recueillir et de vivre : la joie, l’unité et la prophétie. La joie, l’unité et la prophétie.

L’Esprit, source de joie.

Tout d’abord, l’Esprit est source de joie. L’eau douce que le Seigneur veut faire couler dans les déserts de notre humanité, pétrie de terre et de fragilité, est la certitude de ne jamais être seul sur le chemin de la vie.

En effet, l’Esprit est celui qui ne nous laisse pas seuls, il est le Consolateur. Il nous réconforte par sa présence discrète et bienfaisante, il nous accompagne avec amour, il nous soutient dans nos luttes et nos difficultés, il encourage nos rêves les plus beaux et nos plus grands désirs en nous ouvrant à l’émerveillement et à la beauté de la vie.

La joie de l’Esprit n’est donc pas un état occasionnel ou une émotion du moment ; elle est encore moins cette sorte de « joie consumériste et individualiste si répandue dans certaines expériences culturelles d’aujourd’hui » (Exhort. ap. Gaudete et exsultate, n. 128).

Au contraire, la joie dans l’Esprit est celle qui naît de la relation avec Dieu, de savoir que, même dans les luttes et les nuits sombres que nous traversons parfois, nous ne sommes pas seuls, perdus ni vaincus, car Il est avec nous. Et, avec Lui, nous pouvons tout affronter et surmonter, même les abîmes de la douleur et de la mort.

À vous, qui avez découvert cette joie et la vivez en communauté, je voudrais dire : conservez-là, et même multipliez-la. Et vous savez quel est le meilleur moyen de le faire ? La donner. Oui, c’est ainsi : la joie chrétienne est contagieuse, car l’Évangile nous fait sortir de nous-mêmes pour communiquer la beauté de l’amour de Dieu.

Il est donc essentiel que, dans les communautés chrétiennes, la joie ne disparaisse pas et qu’elle soit partagée ; que nous ne nous limitions pas à répéter des gestes par habitude, sans enthousiasme, sans créativité. Autrement nous perdrons la foi et deviendrons une communauté ennuyeuse, et cela est mauvais.

Il est important qu’en plus de la Liturgie, en particulier la célébration de la Messe, source et sommet de la vie chrétienne (cf. Sacrosanctum Concilium, n. 10), nous fassions aussi circuler la joie de l’Évangile dans une action pastorale vivante, en particulier pour les jeunes, les familles et pour les vocations à la vie sacerdotale et religieuse. La joie chrétienne ne peut être gardée pour soi, et lorsque nous la mettons en circulation, elle se multiplie.

l’Esprit Saint, source d’unité

Deuxièmement, l’Esprit Saint est source d’unité. Ceux qui l’accueillent reçoivent l’amour du Père et deviennent ses enfants (cf. Rm 8, 15-16) ; et, s’ils sont enfants de Dieu, ils sont aussi frères et sœurs. Il ne peut y avoir de place pour les œuvres de la chair, c’est-à-dire pour l’égoïsme, pour les divisions, les querelles, les médisances, les bavardages. Faites attentions aux médisances, s’il vous plait : les bavardages détruisent une communauté.

Les divisions du monde, et même les différences ethniques, culturelles et rituelles, ne peuvent blesser ou compromettre l’unité de l’Esprit. Au contraire, son feu brûle les désirs mondains et enflamme nos vies de cet amour accueillant et compatissant dont Jésus nous aime, afin que nous puissions, nous aussi, nous aimer de cette manière.

C’est pourquoi, lorsque l’Esprit du Ressuscité descend sur les disciples, il devient source d’unité et de fraternité contre tout égoïsme ; il inaugure l’unique langage de l’amour, afin que les différents langages humains ne restent pas distants et incompréhensibles ; il fait tomber les barrières de la méfiance et de la haine, pour créer des espaces d’accueil et de dialogue ; il libère de la peur et donne le courage d’aller à la rencontre des autres avec la force désarmante de la miséricorde.

C’est ce que fait l’Esprit Saint qui façonne l’Église de cette manière depuis le début. Depuis la Pentecôte, les provenances, les sensibilités et les visions différentes sont harmonisées dans la communion, forgées dans une unité qui n’est pas uniformité mais qui est harmonie, car l’Esprit Saint est harmonie. Si nous avons reçu l’Esprit, notre vocation ecclésiale consiste avant tout à préserver l’unité et cultiver l’ensemble, c’est-à-dire, comme le dit saint Paul, « garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix. Comme votre vocation vous a tous appelés à une seule espérance, de même il y a un seul Corps et un seul Esprit » (Ep 4, 3-4).

Dans son témoignage, Chris a déclaré que, lorsqu’elle était très jeune, ce qui la fascinait dans l’Église catholique, c’était « la dévotion commune de tous les fidèles », indépendamment de la couleur de leur peau, de leur origine géographique, de leur langue : tous réunis dans une même famille, tous chantant les louanges du Seigneur.

C’est la force de la communauté chrétienne, le premier témoignage que nous pouvons donner au monde. Soyons les gardiens et les bâtisseurs d’unité ! Pour être crédibles dans le dialogue avec les autres, vivons la fraternité entre nous.

Faisons-le dans les communautés, en valorisant les charismes de tous sans mortifier personne ; faisons-le dans les maisons religieuses, comme signes vivants de concorde et de paix ; faisons-le dans les familles, pour que le lien d’amour du sacrement se traduise par des attitudes quotidiennes de service et de pardon ; faisons-le aussi dans la société multireligieuse et multiculturelle dans laquelle nous vivons : toujours en faveur du dialogue, toujours, tisseurs de communion avec les frères d’autres croyances et confessions.

Je sais que vous offrez déjà un bel exemple sur ce chemin, mais la fraternité et la communion sont des dons que nous ne devons pas nous lasser de demander à l’Esprit, pour repousser les tentations de l’ennemi qui sème toujours la discorde.

L’Esprit, source de prophétie.

Enfin, l’Esprit est source de prophétie. L’histoire du salut, comme nous le savons, est parsemée de nombreux prophètes que Dieu appelle, consacre et envoie au milieu du peuple pour parler en son nom. Les prophètes reçoivent de l’Esprit Saint la lumière intérieure qui fait d’eux des interprètes attentifs de la réalité, capables de saisir dans les schémas, parfois obscurs, de l’histoire la présence de Dieu et de la montrer au peuple.

Souvent, les paroles des prophètes sont cinglantes : elles appellent par leur nom les projets malins qui se cachent dans le cœur des personnes, elles remettent en cause les fausses certitudes humaines et religieuses, elles invitent à la conversion.

Nous aussi, nous avons cette vocation prophétique : tous les baptisés ont reçu l’Esprit et tous sont prophètes. Et, en tant que tels, nous ne pouvons pas prétendre ne pas voir les œuvres du mal, rester dans une  » vie tranquille  » pour ne pas nous salir les mains. Un chrétien tôt ou tard doit se salir les mains pour vivre sa vie chrétienne et rendre témoignage.

Au contraire, nous avons reçu un Esprit de prophétie pour mettre en lumière l’Évangile par notre témoignage de vie. C’est pourquoi saint Paul exhorte : « Recherchez avec ardeur les dons spirituels, surtout celui de prophétie » (1 Co 14, 1).

La prophétie nous rend capables de mettre en pratique les béatitudes évangéliques dans les situations quotidiennes, c’est-à-dire de construire avec une douceur inébranlable ce Royaume de Dieu où l’amour, la justice et la paix s’opposent à toute forme d’égoïsme, de violence et de dégradation. J’ai apprécié que Sœur Rose ait parlé de son ministère auprès des femmes détenues, dans les prisons, c’est beau : une possibilité dont il faut être reconnaissant.

La prophétie qui édifie et réconforte ces personnes consiste à partager du temps avec elles, à partager la Parole du Seigneur, à prier avec elles. C’est leur prêter attention, car là où il y a des frères dans le besoin, comme les prisonniers, il y a Jésus, Jésus blessé dans chaque personne qui souffre (cf. Mt 25, 40).

Savez-vous ce que je pense quand j’entre dans une prison ? “Pourquoi eux et pas moi ?” C’est la miséricorde de Dieu. Mais prendre soin des prisonniers est bon pour tous, en tant que communauté humaine, car c’est à la manière dont on traite les derniers que l’on mesure la dignité et l’espérance d’une société.

Chers frères et sœurs, ces mois-ci, nous prions beaucoup pour la paix. Dans ce contexte, l’accord qui a été signé concernant la situation en Éthiopie est une espérance. J’encourage tout le monde à soutenir cet effort pour une paix durable, afin que, avec l’aide de Dieu, l’on puisse continuer sur les voies du dialogue et que le peuple retrouve vite une vie paisible et digne. Et je ne veux pas non plus oublier de prier et de vous dire de prier pour l’Ukraine martyrisée, afin que cette guerre prenne fin.

Et maintenant chers frères et sœurs, nous sommes arrivés au terme. Je voudrais vous dire « merci » pour ces journées passées ensemble. Mais n’oubliez pas : la joie, l’unité et la prophétie. Ne les oubliez pas.

Avec un cœur plein de gratitude, je vous bénis tous, en particulier ceux qui ont travaillé pour ce voyage. Et, puisque ce sont mes dernières paroles publiques, permettez-moi de remercier Sa Majesté le Roi et les Autorités de ce pays – également le Ministre de la justice ici présent – pour leur merveilleuse hospitalité.

Je vous encourage à poursuivre votre cheminement spirituel et ecclésial avec constance et joie. Et maintenant, invoquons l’intercession maternelle de la Vierge Marie que je suis heureux de vénérer comme Notre-Dame d’Arabie. Qu’elle nous aide à nous laisser toujours guider par l’Esprit Saint et nous garde joyeux, unis dans l’affection et la prière. Je compte sur vous : n’oubliez pas de prier pour moi.


Copyright © Dicastero per la Comunicazione – Libreria Editrice Vaticana

Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

Neuvaine pour les défunts du purgatoire 6e jour

Neuvaine pour les défunts du purgatoire 6e jour

(Sainte Marguerite-Marie Alacoque)

6 novembre

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen.

Que regrettez-vous, Saintes âmes du Purgatoire, de la terre que vous avez quittée ?

Je regrette de n’avoir pas été assez souvent au sacrement de la Réconciliation.

Oui la confession est guérison pour l’âme.

Ô vous qui étés encore sur la terre, allez pour nous, vous jetez dans les bras du Père de Miséricorde ! A l’avance, merci.

Exprimez votre demande …

Prière quotidienne pour les âmes du purgatoire

Ô Seigneur, Dieu tout-puissant, nous te supplions, par le Sang très précieux de Jésus, répandu durant sa Passion, de délivrer les âmes du Purgatoire, et surtout celles qui doivent le plus tôt entrer dans ta Gloire, afin qu’elles commencent dès maintenant à te bénir pendant toute l’éternité et intercèdent inlassablement pour nous. Amen.

Doux Cœur de Marie, soyez notre salut.

Ô Marie, conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous

1 Pater + 1 Ave Maria + 1 Gloria

Âmes du purgatoire, priez pour nous

Âmes du purgatoire, intercédez pour nous auprès de Jésus

Âmes du purgatoire, exaucez-nous

semeurs de fraternité

semeurs de fraternité

Voyage papal à Bahreïn
Voyage papal à Bahreïn

Le Pape François a célébré une messe pour la paix et la justice ce samedi matin 5 novembre à Bahreïn devant environ 30000 fidèles catholiques du vicariat apostolique d’Arabie du Nord. Dans son homélie, il a rappelé cet enseignement fondamental de Jésus: aimer toujours et aimer tout le monde, une proposition «audacieuse», une invitation à s’engager pour briser la chaîne du mal.

Il a rencontré dans l’après-midi des jeunes de Bahreïn à l’école catholique du Sacré Cœur de Manama, la capitale. Après avoir écouté plusieurs témoignages d’entre eux, le Souverain pontife leur a adressé trois invitations pour mieux affronter les défis à venir : 1 embrasser la culture du soin, 2 être des champions de fraternité, 3 choisir, s’impliquer, risquer, décider.

VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS
au ROYAUME DE BAHREÏN
à l’occasion du «Bahrain Forum for Dialogue: East and West for Human Coexistence »
(3 – 6 NOVEMBRE 2022)

RENCONTRE AVEC LES JEUNES   

DISCOURS DU SAINT-PÈRE

École du Sacré-Cœur à Awali
Samedi 5 novembre 2022

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Chers amis, frères et sœurs, bonjour !

Je vous remercie d’être ici, de nations différentes et avec tant d’enthousiasme ! Je voudrais remercier Sœur Rosalyn pour les mots de bienvenue qu’elle m’a adressés et pour l’engagement avec lequel, avec beaucoup d’autres, elle dirige cette École du Sacré-Cœur.

Et je suis content d’avoir vu au Royaume du Bahreïn un lieu de rencontre et de dialogue entre cultures et croyances diverses. Et maintenant, en vous regardant, vous qui n’êtes pas de la même religion et qui n’avez pas peur d’être ensemble, je pense que, sans vous, cette coexistence des différences ne serait pas possible. Et elle n’aurait pas d’avenir !

Dans la pâte du monde, vous êtes le bon levain destiné à grandir, à surmonter nombre de barrières sociales et culturelles et à promouvoir des germes de fraternité et de nouveauté. C’est vous les jeunes qui, comme des voyageurs inquiets, ouverts à l’inédit, ne craignez pas de vous confronter, de dialoguer, de “faire du bruit” et de vous mêler aux autres, devenant la base d’une société amie et solidaire.

Et cela, chers amis, est fondamental dans les contextes complexes et pluralistes dans lesquels nous vivons : faire tomber certaines barrières pour inaugurer un monde à dimension plus humaine, plus fraternel, même si cela signifie affronter de nombreux défis.

Sur ce point, à partir de vos témoignages et de vos interrogations, je voudrais vous adresser trois petites invitations, non pas tant pour vous enseigner quelque chose, que pour vous encourager.

La première invitation : embrasser la culture du soin. Sœur Rosalyn a utilisé cette expression : “culture du soin”. Prendre soin c’est développer une attitude intérieure d’empathie, un regard attentif qui nous fait sortir de nous-mêmes, une présence aimable qui vainc l’indifférence et nous pousse à nous intéresser aux autres. Voilà le tournant, le début de la nouveauté, l’antidote contre un monde fermé qui, imprégné d’individualisme, dévore ses enfants ; contre un monde emprisonné par la tristesse qui engendre l’indifférence et la solitude. Je me permets de vous dire : que de mal fait l’esprit de tristesse, que de mal ! Car si nous n’apprenons pas à prendre soin de ce qui nous entoure – des autres, de la ville, de la société, de la création – nous finissons par passer notre vie comme ceux qui courent, se fatiguent, font beaucoup de choses, mais, à la fin, restent tristes et seuls parce qu’ils n’ont jamais goûté à fond la joie de l’amitié et de la gratuité. Et ils n’ont pas donné au monde cette touche unique de beauté qu’eux seuls, et personne d’autre, ne pouvaient donner. En tant que chrétien, je pense à Jésus et je vois que son action a toujours été animée par le soin. Il a soigné les relations avec tous ceux qu’il rencontrait dans les maisons, dans les villes et le long du chemin : il a regardé dans les yeux les personnes, il a prêté l’oreille à leurs demandes d’aide, il s’est fait proche et a touché de ses mains leurs blessures. Vous, est-ce que vous regardez les personnes dans les yeux ?  Jésus est entré dans l’histoire pour nous dire que le Très-Haut prend soin de nous ; pour nous rappeler que se tenir du côté de Dieu c’est prendre soin de quelqu’un et de quelque chose, spécialement des plus nécessiteux.

Chers amis, comme il est beau de devenir amateurs du soin, artistes des relations ! Mais cela réclame, comme tout dans la vie, un entraînement constant. Et donc n’oubliez pas d’abord d’avoir soin de vous-mêmes : pas tant de l’extérieur, mais de l’intérieur, de la partie la plus cachée et précieuse de vous. Laquelle ? Votre âme, votre cœur ! Et comment fait-on pour soigner le cœur ? Essayez de l’écouter en silence, de définir des espaces pour être en contact avec votre intériorité, pour sentir le don que vous êtes, pour accueillir votre existence et ne pas la laisser devenir incontrôlable. Ne soyez jamais des “touristes de la vie” qui ne la regardent qu’à l’extérieur, superficiellement. Et, dans le silence, en suivant le rythme de votre cœur, parlez à Dieu. Parlez-lui de vous-mêmes, et aussi de ceux que vous rencontrez chaque jour et qu’Il vous donne comme compagnons de voyage. Portez-lui les visages, les situations heureuses et douloureuses car il n’y a pas de prière sans relations, de même qu’il n’y a pas de joie sans amour.

Et l’amour – vous le savez – n’est pas un feuilleton télévisé ni un film romantique : aimer c’est avoir à cœur l’autre, prendre soin de l’autre, offrir son temps et ses dons à ceux qui en ont besoin, risquer pour faire de la vie un don qui engendre une vie de plus. Risquer ! Chers amis, s’il vous plaît, n’oubliez jamais une chose : vous êtes tous – sans exception – un trésor, un trésor unique et précieux. Donc, ne gardez pas votre vie dans un coffre-fort en pensant qu’il vaut mieux s’épargner et que le moment de la dépenser n’est pas encore venu ! Beaucoup d’entre vous sont ici de passage, pour des raisons professionnelles et souvent pour un temps déterminé. Cependant, si nous vivons avec la mentalité du touriste, nous ne saisissons pas le moment présent et nous risquons de jeter des morceaux entiers de vie ! Qu’il est beau, au contraire, de laisser maintenant une bonne trace sur le chemin, en prenant soin de la communauté, des camarades de classe, des collègues de travail, de la création… Il nous est bon de nous demander : quelle trace suis-je en train de laisser maintenant, ici où je vis, dans le lieu où la Providence m’a mis ?

C’est la première invitation, la culture du soin ; si nous l’embrassons, nous contribuons à faire grandir la semence de la fraternité. Et voici la deuxième invitation que je voudrais vous adresser : semer la fraternité. J’ai aimé ce que tu as dit, Abdulla : “Il faut être des champions non seulement sur les terrains de jeu, mais dans la vie !” Des champions hors des terrains de jeu. C’est vrai, soyez des champions de fraternité ! hors des terrains de jeu ! C’est le défi d’aujourd’hui pour gagner demain, le défi de nos sociétés, toujours plus globalisées et multiculturelles. Vous voyez, tous les outils et la technologie que la modernité nous offre ne suffisent pas à rendre le monde pacifique et fraternel. Nous le voyons bien : les vents de guerre ne s’apaisent pas avec le progrès technique. Nous constatons avec tristesse que, dans de nombreuses régions, les tensions et les menaces augmentent, et parfois même s’embrasent dans les conflits. Mais cela arrive souvent parce qu’on ne travaille pas sur le cœur, parce qu’on laisse les distances se creuser avec les autres, et ainsi les différences ethniques, culturelles, religieuses et autres deviennent des problèmes et des peurs qui isolent, plutôt que des opportunités pour grandir ensemble. Et quand elles semblent plus fortes que la fraternité qui nous lie, on risque l’affrontement.

À vous, les jeunes, qui êtes plus directs et plus capables de créer des contacts et des amitiés, en dépassant les préjugés et les barrières idéologiques, je voudrais dire : soyez des semeurs de fraternité et vous serez des récolteurs d’avenir, car le monde n’aura d’avenir que dans la fraternité ! C’est une invitation que je trouve au cœur de ma foi. « En effet – dit la Bible – celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas.  Et voici le commandement que nous tenons de lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère » (1 Jn 4, 20-21). Oui, Jésus demande de ne jamais séparer l’amour pour Dieu de l’amour pour le prochain, en nous faisant nous-mêmes proches de tous (Lc 10, 29-37). De tous, pas seulement de ceux qui nous plaisent. Vivre en frères et sœurs est la vocation universelle confiée à toute créature. Et vous les jeunes – surtout vous –, devant la tendance dominante à rester indifférents et à se montrer impatients envers les autres, voire à cautionner des guerres et des conflits, vous êtes appelés à « réagir par un nouveau rêve de fraternité et d’amitié sociale qui ne se cantonne pas aux mots » (Fratelli tutti, n. 6). Les mots ne suffisent pas : il faut des gestes concrets réalisés au quotidien.

Posons-nous ici aussi quelques questions : suis-je ouvert aux autres ? Suis-je l’ami d’une personne qui ne fait pas partie de mon cercle d’intérêt, qui a une foi et des coutumes différentes des miennes ? Est-ce que je cherche la rencontre ou est-ce que je reste sur celles que j’ai ? La voie, c’est celle que nous a dite, en quelques mots, Nevin : “Créer de bonnes relations”, avec tous. En vous, les jeunes, le désir de voyager, de connaître de nouvelles terres, de dépasser les frontières des lieux habituels est vif. Je voudrais vous dire : sachez voyager aussi en vous, élargir les frontières intérieures pour que tombent les préjugés sur les autres, pour que se rétrécisse l’espace de la méfiance, pour que s’abattent les barrières de la peur, pour que germe l’amitié fraternelle ! Là aussi, laissez-vous aider par la prière qui élargit le cœur et qui, en nous ouvrant à la rencontre avec Dieu, nous aide à voir en qui nous rencontrons un frère et une sœur. À cet égard, elles sont belles les paroles d’un prophète qui dit : « N’est-ce pas un seul Dieu qui nous a créés ? Pourquoi nous trahir les uns les autres? » (Ml 2, 10). Des sociétés comme celle-ci, avec une richesse considérable de croyances, de traditions et de langues différentes, peuvent devenir des “gymnases de fraternité”. Nous sommes ici aux portes du grand et multiforme continent asiatique qu’un théologien a défini comme « un continent de langues » (A. Pieris, in Teologia in Asia, Brescia 2006, p. 5) : sachez les harmoniser dans l’unique langue, la langue de l’amour, en véritables champions de fraternité !

Je voudrais vous faire encore une troisième invitation : elle concerne le défi de faire des choix dans la vie. Vous le savez bien par l’expérience de chaque jour : il n’y a pas de vie sans défis à affronter. Et toujours, face à un défi, comme devant un carrefour, il faut choisir, s’impliquer, risquer, décider. Mais cela nécessite une bonne stratégie. On ne peut pas improviser en vivant seulement de l’instinct ou seulement dans l’instant présent ! Et comment faut-il faire pour se préparer, pour entraîner sa capacité à choisir, sa créativité, son courage, sa ténacité ? Comment affiner le regard intérieur, apprendre à juger les situations, à saisir l’essentiel ? Il s’agit de grandir dans l’art de s’orienter dans les choix, de prendre les bonnes directions. C’est pourquoi la troisième invitation est faire de choix dans la vie, des choix justes.

Tout cela m’est venu à l’esprit en repensant aux questions de Merina. Ce sont des questions qui expriment justement le besoin de comprendre la direction à prendre dans la vie – elle est courageuse, elle, de la façon dont elle a dit les choses ! Et je peux vous dire mon expérience : j’étais un adolescent comme vous, comme tout le monde, et ma vie était la vie normale d’un garçon. L’adolescence – nous le savons – est un chemin, c’est une phase de croissance, une période où nous entrons dans la vie sous ses aspects parfois contradictoires, en affrontant pour la première fois certains défis. Eh bien, mon conseil quel est-il ? Avancer sans peur, et jamais seuls ! Deux choses : avancer sans peur, et jamais seuls. Dieu ne vous laisse pas seuls mais, pour vous donner un coup de main, il attend que vous le lui demandiez. Il nous accompagne et nous guide. Non pas par des prodiges et des miracles, mais en parlant délicatement à travers nos pensées et nos sentiments, et aussi par l’intermédiaire de nos professeurs, de nos amis, de nos parents, et de toutes les personnes qui veulent nous aider.

Il faut alors apprendre à distinguer sa voix, la voix de Dieu qui nous parle. Et comment apprenons-nous cela ? Comme tu nous le disais, Merina : par la prière silencieuse, le dialogue intime avec Lui, en gardant dans notre cœur ce qui nous fait du bien et qui nous donne la paix. La paix est un signe de la présence de Dieu. Cette lumière de Dieu éclaire le labyrinthe de pensées, d’émotions et de sentiments dans lequel nous nous déplaçons souvent. Le Seigneur désire éclairer votre intelligence, vos pensées les plus intimes, les aspirations que vous portez dans votre cœur, les jugements qui mûrissent en vous. Il veut vous aider à distinguer ce qui est essentiel de ce qui est superflu, ce qui est bon de ce qui fait mal, à vous et aux autres, ce qui est juste de ce qui crée injustice et désordre. Rien n’est étranger à Dieu de ce qui se passe en nous, rien, mais souvent c’est nous qui nous éloignons de Lui, qui ne Lui confions pas les personnes et les situations, qui nous enfermons dans la crainte et la honte. Non, nourrissons dans la prière la certitude réconfortante que le Seigneur veille sur nous, qu’il ne s’endort pas mais nous regarde et nous garde toujours.

Chers amis, chers jeunes, l’aventure des choix ne se fait pas tout seul. Permettez-moi donc de vous dire une dernière chose : cherchez toujours, avant des suggestions sur internet, de bons conseillers dans la vie, des personnes sages et fiables qui puissent vous orienter, vous aider. D’abord cela. Je pense aux parents et aux enseignants, mais aussi aux personnes âgées, aux grands-parents et à un bon accompagnateur spirituel. Chacun de nous a besoin d’être accompagné sur le chemin de la vie ! Je répète ce que je vous ai dit : jamais seuls ! Nous avons besoin d’être accompagnés sur les routes de la vie.

Chers jeunes, nous avons besoin de vous, de votre créativité, de vos rêves et de votre courage, de votre sympathie et de vos sourires, de votre joie contagieuse et aussi de cette pincée de folie que vous savez porter en toute situation, et qui aide à sortir de la torpeur des habitudes et des schémas répétitifs dans lesquels nous enfermons parfois la vie. Comme Pape, je veux vous dire : l’Église est avec vous et a beaucoup besoin de vous, de chacun de vous, pour rajeunir, explorer de nouveaux sentiers, expérimenter de nouveaux langages, devenir plus joyeuse et hospitalière. Ne perdez jamais le courage de rêver et de vivre en grand ! Faites vôtre la culture du soin et répandez-la ; devenez des champions de fraternité ; affrontez les défis de la vie en vous laissant guider par la créativité fidèle de Dieu et par de bons conseillers. Et enfin, rappelez-vous de moi dans vos prières. Je ferai de même pour vous, en vous portant dans le cœur. Merci !

God be with you! Allah ma’akum! [Dieu soit avec vous]


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Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse