Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

relire sa propre vie en déchiffrant le langage de Dieu

relire sa propre vie en déchiffrant le langage de Dieu

À l’occasion de l’audience générale de ce mercredi 19 octobre, le Pape François a poursuivi son cycle de catéchèses sur le discernement. Il a expliqué cette fois-ci de quelle manière relire le «livre de sa propre vie», en sachant y reconnaître l’action de Dieu.

 

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 19 octobre 2022

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Résumé de la catéchèse du Saint-Père :

Chers frères et sœurs,

ces semaines-ci, nous insistons dans les catéchèses sur les conditions pour faire un bon discernement. Aujourd’hui, nous allons traiter d’un nouvel élément indispensable : l’histoire de notre vie. Elle est le plus précieux livre qui nous a été donné et qui renferme ce que nous cherchons inutilement par d’autres voies.

Saint Augustin l’avait, en effet, compris en relisant sa vie et en y découvrant la présence du Seigneur. D’où son invitation à cultiver la vie intérieure pour trouver ce que l’on cherche. Lire chacun sa propre histoire signifie élargir la trame de son récit, en le rendant plus riche, plus respectueux de la complexité, en réussissant surtout à saisir les manières discrètes dont Dieu agit dans notre existence.

Le récit des événements de notre vie permet également de saisir des nuances et des détails importants qui peuvent être des aides précieuses jusque-là restées cachées. C’est un travail de collecte des perles que le Seigneur a enfouies dans notre terre. Le bien est caché et silencieux, il exige une fouille lente et continue, car le style de Dieu est discret et ne s’impose pas.

S’habituer à relire sa propre vie éduque le regard, l’affine, permet de remarquer les petits miracles que le bon Dieu accomplit pour nous chaque jour. Les vies des saints constituent également une aide précieuse pour reconnaître le style de Dieu dans notre vie. Certaines conduites des saints nous interpellent, nous montrent de nouveaux sens et de nouvelles opportunités.


Catéchèse sur le discernement – 6. Les éléments du discernement. Le livre de sa propre vie

Chers frères et sœurs, bienvenus et bonjour !

Ces semaines-ci, nous insistons dans les catéchèses sur les conditions pour faire un bon discernement. Dans la vie, nous devons prendre des décisions, toujours, et pour prendre des décisions, nous devons faire un chemin, un processus de discernement.

Toute activité importante comporte ses « instructions » à suivre, qu’il faut connaître pour qu’elles produisent les effets nécessaires. Aujourd’hui, nous nous concentrons sur un autre ingrédient indispensable au discernement : l’histoire de sa propre vie. Connaître son histoire de vie est un ingrédient – disons – indispensable au discernement.

Notre vie est le « livre » le plus précieux qui nous ait été donné, un livre que beaucoup ne lisent malheureusement pas, ou le font trop tard, avant de mourir. Et pourtant, c’est précisément dans ce livre que l’on trouve ce que l’on cherche inutilement par d’autres voies.

Saint Augustin, un grand chercheur de la vérité, l’avait compris précisément en relisant sa vie, en y notant les pas silencieux et discrets mais incisifs de la présence du Seigneur.

Au terme de ce parcours, il notera avec stupeur : « Tu étais au-dedans de moi et moi au-dehors. Et là, je te cherchais. De ma laideur, je me jetais sur les belles formes de tes créatures. Tu étais avec moi, mais moi je n’étais pas avec toi » (Confessions X, 27.38).

D’où son invitation à cultiver la vie intérieure pour trouver ce que l’on cherche : « Rentre en toi-même. Dans l’homme intérieur habite la vérité » (La vraie religion, XXXIX, 72). C’est une invitation que je vous lancerais à vous tous, et même à moi-même :  » Rentre en toi-même. Lis ta vie. Lis-toi de l’intérieur, comment a été ton parcours. Avec sérénité. Rentre en toi-même.

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Plusieurs fois, nous avons nous aussi fait l’expérience d’Augustin, de nous retrouver emprisonnés par des pensées qui nous éloignent de nous-mêmes, des messages stéréotypés qui nous font du mal : par exemple, « je ne vaux rien » – et tu te déprécies ; « tout va mal pour moi » – et tu te déprécies ; « je n’arriverai jamais à rien de bon » – et tu te déprécies, et ainsi est la vie. Ces phrases pessimistes qui te dépriment !

Lire sa propre histoire signifie aussi reconnaître la présence de ces éléments « toxiques », mais pour ensuite élargir la trame de notre récit, apprenant à remarquer d’autres choses, le rendant plus riche, plus respectueux de la complexité, parvenant également à saisir les manières discrètes de l’agir de Dieu dans notre vie.

J’ai connu une personne dont les gens qui la connaissaient disaient qu’elle méritait le prix Nobel de la négativité : tout était mauvais, tout, et elle essayait toujours de se déprécier. C’était une personne amère qui avait pourtant tant de qualités.

Et puis cette personne a trouvé une autre personne qui l’a bien aidée et chaque fois qu’elle se lamentait de quelque chose, l’autre personne lui disait : « Mais maintenant, pour équilibrer, dis quelque chose de bien sur toi ». Et lui : « Mais, oui, … j’ai aussi cette qualité », et petit à petit cela l’a aidée à avancer, à bien lire sa propre vie, aussi bien les mauvaises choses que les bonnes.

Nous devons lire notre vie, et ainsi nous voyons les choses qui ne sont pas bonnes et aussi les bonnes choses que Dieu sème en nous.

*

Nous avons vu que le discernement a une approche narrative : il ne s’attarde pas sur l’action ponctuelle, il la situe dans un contexte : d’où vient cette pensée ? Ce que je ressens maintenant, d’où cela vient-il ? Où cela me mène-t-il ce que je suis en train de penser maintenant ?

Quand l’ai-je rencontrée auparavant ? Est-ce que c’est quelque chose de nouveau qui me vient maintenant, ou l’ai-je constaté à d’autres moments ? Pourquoi est-elle plus insistante que d’autres ? Qu’est-ce que la vie veut me dire à travers cela ?

Le récit des événements de notre vie nous permet également de saisir des nuances et des détails importants, qui peuvent s’avérer des aides précieuses jusque-là restées cachées. Par exemple une lecture, un service, une rencontre, considérés à première vue comme des choses de peu d’importance, transmettent avec le temps une paix intérieure, transmettent la joie de vivre et suggèrent d’autres bonnes initiatives.

S’arrêter et reconnaître cela est indispensable. S’arrêter et reconnaître : c’est important pour le discernement, c’est un travail de collecte de ces perles précieuses et cachées que le Seigneur a enfouies dans notre terre.

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Le bien est caché, toujours, parce que le bien a de la pudeur et qu’il se cache : le bien est caché ; il est silencieux, il requiert une fouille lente et continue. Car le style de Dieu est discret : Dieu aime agir de manière cachée, discrète, il ne s’impose pas ; c’est comme l’air que nous respirons, nous ne le voyons pas mais il nous fait vivre, et nous ne nous en apercevons que seulement lorsqu’il nous manque.

S’habituer à relire sa propre vie éduque le regard, l’affine, permet de remarquer les petits miracles que le bon Dieu accomplit pour nous chaque jour. Quand nous sommes attentifs, nous remarquons d’autres directions possibles qui renforcent le goût intérieur, la paix et la créativité. Et surtout, cela nous libère des stéréotypes toxiques.

Il a été dit avec sagesse que l’homme qui ne connaît pas son passé est condamné à le répéter. C’est curieux : si nous ne connaissons pas le chemin que nous avons parcouru, le passé, nous le répétons toujours, nous tournons en rond. La personne qui tourne en rond n’avance jamais, il n’y a pas de chemin, c’est comme le chien qui se mord la queue, elle va toujours comme ça, elle répète les choses.

Nous pouvons nous demander : ai-je déjà raconté ma vie à quelqu’un ? C’est une belle expérience vécue par des fiancés qui, lorsqu’ils deviennent sérieux, se racontent leur vie… C’est l’une des formes de communication les plus belles et les plus intimes, raconter sa propre vie.

Elle nous permet de découvrir des choses jusqu’alors inconnues, petites et simples, mais, comme le dit l’Évangile, c’est précisément des petites choses que naissent les grandes (cf. Lc 16, 10).

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Les vies des saints constituent également une aide précieuse pour reconnaître le style de Dieu dans notre vie : elles permettent de se familiariser avec sa manière d’agir. Certains comportements des saints nous interpellent, nous indiquent de nouvelles significations et de nouvelles opportunités.

C’est ce qui est arrivé, par exemple, à saint Ignace de Loyola. Quand il décrit la découverte fondamentale de sa vie, il ajoute une précision importante, et il dit ceci : « Par expérience, il avait déduit que certaines pensées le laissaient triste, d’autres joyeux ; et peu à peu il apprit à connaître la diversité des pensées, la diversité des esprits qui s’agitaient en lui » (Autob., n° 8). Connaître ce qui se passe en nous, connaître, rester attentifs.

Le discernement est la lecture narrative des moments heureux et des moments difficiles, des consolations et des désolations que nous expérimentons au cours de notre vie. Dans le discernement, c’est le cœur qui nous parle de Dieu, et nous devons apprendre à comprendre son langage. Demandons-nous, à la fin de la journée, par exemple : que s’est-il passé dans mon cœur aujourd’hui ?

Certains pensent que faire cet examen de conscience, c’est faire le compte des péchés que l’on a commis – nous en faisons beaucoup – mais c’est aussi se demander :  » Que s’est-il passé en moi, ai-je eu de la joie ? « . Qu’est-ce qui m’a apporté de la joie ? Suis-je resté triste ? Qu’est-ce qui m’a apporté de la tristesse ? Et ainsi apprendre à discerner ce qui se passe au plus profond de nous.


Je salue cordialement les personnes de langue française, en particulier les pèlerins de Rennes, les Maires de Cambrai, les Chefs d’établissements d’éducation de Créteil, accompagnés de leurs évêques respectifs. Je salue les pèlerins de Suisse, de la République Démocratique du Congo et de Haïti.

Frères et sœurs, apprenons à comprendre le langage de notre cœur en nous laissant imprégner de la Parole de Dieu, ainsi nous pourrons découvrir dans le prochain une occasion offerte pour mieux connaître le livre de notre vie. Dieu vous bénisse !

Tournons-nous vers l’Ukraine tourmentée et prions pour l’Ukraine : prions pour les mauvaises choses qui s’y passent, les tortures, les morts, les destructions.

Enfin, mes pensées vont, comme d’habitude, aux jeunes, aux malades, aux personnes âgées et aux jeunes mariés. En ce mois d’octobre dédié à la Vierge du Rosaire, je voudrais vous inviter à regarder avec une confiance filiale la Mère de Dieu, puisant à son exemple et à son intercession la force d’avancer.

Ma bénédiction à tous.


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Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

une prière constante, le médicament de la foi

une prière constante, le médicament de la foi

Dans un monde où l’urgence prime sur l’essentiel, ce dimanche 16 octobre, le Pape suggère aux fidèles de prier tout au long de la journée pour rester «en phase» avec le Seigneur, connectés à Lui.

 

LE PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
dimanche 16 octobre 2022

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Chers frères et sœurs, bonjour!

L’Évangile de la liturgie d’aujourd’hui se termine par une question inquiète de Jésus : « Quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? (Lc 18, 8). Comme pour dire : quand j’arriverai à la fin de l’histoire – mais, on peut le penser, encore maintenant, en ce moment de vie – trouverai-je un peu de foi en toi, en ton monde ? C’est une question sérieuse.

Imaginons que le Seigneur vienne sur terre aujourd’hui : malheureusement, il verrait tant de guerres, tant de pauvreté, tant d’inégalités, et en même temps de grandes réalisations technologiques, des moyens modernes et des gens qui courent toujours, ne s’arrêtent jamais ; mais trouverait-il ceux qui lui consacrent du temps et de l’affection, qui le placent en premier?

Et surtout demandons-nous : que trouverait-il en moi, si le Seigneur venait aujourd’hui, que trouverait-il en moi, dans ma vie, dans mon cœur ? Quelles priorités dans ma vie verriez-vous ?

Ne pas laisser l’amour pour Dieu se refroidir

Nous nous concentrons souvent sur de nombreuses choses urgentes mais inutiles, nous traitons et nous inquiétons de nombreuses réalités secondaires ; et peut-être, sans s’en rendre compte, négligeons-nous ce qui importe le plus et laissons notre amour pour Dieu se refroidir, se refroidir peu à peu.

Aujourd’hui, Jésus nous offre le remède pour réchauffer une foi tiède. Et quel est le remède ? La Prière. La prière est le médicament de la foi, le tonique de l’âme. Cependant, cela doit être une prière constante. Si l’on doit suivre une cure pour aller mieux, il est important de bien l’observer, de prendre les médicaments de la manière et en temps voulu, avec constance et régularité.

Dans tout dans la vie, il y a un besoin pour cela. Pensons à une plante que nous gardons chez nous : nous devons la nourrir régulièrement tous les jours, nous ne pouvons pas la faire tremper puis la laisser sans eau pendant des semaines ! A fortiori pour la prière : on ne peut pas vivre que des moments forts ou des rencontres intenses de temps en temps et puis « hiberner ».

L’eau quotidienne de la prière

Notre foi va se tarir. Il faut l’eau quotidienne de la prière, il faut un temps dédié à Dieu, pour qu’il puisse entrer dans notre temps, notre histoire; de moments constants où nous lui ouvrons notre cœur, pour qu’il puisse chaque jour déverser en nous amour, paix, joie, force, espérance ; c’est-à-dire pour nourrir notre foi.

C’est pourquoi Jésus s’adresse aujourd’hui « à ses disciples – à tous, pas seulement à quelques-uns ! – de la nécessité de prier toujours, sans jamais se lasser » (v. 1). Mais on pourrait objecter : « Mais comment puis-je faire ? Je ne vis pas dans un couvent, je n’ai pas beaucoup de temps pour prier ! ».

Peut-être cette difficulté, qui est vraie, peut-elle être aidée par une sage pratique spirituelle, aujourd’hui un peu oubliée, que nos aînés, surtout les grands-mères, connaissent bien : celle des prières dites jaculatoires. Le nom est un peu dépassé, mais la substance est bonne.

De quoi s’agit-il? Des prières très courtes, faciles à mémoriser, que l’on peut répéter souvent au cours de la journée, lors des différentes activités, pour rester « en phase » avec le Seigneur. Prenons quelques exemples.

Dès le réveil on peut dire : « Seigneur, je te remercie et je t’offre ce jour » : c’est une petite prière ; puis, avant une activité, on peut répéter : « Viens, Esprit Saint » ; et entre une chose et une autre priez ainsi : « Jésus, j’ai confiance en toi, Jésus, je t’aime ». Des petites prières mais qui nous maintiennent en contact avec le Seigneur.

Prières jaculatoires et lecture de la Parole

Combien de fois envoyons-nous des « sms » aux personnes que nous aimons ! Faisons-le aussi avec le Seigneur, afin que le cœur reste connecté à lui, et n’oublions pas de lire ses réponses. Le Seigneur répond toujours. Où les trouve-t-on ? Dans l’Évangile, à garder toujours à portée de main et à ouvrir chaque jour quelques fois, pour recevoir une Parole de vie qui nous est adressée.

Et revenons à ce conseil que j’ai donné tant de fois : ayez un petit Évangile de poche, dans votre poche, dans votre sac à main, et ainsi quand vous avez une minute, ouvrez et lisez quelque chose, et le Seigneur vous répondra.

Que la Vierge Marie, fidèle dans l’écoute, nous enseigne l’art de prier toujours, sans se fatiguer.

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Après l’angélus

Chers frères et sœurs !

La première phase de la XVIe Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques s’est ouverte le 10 octobre dernier, sur le thème « Pour une Église synodale : communion, participation, mission ». Depuis lors, la première phase du Synode se déroule dans les Églises particulières, avec écoute et discernement.

Les fruits du processus synodal qui a commencé sont nombreux, mais pour arriver à pleine maturité, il faut ne pas être pressé. C’est pourquoi, afin d’avoir un temps de discernement plus long, j’ai établi que cette Assemblée synodale se déroulera en deux sessions.

La première du 4 au 29 octobre 2023 et la seconde en octobre 2024. J’espère que cette décision pourra favoriser la compréhension de la synodalité comme dimension constitutive de l’Église et aider chacun à la vivre dans un cheminement de frères et de sœurs qui témoignent de la joie de l’Évangile.

Aujourd’hui, à Boves (Cuneo), Don Giuseppe Bernardi et Don Mario Ghibaudo, pasteur et pasteur adjoint, tués dans la haine de la foi en 1943 seront béatifiés du sang, partageant le sort tragique d’autres citoyens, exterminés par les nazis.

Que leur exemple suscite chez les prêtres le désir d’être des pasteurs selon le cœur du Christ, toujours aux côtés de leur peuple. Une salve d’applaudissements aux nouveaux Bienheureux !

Mardi prochain, 18 octobre, la Fondation « Aide à l’Église en Détresse » promeut l’initiative « Un million d’enfants prient le Rosaire pour la paix dans le monde ». Merci à tous les garçons et filles qui participent! Nous nous joignons à eux et confions le peuple ukrainien torturé et les autres peuples qui souffrent de la guerre et de toutes les formes de violence et de misère à l’intercession de Notre-Dame.

En ce qui concerne la pauvreté, demain est la journée mondiale du refus de la misère : chacun peut donner un coup de main pour une société où personne ne se sent exclu parce qu’il est démuni.

Je vous salue tous, Romains et pèlerins de divers pays : familles, groupes paroissiaux, associations. En particulier, je salue le groupe fribourgeois que j’ai entendu jouer : bien ; le Chœur « Comelico » de Santo Stefano di Cadore ; l’Association de la milice de l’Immaculée Conception, et les représentants de la Confédération espagnole des organisations d’entreprises et de la Fédération espagnole des autonomes.

Et je salue aussi les fidèles de Chajarí, dans la province d’Entre Ríos (Argentine) qui sont là : que Dieu les bénisse !

Je souhaite à tous un bon dimanche. Et s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir !


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Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

Un élément du discernement. Le désir

Catéchèse sur le discernement – 5. Les éléments du discernement. Le désir

Le Pape François a continué ce mercredi 12 octobre son cycle de catéchèses sur le discernement, en abordant cette fois-ci la question du désir. Élan venu du cœur capable d’orienter la vie, il est à identifier dans le dialogue avec le Seigneur.

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 12 octobre 2022

Résumé de la catéchèse :

Frères et sœurs, l’un des “ingrédients” indispensables du discernement est le désir. Le discernement est une forme de recherche qui naît toujours de quelque chose qui nous manque. Le désir est une nostalgie de plénitude, un signe de la présence de Dieu en nous. Il évoque une souffrance, une carence, mais en même temps une tension pour atteindre le bien qui manque.

Le désir est donc la boussole pour comprendre où l’on se trouve et où l’on va. Un désir authentique sait toucher en profondeur les cordes de notre être. Contrairement à l’envie ou à l’émotion du moment, le désir perdure dans le temps et tend à se concrétiser. Dans l’Évangile, avant de faire un miracle, Jésus interroge la personne sur son désir.

En dialoguant avec le Seigneur, nous apprenons à comprendre ce que nous voulons vraiment dans notre vie. L’époque où nous vivons semble favoriser la plus grande liberté de choix, mais en même temps elle atrophie le désir, le plus souvent réduit à l’envie du moment.

Beaucoup de gens souffrent parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils veulent faire de leur vie et ne sont pas en contact avec leur désir profond. Quelle serait notre réponse aujourd’hui si le Seigneur nous posait la question faite à l’aveugle de Jéricho ? Sûrement lui permettre, comme dans l’Évangile, de faire des miracles pour nous.

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CATÉCHÈSE

Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans ces catéchèses sur le discernement, nous sommes en train de passer en revue les éléments du discernement. Après la prière, un élément et la connaissance de soi, un autre élément, c’est-à-dire prier et se connaître soi-même, je voudrais aujourd’hui parler d’un autre « ingrédient » pour ainsi dire indispensable : je voudrais aujourd’hui parler du désir.

En effet, le discernement est une forme de recherche, et la recherche naît toujours de quelque chose qui nous manque mais que nous connaissons d’une manière ou l’autre, nous avons le flair.

De quelle nature est cette connaissance ? Les maîtres spirituels la désignent par le terme de « désir » qui, à la base, est une nostalgie de plénitude qui ne trouve jamais son plein accomplissement, et est le signe de la présence de Dieu en nous.

Le désir n’est pas l’envie du moment, non. Le mot italien vient d’un très beau terme latin, C’est curieux : de-sidus, littéralement  » l’absence de l’étoile « , le désir est une absence de l’étoile, l’absence du point de référence qui oriente le chemin de la vie ; il évoque une souffrance, un manque, et en même temps une tension pour atteindre le bien qui nous manque.

Le désir est alors la boussole qui permet de comprendre où j’en suis et où je vais, ou plutôt c’est la boussole qui me permet de savoir si je suis arrêté ou si je suis en train de marcher, une personne qui ne désire jamais est une personne immobile, peut-être malade, presque morte. C’est la boussole qui me permet de savoir si je suis en train d’avancer ou si je suis immobile. Et comment est-ce possible de le reconnaître ?

Le chemin de la prière

Pensons. Un désir authentique sait toucher en profondeur les cordes de notre être, c’est pourquoi il ne s’éteint pas face aux difficultés ou aux revers.

C’est comme lorsque nous avons soif : si nous ne trouvons rien à boire, nous ne renonçons pas, au contraire, la quête occupe de plus en plus nos pensées et nos actions, jusqu’à ce que nous soyons prêts à faire n’importe quel sacrifice pour l’étancher, presque obsédés.

Les obstacles et les échecs n’étouffent pas le désir, non, au contraire, ils le rendent encore plus vif en nous. A la différence de l’envie ou de l’émotion du moment, le désir dure dans le temps, même longtemps, et tend à se réaliser.

Si, par exemple, un jeune homme souhaite devenir médecin, il devra s’engager dans un cursus d’études et de travail qui occupera quelques années de sa vie et, par conséquent, il devra fixer des limites, dire « non », dire des « non », tout d’abord à d’autres cursus d’études, mais aussi à d’éventuelles diversions et distractions, surtout pendant les moments d’étude les plus intenses.

Cependant, le désir de donner une orientation à sa vie et d’atteindre cet objectif- devenir médecin était l’exemple- lui permet de surmonter ces difficultés. Le désir te rend fort, il te rend courageux, il te fait avancer toujours parce que tu veux y arriver : « Je désire cela ».

En effet, une valeur devient belle et plus facilement réalisable lorsqu’elle est attrayante. Comme l’a dit quelqu’un, « plus important que d’être bon, il faut avoir le désir de devenir bon ». Être bon est une chose attrayante, nous voulons tous être bons, mais avons-nous la volonté de devenir bons ?

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C’est frappant de constater que Jésus, avant d’accomplir un miracle, interroge souvent la personne sur son désir :  » Veux-tu être guéri ?  » Et parfois cette question semble déplacée, mais ça se voit qu’elle est malade ! Non….

Par exemple, lorsqu’il rencontre le paralytique à la piscine de Bethzatha, qui était là depuis de nombreuses années et qui n’a jamais pu saisir le bon moment pour entrer dans l’eau. Jésus lui demande :  » Veux-tu être guéri ?  » (Jn 5, 6). Mais. Comment ? En fait, la réponse du paralytique révèle une série d’étranges résistances à la guérison, qui ne concernent pas que lui.

La question de Jésus était une invitation à faire la clarté dans son cœur, pour accueillir un possible saut qualitatif : ne plus penser à lui-même et à sa vie  » comme un paralytique « , porté par d’autres. Mais l’homme sur le brancard ne semble pas si convaincu. En dialoguant avec le Seigneur, nous apprenons à comprendre ce que nous voulons vraiment dans notre vie.

Ce paralytique est l’exemple typique des gens qui disent : « Oui, oui, je veux, je veux » mais je ne veux pas, je ne veux pas, je ne fais rien. Le vouloir faire devient une illusion et on ne fait pas le pas pour le réaliser. Ces gens qui veulent et ne veulent pas.

C’est mauvais ça et ce malade a 38 ans là, mais toujours avec les lamentations : « Non, tu sais Seigneur mais tu sais quand les eaux bougent – c’est le moment du miracle – tu sais, quelqu’un de plus fort que moi vient, entre et moi j’arrive en retard », et il se lamente et se lamente. Mais attention, les lamentations sont un poison, un poison pour l’âme, un poison pour la vie car elles ne font pas grandir le désir de continuer.

Méfiez-vous des lamentations. Quand on se lamente dans la famille, les époux se lamentent, ils se lamentent les uns des autres, les enfants de papa ou les prêtres de l’évêque ou les évêques de tant d’autres choses… Non, si vous vous trouvez dans la lamentation, faites attention, c’est presque un péché, parce que cela ne laisse pas grandir le désir.

Souvent, c’est précisément le désir qui fait la différence entre un projet réussi, cohérent et durable, et les milliers de velléités et de bonnes intentions avec lesquels, comme on dit, « l’enfer est pavé » : « Oui, je voudrais, je voudrais, je voudrais… » mais tu ne fais rien.

Un drame existentiel

L’époque où nous vivons semble favoriser une liberté de choix maximale, mais en même temps elle atrophie le désir, tu veux te satisfaire continuellement, le plus souvent réduit à l’envie du moment.

Et nous devons faire attention à ne pas atrophier le désir. Nous sommes bombardés par mille propositions, projets, possibilités, qui risquent de nous distraire et de ne pas nous permettre d’évaluer calmement ce que nous voulons vraiment.

Tant de fois, tant de fois, nous trouvons des gens, pensons aux jeunes par exemple, avec leur téléphone portable en main et ils cherchent, ils regardent… « Mais est-ce que tu t’arrêtes pour réfléchir ? ». – « Non. » Toujours extraverti, vers l’autre. Le désir ne peut pas croître ainsi, tu vis l’instant, rassasié à l’instant et le désir ne croît pas.

Beaucoup de personnes souffrent parce qu’elles ne savent pas ce qu’elles veulent de leur propre vie, beaucoup ! elles n’ont probablement jamais pris contact avec leur désir le plus profond, ils n’ont jamais su : « Que veux-tu de ta vie ? » – « Je ne sais pas. ».

D’où le risque de passer son existence entre des tentatives et des expédients de toutes sortes, sans jamais arriver à rien, et en gaspillant de précieuses opportunités. Ainsi, certains changements, bien que souhaités en théorie, ne sont jamais mis en œuvre quand se présente l’occasion, il manque le désir fort de réaliser quelque chose.

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Si le Seigneur s’adressait à nous aujourd’hui, par exemple, à l’un d’entre nous, la question qu’il a posée à l’aveugle de Jéricho : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » (Mc 10,51), – pensons-y, le Seigneur demande à chacun d’entre nous aujourd’hui : « que veux-tu que je fasse pour toi ? » -, que répondrions-nous ?

Peut-être pourrions-nous enfin lui demander de nous aider à connaître le profond désir de Lui, que Dieu lui-même a placé dans notre cœur : « Seigneur que je connaisse mes désirs, que je sois une femme, un homme de grands désirs » peut-être le Seigneur nous donnera-t-il la force de le réaliser.

C’est une grâce immense, à la base de toutes les autres : permettre au Seigneur, comme dans l’Évangile, de faire des miracles pour nous : « Donne-nous le désir et fais-le grandir, Seigneur ».

Car Lui aussi a un grand désir pour nous : nous rendre participants de sa plénitude de vie. Merci.


Je salue cordialement les pèlerins de langue française, particulièrement les servants du diocèse de Bâle ; les pèlerins du diocèse de Versailles et la paroisse Notre-Dame-de-Chine de Paris.

Frères et sœurs, aujourd’hui nous avons en nous ce désir fort d’une civilisation de paix, d’amour, de réconciliation et d’harmonie. Que le Seigneur nous rende participants de sa plénitude de vie avec nos aspirations les plus profondes, pour une humanité plus belle et pacifiée.

Que Dieu vous bénisse !


APPEL

En ces jours, mon cœur est toujours tourné vers le peuple ukrainien, en particulier vers les habitants des lieux sur lesquels se sont acharnés les bombardements.  Je porte en moi leur douleur et, par l’intercession de la Sainte Mère de Dieu, je la présente au Seigneur dans la prière.

Il entend toujours le cri des pauvres qui l’invoquent : que son Esprit transforme le cœur de ceux qui tiennent entre leurs mains les sorts de la guerre, afin que cesse l’ouragan de la violence et que puisse se reconstruire une coexistence pacifique dans la justice.


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