Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

L’apparition du Ressuscité à sa Sainte Mère

L’apparition à sa Sainte Mère,
condition des autres apparitions du Ressuscité

“L’apparition à Notre Dame” est la première apparition du Ressuscité, selon une longue tradition chrétienne. L’apparition du Christ ressuscité à sa Mère n’est pas dans les évangiles, mais ceux-ci  en donnent des indices, comme l’a rappelé saint Jean-Paul II dans une catéchèse du 21 mai 1997.

Mais celui qui en a le plus diffusé la tradition, c’est probablement saint Ignace de Loyola dans les Exercices Spirituels, en apparaissant à la Vierge Marie, le Christ ressuscité a fondé son Église.

pourquoi le silence

Apparition du Christ à sa Mère - Rogier Van Der Weyden (1400-1464, Belgique)
Apparition du Christ à sa Mère – Rogier Van Der Weyden (1400-1464, Belgique)

Pour Jean-Paul II, si les évangiles rapportent plusieurs apparitions du Ressuscité, sans mentionner de rencontre de Jésus et de sa Mère, il ne faut pas déduire de ce « silence » que le Christ ressuscité n’est pas apparu à Marie. Il invite à réfléchir aux pourquoi de ce silence.

le récit de cette apparition n’était pas forcément nécessaire à « notre salut ». Pour les évangiles,  le Ressuscité est apparu d’abord à quelques femmes qui ont reçu cette mission de témoigner : « Allez annoncer à mes frères qu’ils doivent partir pour la Galilée, et là ils me verront » (Mt 28, 10). Le pape François a voulu que la fête de sainte Marie-Madeleine (cf. l’apparition de Jn 20, 17-18), « apôtre des apôtres », ait désormais le même «rang» que la fête des apôtres.

Et la foi dans le Ressuscité s’appuie justement sur le témoignage de ceux auxquels les saintes femmes ont été envoyées et que « Dieu a choisis » (Ac 10, 41), celui des Apôtres, qui « avec beaucoup de force » ont rendu témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus (cf. Ac 4, 33).

Le silence est vraisemblablement dû au fait qu’une apparition du Fils à sa Mère et le témoignage de celle-ci auraient pu être considérés comme n’étant pas « digne de foi » par « ceux qui niaient la Résurrection du Seigneur. »

Des apparitions passées sous silence

Mais n’y-a-t-il pas d’autres apparitions, pendant ces quarante jours passés par le Christ parmi les siens, que les évangiles auraient aussi passé sous silence ? Jean-Paul II qui cite l’apparition mentionnée par saint Paul (1 Co 15, 6) « à plus de cinq cents frères à la fois ». Ainsi, d’autres apparitions, notoires, du Ressuscité n’ont donc pas été rapportées.

Un indice aussi que le Christ est apparu à sa Mère : lorsque les saintes femmes se rendent au tombeau à l’aube, Marie, jusqu’ici inséparables d’elles, est absente, elle ne les accompagne pas (cf. Mc 16, 1 ; Mt 28, 1). Pourquoi ? Ne semble-t-il pas évident qu’elle l’a déjà rencontré, vivant ?

L’union au calvaire et à la résurrection

De fait, les premiers témoins de la Résurrection ont été les saintes femmes, au pied de la Croix, avec Marie, fermes « dans la foi ». Et, avant elles, Jésus se montre « tout d’abord à sa Mère, celle qui a conservé sa foi intacte dans l’épreuve. »

Enfin, « le caractère unique et spécial de la présence de la Vierge au Calvaire et son union parfaite à son Fils dans la souffrance de la Croix, semblent suggérer une participation très particulière au mystère de sa résurrection. »

Pour Sedulius, le Christ « s’est tout d’abord révélé à sa Mère dans la splendeur de la vie ressuscitée ». Et il met en relation l’Annonciation et la Résurrection : « Celle qui lors de l’Annonciation, avait été la voie de son entrée dans le monde, était appelée à diffuser la merveilleuse nouvelle de la Résurrection, pour être l’annonciatrice de sa glorieuse venue ».

Et c’est l’anticipation ce que l’Église est appelée à vivre : « Ainsi inondée par la gloire du Ressuscité, Elle anticipe le « resplendissement » de l’Église » (cf. Sedulius, Carmen Paschale, 5, 357-364, CSEL 10, 140s).

Avec Jean-Paul II notons aussi le lien entre Marie à l’Annonciation et Marie à la Résurrection dans la prière mariale du temps de Pâques « Regina Caeli » : « Au cours du temps pascal, la communauté chrétienne, s’adressant à la Mère du Seigneur, l’invite à se réjouir : « Regina Cæli, lætare. Alléluia ! », « Reine du ciel, réjouis-toi. Alléluia ! ».

Ainsi est rappelée la joie de Marie pour la Résurrection de Jésus, en prolongeant dans le temps le « réjouis-toi » que lui avait adressé l’Ange lors de l’Annonciation, afin qu’elle devienne « une cause de joie » pour toute l’humanité. »

Anticipation de l’humanité

Marie est « image et modèle de l’Église qui attend le Ressuscité » et qui, dans le groupe des disciples, « le rencontre au cours des apparitions pascales ». « il semble vraisemblable de penser que Marie a eu un contact personnel avec son Fils ressuscité, pour jouir elle aussi de la plénitude de la joie pascale ».

Est- mis en lumière le lien entre la présence de Marie « au Calvaire le Vendredi Saint » (cf. Jn 19, 25) et « au Cénacle à la Pentecôte » (cf. Ac 1, 14), pour en déduire aussi sa présence comme « témoin privilégié de la résurrection du Christ ». Elle a ainsi « complété » sa « participation à tous les moments essentiels du Mystère pascal ».

« En accueillant Jésus ressuscité, Marie est en outre signe et anticipation de l’humanité, qui espère le rejoindre, à travers la résurrection des morts.»

L’apparition à Marie, condition de toutes les autres

« les actes du Ressuscité » sont des « actes fondateurs et constitutifs de l’Église. »

Pour saint Ignace, le Christ apparaît à Marie « en corps et en âme » et « apparaître », pour le Christ, ne doit pas « être compris dans un sens étroit », mais que cela signifie aussi «communication» – et «réception» – «du salut et de sa joie».

Certes, la gloire du ressuscité vient du Père : « Ressusciter, pour le Christ, c’est recevoir du Père la gloire qu’Il possède auprès de Lui de toute éternité et la gloire qu’Il a méritée par son œuvre rédemptrice ; c’est encore de pouvoir communiquer ce salut mérité. Sa gloire, le Christ la reçoit donc en premier lieu du Père. »

Cependant, pour saint Ignace, « l’humanité peut accroître la gloire de Dieu ». Ainsi, « le Ressuscité reçoit également sa gloire de l’humanité qu’Il a sauvée, lorsque celle-ci, accueille dans la foi, l’espérance et l’amour, la Vie que son Sauveur lui communique. »

C’est pour quoi « l’apparition du Christ ressuscité à Marie est la condition de possibilité de toutes les autres». Il s’agit, comme à l’Annonciation, d’un don et de sa réception.

La disponibilité totale de la Vierge Marie à accueillir la réalité de la résurrection est importante. « Marie n’est pas à l’origine de l’acte de ressusciter du Christ, mais le Ressuscité n’apparaîtra jamais à personne s’Il n’a trouvé d’abord un espace totalement virginal où son apparaître peut pleinement se déployer, où sa gloire et sa joie peuvent en totalité se communiquer et se constituer.

En ce sens, l’accueil du Ressuscité par Marie est non seulement la condition de possibilité de toutes les autres apparitions, il est vraiment constitutif pour sa part de la gloire et de la joie du Ressuscité lui-même. De même qu’il n’a pu entrer dans le monde par son incarnation que par la médiation du fiat de Marie, Il ne peut apparaître dans toute sa gloire de Rédempteur que par l’accueil virginal de Notre Dame.

D’une part, « en apparaissant à Marie, le Christ ressuscité l’agrège, d’une manière définitive déjà, à son corps de gloire, à son corps mystique ». Et d’autre part, « dans l’apparition dont elle est la bénéficiaire, Marie consent à la Résurrection » – alors que les évangiles rapportent les résistances de tel ou tel apôtre -, elle «accepte de faire partie définitivement du Corps du Ressuscité».

La figure de l’humanité croyante

Pour saint Ignace, « c’est au nom de toute l’humanité » que Marie « a consenti et coopéré à l’Incarnation rédemptrice » et, « en tant que telle, elle est, devant le Christ et auprès du Christ, la figure de l’humanité croyante, espérante et aimante » : « en d’autres termes, elle est la figure de l’Église .

«Ainsi, pour l’auteur des Exercices Spirituels, « le Christ ressuscité apparaît à Marie en tant qu’elle représente et récapitule en elle-même toute l’Église » : « Elle lui offre (…) un espace virginal et immaculé où son apparaître peut se déployer sans obstacle.»

«Il trouve en elle son Corps de gloire. Il peut lui communiquer la totalité du salut et de la grâce, de telle sorte qu’associée à son œuvre de salut depuis l’Incarnation, elle puisse devenir, après avoir participé de la manière la plus étroite à Sa Passion, sa parfaite collaboratrice dans la diffusion même des fruits de la rédemption.»

«En d’autres mots, le Christ la constitue figure personnelle de l’Église-médiatrice de toute grâce. Le Seigneur, en effet, ne veut rien faire sans l’aide, sans la médiation, de son Épouse, l’Église. Celle-ci intervient dans la dispensation de toute grâce.»

« Ne fallait-il pas que le Christ apparaisse à celle qui est toute l’Église avant d’apparaître à d’autres personnes ? » «Cette apparition est, aux yeux d’Ignace, l’acte de fondation par excellence de l’Église.»

Selon saint Ignace, « Jésus ressuscité apparut premièrement à la Vierge Marie. Quoique l’Écriture n’en fasse pas mention, elle nous le donne assez à entendre, en disant qu’il apparut à tant d’autres. Elle suppose que nous avons l’intelligence, et que nous ne voulons pas mériter le reproche que le Sauveur fit un jour à ses Apôtres : « Êtes-vous encore sans intelligence? » »(cf. n. 299 « De la Résurrection de Jésus-Christ, notre Seigneur, et de sa première apparition» ).

Extraits inspirés de l’article du P. Jean-Marie Hennaux, jésuite belge :  «En apparaissant à la Vierge Marie, le Christ ressuscité a fondé son Église» ( Nouvelle Revue Théologique, 2004/1, tome 126, pp. 33 à 48).

Avec le Ressuscité pour sortir des tombeaux de nos peurs

Avec le Ressuscité pour sortir des tombeaux de nos peurs

Le Pape François au Regina Coeli en ce lundi de Pâques, lundi de l’Ange,  nous exhorte à abandonner les tombeaux de mensonges : Jésus ressuscité veut faire de nous des témoins de la vérité qui nous libère.

LE PAPE FRANÇOIS

REGINA CAELI

Place Saint-Pierre
Lundi de Pâques 18 avril 2022

Chers frères et sœurs, bonjour!

Les jours de l’Octave de Pâques sont comme un seul jour où se prolonge la joie de la Résurrection. Ainsi l’Évangile de la Liturgie d’aujourd’hui continue à nous parler du Ressuscité, de son apparition aux femmes qui étaient allées au tombeau (cf. Mt 28, 8-15).

Jésus va à leur rencontre, les salue ; puis il leur dit deux choses, qu’il nous fera aussi du bien d’accueillir, comme un cadeau de Pâques. Ce sont deux conseils du Seigneur, un cadeau de Pâques.

D’abord, il les rassure par deux mots simples : « N’ayez pas peur » (v. 10). N’ai pas peur. Le Seigneur sait que les peurs sont nos ennemies quotidiennes. Il sait aussi que nos peurs viennent d’une grande peur, la peur de la mort : peur de disparaître, de perdre des êtres chers, d’être malade et de ne plus s’en sortir…

Mais à Pâques, Jésus a vaincu la mort. Personne d’autre ne peut donc nous dire de manière plus convaincante : « N’ayez pas peur », « n’ayez pas peur ». Le Seigneur le dit juste là, à côté du tombeau dont il est sorti victorieux. Il nous invite ainsi à sortir des tombes de nos peurs. Écoutons bien : sortez des tombes de nos peurs, car nos peurs sont comme des tombes, elles nous enterrent à l’intérieur.

Il sait que la peur est toujours tapie à la porte de notre cœur et que nous avons besoin de nous entendre répéter pour ne pas avoir peur, pour ne pas avoir peur, pour ne pas avoir peur : le matin de Pâques comme le matin de tous les jours pour entendre :

« Ne pas avoir peur». Soit brave. Frère, sœur qui croyez en Christ, n’ayez pas peur !  » – Jésus te dit – « Moi j’ai ressenti la mort pour toi, j’ai pris ton mal sur moi. Maintenant je suis ressuscité pour te dire : Je suis ici, avec toi, pour toujours. N’ayez pas peur! »

Mais comment dire, pour combattre la peur ? La deuxième chose que Jésus dit aux femmes nous aide : «Allez dire à mes frères d’aller en Galilée : là ils me verront » (v. 10). Allez annoncer. La peur nous enferme toujours sur nous-mêmes ; nous enferme sur nous-mêmes. Jésus, par contre, nous laisse sortir et nous envoie vers les autres.

Voici le remède. Mais moi –  peut-on dire – je n’en suis pas capable ! Pensez-y, ces femmes n’étaient certainement pas les plus aptes et préparées à annoncer le Ressuscité, mais le Seigneur s’en moque. Il se soucie que nous sortions et annoncions. Sortez et annoncez. Sortez et annoncez. Parce que la joie de Pâques ne doit pas être gardée pour soi.

La joie du Christ se fortifie en la donnant, elle se multiplie en la partageant. Si nous ouvrons et portons l’Évangile, nos cœurs se dilatent et surmontent la peur. C’est le secret : annoncer pour vaincre la peur.

Le texte d’aujourd’hui dit que l’annonce peut rencontrer un obstacle : le mensonge. En fait, l’Évangile raconte « une contre-annonce ». Quel est? Celui des soldats qui avaient gardé le tombeau de Jésus.Ils sont payés – dit l’Évangile – « avec une bonne somme d’argent » (v. 12), un beau pourboire, et ils reçoivent ces instructions : « Dites ainsi : » Moi, ses disciples, je suis venu la nuit et je l’ai volé pendant que nous dormions «  » (v. 13).

Étiez-vous endormi? Avez-vous vu comment ils ont volé le corps dans leur sommeil ? Il y a là une contradiction, mais une contradiction à laquelle tout le monde croit, car il y a de l’argent en jeu. C’est le pouvoir de l’argent, cet autre seigneur dont Jésus dit qu’il ne faut jamais servir. Ce sont deux messieurs : Dieu et l’argent. Ne servez jamais l’argent!

Voilà la fausseté, la logique de l’occultation, qui s’oppose à l’annonce de la vérité. C’est un rappel pour nous aussi : les mensonges – dans les paroles et dans la vie – polluent l’annonce, la corrompent de l’intérieur, la ramènent au tombeau. Les mensonges nous ramènent, ils nous conduisent à la mort, au sépulcre.

Le Ressuscité, au contraire, veut que nous sortions des tombes des mensonges et des addictions. Avant le Seigneur ressuscité, il y a cet autre « dieu » : le dieu de l’argent, qui salit tout, gâche tout, ferme les portes du salut. Et cela est partout : dans la vie de tous les jours, il y a la tentation d’adorer ce dieu de l’argent.

*

Chers frères et sœurs, nous sommes à juste titre scandalisés lorsque, par l’information, nous découvrons des mensonges et des mensonges dans la vie des gens et dans la société. Mais donnons aussi un nom au mensonge que nous avons à l’intérieur !

Et plaçons nos opacités, nos mensonges, devant la lumière de Jésus ressuscité. Il veut mettre en lumière les choses cachées, faire de nous des témoins transparents et lumineux de la joie de l’Évangile, de la vérité qui libère (cf. Jn 8, 32).

Marie, Mère du Ressuscité, aide-nous à surmonter nos peurs et donne-nous la passion de la vérité.

*

Après le Regina Caeli

Chers frères et sœurs !

Encore Joyeuses Pâques à vous tous, Romains et pèlerins de divers pays !

Que la grâce du Ressuscité apporte réconfort et espérance à ceux qui souffrent : que personne ne soit abandonné ! Que les querelles, les guerres et les disputes fassent place à l’entente et à la réconciliation.

Insistez toujours sur ce mot : réconciliation, car ce que Jésus a fait au Calvaire et avec sa résurrection, c’est nous réconcilier tous avec le Père, avec Dieu et parmi nous. Réconciliation!

Dieu a gagné la bataille décisive contre l’esprit du mal : il gagne ! Renonçons à nos projets humains, convertissons-nous à ses desseins de paix et de justice.

Je remercie tous ceux qui, ces jours-ci, m’ont adressé leurs vœux de bonheur. Je suis particulièrement reconnaissant pour les prières! Je demande à Dieu, par l’intercession de la Vierge Marie, de récompenser chacun par ses dons.

Je vous souhaite à tous de vivre ces jours de Pâques dans la paix et la joie qui viennent du Christ ressuscité. Merci de continuer à prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir !


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Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

Urbi et Orbi: la paix est la responsabilité de tous

Urbi et Orbi: la paix est la responsabilité de tous

À l’issue de la messe de Pâques célébrée sous le soleil de la place Saint-Pierre en présence de 50 000 fidèles, le Pape François a pris le chemin de la loggia centrale de la basilique pour impartir sa bénédiction «Urbi et Orbi», à la ville et au monde, ce dimanche 17 avril. Il a lancé appel à la paix pour toutes les régions du monde qui souffrent de conflits, notamment l’Ukraine martyrisée.

MESSAGE URBI ET ORBI DU SAINT-PÈRE FRANÇOIS

PÂQUES 2022

Loggia centrale de la basilique vaticane
dimanche 17 avril 2022

Chers frères et sœurs, Joyeuses Pâques !

Jésus, le Crucifié, est ressuscité ! Il vient parmi ceux qui le pleurent, enfermés chez eux, pleins de peur et d’angoisse. Il vient vers eux et leur dit : « La paix soit avec vous ! » (Jn 20:19). Il montre les blessures aux mains et aux pieds, la blessure au côté : ce n’est pas un fantôme, c’est précisément Lui, le même Jésus qui est mort sur la croix et qui était dans le tombeau. Devant les yeux incrédules des disciples, Il répète : « La paix soit avec vous ! (v. 21).

Même nos yeux sont incrédules, en cette Pâques de guerre. Nous avons vu trop de sang, trop de violence. Nos cœurs aussi ont été remplis de peur et d’angoisse, alors que tant de nos frères et sœurs ont dû s’enfermer pour se défendre des bombes. Nous avons du mal à croire que Jésus est vraiment ressuscité, qu’il a vraiment vaincu la mort. Serait-ce une illusion ? Un fruit de notre imagination ?

Non, ce n’est pas une illusion ! Aujourd’hui plus que jamais résonne l’annonce pascale si chère à l’Orient chrétien : « Le Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité ! » Aujourd’hui plus que jamais nous avons besoin de lui, au terme d’un Carême qui ne semble pas vouloir se terminer. Nous avons derrière nous deux années de pandémie qui ont laissé de lourdes traces. Il était temps de sortir du tunnel ensemble, main dans la main, en mettant nos forces et nos ressources en commun…

Et au lieu de cela nous montrons qu’en nous il n’y a pas encore l’esprit de Jésus, il y a encore l’esprit de Caïn, qui regarde Abel non pas comme un frère, mais comme un rival, et réfléchit à la manière de l’éliminer. Nous avons besoin du Crucifix ressuscité pour croire à la victoire de l’amour, pour espérer la réconciliation. Aujourd’hui plus que jamais nous avons besoin qu’il vienne parmi nous et nous dise à nouveau : « La paix soit avec vous ! ».

Lui seul peut le faire. Lui seul a le droit aujourd’hui de nous annoncer la paix. Seul Jésus, parce qu’il porte les blessures, nos blessures. Ses blessures sont deux fois les nôtres : les nôtres parce qu’elles lui sont procurées par nous, par nos péchés, par notre dureté de cœur, par la haine fratricide ; et les nôtres parce qu’il les porte pour nous, il ne les a pas annulées de son Corps glorieux, il a voulu les garder en lui pour toujours.

Ils sont un sceau indélébile de son amour pour nous, une intercession éternelle pour que le Père céleste les voie et ait pitié de nous et du monde entier. Les blessures dans le corps de Jésus ressuscité sont le signe de la lutte qu’il a menée et gagnée pour nous, avec les armes de l’amour, afin que nous puissions avoir la paix, être en paix, vivre en paix.

En regardant ces blessures glorieuses, nos yeux incrédules s’ouvrent, nos cœurs endurcis s’ouvrent et laissent entrer l’annonce de Pâques : « La paix soit avec vous ! »

*

Frères et sœurs, laissons entrer la paix du Christ dans nos vies, nos foyers, nos pays !

Que la paix soit pour l’Ukraine meurtrie, si durement éprouvée par la violence et la destruction de la guerre cruelle et insensée dans laquelle elle a été entraînée. Sur cette terrible nuit de souffrance et de mort, une nouvelle aube d’espoir se lève bientôt ! La paix soit choisie.

Arrêtez de fléchir vos muscles pendant que les gens souffrent. S’il vous plaît, s’il vous plaît : ne nous habituons pas à la guerre, engageons-nous tous à crier pour la paix, des balcons et dans les rues ! Paix! Quiconque a la responsabilité des nations, écoute le cri de paix des peuples.

Écoutez cette question troublante posée par les scientifiques il y a près de soixante-dix ans : « Allons-nous mettre fin à l’humanité, ou l’humanité pourra-t-elle renoncer à la guerre ? » (Manifeste Russell-Einstein, 9 juillet 1955).

Je porte dans mon cœur toutes les nombreuses victimes ukrainiennes, les millions de réfugiés et de personnes déplacées, les familles divisées, les personnes âgées laissées seules, les vies brisées et les villes rasées. J’ai dans les yeux le regard d’enfants orphelins qui fuient la guerre.

En les regardant, on ne peut s’empêcher d’entendre leur cri de douleur, ainsi que celui de nombreux autres enfants qui souffrent partout dans le monde : ceux qui meurent de faim ou de manque de soins, ceux qui sont victimes d’abus et de violences et ceux à qui on a refusé le droit de naître.

Dans la douleur de la guerre, il y a aussi des signes encourageants, comme les portes ouvertes de nombreuses familles et communautés qui accueillent des migrants et des réfugiés dans toute l’Europe. Puissent ces nombreux actes de charité devenir une bénédiction pour nos sociétés, parfois dégradées par tant d’égoïsme et d’individualisme, et contribuer à les rendre accueillantes pour tous.

Puisse le conflit en Europe nous rendre plus concernés même face à d’autres situations de tension, de souffrance et de douleur, qui affectent trop de régions du monde et que nous ne pouvons ni ne voulons oublier.

Que la paix règne au Moyen-Orient, déchiré par des années de divisions et de conflits. En ce jour glorieux, demandons la paix pour Jérusalem et la paix pour ceux qui l’aiment (cf. Ps 121 [122]), chrétiens, juifs, musulmans. Puissent les Israéliens, les Palestiniens et tous les habitants de la Ville Sainte, avec les pèlerins, vivre la beauté de la paix, vivre en fraternité et accéder librement aux Lieux Saints dans le respect mutuel des droits de chacun.

Paix et réconciliation pour les peuples du Liban, de la Syrie et de l’Irak, et en particulier pour toutes les communautés chrétiennes vivant au Moyen-Orient. Que la paix soit aussi pour la Libye, car elle retrouve la stabilité après des années de tensions, et pour le Yémen, qui souffre d’un conflit oublié qui fait des victimes continues : la trêve signée ces derniers jours peut redonner espoir à la population.

Nous demandons au Seigneur ressuscité le don de la réconciliation pour le Myanmar, où persiste un scénario dramatique de haine et de violence, et pour l’Afghanistan, où les tensions sociales dangereuses ne s’apaisent pas et où une crise humanitaire dramatique tourmente la population.

Que la paix règne pour tout le continent africain, pour que cesse l’exploitation dont il est victime et l’hémorragie provoquée par les attentats terroristes – notamment dans la zone sahélienne – et qu’ils trouvent un appui concret dans la fraternité des peuples.

Redécouvrons l’Éthiopie, affligée par une grave crise humanitaire, la voie du dialogue et de la réconciliation, et la fin des violences en République Démocratique du Congo. Qu’il y ait prière et solidarité pour les peuples de l’est de l’Afrique du Sud, touchés par des inondations dévastatrices.

Que le Christ ressuscité accompagne et assiste les populations d’Amérique latine qui, dans certains cas, ont vu leurs conditions sociales s’aggraver en ces temps difficiles de pandémie, également exacerbés par des cas de criminalité, de violence, de corruption et de trafic de drogue.

Nous demandons au Seigneur ressuscité d’accompagner le chemin de réconciliation que suit l’Église catholique canadienne avec les peuples autochtones. Que l’Esprit du Christ ressuscité guérisse les blessures du passé et dispose les cœurs à la recherche de la vérité et de la fraternité.

*

Chers frères et sœurs, toute guerre a des séquelles qui concernent toute l’humanité : du deuil au drame des réfugiés, en passant par la crise économique et alimentaire dont nous voyons déjà les signes. Face aux signes persistants de la guerre, ainsi qu’aux nombreuses défaites douloureuses de la vie, le Christ, vainqueur du péché, de la peur et de la mort, nous exhorte à ne pas céder au mal et à la violence.

Frères et sœurs, laissons-nous envahir par la paix du Christ ! La paix est possible, la paix est un devoir, la paix est la responsabilité première de chacun !

Le Pape récite la formule solennelle et accorde à tous le pardon des péchés. Avant le signe de croix, il se recueille quelques instants en silence, puis prononce en latin :

« Que Dieu tout-puissant et miséricordieux vous donne l’indulgence, l’absolution et le pardon de tous vos péchés, un temps de repentir authentique et fécond, un cœur pénitent et une conversion de vie, la grâce et les conseils du Saint-Esprit, et la persévérance continuelle dans les bonnes œuvres ».


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