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sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Prière, jeûne et miséricorde, voilà la route du désert

Prière, jeûne et miséricorde, voilà la route du désert

Ce mercredi des Cendres, lors de l’audience générale dans la salle Paul VI au Vatican, le Pape François a exhorté les fidèles à se connecter à l’Évangile, à se donner « au Seigneur », à se consacrer à une « écologie du cœur », car aujourd’hui nous sommes pollués par «trop de violence verbale» que«le réseau amplifie». En Carême, détachons-nous de la TV et des téléphones portables, suivons Jésus vers les plus faibles.

Le bruit qui nous entoure

Réfléchissant à l’Évangile de Luc et à l’entrée de Jésus – «rempli du Saint-Esprit» – dans le désert, où il reste pendant quarante jours, «tenté par le diable», le Pape a expliqué le sens du chemin de Carême, quarante jours vers Pâques, «cœur de l’année liturgique et de la foi», et insisté sur la signification spirituelle du désert qui, même pour ceux qui vivent«dans la ville», est un lieu de «grand silence».

Le désert est le lieu du détachement du bruit qui nous entoure. C’est l’absence de paroles pour faire place à une autre Parole, la Parole de Dieu, qui caresse notre cœur comme une brise légère. Le désert est le lieu de la Parole, avec une majuscule.

Ouvrez la Bible

Dans la Bible,  le Seigneur «aime» à nous parler dans le désert: il donne – il se souvient – les dix commandements à Moïse et parle au «cœur» du peuple. « Vous écoutez la Parole de Dieu, qui est comme un son léger. » Le Livre des Rois compare la Parole de Dieu avec un «fil de silence sonore».

Précisément dans le désert «l’intimité se trouve avec Dieu, l’amour du Seigneur». Jésus, qui aimait se retirer pour prier dans des endroits déserts, nous a appris «comment chercher le Père, qui nous parle en silence». Bien que «ce n’est pas facile», l’invitation est de rechercher «le silence dans le cœur». Le Carême est alors le moment « propice » pour «faire place à la Parole de Dieu».

C’est le moment d’éteindre la télévision et d’ouvrir la Bible. C’est le moment de se déconnecter du téléphone portable et de se connecter à l’Évangile. Quand j’étais enfant, il n’y avait pas de télévision, mais j’avais l’habitude de ne pas écouter la radio.

Le Carême est désert, c’est le moment d’abandonner, de se détacher du téléphone portable et de se connecter à l’Évangile. C’est le moment d’abandonner les mots inutiles, les bavardages, les rumeurs, les ragots, et de parler et de vous « donner » au Seigneur. C’est le moment de vous consacrer à une écologie saine du cœur, de vous nettoyer.

Le réseau amplifie la violence verbale

Nous vivons dans un environnement «pollué par trop de violence verbale, par autant de mots offensants et nuisibles, que le réseau amplifie».

Aujourd’hui, on s’insulte comme si on disait « Bonjour ». Nous sommes inondés de mots vides, de publicités, de messages subtils. Nous nous sommes habitués à tout entendre sur tout le monde et nous risquons de glisser dans une mondanité qui atrophie notre cœur et il n’y a pas de contournement pour guérir cela, seulement le silence.

Nous luttons pour distinguer la voix du Seigneur qui nous parle, la voix de la conscience, la voix du bien. Jésus, nous appelant dans le désert, nous invite à écouter ce qui compte, l’important, l’essentiel.

Désert, lieu de vie

Comme et plus que du pain, en suivant les paroles de Jésus – « nous avons besoin de la Parole de Dieu, nous devons parler avec Dieu », donc « prier ».

Ce n’est que devant Dieu que les inclinations du cœur se révèlent et que la duplicité de l’âme tombe. Voici le désert, un lieu de vie, pas de mort, car le dialogue en silence avec le Seigneur nous redonne vie.

Redécouvrez ce qui compte

Le désert est le lieu de l’essentiel. C’est pourquoi cela nous pousse à examiner nos vies. Combien de choses inutiles nous entourent! Chassons mille choses qui semblent nécessaires et qui ne le sont en réalité pas.

Comme il serait bon pour nous de nous débarrasser de tant de réalités superflues, de redécouvrir ce qui compte, de retrouver les visages de ceux qui nous entourent! Jésus donne également l’exemple à ce sujet, le jeûne. Le jeûne, c’est savoir renoncer au vain, au superflu, pour aller à l’essentiel. Le jeûne n’est pas seulement pour la perte de poids, le jeûne va à l’essentiel, il cherche la beauté d’une vie plus simple.

Chemin de charité

Aujourd’hui encore, près de nous, il y a beaucoup de déserts, beaucoup de gens seuls. Ce sont des personnes seules et abandonnées. Combien de pauvres et de personnes âgées se tiennent à nos côtés et vivent en silence, sans faire d’histoires, marginalisés et jetés! Parler d’eux ne fait pas de public. Mais le désert nous conduit à eux, à ceux qui, réduits au silence, demandent silencieusement notre aide.

Bourgeons et plantes

La route dans le désert du Carême est faite de «prière, jeûne, œuvres de miséricorde», de sorte qu’elle nous conduit «de la mort à la vie».

Nous entrons dans le désert avec Jésus, nous sortons en savourant Pâques, la puissance de l’amour de Dieu qui renouvelle la vie. Cela nous arrivera quant aux déserts qui fleurissent au printemps, faisant germer soudainement les bourgeons et les plantes « de nulle part ». Courage, entrons dans ce désert du Carême, suivons Jésus dans le désert: avec lui nos déserts fleuriront.

MESSAGE DU SAINT-PÈRE POUR LE CARÊME 2020

MESSAGE DU SAINT-PÈRE POUR LE CARÊME 2020

« Nous vous en supplions au nom du Christ,
laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2Co 5, 20)

 

au nom du Christ, se  laisser réconcilier avec Dieu
au nom du Christ, se laisser réconcilier avec Dieu

Chers frères et sœurs!

Cette année encore, le Seigneur nous accorde un temps favorable pour nous préparer à célébrer avec un cœur renouvelé le grand Mystère de la mort et de la résurrection de Jésus, pierre angulaire de la vie chrétienne personnelle et communautaire.

Il nous faut constamment revenir à ce Mystère, avec notre esprit et notre cœur. En effet, ce Mystère ne cesse de grandir en nous, dans la mesure où nous nous laissons entraîner par son dynamisme spirituel et y adhérons par une réponse libre et généreuse.

1. Le Mystère pascal, fondement de la conversion

La joie du chrétien découle de l’écoute et de l’accueil de la Bonne Nouvelle de la mort et de la résurrection de Jésus : le kérygme. Il résume le Mystère d’un amour « si réel, si vrai, si concret qu’il nous offre une relation faite de dialogue sincère et fécond » (Exhort. ap. Christus vivit, n. 117).

Celui qui croit en cette annonce rejette le mensonge selon lequel notre vie aurait son origine en nous-même, alors qu’en réalité elle jaillit de l’amour de Dieu le Père, de sa volonté de donner la vie en abondance (cf. Jn 10, 10).

En revanche, si nous écoutons la voix envoûtante du “père du mensonge” (cf. Jn 8, 45), nous risquons de sombrer dans l’abîme du non-sens, de vivre l’enfer dès ici-bas sur terre, comme en témoignent malheureusement de nombreux événements dramatiques de l’expérience humaine personnelle et collective.

En ce Carême de l’année 2020, je voudrais donc étendre à tous les chrétiens ce que j’ai déjà écrit aux jeunes dans l’Exhortation Apostolique Christus vivit: « Regarde les bras ouverts du Christ crucifié, laisse-toi sauver encore et encore.

Et quand tu t’approches pour confesser tes péchés, crois fermement en sa miséricorde qui te libère de la faute. Contemple son sang répandu avec tant d’amour et laisse-toi purifier par lui. Tu pourras ainsi renaître de nouveau » (n. 123).

La Pâque de Jésus n’est pas un événement du passé : par la puissance de l’Esprit Saint, elle est toujours actuelle et nous permet de regarder et de toucher avec foi la chair du Christ chez tant de personnes souffrantes.

2. Urgence de la conversion

Il est salutaire de contempler plus profondément le Mystère pascal, grâce auquel la miséricorde de Dieu nous a été donnée. L’expérience de la miséricorde, en effet, n’est possible que dans un ‘‘face à face’’ avec le Seigneur crucifié et ressuscité « qui m’a aimé et s’est livré pour moi » (Ga 2, 20). Un dialogue cœur à cœur, d’ami à ami.

C’est pourquoi la prière est si importante en ce temps de Carême. Avant d’être un devoir, elle exprime le besoin de correspondre à l’amour de Dieu qui nous précède et nous soutient toujours. En effet, le chrétien prie tout en ayant conscience d’être aimé malgré son indignité.

La prière peut prendre différentes formes, mais ce qui compte vraiment aux yeux de Dieu, c’est qu’elle creuse en nous jusqu’à réussir à entamer la dureté de notre cœur, afin de le convertir toujours plus à lui et à sa volonté.

En ce temps favorable, laissons-nous donc conduire comme Israël dans le désert (cf. Os 2, 16), afin que nous puissions enfin entendre la voix de notre Époux, pour la faire résonner en nous avec plus de profondeur et de disponibilité.

Plus nous nous laisserons impliquer par sa Parole, plus nous pourrons expérimenter sa miséricorde gratuite envers nous. Ne laissons donc pas passer ce temps de grâce en vain, dans l’illusion présomptueuse d’être nous-mêmes les maîtres du temps et des modes de notre conversion à lui.

3. La volonté passionnée de Dieu de dialoguer avec ses enfants

Le fait que le Seigneur nous offre, une fois de plus, un temps favorable pour notre conversion, ne doit jamais être tenu pour acquis. Cette nouvelle opportunité devrait éveiller en nous un sentiment de gratitude et nous secouer de notre torpeur.

Malgré la présence, parfois dramatique, du mal dans nos vies ainsi que dans la vie de l’Église et du monde, cet espace offert pour un changement de cap exprime la volonté tenace de Dieu de ne pas interrompre le dialogue du salut avec nous.

En Jésus crucifié, qu’il « a fait péché pour nous » (2Co 5, 21), cette volonté est arrivée au point de faire retomber tous nos péchés sur son Fils au point de « retourner Dieu contre lui-même », comme le dit le Pape Benoît XVI (cf. Enc. Deus caritas est, n. 12). En effet, Dieu aime aussi ses ennemis (cf. Mt 5, 43-48).

Le dialogue que Dieu par le Mystère pascal de son Fils veut établir avec chaque homme n’est pas comme celui attribué aux habitants d’Athènes, qui « n’avaient d’autre passe-temps que de dire ou écouter les dernières nouveautés » (Ac 17, 21).

Ce genre de bavardage, dicté par une curiosité vide et superficielle, caractérise la mondanité de tous les temps et, de nos jours, il peut aussi se faufiler dans un usage trompeur des moyens de communication.

4. Une richesse à partager et non pas à accumuler seulement pour soi

Mettre le Mystère pascal au centre de la vie signifie éprouver de la compassion pour les plaies du Christ crucifié perceptibles chez les nombreuses victimes innocentes des guerres, dans les atteintes à la vie, depuis le sein maternel jusqu’au troisième âge, sous les innombrables formes de violence, de catastrophes environnementales, de distribution inégale des biens de la terre, de traite des êtres humains dans tous aspects et d’appât du gain effréné qui est une forme d’idolâtrie.

Aujourd’hui encore, il est important de faire appel aux hommes et aux femmes de bonne volonté pour qu’ils partagent leurs biens avec ceux qui en ont le plus besoin en faisant l’aumône, comme une forme de participation personnelle à la construction d’un monde plus équitable. Le partage dans la charité rend l’homme plus humain, alors que l’accumulation risque de l’abrutir, en l’enfermant dans son propre égoïsme.

Nous pouvons et nous devons aller encore plus loin, compte tenu des dimensions structurelles de l’économie. C’est pourquoi, en ce Carême 2020, du 26 au 28 mars, j’ai convoqué à Assise de jeunes économistes, entrepreneurs et porteurs de changement, dans le but de contribuer à l’esquisse d’une économie plus juste et plus inclusive que l’actuelle.

Comme le Magistère de l’Église l’a répété à plusieurs reprises, la politique est une forme éminente de charité (cf. Pie XI, Discours aux Membres de la Fédération Universitaire Catholique Italienne, 18 décembre 1927). Ainsi en sera-t-il de la gestion de l’économie, basée sur ce même esprit évangélique qui est l’esprit des Béatitudes.

J’invoque l’intercession de la Très-Sainte Vierge Marie pour ce Carême à venir, afin que nous accueillions l’appel à nous laisser réconcilier avec Dieu, pour fixer le regard du cœur sur le Mystère pascal et nous convertir à un dialogue ouvert et sincère avec Dieu. C’est ainsi que nous pourrons devenir ce que le Christ dit de ses disciples : sel de la terre e lumière du monde (cf. Mt 5, 13-14).

Pape François

Donné à Rome, près de Saint Jean de Latran, 7 octobre 2019,
fête de Notre-Dame du Rosaire


© Copyright – Libreria Editrice Vaticana

Le plus grand dans l’Église est celui qui sert, pas celui qui a le plus de titres.

Le plus grand dans l’Église est celui qui sert, pas celui qui a le plus de titres.

Anxiété d’être le plus important et d’avoir le plus d’argent. Le Pape François a mis en garde contre les passions, l’envie et les ragots, lors de la messe à la Maison Sainte Marthe au Vatican. La mondanité est l’ennemi de Dieu car le Seigneur exhorte à l’humilité.

On ne peut pas vivre l’Évangile en faisant des compromis, sinon on se retrouve avec l’esprit du monde, qui est «l’ennemi de Dieu» et vise à la domination des autres ; il faut au contraire choisir la voie du service. dans l’Évangile de ce jour (Mc 9,30-37) Jésus dit aux Douze que si l’on veut être le premier, on est appelé à devenir le dernier et le serviteur de tous.

Jésus savait qu’en cours de route, les disciples s’étaient disputé entre eux pour savoir qui était le plus grand, «par ambition». «Je dois continuer, je dois monter»: cette querelle est l’esprit du monde. Même la première lecture de la liturgie d’aujourd’hui (Jc 4,1-10) suit cet aspect, lorsque l’apôtre Jacques rappelle que l’amour du monde est l’ennemi de Dieu.

«Cette angoisse de la mondanité, d’être plus important que les autres et de dire: « Non ! Je mérite ceci, l’autre ne mérite pas cela ». C’est la mondanité, c’est l’esprit du monde et quiconque respire cet esprit, respire l’inimitié de Dieu. Jésus, dans une autre étape, dit aux disciples: « Ou vous êtes avec moi, ou vous êtes contre moi”. Il n’y a pas de compromis dans l’Évangile. Et quand on veut vivre l’Évangile en faisant des compromis, on finit par se retrouver avec l’esprit du monde, qui essaie toujours de faire des compromis pour monter plus haut, pour dominer, pour être plus grand».

L’envie est un ver qui pousse à détruire

Tant de guerres et tant de querelles viennent précisément des désirs du monde, des passions, souligne le Pape en se référant de nouveau aux paroles de saint Jacques. «Aujourd’hui, le monde entier est parsemé de guerres. Mais qu’en est-il des guerres qui nous opposent? Comme celle entre les apôtres, pour savoir qui est le plus important?».

«“Regardez la carrière que j’ai faite: maintenant, je ne peux plus revenir en arrière! » C’est l’esprit du monde et ce n’est pas chrétien. « Non ! C’est mon tour ! Je dois gagner plus pour avoir plus d’argent et plus de pouvoir ». C’est l’esprit du monde. Et puis, la méchanceté des ragots. D’où vient-elle? De l’envie. Le grand envieux est le diable, nous le savons, la Bible le dit. L’envie du diable amène le mal dans le monde. La jalousie est un ver qui vous pousse à détruire, à anéantir l’autre».

Le plus grand dans l’Église est celui qui devient un serviteur

Dans le dialogue des disciples, il y avait toutes ces passions et c’est pour cette raison que Jésus leur fait des reproches et les exhorte à devenir les serviteurs de tous et à prendre la dernière place:

«Qui est le plus important dans l’Église ? Le Pape, les évêques, les monseigneurs, les cardinaux, les curés des plus belles paroisses, les présidents d’associations de laïcs ? Non ! Le plus grand dans l’Église est celui qui sert tout le monde, pas celui qui a le plus de titres. Et pour faire comprendre cela, Jésus prend un enfant, le place au milieu d’eux et, l’embrassant tendrement – parce que Jésus parlait avec tendresse, il en avait tant – il leur dit: « Celui qui accueille un enfant, c’est moi qu’il accueille », c’est-à-dire celui qui accueille le plus humble. C’est la voie à suivre. Il n’y a qu’une seule voie contre l’esprit du monde: l’humilité. Servir les autres, choisir la dernière place, ne pas grimper».

Il ne faut donc pas «négocier avec l’esprit du monde», il ne faut pas dire : «J’ai droit à cet endroit, car, regardez la carrière que j’ai faite». En effet, la mondanité «est ennemi de Dieu». Au lieu de cela, nous devons écouter cette parole « si sage » et encourageante que Jésus dit dans l’Évangile: «Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous, le serviteur de tous».