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sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Le Pape : la perte du sens de la vie, grave menace dans les pays développés

Hypocrisie que de parler de paix, en vendant des bombes guerrières ! Dans la catéchèse de ce mercredi matin, consacrée au voyage apostolique de huit jours en Thaïlande et au Japon, le Pape a réitéré sa ferme condamnation des armes nucléaires. La perte du sens de la vie et l’engagement contre l’exploitation des femmes et des mineurs sont parmi ses thèmes centraux. Le Pape a également annoncé que dimanche il irait à Greccio pour prier sur le lieu de la première crèche, celle de saint François d’Assise.

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint Pierre
Mercredi 27 novembre 2019


Chers frères et sœurs, hier je suis revenu de mon voyage apostolique en Thaïlande et au Japon. Cette visite a augmenté ma proximité et mon affection pour ces peuples : que Dieu les bénisse avec une abondance de prospérité et de paix. En Thaïlande, j’ai encouragé l’engagement pour l’harmonie entre les diverses composantes de la nation, pour que le développement économique puisse aller au bénéfice de tous, et que les plaies de l’exploitation des femmes et des mineurs soient guéries.

La religion bouddhiste est partie intégrante de l’histoire et de la vie de ce peuple. En rendant visite au Patriarche suprême des bouddhistes j’ai voulu poursuivre le chemin d’estime réciproque initié par mes prédécesseurs, afin que grandissent dans le monde la compassion et la fraternité.

Le témoignage de l’Église en Thaïlande passe aussi par le service des malades et des personnes laissées pour compte. Lors des messes célébrées avec le peuple de Dieu et avec les jeunes, nous avons fait l’expérience que, dans la nouvelle famille formée par Jésus Christ, il y a aussi les visages et les voix du peuple Thaï.

Puis je me suis rendu au Japon. Dès mon arrivée, nous avons échangé avec les Évêques sur le défi d’être les pasteurs d’une Église toute petite, mais porteuse de l’eau vive de l’évangile de Jésus.

« Protéger toute vie » était la devise de ma visite dans un pays qui porte les marques du bombardement atomique. A Nagasaki et à Hiroshima j’ai prié, j’ai rencontré des survivants et des familles de victimes et j’ai confirmé la ferme condamnation des armes nucléaires et de l’hypocrisie de parler de paix en construisant et en vendant des engins de guerre.

Après cette tragédie, le Japon a démontré une extraordinaire capacité de lutter pour la vie ; et il l’a fait récemment aussi, après le triple désastre de 2011 : tremblement de terre, tsunami, et incident nucléaire.

La perte du sens de la vie frappe particulièrement les jeunes. J’ai écouté leurs questions et leurs rêves, je les ai encouragés à s’opposer ensemble à toute forme de harcèlement, et à vaincre la peur et la fermeture en s’ouvrant à l’amour de Dieu, dans la prière et dans le service au prochain.

[Dans toutes les rencontres, et notamment celle avec l’empereur,] j’ai souhaité aussi que le Japon développe une culture de la rencontre et du dialogue, caractérisée par la sagesse et la largeur d’horizons. En restant fidèle à ses valeurs religieuses et morales, et ouvert au message évangélique, le Japon pourra être un pays entrainant pour un monde plus juste et pacifique et pour l’harmonie entre l’homme et l’environnement.

Chers frères et sœurs, je vous invite à confier avec moi à la bonté et à la providence de Dieu les peuples de la Thaïlande et du Japon.

Que le Seigneur vous bénisse, de sorte que partout vous soyez un phare de la lumière de l’Évangile pour tous. Puisse le pèlerinage revigorer vos cœurs et vos sentiments avec l’Église. Que la Madone vous accompagne et vous protège tous ainsi que vos êtres chers !

Matthieu nous enseigne que Jésus-Christ restera toujours avec nous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. Je vous demande de toujours aller de l’avant sans crainte et d’apporter le Christ à tous les peuples. Le Seigneur cherche tout le monde, il veut que chacun ressente la chaleur de sa miséricorde et de son amour. Que le Seigneur vous bénisse et vous protège toujours du malin !

Chers frères et sœurs, je vous remercie de m’avoir accompagné dans la prière pendant le voyage en Thaïlande et au Japon. Cette visite s’est déroulée dans une atmosphère de fraternité, fondée sur des valeurs humaines et spirituelles communes, pour ceux qui vivent profondément leur foi dans le respect des autres. Nous remercions le Seigneur pour ce temps de grâce ! Je vous bénis cordialement.

Je voudrais adresser mes salutations et ma proximité au cher peuple albanais, qui a tant souffert ces jours-ci. L’Albanie a été le premier pays d’Europe que je souhaitais visiter. Je suis proche des victimes, je prie pour les morts, pour les blessés, pour les familles. Que le Seigneur bénisse ce peuple que j’aime tant.

Samedi dernier, à Tambaύ (Brésil), le prêtre Donizetti Tavares de Lima a été proclamé Bienheureux, un pasteur totalement dévoué à son peuple, témoin de la charité évangélique et défenseur des pauvres. Les prêtres, les personnes consacrées, mais aussi les fidèles laïcs peuvent faire le témoignage de la foi du bienheureux Donizetti, avec la cohérence des choix de vie inspirés par l’Évangile.

Dimanche prochain, la saison liturgique de l’Avent commencera. J’irai à Greccio prier sur le lieu de la première crèche, celle de saint François d’Assise, et envoyer une lettre à tous les croyants pour comprendre le sens du berceau. Je souhaite à tous qu’au cours de l’Avent, l’attente du Sauveur remplisse votre cœur d’espérance et vous trouve dans la joie au service des plus démunis. Merci.


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Après le tremblement de terre qui a affecté le pays, dans un télégramme adressé au président de la République d’Albanie Ilir Meta , le Pape confie les âmes des défunts «à la miséricorde de Dieu, il assure les blessés et tous ceux qui sont touchés par ce désastre de sa proximité dans la prière». Il invoque aussi des bénédictions sur le «personnel d’urgence dans leurs efforts de secours», et «confie le peuple albanais à la providence aimante du Tout-Puissant».

Messe du Pape au Tokyo Dome: «Ne pas s’inquiéter et avoir confiance»

Messe du Pape au Tokyo Dome: «Ne pas s’inquiéter et avoir confiance»

Ce lundi 25 novembre. François a d’abord rencontré des «victimes du triple désastre» du 11 mars 2011. Après une rencontre en privé avec l’empereur Naruhito au Palais impérial, le Pape s’est rendu à la cathédrale Saint Marie pour un temps de partage avec les jeunes catholiques nippons. Il a ensuite célébré la messe au Tokyo Dome, une des grandes enceintes sportives de la capitale japonaise.

Lors de la messe célébrée au Tokyo Dome, la dernière de son voyage apostolique, le Pape François a invité les fidèles japonais à savoir se décentrer de vies parfois frénétiques pour accepter, à l’écoute du Seigneur la liberté «comme une grâce», «pour le don de la vie humaine», en écho au thème de ce voyage apostolique dans l’archipel nippon.

La cérémonie, célébrée en plusieurs langues, latin, japonais ou anglais s’est tenue devant plus de 50 000 fidèles qui ont réservé un accueil très chaleureux au Saint-Père, qui a effectué un tour de papamobile, très souriant. L’euphorie de l’accueil a ensuite laissé place au recueillement.

Dans son homélie, François est revenu sur le sermon de Jésus sur la montagne évoqué dans l’Évangile. «Il nous décrit la beauté du chemin que nous sommes invités à parcourir. Selon la Bible, la montagne, c’est le lieu où Dieu se manifeste et se fait connaître.»

Une liberté asphyxiée

« Nous trouvons en Jésus le sommet de ce que signifie être humain, et en lui, nous trouvons une vie nouvelle où nous faisons l’expérience de la liberté de nous savoir des fils bien-aimés.» Une liberté «qui peut se trouver asphyxiée et affaiblie lorsque nous nous enfermons dans le cercle vicieux de l’anxiété et de la compétition.»

«Beaucoup de personnes se sentent perdues et inquiètes, sont accablées par trop d’exigences et de préoccupations qui leur ôtent la paix et l’équilibre.»

«La compétition excessive dans la recherche du profit et de l’efficacité» peut marquer la société japonaise. «Comme baume réparateur, les paroles du Seigneur nous disent de ne pas nous inquiéter et d’avoir confiance. C’est une incitation à ouvrir nos priorités à un horizon de sens plus large et à créer ainsi de l’espace pour regarder dans la même direction que lui : «Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît.»

«Le Seigneur nous invite plutôt à reconsidérer nos choix quotidiens pour ne pas rester englués ou nous isoler dans la recherche du succès à tout prix.» «Le contraire du moi isolé, enfermé jusqu’à l’étouffement, ne peut être qu’un nous partagé, célébré et communiqué, (…) cette invitation du Seigneur nous rappelle qu’il nous faut “accepter joyeusement » que notre être soit un don, et accepter même notre liberté comme une grâce.»

Protéger toute vie

Le Saint-Père, revenant sur la première lecture tirée du livre de la Genèse a rappelé la «beauté et la bonté offertes pour que nous puissions nous aussi les partager et les offrir aux autres».

Face à cette réalité, nous sommes «comme communauté chrétienne, invités à protéger toute vie et à témoigner avec sagesse et courage d’une attitude marquée par la gratitude et la compassion, la générosité et l’écoute simple, en mesure d’embrasser et de recevoir la vie comme elle se présente avec toute sa fragilité, sa petitesse et, souvent, avec toutes ses contradictions et ses insignifiances.»

Le Pape a ainsi invité les fidèles japonais à «former une communauté» en mesure de développer cette pédagogie capable d’accueillir «tout ce qui n’est pas parfait, tout ce qui n’est pas pur ni distillé, mais non pas moins digne d’amour», toute personne, même la plus faible ou malade est digne d’être aimée, comme Jésus qui a embrassé le lépreux.

«L’annonce de l’Évangile de la vie nous pousse et exige que, comme communauté, nous devenions un hôpital de campagne, destiné à soigner les blessures et à toujours indiquer un chemin de réconciliation et de pardon.»

Le Pape a invité chaque fidèle, unis au Seigneur, avec les hommes et femmes de bonne volonté et ceux de traditions religieuses différentes à «devenir le levain prophétique dans une société en mesure de protéger et de prendre soin, toujours davantage, de toute vie.»

Le Pape pèlerin de paix à Hiroshima

Le Pape pèlerin de paix à Hiroshima

Ce dimanche, le Pape François est allé au Mémorial de la Paix d’Hiroshima à la fin d’une journée marquée par le souvenir des deux bombes atomiques larguées sur le Japon en 1945. Il y a rappelé que la «vraie paix» est «le fruit de la justice, du développement de la solidarité, de la sauvegarde de la maison commune et de la promotion du bien commun».

Après avoir visité Nagasaki où tomba la seconde bombe atomique américaine le 9 août 1945, le Saint-Père s’est exprimé sur le site de la première bombe, celle qui fit basculer le monde dans une nouvelle ère, après avoir écouté le témoignage de deux victimes.

«Ici, dans une lueur d’éclair et de feu, de tant d’hommes et de femmes, de leurs rêves et de leurs espérances, il n’est plus resté qu’ombre et silence.» «Aujourd’hui encore on continue d’entendre, fort, le cri de ceux qui ne sont plus. Tous sont restés unis par un même destin, dans un moment terrible qui a marqué pour toujours, non seulement l’histoire de ce pays, mais aussi le visage de l’humanité.»

Pèlerin de paix et voix des pauvres

S’inclinant devant «la force et la dignité» des survivants, le Pape est venu à Hiroshima en «pèlerin de paix», «en souvenir des victimes innocentes de tant de violence», pour porter «les suppliques et les aspirations des hommes et des femmes de notre temps, notamment des jeunes, qui désirent la paix, travaillent pour la paix, se sacrifient pour la paix», et pour porter «le cri des pauvres qui sont toujours les victimes les plus dépourvues de la haine et des conflits».

Il est venu à Hiroshima pour «être la voix de ceux dont la voix n’est pas entendue et qui voient avec inquiétude et angoisse les tensions croissantes qui traversent notre époque, les inégalités et les injustices inacceptables qui menacent la coexistence humaine, la grave incapacité de prendre soin de notre maison commune, le recours constant et spasmodique aux armes, comme si celles-ci pouvaient garantir un avenir de paix.»

Nouvelle condamnation des armes nucléaires

«L’utilisation de l’énergie atomique à des fins militaires est aujourd’hui plus que jamais un crime, non seulement contre l’homme et sa dignité, mais aussi contre toute possibilité d’avenir dans notre maison commune. L’utilisation de l’énergie atomique à des fins militaires est immorale. Nous aurons à en répondre.»

«Comment pouvons-nous parler de paix en construisant de nouvelles et redoutables armes de guerre ?» «Comment pouvons-nous parler de paix en justifiant certaines actions fallacieuses par des discours de discrimination et de haine ?»

Après avoir souligné le destin tragique des victimes d’Hiroshima et réaffirmé  son opposition à toute guerre et utilisation de l’arme nucléaire, le Pape a donné des pistes pour bâtir la paix. Cette paix doit être fondée «sur la vérité», «en accord avec la justice» et «vivifiée et achevée dans la charité» comme l’avait déjà écrit saint Jean XXIII dans Pacem in terris.

Pistes pour la paix

Cet état de fait «ne peut jamais justifier la volonté d’imposer aux autres ses intérêts particuliers». Les différences politiques ou de développement ne doivent pas empêcher les hommes de «s’engager à travailler pour le progrès commun, pour le bien de tous».

Cela doit nous conduire à «laisser tomber de nos mains les armes», afin que la «véritable paix» soit «une paix désarmée». La paix ne peut pas être proposée «si nous utilisons l’intimidation de la guerre nucléaire comme recours légitime pour résoudre les conflits». Outre l’utilisation des armes nucléaires, le Pape condamne ainsi pour la première fois la possession de ces arsenaux et la politique de dissuasion.

«Rappeler, marcher ensemble, protéger» sont les «trois impératifs moraux» qui peuvent ouvrir la voie à la paix.

La mémoire est ainsi la «garantie» et un «encouragement» pour «construire un avenir plus juste et plus fraternel», «plus jamais».

«Nous sommes appelés à marcher ensemble, avec un regard de compréhension et de pardon, ouvrant l’horizon à l’espérance et apportant un rayon de lumière au milieu des nombreux nuages qui assombrissent le ciel aujourd’hui. Ouvrons-nous à l’espérance, en nous convertissant en instruments de réconciliation et de paix.»

Il faut «nous protéger» et «nous reconnaître frères au destin commun.»