Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Messe à Maputo : suivre Jésus dans l’exigence du pardon

Le Pape François a présidé une messe devant 60 000 fidèles rassemblés dans le stade de Zimpeto, dans l’agglomération de Maputo, la capitale du Mozambique, vendredi 6 septembre. Dans une atmosphère très joyeuse malgré la pluie, il a exhorté les Mozambicains à s’engager dans un amour concret, à la suite du Christ, afin d’encourager le processus de réconciliation nationale.

 

Cette parole exigeante du Christ dans l’Évangile selon saint Luc:  «Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent»,  cette parole répond à une exigence évangélique concrète. «Jésus n’est pas un idéaliste, qui ignore la réalité; il parle de l’ennemi concret, de l’ennemi réel (…): celui qui nous hait, nous exclut, insulte et rejette comme infâme.»

«Beaucoup d’entre vous peuvent encore raconter, à la première personne, des histoires de violence, de haine et de discordes; pour certains, des histoires vécues dans leur propre chair; pour d’autres, vécues par une personne connue qui n’est plus; et pour d’autres encore, de peur que les blessures du passé ne se reproduisent et ne tentent d’effacer le chemin de paix déjà parcouru, comme à Cabo Delgado.»

Un amour concret et exigeant

«Jésus ne nous invite pas à un amour abstrait, éthéré ou théorique, rédigé dans des bureaux pour des discours. Le chemin qu’il nous propose est celui qu’il a d’abord parcouru lui-même, le chemin qui lui a fait aimer ceux qui l’ont trahi, jugé injustement et l’ont tué.»

«Il est difficile de parler de réconciliation, quand sont encore vives les blessures provoquées par de nombreuses années de discorde.» «Jésus ne s’arrête pas là; il nous demande aussi de bénir et de prier pour eux; c’est-à-dire que nos paroles les concernant soient une bénédiction, génératrice de vie et non de mort, que nous prononcions leurs noms non pas pour insulter ou pour nous venger, mais pour inaugurer une nouvelle relation menant à la paix.»

«Aucune famille, aucun groupe de voisins ni aucune ethnie, encore moins aucun pays n’a d’avenir, si le moteur qui unit, agrège et couvre les différences, ce sont la vengeance et la haine.»

L’engagement pour la paix et la miséricorde

«Surmonter les temps de division et de violence suppose non seulement un acte de réconciliation ou bien la paix comprise comme absence de conflit, mais aussi l’engagement quotidien de chacun d’entre nous d’avoir un œil attentif et actif, qui nous conduit à traiter les autres avec cette miséricorde et cette bonté avec lesquelles nous voudrions être traités, de montrer de la miséricorde et de la bonté surtout envers ceux qui, par leur condition, sont vite rejetés et exclus.»

«Le Mozambique possède un territoire doté de richesses naturelles et culturelles, mais paradoxalement avec une partie énorme de sa population en-dessous du niveau de pauvreté.» «Parfois il semble que ceux qui s’approchent en prétendant aider ont d’autres intérêts. Et c’est triste quand cela se passe entre des frères du même pays, qui se laissent corrompre; il est très dangereux d’accepter que ce soit le prix à payer pour l’aide extérieure.» «Parmi vous, il ne devra pas en être ainsi.»

«Nous voulons que règne la paix dans nos cœurs et dans le dynamisme de notre peuple. Nous voulons un avenir de paix». «Que la paix du Christ soit l’arbitre dans vos cœurs.»

«Si la paix du Christ est l’arbitre dans nos cœurs, alors quand les sentiments sont en conflit et que nous nous trouvons indécis entre deux sens opposés, “faisons le jeu’’ du Christ. La décision du Christ nous gardera sur le chemin de l’amour, sur la voie de la miséricorde, dans l’option pour les plus pauvres, dans la sauvegarde de la nature, sur le chemin de la paix. Si Jésus est l’arbitre entre les émotions en conflit dans notre cœur, entre les décisions complexes concernant notre pays, donc le Mozambique a un avenir d’espérance assuré; alors votre pays chantera à Dieu avec gratitude et de tout cœur par des psaumes, des hymnes et des chants inspirés.»

De nombreux motifs d’espérance

Au terme de la messe, après les remerciements  de l’archevêque de Maputo, le Pape François  avant de reprendre la route de l’aéroport de Maputo pour prendre son avion en direction de Madagascar,  a remercié les organisateurs de ce voyage, tous ceux qui ont accompagné ce voyage par leur présence ou simplement par leur prière, notamment les personnes affectées par les cyclones de ces derniers mois.

Le Pape a évoqué avec humour la pluie persistante durant la messe pour dire que les fidèles avaient été aspergés «d’eau bénie».

«Je dis à tous: vous avez tant de motifs d’espérer! Je l’ai vu, je l’ai touché de la main ces jours-ci. S’il vous plaît, gardez l’espérance ; ne vous la laissez pas voler. Et il n’est pas meilleure manière de garder l’espérance que de rester unis, pour que toutes les motifs qui la soutiennent se consolident toujours davantage dans un avenir de réconciliation et de paix au Mozambique. Ainsi, que Dieu vous bénisse et que la Vierge Mère vous protège! Et, s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi!», a conclu le Saint-Père avant de bénir la foule.

Le Pape invite l’Église au Mozambique à vivre dans la compassion

Le Pape a rencontré à la cathédrale de Maputo,  jeudi après-midi 5 septembre, les évêques, prêtres, religieux, consacrés, séminaristes, catéchistes et animateurs de l’Église catholique au Mozambique.

«Comme la Sainte Mère Église est heureuse de vous entendre manifester l’amour du Seigneur et de la mission qu’il vous a confiée ! Comme elle est heureuse de voir votre désir de retourner toujours au “premier amour” !»

La famille de Dieu est «née dans ce oui que Marie a dit à l’ange. Elle n’a même pas regardé en arrière un instant.» «L’annonce de l’Incarnation est faite en Galilée, la région la plus éloignée et la plus conflictuelle, dans un petit village – Nazareth – dans une maison et non dans la synagogue ou dans un endroit religieux ; elle est faite à une laïque et… une femme. Qu’est-ce qui a changé ? Tout !»

«La figure de cette jeune fille simple chez elle, en contraste avec toute la structure du temple et de Jérusalem, peut être un miroir où nous voyons nos complications et nos préoccupations qui obscurcissent et entravent la générosité de notre oui.»

Se laisser fatiguer par la compassion

«Nous ne pouvons pas poursuivre ce qui génère des bénéfices personnels» ; nos fatigues doivent être plus liées à «notre capacité de compassion, à des tâches dans lesquelles le cœur est ‘‘mû’’ et ému. Nous passons des heures et des jours à accompagner cette mère qui a le sida, cet enfant orphelin, cette grand-mère qui a à sa charge de nombreux petits-enfants ou ce jeune venu en ville qui est désespéré parce qu’il ne trouve pas de travail…».

«Renouveler l’appel, c’est choisir, dire oui et nous fatiguer dans ce qui est fécond aux yeux de Dieu, qui rend présent, incarne son Fils Jésus. Puissions-nous trouver, dans cette fatigue salutaire, la source de notre identité et de notre bonheur !»

«La Vierge visite sa cousine âgée et tout est fête, danse et louange. C’est une partie d’Israël qui a compris le changement profond et vertigineux du projet de Dieu : c’est pourquoi elle accepte d’être visitée, c’est pourquoi l’enfant exulte dans son sein. Pendant un moment, dans une société patriarcale, le monde des hommes recule, muet comme Zacharie. De même, aujourd’hui nous a parlé une catéchiste, une femme mozambicaine qui nous a rappelé que rien ne vous fera perdre l’enthousiasme d’évangéliser, d’accomplir votre engagement baptismal. Et en elle se trouvent tous ceux qui vont à la rencontre de leurs frères.»

L’inculturation, un voyage qui raccourcit les distances

«Témoins de divisions et de rancœurs qui se sont soldées par des guerres», «vous devez toujours être disposés à vous ‘‘rendre visite’’, afin de raccourcir les distances. L’Église au Mozambique est invitée à devenir l’Église de la Visitation ; elle ne peut pas faire partie du problème des rivalités, des mépris et des divisions entre les uns et les autres, mais plutôt être la porte vers une solution, un espace où le respect, l’échange et le dialogue sont possibles. Comme Marie s’est rendue chez Élisabeth, de même, nous aussi, appartenant à l’Église, nous devons sonder le chemin face à de nouvelles problématiques, en cherchant à ne pas demeurer paralysés dans une logique qui oppose, divise, condamne. Mettez-vous en route et cherchez une réponse à ces défis, en demandant l’assistance sûre de l’Esprit Saint. C’est lui le Maître capable de montrer les nouveaux chemins à parcourir.»

Il a visité ensuite en privé à 17h25 la Maison Matthieu 25, une structure soutenue par la nonciature apostolique et par une vingtaine de congrégations religieuses présentes dans le pays, et qui vient en aide aux enfants de la rue.

Le Pape appelle les jeunes à être acteurs de paix

Ce jeudi 5 septembre 2019 en matinée, le Pape a  rencontré officiellement les autorités, la société civile et le corps diplomatique à qui il s’est adressé au Palais Ponte Vermelha, après un entretien avec le président Filipe Nyusi.

Il a présidé ensuite une rencontre interreligieuse avec des jeunes, qui s’est déroulée dans un palais des sports de la capitale mozambicaine, le stade Maxaquene de Maputo, où des milliers de jeunes l’attendaient. Dans une ambiance joyeuse, reflétant la diversité ethnique et religieuse du pays, François a adressé aux jeunes des paroles d’espérance et d’encouragement, notamment pour construire la paix dans leur nation.

C’était le deuxième temps fort de cette première journée du Pape François au Mozambique.

Les interrogations d’un jeune mozambicain

Ceux-ci avaient préparé de brèves allocutions, des chorégraphies ou encore des chants en guise d’accueil. Devant le Saint-Père, des dizaines de jeunes se sont succédé, chaque groupe s’exprimant au nom d’une confession religieuse particulière – chrétienne, musulmane, hindoue, catholique.

Un jeune homme a ensuite pris la parole, décrivant le Mozambique comme une terre dotée d’immenses ressources naturelles, mais où la plupart des jeunes vivent «dans un état de pauvreté absolue». «Que pouvons-nous faire pour que notre rêve devienne réalité ?» et «que faire pour que nous, les jeunes, nous fassions partie de la solution aux problèmes qui affectent notre pays ?»

Des paroles stimulantes

Le Souverain pontife a tenté d’y répondre dans son discours au ton affectueux et encourageant. «Que peut-il y avoir de plus important pour un pasteur que d’être avec ses jeunes ?» «Vous n’êtes pas que l’avenir du Mozambique, ou de l’Église et de l’humanité; vous êtes le présent : par tout ce que vous êtes et faites, vous apportez déjà votre contribution en lui offrant le meilleur que vous puissiez donner aujourd’hui» «Vous êtes la joie de ce pays, la joie d’aujourd’hui», «vous êtes la vitalité de ce peuple, où chacun joue un rôle fondamental, dans un unique projet innovant, pour écrire une nouvelle page de l’histoire, une page remplie d’espérance, de paix et de réconciliation.»

Le sport, école de solidarité et de sain dépassement

François a ensuite invité les jeunes à réaliser leurs rêves en se méfiant de deux attitudes: «la résignation et l’angoisse» qui sont «de grandes ennemies de la vie, car normalement, elles nous poussent vers un chemin facile, mais d’échec ; et les frais de péage qu’elles demandent pour laisser passer sont très élevés… On paie de son propre bonheur, voire de sa propre vie».

Le Pape s’est notamment référé au football, grande passion du peuple mozambicain, pour mettre en relief la capacité à faire équipe malgré les différences. Il a cité l’un des plus célèbres joueurs du pays, Eusébio da Silva. Puis Maria Mutola a été donnée en exemple par le Saint-Père: à force de persévérance, cette athlète mozambicaine est parvenue à la médaille d’or aux Jeux Olympiques de Sydney, et s’est aussi souciée de l’avenir des enfants de son pays natal. «Comme le sport nous apprend à persévérer dans nos rêves !»

Prendre soin de ses racines

Puis un autre thème cher au Souverain pontife a été évoqué, celui du lien aux anciennes générations. «Ce que vous écoutiez, ce que vous voyiez vos parents et grands-parents chanter et danser, vous l’avez adopté comme vôtre. C’est le chemin que je vous propose: un chemin “fait de liberté, d’enthousiasme, de créativité, d’horizons nouveaux, mais en cultivant en même temps ces racines qui nourrissent et soutiennent”», mots de son Encyclique Christus vivit.

Paix, environnement… des thèmes d’actualité

«La paix est un processus que vous aussi vous êtes appelés à faire progresser, en étendant toujours vos mains surtout à ceux qui traversent des moments difficiles.» «Comme il est important que nous apprenions à être une main amie et tendue ! Essayez également de grandir dans l’amitié avec ceux qui pensent différemment, pour que la solidarité grandisse entre vous et devienne la meilleure arme pour transformer l’histoire.»

Rappelant enfin les deux cyclones qui ont ravagé le pays en début d’année, mais aussi les beautés naturelles du Mozambique, le Saint-Père a incité les jeunes à continuer de prendre «à bras le corps l’impérieux défi de protéger notre Maison commune.»

Dieu est Amour

Pour clore son discours, le Pape a souligné combien l’amour de Dieu pour chacun de ses enfants est unique, fidèle, fait de liberté et de miséricorde. «Dieu vous aime et, sur cette affirmation, toutes nos traditions religieuses sont d’accord», a-t-il dit, avant d’inviter l’assemblée à un petit temps de recueillement… «essaie de rester un moment en silence en te laissant aimer par lui. Essaye de faire taire toutes les voix et les cris intérieurs, et reste un moment dans les bras de son amour». «Je sais que vous croyez en cet amour qui rend possible la réconciliation».