Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Le Pape à Sofia : Dieu appelle, Dieu surprend, Dieu aime

Le Pape François a été reçu ce dimanche matin à Sofia par le Patriarche orthodoxe Néophyte et les membres du Saint-Synode. Il a réitéré l’engagement de l’Église catholique dans le dialogue œcuménique, en pleine continuité avec les efforts menés notamment par saint Jean XXIII, qui fut délégué apostolique en Bulgarie, et par saint Jean-Paul II, qui visita la Bulgarie en 2002.

En rencontrant le Saint-Synode de l’Église orthodoxe bulgare, le Pape François a rappelé celui du sang qui unit les martyrs chrétiens de toute confession, et il a proposé comme voie tout de suite praticable celui «du pauvre» et celui «de la mission».

Sur la place du Prince Alexandre 1er, au centre de Sofia, la capitale de la Bulgarie, le Pape François, en présidant une messe, a lors de son homélie insisté sur trois réalités qui marquent la vie du disciple: Dieu appelle, Dieu surprend, Dieu aime.

VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS
EN BULGARIE ET EN MACÉDOINE DU NORD
[5-7 MAI 2019]

MESSE

HOMÉLIE DU SAINT-PÈRE

Place Knyaz Alexander Ier (Sofia)
Dimanche 5 mai 2019


Chers frères et sœurs, le Christ est ressuscité ! Christos vozkrese!

Comme elle est merveilleuse la salutation avec laquelle les chrétiens de votre pays s’échangent la joie du Ressuscité en ce temps pascal.

Tout l’épisode que nous avons écouté, raconté à la fin des Évangiles, nous permet de nous immerger dans cette joie que le Seigneur nous invite à “contagionner” en nous rappelant trois réalités merveilleuses qui marquent notre vie de disciples : Dieu appelle, Dieu surprend, Dieu aime.

Dieu appelle.

Tout se passe sur la rive du lac de Galilée, là où Jésus avait appelé Pierre. Il l’avait appelé à abandonner le métier de pêcheur pour devenir pêcheur d’hommes (cf. Lc 5, 4-11).

Maintenant, après tout ce cheminement, après l’expérience d’avoir vu mourir le Maître et malgré l’annonce de sa résurrection, Pierre retourne à sa vie d’avant : « Je m’en vais à la pêche », dit-il. Et les autres disciples ne sont pas en reste : « Nous aussi, nous allons avec toi » (Jn 21, 3).

Ils semblent faire un pas en arrière ; Pierre reprend en main les filets auxquels il avait renoncé pour Jésus. Le poids de la souffrance, de la déception, voire de la trahison était devenu une pierre difficile à ôter du cœur des disciples ; ils étaient encore blessés sous le poids de la douleur et de la faute et la bonne nouvelle de la Résurrection n’avait pas pris racine dans leur cœur.

Le Seigneur sait combien est forte pour nous la tentation de retourner aux choses d’avant. Les filets de Pierre, comme les oignons d’Égypte, sont dans la Bible un symbole de la tentation de la nostalgie du passé, de vouloir revenir à quelque chose que l’on avait voulu abandonner.

Devant l’expérience de l’échec, de la douleur, voire du fait que les choses ne se déroulent pas comme on l’espérait, apparaît toujours une subtile et dangereuse tentation qui invite au découragement et à baisser les bras. C’est la psychologie du sépulcre qui colore tout de résignation, nous faisant nous attacher à une tristesse doucereuse qui, comme une mite, ronge toute espérance.

Ainsi se développe la plus grande menace qui peut s’enraciner au sein d’une communauté : le pragmatisme gris de la vie dans lequel tout se passe apparemment bien dans la normalité, mais, en réalité, la foi s’épuise et dégénère en mesquinerie (cf. Exhort. Ap. Evangelii Gaudium, n. 83).

Mais, là justement, dans l’échec de Pierre, Jésus arrive et recommence depuis le début, et avec patience, il va à sa rencontre et lui dit « Simon » (v. 15) : c’était le nom du tout premier appel. Le Seigneur n’attend pas des situations ou des états d’âme idéaux, il les crée. Il n’attend pas de rencontrer des personnes sans problèmes, sans déceptions, sans péchés ou limites.

Lui-même, il a affronté le péché et la déception pour aller à la rencontre de tout être vivant et l’inviter à cheminer. Frères, le Seigneur ne se fatigue pas d’appeler. C’est la force de l’Amour qui a renversé tout pronostic et qui sait recommencer. En Jésus, Dieu cherche toujours à donner une possibilité. Il fait comme cela aussi avec nous : il nous appelle chaque jour à revivre notre histoire d’amour avec Lui, à nous refonder dans la nouveauté qu’Il est, Lui.

Tous les matins, il nous cherche là où nous sommes et il nous invite « à nous lever, à nous redresser sur sa Parole, à regarder vers le haut et à croire que nous sommes faits pour le Ciel, non pas pour la terre ; pour les hauteurs de la vie, non pas pour les bassesses de la mort », et il nous invite à ne pas chercher « parmi les morts Celui qui est vivant » (Homélie de la Veillée Pascale, 20 avril 2019).

Quand nous l’accueillons, nous montons plus haut, nous embrassons notre plus bel avenir, non pas comme une possibilité mais comme une réalité. Quand c’est l’appel de Jésus qui oriente la vie, le cœur rajeunit.

Dieu surprend.

Il est le Seigneur des surprises qui invite non seulement à être surpris, mais aussi à réaliser des choses surprenantes. Le Seigneur appelle et, en rencontrant les disciples avec les filets vides, il leur propose quelque chose d’insolite : pêcher en plein jour, chose plutôt étrange sur ce lac.

Il leur redonne confiance en les mettant en mouvement et en les poussant de nouveau à risquer, à ne considérer rien, ni surtout personne, comme perdu. Il est le Seigneur de la surprise qui brise les fermetures paralysantes en restituant l’audace capable de surmonter la suspicion, la méfiance et la crainte qui se cachent derrière le “on a toujours fait comme cela”.

Dieu surprend quand il appelle et invite à jeter non seulement les filets, mais nous-mêmes au large de l’histoire et à regarder la vie, à regarder les autres et nous-mêmes avec ses propres yeux qui, « dans le péché, voit des enfants à relever ; dans la mort, des frères à ressusciter ; dans la désolation, des cœurs à consoler. Ne crains donc pas : le Seigneur aime cette vie qui est la tienne, même quand tu as peur de la regarder et de la prendre en main » (Ibid.).

Dieu aime

Ainsi, nous arrivons à la troisième certitude d’aujourd’hui. Dieu appelle, Dieu surprend parce que Dieu aime. L’amour est son langage. C’est pourquoi, il demande à Pierre et à nous de s’accorder sur le même langage : « M’aimes-tu ? ». Pierre accueille l’invitation et, après beaucoup de temps passé avec Jésus, il comprend qu’aimer veut dire arrêter d’être au centre.

Maintenant, il ne part plus de lui, mais de Jésus : « Tu sais tout » (Jn 21, 17), répond-il. Il se reconnaît fragile, il comprend qu’il ne peut pas aller de l’avant uniquement avec ses forces. Et il se fonde sur le Seigneur, sur la force de son amour, jusqu’au bout. Ceci est notre force que nous sommes invités chaque jour à renouveler : le Seigneur nous aime.

Être chrétien est un appel à avoir confiance que l’Amour de Dieu est plus grand que toute limite ou tout péché. Une des plus grandes souffrances et un des plus grands obstacles dont nous faisons l’expérience aujourd’hui ne naît pas tant dans la compréhension que Dieu est amour, mais dans le fait que nous sommes arrivés à l’annoncer et à en témoigner de telle manière que, pour beaucoup, ce n’est pas son nom.

Dieu est amour, un amour qui se donne, qui appelle et qui surprend. Voici le miracle de Dieu qui fait de nos vies des œuvres d’art, si nous nous laissons guider par son amour.

De nombreux témoins de la Pâque, en cette terre bénie ont réalisé des chefs-d’œuvre magnifiques, inspirés par une foi simple et par un grand amour. En offrant leur vie, ils ont été des signes vivants du Seigneur, en sachant surmonter avec courage l’apathie et en offrant une réponse chrétienne aux préoccupations qui se présentaient à eux (cf. Exhort. Ap. Christus vivit, n. 174).

Aujourd’hui, nous sommes invités à regarder et à découvrir ce que le Seigneur a fait dans le passé afin de nous projeter avec Lui vers l’avenir, en sachant que, dans le succès et dans les erreurs, il reviendra toujours nous appeler pour nous inviter à jeter les filets. Ce que j’ai dit aux jeunes dans l’Exhortation que j’ai récemment écrite, je désire le dire à vous aussi.

Une Église jeune, une personne jeune, non par l’âge mais par la force de l’Esprit, nous invite à témoigner de l’amour du Christ, un amour qui presse et qui nous conduit à être prêts à lutter pour le bien commun, serviteurs des pauvres, protagonistes de la révolution de la charité et du service, capables de résister aux pathologies de l’individualisme consumériste et superficiel.

Amoureux du Christ, témoins vivants de l’Évangile en tout recoin de cette ville (cf. ibid., nn. 174-175). N’ayez pas peur d’être les saints dont cette terre a besoin, une sainteté qui ne vous enlèvera pas la force, ne vous enlèvera pas la vie ou la joie ; mais, bien au contraire, parce que vous et les fils de cette terre, vous arriverez à être ce dont le Père a rêvé quand il vous a créés (cf. Exhort. Ap. Gaudete et exsultate, 32).

Appelés, surpris et envoyés par amour !


© Copyright – Libreria Editrice Vaticana

 

Regina Coeli à Sofia en Bulgarie

VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS
EN BULGARIE ET EN MACÉDOINE DU NORD

REGINA CÆLI

Place saint Alexander Nevsky (Sofia)
Dimanche 5 mai 2019


Chers frères et sœurs, “ Christ est ressuscité!”

Par ces paroles, depuis des temps anciens, en ces terres de Bulgarie les chrétiens – orthodoxes et catholiques – échangent les vœux du temps de Pâques : Christos vozkrese ! [La foule répond]. Elles expriment la grande joie pour la victoire de Jésus Christ sur le mal, sur la mort. Elles sont une affirmation et un témoignage du cœur de notre foi : le Christ vit.

Il est notre espérance et la plus belle jeunesse de ce monde. Tout ce qu’il touche devient nouveau, se remplit de vie. C’est pourquoi, les premières paroles que je veux adresser à chacun de vous sont : il vit et il te veut vivant ! il est en toi, il est avec toi et il ne te lâche jamais. Il marche avec toi. Bien que tu puisses t’éloigner, à côté de toi il y a le Ressuscité, qui t’appelle constamment, t’attend pour recommencer.

Il n’a jamais peur de recommencer : toujours il nous donne la main pour recommencer, pour nous relever et recommencer. Quand tu te sens vieux par la tristesse –la tristesse vieillit-, les rancunes, les peurs, les doutes et les échecs, lui sera là pour te redonner force et espérance (cf. Exhortation apostolique Christus vivit, nn. 1-2). Il vit, il te veut vivant et il marche avec toi.

Cette foi en Christ ressuscité est proclamée depuis deux mille ans en tout lieu de la terre, à travers la mission généreuse de tant de croyants qui sont appelés à tout donner pour l’annonce évangélique, sans rien garder pour soi. Dans l’histoire de l’Église, ici aussi en Bulgarie, il y a eu des Pasteurs qui se sont distingués par la sainteté de leur vie.

Parmi eux, j’aime me souvenir de mon prédécesseur, que vous appelez “le saint bulgare”, saint Jean XXIII, un saint pasteur, dont la mémoire est particulièrement vivante sur cette terre, où il a vécu de 1925 à 1934. Ici, il a appris à apprécier la tradition de l’Église Orientale, instaurant des relations d’amitié avec les autres Confessions religieuses.

Son expérience diplomatique et pastorale en Bulgarie a laissé une empreinte si forte dans son cœur de pasteur qu’elle l’a conduit à promouvoir au sein de l’Église la perspective du dialogue œcuménique, qui eut une impulsion remarquable dans le Concile Vatican II, voulu justement par le Pape Roncalli. En un certain sens, nous devons remercier cette terre pour l’intuition sage et inspiratrice du “ bon Pape ”.

Dans le sillon de ce chemin œcuménique, d’ici peu, j’aurai la joie de saluer les représentants des diverses Confessions religieuses de Bulgarie, qui, tout en étant un pays orthodoxe, est un carrefour où se rencontrent et dialoguent diverses expressions religieuses.

La présence appréciée à cette rencontre des Représentants de ces diverses Communautés, indique le désir de tous de parcourir le chemin, chaque jour plus nécessaire, « d’adopter la culture du dialogue comme chemin ; la collaboration commune comme conduite ; la connaissance réciproque comme méthode et critère » (Document sur la fraternité humaine, Abu Dhabi, 4 février 2019).

Nous nous trouvons près de l’antique église de Sainte Sophie, et à côté de l’église patriarcale de Saint Alexandre Nevsky, où, précédemment, j’ai prié dans le souvenir des saints Cyrille et Méthode, évangélisateurs des peuples slaves.

Avec le désir de manifester estime et affection à cette vénérable Église orthodoxe de Bulgarie, j’ai eu la joie de saluer et d’embrasser, auparavant, mon Frère Sa Sainteté le Patriarche Neofit, ainsi que les Métropolites du Saint Synode.

La Vierge de Nessebar
La Vierge de Nessebar

Nous nous adressons maintenant à la Bienheureuse Vierge Marie, Reine du ciel et de la terre, afin qu’elle intercède auprès du Seigneur Ressuscité, pour qu’il donne à cette terre bien-aimée l’impulsion toujours nécessaire pour être terre de rencontre, sur laquelle, au-delà des différences culturelles, religieuses ou ethniques, vous puissiez continuer à vous reconnaître et à vous estimer comme enfants d’un même Père.

Notre invocation s’exprime avec le chant de l’antique prière du Regina Caeli. Nous le faisons ici, à Sofia, devant l’icône de la Vierge de Nessebar, qui signifie “Porte du ciel”, si chère à mon prédécesseur saint Jean XXIII, qui a commencé à la vénérer ici, en Bulgarie, et l’a portée avec lui jusqu’à la mort.

Chant du Regina Caeli, laetare ! Alleluia !…

Prière et Bénédiction


© Copyright – Libreria Editrice Vaticana

Chapelet devant la Vierge Marie, sauvegarde du Peuple Romain

Je vous remercie, frères et sœurs, qui êtes venus aujourd’hui prier la Vierge, la mère, la Salus Populi Romani [Sauvegarde du Peuple Romain]. Parce que ce soir, nous sommes ici devant Marie.

La Vierge protège notre santé

Salus Populi Romani - Basilique Sainte Marie Majeure à Rome
Salus Populi Romani – Basilique Sainte Marie Majeure à Rome

Nous avons prié sous sa conduite maternelle, afin qu’elle nous aide à être toujours plus unis à son Fils Jésus ; nous lui avons apporté nos joies et nos souffrances, nos espérances et nos difficultés ; nous l’avons invoquée sous le beau titre de Salus Populi Romani en demandant pour nous tous, pour Rome, pour le monde, qu’elle nous donne la santé. Oui, car Marie nous donne la santé, elle est notre santé.

Jésus Christ, par sa Passion, sa Mort et Résurrection, nous apporte le salut, nous donne la grâce et la joie d’être fils de Dieu, de l’appeler en vérité par le nom de Père. Marie est mère, et une mère se préoccupe surtout de la santé de ses enfants, elle sait toujours en prendre soin avec un grand et tendre amour.

Qu’est-ce que cela signifie, que la Vierge protège notre santé ? Je pense en particulier à trois aspects : elle nous aide à grandir, à affronter la vie, à être libres ; elle nous aide à grandir, elle nous aide à affronter la vie, elle nous aide à être libres.

Une mère aide ses enfants à grandir

Elle veut qu’ils grandissent bien ; pour cela, elle les éduque à ne pas céder à la paresse — qui dérive aussi d’un certain bien-être —, à ne pas se reposer dans une vie facile, où l’on se contente de posséder uniquement des choses.

La mère prend soin des enfants afin qu’ils grandissent toujours plus, qu’ils se fortifient, qu’ils soient capables de prendre des responsabilités, de s’engager dans la vie, de tendre vers de grands idéaux. L’Évangile de saint Luc dit que, dans la famille de Nazareth, Jésus « grandissait, se fortifiait et se de sagesse

Et la grâce de Dieu était sur lui » (Lc 2, 40). La Vierge fait précisément ceci en nous, elle nous aide à grandir humainement et dans la foi, à être forts et à ne pas céder à la tentation d’être hommes et chrétiens de façon superficielle, mais à vivre de façon responsable, à tendre toujours plus vers le haut.

Une mère aide ses enfants à affronter les difficultés de la vie

Une mère pense aussi à la santé de ses enfants en les éduquant à affronter les difficultés de la vie. On n’éduque pas, on ne prend pas soin de la santé en évitant les problèmes, comme si la vie était une autoroute sans obstacles.

La maman aide les enfants à regarder avec réalisme les problèmes de la vie et à ne pas se perdre en eux, mais à les affronter avec courage, à ne pas être faibles, et à savoir les dépasser, dans un sain équilibre qu’une mère « sent » entre les lieux de la sécurité et les zones de risque.

Une maman sait faire cela ! Elle ne porte pas toujours son enfant sur la route de la sécurité, parce que de cette manière l’enfant ne peut pas grandir, mais elle ne le laisse pas non plus sur la route du risque, parce que cela est dangereux. Une maman sait équilibrer les choses.

Une vie sans défis n’existe pas et un jeune garçon ou une jeune fille qui ne sait pas les affronter en se mettant en jeu, est un jeune garçon ou une jeune fille sans colonne vertébrale !

Rappelons-nous la parabole du bon samaritain : Jésus ne propose pas l’attitude du prêtre et du lévite, qui évitent de secourir celui qui était tombé sur des brigands, mais l’attitude du samaritain, qui voit la situation de cet homme et y fait face de façon concrète, même en courant des risques.

Marie a vécu de nombreux moments difficiles dans sa vie, de la naissance de Jésus, quand « ils manquaient de place dans la salle » (Lc 2, 7), jusqu’au Calvaire: (cf. Jn 19, 25). Et comme une bonne mère, elle est proche de nous, afin que nous ne perdions jamais courage face aux adversités de la vie, face à notre faiblesse, face à nos péchés : elle nous donne la force, elle nous indique le chemin de son Fils.

Jésus, de la croix, dit à Marie, en montrant Jean : « Femme, voici ton fils ! » et à Jean : « Voici ta mère ! » (cf. Jn 19, 26-27). Dans ce disciple c’est nous tous qui sommes représentés : le Seigneur nous remet entre les mains pleines d’amour et de tendresse de sa Mère, afin que nous ressentions son soutien pour affronter et vaincre les difficultés de notre chemin humain et chrétien. N’ayez pas peur des difficultés ! Affrontez-les avec l’aide de la mère.

Une mère aide à être libres

Un dernier aspect : une bonne mère non seulement accompagne ses enfants dans leur croissance, sans éviter les problèmes, les défis de la vie ; une bonne mère aide aussi à prendre des décisions définitives, dans la liberté. Ce n’est pas facile ; mais une mère sait le faire.

Mais que signifie la liberté ? Ce n’est certainement pas faire tout ce que l’on veut, en se laissant dominer par les passions, ni passer d’une expérience à l’autre sans discernement, ni suivre les modes du temps ; la liberté ne signifie pas, pour ainsi dire, jeter tout ce qui ne nous plaît pas par la fenêtre. Non, cela n’est pas la liberté. La liberté nous est donnée afin que nous sachions faire les bons choix dans la vie !

Marie, en bonne mère, nous éduque à être, comme Elle, capables de faire des choix définitifs ; des choix définitifs, en ce moment où règne, pour ainsi dire, la philosophie du provisoire. Il est si difficile de s’engager dans la vie de façon définitive. Et elle nous aide à faire des choix définitifs avec cette pleine liberté, avec laquelle elle a répondu « oui » au plan de Dieu dans sa vie (cf. Lc 1, 38).

Chers frères et sœurs, comme il est difficile, à notre époque, de prendre des décisions définitives ! Le provisoire nous séduit tous. Nous sommes victimes d’une tendance qui nous pousse au provisoire… comme si nous désirions rester adolescents. C’est un peu le charme de rester adolescents, et cela pour toute la vie !

N’ayons pas peur des engagements définitifs, des engagements qui impliquent et concernent toute la vie ! De cette façon notre vie sera féconde ! Et cela est la liberté : avoir le courage de prendre ces décisions avec grandeur. Toute l’existence de Marie est un hymne à la vie, un hymne d’amour à la vie : elle a enfanté Jésus dans la chair et a accompagné la naissance de l’Église sur le Calvaire et au Cénacle.

La Salus Populi Romani est la maman qui nous donne la santé pour grandir, qui nous donne la santé pour affronter et dépasser les problèmes, qui nous donne la santé pour nous rendre libres en vue des choix définitifs ; la maman qui nous enseigne à être féconds, à être ouvert à la vie et à être toujours féconds de bien, féconds de joie, féconds d’espérance, à ne jamais perdre l’espérance, à donner sa vie aux autres, la vie physique et spirituelle.

Nous te le demandons ce soir, O Marie, Salus Populi Romani, pour le peuple de Rome, pour nous tous : donne-nous la santé que toi seule peut nous donner, pour que nous soyons toujours signes et instruments de vie. Amen.

***

À la sortie de la basilique, le Saint-Père s’est adressé aux pèlerins rassemblés sur la place :

Frères et sœurs,

Bonsoir ! Merci beaucoup pour votre présence dans la maison de la maman de Rome, de notre Mère. Vive la Salus Populi Romani. Vive la Vierge, c’est notre Mère. Confions-nous à elle, afin qu’elle nous protège comme une bonne maman.

Je prie pour vous, mais je vous demande de prier pour moi, parce que j’en ai besoin. Trois « Je vous salue Marie » pour moi. Je vous souhaite un bon dimanche, demain. Au revoir. A présent je vous donne la bénédiction — à vous et à toutes vos familles. Que le Père tout-puissant vous bénisse… Bon dimanche.

Prière du chapelet – méditation du Pape FRANÇOIS – Basilique Sainte-Marie-Majeure – samedi 4 mai 2013


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