Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Que signifie vivre la Pâque

Rencontre de nuit entre Jésus et Nicodème – Crijn Hendricksz. Volmarijn, première moitié du XVIIe siècle
Rencontre de nuit entre Jésus et Nicodème – Crijn Hendricksz. Volmarijn, première moitié du XVIIe siècle

Que signifie vivre la Pâque, l’«esprit pascal»? Une question qui s’impose, car le chrétien court le risque de l’«idéalisation» et d’oublier que «notre foi est concrète». Lors de la première Messe après Pâques, le Pape a tracé le parcours à suivre: «Aller sur les routes de l’Esprit, sans compromis», en témoignant avec courage et franchise de la vérité.

Pour comprendre ce programme de vie, il faut un «changement de mentalité», se libérer des liens du «rationalisme» et adhérer à la «liberté» de l’Esprit. Et c’est ce que Jésus expliquait à Nicodème dans l’épisode évangélique de la visite nocturne (Jn, 3, 1-8).

Le Pape s’est arrêté sur la réponse de Jésus: «Mais que signifie “naître de l’Esprit”? Cela signifie “il vous fait naître d’en haut: le vent souffle où il veut et tu entends sa voix, mais tu ne sais pas d’où il vient ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit”». Dans ce message, on perçoit «un air de liberté».

Cela reste cependant un discours difficile et, «pour mieux le comprendre la première lecture nous éclaire». Dans le passage de la liturgie (Ac, 4, 23-31) on trouve «le final d’une histoire que la liturgie a proposée au cours de toute la semaine de Pâques. L’histoire de la guérison, par Pierre et Jean, de cet infirme qui était amené tous les jours à la porte du Temple, pour faire l’aumône».

La lecture de cet épisode jette une lumière sur le discours à Nicodème. Le Pape l’a expliqué en soulignant que «toutes les personnes qui étaient là au portique de Salomon», avaient «vu» et s’étaient émerveillés. Il s’agit précisément de «ce sentiment — plus qu’un sentiment: cet état d’âme que crée en nous la présence du Seigneur. L’émerveillement. La rencontre avec le Seigneur conduit à l’émerveillement».

Face à cela, les chefs, les grands prêtres, les docteurs de la loi, s’étaient «scandalisés» et, conscients que le miracle était public, ils se demandaient: «Que faisons-nous?». Ils voyaient cet infirme qui, selon le récit, «dansait de joie pour leur faire comprendre que Jésus l’avait guéri».

Les docteurs de la loi appelèrent les deux apôtres pour «leur dire de ne plus parler, de ne plus prêcher», mais quand «ils leur firent la proposition», Pierre — lui qui «avait renié Jésus trois fois» répondit: «Non! Nous ne pouvons pas taire ce que nous avons vu et entendu. Et… nous continuerons ainsi».

Voilà le détail qui éclaircit tout. Les «deux mots» qui sont les mêmes que ceux avec lesquels Jean commence la première lettre: «Ce que nous avons vu et entendu». Il s’agit du caractère concret d’un fait, de la foi, de l’incarnation du Verbe».

Face à cela, «les chefs veulent entrer dans des négociations pour arriver à des compromis». Mais les apôtres «ne veulent pas de compromis; ils ont du courage. Ils ont la franchise de l’Esprit», «qui signifie parler ouvertement, avec courage». C’est le caractère concret de la foi.

Une conclusion qui concerne chaque chrétien: «Parfois nous oublions que notre foi est concrète: le “caractère concret de la foi” conduit à la franchise, au témoignage jusqu’au martyre, qui est contre les compromis ou l’idéalisation de la foi».

Pour ces docteurs de la loi «le Verbe ne s’est pas fait chair: il s’est fait loi». Au cours de l’histoire, très souvent cette Église «qui a condamné le rationalisme, les lumières», est elle aussi «tombée dans une théologie du “on peut et on ne peut pas”, “jusqu’ici, jusque là”, et elle a oublié la force, la liberté de l’Esprit, cette renaissance de l’Esprit qui donne la liberté, la franchise de la prédication, l’annonce que Jésus Christ est le Seigneur».

Ainsi, on comprend également l’«histoire des persécutions». «Demandons au Seigneur cette expérience de l’Esprit qui nous mène de l’avant, qui nous donne l’onction de la foi, l’onction du caractère concret de la foi». Les paroles adressées à Nicodème retentissent de nouveau:

«Ne t’émerveille pas si je t’ai dit: il vous fait naître d’en haut: le vent souffle où il veut et tu entends sa voix, mais tu ne sais pas d’où il vient ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit».

Le Pape a conclu par une prière: «Que le Seigneur nous donne cet Esprit pascal, d’aller sur les routes de l’Esprit sans compromis, sans rigidité, avec la liberté d’annoncer Jésus Christ comme Il est venu: en chair».

PAPE FRANÇOIS – MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA MAISON SAINTE-MARTHE – Lundi 24 avril 2017


 

© Copyright – Libreria Editrice Vaticana

Les dons miséricordieux de paix, de joie et de mission venant de Jésus

En ce deuxième dimanche de Pâques, en réfléchissant à la manière dont Jésus est apparu à ses disciples au Cénacle, le Pape a invité les fidèles à célébrer le dimanche de la divine miséricorde, à accueillir, à la suite des disciples, les dons du Christ ressuscité, la paix, la joie et la mission apostolique : trois dons qui jaillissent des plaies du Seigneur.
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PAPE FRANÇOIS

REGINA COELI

Place Saint Pierre
Dimanche de la Divine Miséricorde, 28 avril 2019


Chers frères et sœurs, bonjour,

L’Évangile d’aujourd’hui (cf. Jn 20, 19-31) nous apprend que, le dimanche de Pâques, Jésus est apparu le soir à ses disciples au Cénacle, apportant trois dons : la paix, la joie, la mission apostolique.

Les premiers mots qu’il dit sont: « La paix soit avec vous » (v. 21). Le Seigneur ressuscité apporte une paix authentique car, par son sacrifice sur la croix, il a réussi à réconcilier Dieu et l’humanité et a vaincu le péché et la mort. C’est la paix.

Ses disciples avaient d’abord besoin de cette paix, car après la capture et la condamnation à mort du Maître, ils étaient tombés dans la confusion et la peur. Jésus se présente vivant parmi eux et, montrant ses blessures – Jésus voulait préserver ses blessures -, dans le corps glorieux, il donne la paix comme le fruit de sa victoire.

Mais ce soir-là, l’apôtre Thomas n’était pas présent. Informé de cet événement extraordinaire, incrédule devant le témoignage des autres apôtres, il prétend vérifier personnellement la véracité de ce qu’ils affirment. Huit jours plus tard, c’est comme aujourd’hui, l’apparition se répète : Jésus vient à la rencontre de l’incrédulité de Thomas, l’invitant à toucher ses blessures.

Celle-ci constituent la source de la paix, car elles sont le signe de l’immense amour de Jésus qui a vaincu les forces hostiles à l’homme, le péché et la mort. Il l’invite à toucher ses plaies. C’est un enseignement pour nous, comme si Jésus nous disait à tous: « Si vous n’êtes pas en paix, touchez mes blessures ».

Touchez les plaies de Jésus, que sont les nombreux problèmes, difficultés, persécutions, maladies de tant de personnes qui souffrent. N’es-tu pas en paix? Va rendre visite à quelqu’un qui est le symbole des plaies de Jésus, qui touche les plaies de Jésus, d’où viennent la miséricorde. C’est pourquoi aujourd’hui est le dimanche de la miséricorde.

Un saint a dit que le corps de Jésus crucifié ressemblait à beaucoup de miséricorde et qu’il nous parvient à tous avec ses blessures. Nous avons tous besoin de la miséricorde, nous le savons. Approchons-nous de Jésus et touchons ses plaies dans nos frères souffrants. Les plaies de Jésus sont un trésor: la miséricorde vient de là. Soyons courageux et touchons les blessures de Jésus.

Avec ces blessures, il se tient devant le Père, il les montre au Père, comme s’il disait: « Père, c’est le prix à payer, ces blessures sont ce que j’ai payé pour mes frères ». Avec ses blessures, Jésus intercède devant le Père. Qu’il nous donne sa miséricorde si nous nous en approchons et qu’il intercède pour nous. N’oublions pas les plaies de Jésus.

Le deuxième cadeau que Jésus ressuscité apporte aux disciples est la joie. L’évangéliste rapporte que « les disciples se sont réjouis de voir le Seigneur » (v. 20). Et il y a aussi un verset, dans la version de Luc, qui dit qu’ils ne pouvaient pas croire en joie. Nous aussi, quand peut-être quelque chose d’incroyable est arrivé, quelque chose de magnifique, nous pouvons dire: « Je ne peux pas le croire, ce n’est pas vrai! »

Tels étaient les disciples, ils ne pouvaient pas croire en joie. C’est la joie que Jésus nous apporte: si vous êtes tristes, si vous n’êtes pas en paix, regardez Jésus crucifié, regardez Jésus ressuscité, regardez ses blessures et prenez cette joie.

Et puis, en plus de la paix et de la joie, Jésus donne également aux disciples son cadeau en cadeau. Il leur dit: « Comme le Père m’a envoyé, je vous envoie aussi » (v. 21). La résurrection de Jésus est le début d’un nouveau dynamisme d’amour capable de transformer le monde avec la présence du Saint-Esprit.

En ce deuxième dimanche de Pâques, nous sommes invités à aborder le Christ avec foi, en ouvrant nos cœurs à la paix, à la joie et à la mission. Mais n’oublions pas les blessures de Jésus, car la paix, la joie et la force pour la mission viennent de là. Confions cette prière à l’intercession maternelle de la Vierge Marie, reine des cieux et de la terre.

Après le Regina Coeli


Chers frères et sœurs,

hier à La Rioja, en Argentine, ils ont été proclamés Bienheureux Enrique Angel Angelelli, évêque diocésain, Carlos de Dios Murias, franciscain conventuel, Gabriel Longueville, prêtre fidei donum et Wenceslao Pedernera, catéchiste, père de famille.

Ces martyrs de la foi ont été persécutés à cause de la justice et de la charité évangélique. Leur exemple et leur intercession soutiennent en particulier ceux qui œuvrent pour une société plus juste et unie. L’un d’eux était français, il est allé en tant que missionnaire en Argentine. Les trois autres, Argentins. Applaudissons les nouveaux bienheureux, tous !

Je vous invite à me rejoindre dans ma prière pour les réfugiés qui se trouvent dans des centres de détention en Libye, dont la situation, déjà très grave, est rendue encore plus dangereuse par le conflit en cours. Je lance un appel pour que les femmes, les enfants et les malades soient évacués dans les meilleurs délais dans les couloirs humanitaires.

Et prions également pour ceux qui ont perdu la vie ou qui ont subi de graves dommages à la suite des récentes inondations en Afrique du Sud.  Que nos frères aussi ne manquent pas de notre solidarité et du soutien concret de la communauté internationale.

À nos frères et sœurs des Églises orientales qui, aujourd’hui, fêtent Pâques selon le calendrier julien, j’offre mes vœux cordiaux. Que le Seigneur ressuscité leur donne joie et paix! Et des applaudissements aussi pour tous les catholiques orientaux et orthodoxes, en leur disant : « Joyeuses Pâques! ».

Enfin, je remercie tous ceux qui m’ont envoyé leurs vœux de Pâques en ce moment. Je leur  réponds de tout mon cœur, en invoquant un bien pour chacun et pour chaque famille.

Bon dimanche à tous! Et s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir.


© Copyright – Libreria Editrice Vaticana

 

Il y a plus de martyrs chrétiens qu’aux premiers siècles

premiers martyrs chrétiens mosaïque
premiers martyrs chrétiens mosaïque

«Les martyrs de tous les temps, par leur fidélité au Christ, nous disent que l’injustice n’a pas le dernier mot : dans le Seigneur ressuscité nous pouvons continuer à espérer». Suivant ses prédécesseurs, le Pape François a rappelé la vérité des martyrs contemporains dans un tweet publié mercredi 24 avril.

 

«Il y a plus de martyrs aujourd’hui qu’aux premiers siècles», dit-t-il souvent, en cohérence avec les nombreuses études renseignant sur la fréquence des persécutions chrétiennes dans le monde numériquement les plus importantes.

Tués en Haine de la foi

«Nous pensons à nos frères égorgés sur la plage en Libye, nous pensons à cet enfant brulé vif parce que chrétien, nous pensons à ces migrants jetés à la mer car ils sont chrétiens, ces Éthiopiens assassinés car chrétiens…»

Aujourd’hui, l’Église est une Église des martyrs, disait la Pape le 21 avril 2015 lors de la messe à Sainte-Marthe.

Le silence, complice des pouvoirs

Le Souverain pontife répétait cinq mois plus tard toujours à Sainte-Marthe qu’il n’y avait pas de christianisme sans persécutions, rappelant la dernière des Béatitudes : «Heureux serez-vous, lorsque les hommes vous haïront, lorsqu’on vous chassera, vous outragera, et qu’on rejettera votre nom comme infâme, à cause du Fils de l’homme!».

Deux types de persécutions

Il a aussi souvent évoqué deux types de persécution contre les chrétiens: l’une est explicite, violente et brutale, et l’autre est «instruite», sous un vernis de culture, de modernité et de progrès.

Dans la lignée de ses prédécesseurs, Saint Jean-Paul II et Benoît XVI, le Pape François a pris sévèrement la parole pour dénoncer l’instrumentalisation de la religion et l’usage de la violence au nom de Dieu, sans jamais toutefois donner de connotation religieuse à ces actes. Et ce, pour deux raisons, car une partie des musulmans ne se reconnait pas dans ces violences et pour ne pas prendre en otage, surtout, le dialogue interreligieux.

Jean Paul II: le dialogue avec les musulmans plus que jamais nécessaire

Le dialogue entre chrétiens et musulmans est plus que jamais nécessaire aujourd’hui, affirmait Jean-Paul II au stade de Casablanca, le 19 août 1985.

«Il découle de notre fidélité à Dieu et suppose que nous sachions reconnaître Dieu avec foi et en témoigner par des paroles et des actes dans un monde de plus en plus sécularisé et parfois même athée.» Il a dû réagir sous son pontificat aux attentats du 11 septembre 2001, «un terrible affront à la dignité de l’homme».

Deux semaines après ces attentats, Jean-Paul II en déplacement au Kazakhstan s’adresse aux musulmans, majoritaires dans ce pays d’Asie centrale: «Ne permettons pas l’esprit de division. La religion ne doit jamais être utilisée comme source de conflit».

«Dieu aime la vie, pas la mort» 

Si Jean-Paul II ne mentionnait jamais l’islam lors de ces messages délivrés le lendemain d’attentats, Benoît XVI en faisait de même.  

Le 7 juillet 2005, une série d’attentats-suicides à la bombe perpétrés par des extrémistes islamistes frappe Londres en plein cœur, faisant 56 morts. Le 10 juillet, à l’Angélus, Benoît XVI exprime sa «profonde douleur» : «Prions pour les personnes tuées, pour ces blessures et pour leurs proches. Mais nous prions aussi pour les assaillants: que le Seigneur touche leurs cœurs. À ceux qui entretiennent des sentiments de haine et à ceux qui commettent des actes terroristes aussi répugnants, je dis: Dieu aime la vie, qu’il a créée, pas la mort. Arrêtez-vous au nom de Dieu

L’instrumentalisation de la parole

Le 12 septembre 2006, Benoît XVI prononçait sa célèbre lectio magistralis à l’Université de Regensburg (Ratisbonne), en Allemagne, citant les paroles de l’empereur byzantin Manuel II Paléologue. Un passage qui a provoqué des manifestations et des incidents dans le monde musulman, alors que ce texte était avant tout une dénonciation de la marginalisation de la foi religieuse dans la société occidentale.

Pour clarifier publiquement sa pensée, Benoît XVI a rencontré à Castel Gandolfo, le 25 septembre 2006, les ambassadeurs de pays à majorité musulmane, rappelant que «l’Église estime également les musulmans qui vénèrent le Dieu unique, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant.»

Benoît XVI réaffirmait avec force que «le dialogue interreligieux et interculturel entre chrétiens et musulmans ne pouvait être réduit au choix du moment, mais qu’il était une nécessité vitale». Les positions actuelles du Pape François s’inscrivent en pleine continuité avec le magistère de ses prédécesseurs.