Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

La vie consacrée, c’est rencontrer Dieu dans le concret

La vie consacrée, c’est rencontrer Dieu dans le concret

En ce 2 février, fête de la Présentation de Jésus au Temple et journée de la Vie consacrée, le Pape François a célébré la messe en la Basilique Saint-Pierre. Dans son homélie, il a réfléchi sur l’essence de la vie consacrée comme rencontre vivante avec Dieu, appel à l’obéissance fidèle, et vision d’un Dieu qui suffit comme Il est.

 

La rencontre avec Dieu se fait chaque jour de notre vie, directement et non de manière virtuelle; Le suivre procède d’un choix quotidien. Cette rencontre est à la source de la vie consacrée. Aussi, serait-il bon de souvent faire mémoire de ces moments fondateurs, «afin qu’elle ne devienne pas temps qui passe, mais qu’elle soit temps de rencontre», en gardant bien à l’esprit qu’elle ne s’épanouit pleinement qu’au milieu du Peuple de Dieu, dans l’Église.

«Si elle s’isole, elle se fane. Elle mûrit lorsque les jeunes et les aînés marchent ensemble. (…) Elle stagne au contraire quand on marche seul, quand on reste fixé sur le passé ou qu’on se jette en avant pour chercher à survivre».

L’appel de la Loi et de l’Esprit

La Présentation de Jésus au Temple est la fête de la rencontre par excellence, et l’Évangile de ce jour, en Saint Luc, nous le montre clairement. La rencontre avec Dieu débute par un double appel: celui de la Loi, -suivi par Joseph et Marie-, et celui de l’Esprit, -suivi par le vieillard Syméon et la prophétesse Anne. Et il résonne de manière particulière dans la vie consacrée.

Un appel à l’obéissance

«Nous sommes appelés à une double obéissance : à la loi – dans le sens de ce qui donne bon ordre à la vie – et à l’Esprit, qui fait des choses nouvelles dans la vie». Car «même les charismes les plus grands, sans une vie ordonnée, ne portent pas de fruit» et pareillement, «les meilleures règles ne suffisent pas sans la nouveauté de l’Esprit : loi et Esprit vont ensemble».

Pour comprendre cet appel, nous sommes invités à nous remémorer l’épisode de Cana, où la Vierge Marie appelle les serviteurs à l’obéissance; le Christ lui-même leur fait une demande exigeante, en ordonnant que 6 jarres de pierre soit remplies d’eau, «jusqu’au bord». Ce n’est qu’alors qu’il opère le miracle et change l’eau en vin.

«C’est ainsi pour nous: Dieu nous appelle à la rencontre à travers la fidélité à des choses concrètes: la prière quotidienne, la Messe, la Confession, une vraie charité, la Parole de Dieu chaque jour. Choses concrètes, comme dans la vie consacrée, l’obéissance au Supérieur et aux Règles. Si on met en pratique avec amour cette loi, l’Esprit survient et apporte la surprise de Dieu, comme au temple et à Cana. L’eau du quotidien se transforme alors en vin de la nouveauté et la vie, qui semble plus contrainte, devient en réalité plus libre».

La rencontre, née de l’appel, aboutit à la vision

Cette rencontre avec Dieu, qui nait de ce double appel, «culmine dans la vision» . Le vieillard Syméon ne voit pas la gloire éclatante d’un Messie qui accomplit des prodiges, mais la simplicité d’un petit Enfant. «Il ne cherche pas autre chose, il ne demande pas et ne veut pas davantage, il lui suffit de voir l’Enfant et de le prendre dans ses bras: (…) Dieu lui suffit comme il est. En lui il trouve le sens ultime de sa vie».

Cette vision, simple et prophétique est celle de la vie consacrée: «c’est un regard qui voit Dieu présent dans le monde, une voix qui dit Dieu suffit et le reste passe, c’est une louange qui jaillit malgré tout». Lorsqu’elle s’inscrit dans cette triple dynamique, la vie consacrée fleurit et devient un rappel contre «les baisses de profondeur dans la vie spirituelle, contre la tentation de jouer au rabais avec Dieu, contre l’accommodation à une vie facile et mondaine, contre la lamentation, l’insatisfaction et le fait de pleurer sur son sort, contre l’habitude du “on fait ce qu’on peut” et du “on a toujours fait ainsi”».

La vie consacrée est une rencontre vivante avec le Seigneur

«La vie consacrée n’est pas survivance, elle est vie nouvelle, elle est rencontre vivante avec le Seigneur dans son peuple. Elle est appel à l’obéissance fidèle de chaque jour et aux surprises inédites de l’Esprit. Elle est vision de ce qui compte de serrer dans ses bras pour avoir la joie : Jésus.. »

Des primevères pour les religieuses du Vatican

La célébration eucharistique a été précédée du rite d’aspersion et de la bénédiction des cierges dans l’atrium de la Basilique Saint-Pierre plongée dans l’obscurité. Le Pape a ensuite remonté la nef à la seule lueur des bougies, dont les petites flammes vacillantes symbolisent le Christ, lumière qui se révèle aux nations.

En cette journée de la vie consacrée, le Pape a en outre fait parvenir un petit cadeau symbolique à toutes les religieuses vivant dans l’enceinte de l’État de la Cité du Vatican: un bouquet de primevères, l’une des premières fleurs à apparaitre au printemps.

persévérants avec mémoire et espérance dans les moments de désolation

Dans la chapelle de la Maison Sainte-Marthe, le Souverain Pontife a livré aujourd’hui vendredi matin une catéchèse «sur la persévérance: persévérer sur le chemin de foi, persévérer dans le service au Seigneur», commentant la lecture de la lettre aux Hébreux (He 10,32-39). L’auteur s’adressait aux chrétiens qui traversaient un moment sombre de persécution,  comme Jésus qui a vécu des moments de désolation.

 

C’est lorsque la désolation et les moments sombres font perdre le sens des choses que les chrétiens doivent persévérer afin d’atteindre la promesse du Seigneur sans tomber ni se retirer.

Persévérance

«La vie chrétienne n’est pas un carnaval, ce n’est pas une fête et une joie continue», «la vie chrétienne est faite de beaux moments et de moments difficiles», des moments de chaleur et de détachement, où tout n’a pas de sens… des moments de désolation.

«A la fois pour la persécution interne et pour l’état intérieur de l’âme, l’auteur de la Lettre aux Hébreux déclare: “l’endurance vous est nécessaire pour accomplir la volonté de Dieu et obtenir ainsi la réalisation des promesses.”»

Mémoire et espérance contre la désolation

Le Pape François s’est ensuite concentré sur deux choses, ou une recette, qui nous aident à lutter contre la désolation: la mémoire et l’espérance. Comme l’apôtre, il faut d’abord rappeler les beaux moments, les jours heureux de notre rencontre avec le Seigneur, le temps de l’amour. «Ne perdez pas votre assurance, grâce à elle vous serez récompensés.» (He 10, 32-39)

Et, deuxièmement, nous devons avoir de l’espérance pour ce qui nous a été promis. Il est important de ne pas se « laisser tomber » et de « revenir en arrière » dans les moments difficiles.

Les chrétiens ne doivent pas céder aux moments difficiles mais rester dans la mémoire et l’espérance – une endurance du cœur qui rappelle les bons moments et permet de « respirer lorsqu’on cherche à espérer ». Trouver la consolation de la promesse du Seigneur est ce que nous devons faire dans les moments de désolation.

Persévérance des martyrs chrétiens

Parlant de persévérance, le Saint-Père a rappelé sa visite apostolique en Lituanie, en septembre 2018, où il s’est dit ému par le courage de tant de chrétiens et de martyrs qui ont persévéré dans la foi.

« Même aujourd’hui, beaucoup d’hommes et de femmes souffrent pour la foi, mais se souviennent de la première rencontre avec Jésus, ils ont de l’espoir et vont de l’avant. C’est un conseil que donne à l’auteur de la Lettre aux Hébreux durant les moments de persécution, lorsque les chrétiens sont persécutés, attaqués: « Ne perdez pas votre assurance »

Le Saint Père a exhorté les chrétiens à toujours regarder vers le Seigneur lorsque le diable nous attaque par des tentations. Avec nos misères, nous devons toujours regarder vers le Seigneur et avoir « la persévérance de la Croix rappelant les premiers beaux moments d’amour, de notre rencontre avec le Seigneur et  l’espérance qui nous attend. »

Comme saint Jean Bosco, que nos prêtres soient toujours joyeux

Portrait de saint Jean Bosco, par Carlo Felice
Portrait de saint Jean Bosco, par C. Felice

En ce jour où l’Église célèbre la mémoire liturgique de saint Jean Bosco, le Pape est revenu sur la figure du prêtre turinois lors de sa messe matinale, à la Maison Sainte Marthe au Vatican. «Que les prêtres ne soient pas des fonctionnaires mais qu’ils aient le courage d’avoir les yeux de Dieu.»

 

Le Pape exhorte les prêtres à imiter Don Bosco, qui a regardé la réalité avec le cœur d’un père et d’un maitre, ainsi que le rappelle la collecte de ce jour. C’est justement ce regard qui lui a indiqué la voie: il a vu ces jeunes pauvres sur les routes et s’en est ému, réfléchissant à ce qu’il pourrait faire pour les faire grandir. Il a marché et pleuré avec eux.

Regarder avec les yeux de l’homme et les yeux de Dieu

Le jour de son ordination, sa mère, une femme humble «qui n’avait pas étudié dans une faculté de théologie»,  lui dit : «aujourd’hui, tu commenceras à souffrir». La souffrance fait partie de la vie du prêtre; si elle en est absente, cela veut dire que quelque chose ne va pas. «C’est une prophétie de mère», une femme simple mais avec le cœur rempli de l’Esprit Saint.

Pour le prêtre, la souffrance est un signal que tout va bien, qu’il est sur la bonne voie, comme Don Bosco qui a su regarder la réalité avec ses yeux d’homme, mais aussi avec les yeux de Dieu. «Il a vécu dans une période de francs-maçons, de ‘bouffeurs de curés’, d’une aristocratie  fermée, où les pauvres étaient réellement pauvres, considérés comme du rebut, et lui, Don Bosco a vu ces jeunes dans la rue, et il s’est dit ‘non, ce n’est pas possible !’»

Don Bosco a regardé la réalité avec un amour de père, et il a regardé Dieu avec des yeux d’un mendiant, lui demandant sa lumière avant d’avancer.

Un prêtre accessible

Le prêtre doit avoir cette polarité : «regarder la réalité avec ses yeux d‘homme, et avec les yeux de Dieu»; et cela signifie «passer beaucoup de temps devant le tabernacle». Don Bosco ne s’est pas contenté de se présenter aux jeunes avec un catéchisme et un crucifix en leur disant «faites ceci ou faites cela», fait observer le Pape. Il est allé vers eux, les a fait jouer comme des frères, il a marché avec eux, a pleuré avec eux et les a fait avancer. «Un prêtre toujours accessible, qui regarde avec humanité».

Pas employés ni fonctionnaires

Le prêtre n’est ni un «employé ni un fonctionnaire, qui reçoit par exemple de 15h à 17h30». «Nous avons tellement de bons fonctionnaires, qui font bien leur travail. Mais le prêtre n’est pas fonctionnaire et il ne peut l’être». En regardant la réalité avec des yeux d’homme, il «te sera donnée  la sagesse de comprendre que ce sont tes enfants, tes frères», et de prendre conscience que le prêtre est celui qui «combat avec Dieu».

Il y a toujours un risque  à regarder trop l’humain au détriment du divin, et inversement, mais si «nous ne risquons rien, nous ne ferons jamais rien dans la vie», avertit-il. Un père risque toujours pour son enfant, un frère risque pour son frère, lorsqu’il y a de l’amour. Cela comporte une part de souffrance, les commérages peuvent commencer, comme ce fut le cas pour Don Bosco.

Don Bosco, le maitre de la joie

Le Pape remercie donc Dieu pour le don de saint Jean Bosco, qui, depuis son plus jeune âge, savait comment gagner son pain chaque jour, avait compris ce qu’était la piété et la vérité. Cet homme a reçu de Dieu un cœur de père et de maitre.

La joie reste le signe le plus manifeste de la «bonne santé» du prêtre: «quand un prêtre ne trouve plus de joie, qu’il s’arrête et se demande pourquoi ». «La joie de Don Bosco était connue, il était le maitre de la joie», affirme le Saint-Père qui demande au Seigneur la grâce de la joie pour tous les prêtres.