Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

apprendre à adorer en silence

Bas-relief d'un autel de la cathédrale d'Auch - le transport de l'Arche d'Alliance.
Bas-relief d’un autel de la cathédrale d’Auch – le transport de l’Arche d’Alliance.

Lors de la messe de ce lundi matin 5 février à la Maison Sainte-Marthe, concélébrée avec les nouveaux curés du diocèse de Rome, le Pape a invité à prendre du temps pour la prière d’adoration, la meilleure voie pour l’écoute et le pardon.

Avancer, dans une chemin en sortie, vers la prière d’adoration, avec la mémoire de l’élection et de l’alliance, dans le cœur. La réflexion est partie de la Première Lecture du jour, tirée du Livre des Rois, dans laquelle on raconte que le roi Salomon a convoqué le peuple pour monter vers le Temple, afin de faire monter l’arche d’alliance du Seigneur.

L’alliance ne dépend pas de prescriptions baroques

Ce chemin en montée, à l’inverse du chemin sur terrain plat, n’est pas toujours facile. Un chemin en montée pour porter l’alliance, durant lequel le peuple avait assumé sa propre histoire, «la mémoire de l’élection».

Il portait deux tables de pierre, nue, comme elle avait été donnée par Dieu, «et non pas comme ce peuple l’avait appris des scribes», qui l’avaient rendue baroque, «avec tellement de prescriptions». «L’alliance nue : “moi, je t’aime, et toi, tu m’aimes” : le premier commandement, aimer Dieu, et le deuxième, aimer le prochain. Dans l’arche, en fait, il n’y avait rien, si ce n’est deux tables de pierre.»

Aux curés d’enseigner la prière d’adoration

Ils ont donc introduit l’arche dans le sanctuaire et dès que les prêtres furent sortis, la nuée, la gloire du Seigneur, a rempli le Temple. Alors le peuple est entré en adoration, passant «des sacrifices qu’il faisait dans le chemin en montée au silence, à l’humiliation de l’adoration».

«Oui, nous leur apprenons à prier, à chanter, à louer Dieu, mais à adorer… La prière de l’adoration, celle qui nous annihile sans nous annihiler : dans l’annihilation de l’adoration, celle-ci nous donne noblesse et grandeur. Et j’en profite, aujourd’hui, avec de nombreux curés de récente nomination, pour vous dire : enseignez au peuple l’adoration silencieuse.»

Un chemin en sortie avec la mémoire de l’élection

«Mais seulement, nous pouvons arriver là avec la mémoire d’avoir été élus, d’avoir dans le cœur une promesse qui nous pousse à aller avec l’alliance dans la main et dans le cœur, et toujours en chemin : un chemin difficile, un chemin en montée, mais un chemin vers l’adoration.»

Écouter et pardonner

Devant la gloire de Dieu, les mots disparaissent, on ne sait pas quoi dire. Comme on le raconte dans la Liturgie de demain, Salomon, en effet, réussit seulement à dire deux mots : «écoute et pardonne».  Nous sommes donc invités à « adorer en silence avec toute l’histoire : «écoute et pardonne».

«Cela nous fera du bien, aujourd’hui, de prendre un peu de temps de prière, avec la mémoire de notre chemin, la mémoire des grâces reçues, la mémoire de l’élection, de la promesse, de l’alliance, et chercher à monter, vers l’adoration, et au milieu de l’adoration, avec beaucoup d’humilité dire seulement cette petite prière : ‘écoute et pardonne’.»

Jésus, médecin des âmes et des corps

guérison de la belle-mère de Pierre
guérison de la belle-mère de Pierre

Chaque fidèle a été invité, lors de l’Angélus à Rome, ce dimanche 4 février, «à planter sa tente parmi les personnes pour apporter, à tous, les paroles régénératrices de Jésus, le médecin des âmes et des corps».

Le Pape est parti de l’Évangile de Marc, évoquant la venue de Jésus à Capharnaüm, en Galilée, et sa présence parmi la foule. L’Évangéliste met en avant le rapport entre l’activité de Jésus qui guérit, notamment la belle-mère de Pierre, et le réveil de la foi chez les personnes qu’il rencontre. En effet, «avec les signes de guérison qu’il accomplit parmi les malades de tous types, le Seigneur veut susciter la foi.»

«Jésus ne fait pas des prédications de laboratoire, détaché des gens : il est parmi la foule ! ». La foule est «le milieu vital au sein duquel s’accomplit la mission de Jésus», «traversée par la souffrance, les fatigues et les problèmes». C’est à cette «pauvre» humanité que s’adresse «l’action puissante, libératrice et régénératrice de Jésus».

À la fin de la journée après avoir rencontré la foule, Jésus sort sans se faire voir de la ville, pour une retraite en prière. Ainsi «Jésus soustrait de sa personne et de sa mission toute vision triomphaliste qui fausserait le sens des miracles et de son pouvoir charismatique». «Ensemble, signes et paroles provoquent la foi et la conversion».

Aux disciples venus le chercher dans son lieu de prière pour le ramener en ville, Jésus répond qu’il souhaite aller ailleurs, pour prêcher dans d’autres villages. Voilà le chemin du Fils de Dieu, ce qui sera le chemin de ses disciples et «qui doit être le chemin de chaque chrétien». «La route comme lieu joyeux de l’annonce de l’Évangile». Elle place la mission de l’Église «sous le signe du mouvement et jamais de l’immobilisme».

« Que la Vierge Marie nous aide à être ouverts à la voix du Saint-Esprit, qui exhorte l’Église à placer de plus en plus sa tente parmi les gens pour apporter à tous la parole de guérison de Jésus, médecin des âmes et des corps. »

Au terme de sa catéchèse, le Pape François a lancé plusieurs appels, notamment pour la défense de la vie. Il a aussi annoncé l’organisation d’une Journée de prière pour la paix, particulièrement dédiée aux populations de RDC (République Démocratique du Congo) et du Soudan du Sud, le 23 février prochain.

« Nous l’offrirons spécialement pour les populations de la République Démocratique du Congo et du Sud Soudan. Comme en d’autres occasions similaires, j’invite également les frères et sœurs non-catholiques et non-chrétiens à se joindre à cette initiative de la manière qu’ils jugent la plus appropriée. »

« J’adresse un appel sincère parce que, nous aussi, nous entendons ce cri et, chacun dans sa propre conscience, devant Dieu, nous nous demandons: « Que puis-je faire pour la paix ? » Nous pouvons certainement prier; mais pas seulement : tout le monde peut dire concrètement «non» à la violence autant que cela dépend de lui. Parce que les victoires obtenues par la violence sont de fausses victoires ; se mettre à travailler pour la paix est bon pour tout le monde ! »

« Je souhaite assurer ma proximité avec les populations de Madagascar, récemment frappées par un fort cyclone, qui a causé des victimes, des personnes déplacées et des dégâts importants. Que le Seigneur les réconforte et les soutienne. »

« Les pages de la Bible cessent d’être écrites pour devenir une parole vivante, prononcée par Dieu : c’est Dieu qui, par la personne qui lit, nous parle et nous interpelle, nous qui entendons avec foi. L’Esprit «’qui a parlé à travers les prophètes’ (Credo) et a inspiré les auteurs sacrés, fait que ‘la parole de Dieu travaille vraiment dans les cœurs ce qui le fait résonner dans les oreilles’ (Lectionnaire, Introd., 9). Mais pour écouter la Parole de Dieu, il faut aussi avoir le cœur ouvert pour recevoir les paroles dans le cœur. Dieu parle et nous l’écoutons, puis mettons en pratique ce que nous avons entendu. C’est très important d’écouter. Parfois, nous ne pouvons pas comprendre pourquoi il y a des lectures difficiles. Mais Dieu nous parle d’une autre manière. [Il faut être en silence et écouter la Parole de Dieu, ne l’oubliez pas. À la messe, lorsque les lectures commencent, écoutons la Parole de Dieu. »

la rencontre personnelle avec Jésus au cœur d’une vie consacrée

Présentation au Temple Giotto, 1303-1306 - fresque, chapelle Scrovegni (ou église de l'Arena) Padoue
Présentation au Temple Giotto, 1303-1306 – fresque, chapelle Scrovegni (ou église de l’Arena) Padoue

Pour le Pape François, la rencontre personnelle avec Jésus est au cœur de la vie consacrée. C’était le sujet de son homélie, ce vendredi 2 février, lors de la messe solennelle en la Basilique Saint-Pierre, en la fête de la Présentation de Jésus au Temple, qui est aussi, depuis 1987, la Journée mondiale de la Vie consacrée.

Dans le passage de l’Évangile du jour se passe la rencontre, au Temple de Jérusalem, de Marie et Joseph, avec le vieillard Siméon et la prophétesse Anne. Deux couples, l’un jeune, l’autre âgé, qui s’enrichissent mutuellement.

Marie et Joseph retrouvent en effet dans leurs ainés les racines de leur peuple et de leur foi ; Siméon et Anne voient dans ces jeunes la réalisation de leurs rêves.  «Tout cela parce qu’au centre de la rencontre se trouve Jésus

La rencontre entre jeunes et anciens, source d’avenir

Dans la rencontre avec le Seigneur tout trouve sa source ; et le chemin dans la consécration nait d’un appel. Mais cette rencontre ne peut se renouveler sans l’autre : «ne jamais laisser quelqu’un derrière, ne jamais faire de mise à l’écart générationnelle, mais s’accompagner chaque jour, mettant le Seigneur au centre. Car si les jeunes sont appelés à ouvrir de nouvelles portes, les anciens ont les clefs.»

Sans cette rencontre entre les anciens et les jeunes, il n’y a aucun avenir : «Jamais de prophétie sans mémoire, jamais de mémoire sans prophétie ; et il faut toujours se rencontrer.» La «vie frénétique» que nous menons n’est parfois pas propice à la rencontre avec l’autre. Les portes se ferment, souvent par peur.

«Que dans la vie consacrée ceci ne se produise pas : « le frère et la sœur que Dieu me donne font partie de mon histoire, ils sont des dons à protéger. Qu’il n’arrive pas de regarder l’écran du cellulaire plus que les yeux du frère ou de s’attacher à nos programmes plus qu’au Seigneur. Car quand on place au centre les projets, les techniques et les structures, la vie consacrée cesse d’attirer et ne communique plus ; elle ne fleurit pas, parce qu’elle oublie ‘ce qu’elle a sous terre’, c’est-à-dire les racines

Vie consacrée et vie du monde

La vie consacrée nait et renait de cette rencontre, de cette échange entre «l’initiative d’amour de Dieu», et notre réponse, « est la réponse d’un amour authentique quand il est sans si et sans mais, quand il imite Jésus pauvre, chaste et obéissant» Elle renonce aux richesses, se libère de l’affection de toute possession pour n’aimer que Dieu et les autres, choisit l’obéissance humble, et se voit combler par Jésus.

L’image du vieillard Siméon prenant l’Enfant-Dieu dans ses mains montre un geste que nous sommes appelés à répéter en tout ce que nous faisons. Car «avoir le Seigneur dans les mains, c’est l’antidote contre le mysticisme isolé et l’activisme effréné, car la rencontre réelle avec Jésus redresse aussi bien les sentimentalistes dévots que les affairistes frénétiques.»

La rencontre avec Jésus est le «remède à la paralysie de la normalité». Rencontrer Jésus, le faire rencontrer, voilà le «secret pour maintenir vivante la flamme de la vie spirituelle». Ainsi, «le cœur ne se polarise pas vers le passé ou vers l’avenir, mais il vit l’aujourd’hui de Dieu en paix avec tous.»

À contre-courant

Au matin de Pâques, des femmes se rendent au tombeau où reposait le corps de Jésus. «Leur chemin semblait alors inutile.» «Vous aussi, vous allez à contre-courant dans le monde : la vie du monde rejette facilement la pauvreté, la chasteté et l’obéissance». Et comme ces femmes, «vous allez de l’avant (…) vous rencontrez le Seigneur ressuscité (…), vous l’étreignez (…) et vous l’annoncez immédiatement à vos frères. (…) »

«Je vous souhaite de raviver aujourd’hui même la rencontre avec Jésus, en marchant ensemble vers lui : cela donnera de la lumière à vos yeux et de la vigueur à vos pas.»