Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Passion, mort et résurrection de Jésus selon Matthieu

Retable de la passion, mort, résurrection, ascension de Jésus, Bernard Saulet, 1341-1342

Passion, mort et résurrection de Jésus dans l’Évangile de Saint Matthieu, en voici les thèmes : la confession de Pierre et le chemin de Jésus vers Jérusalem (Matthieu 16, 13-21) ; les dernières paroles de Jésus et le début de la passion (Matthieu 26, 1-19) ; le pain et le corps, le vin et le sang (Matthieu 26, 36-46) ; la prière à Gethsémani et l’arrestation de Jésus (Matthieu 26, 36-46) ; Judas et le champ du sang (Matthieu 27, 1-10) ; le procès romain, la femme de Pilate et le rêve de Dieu (Matthieu 27, 11-26) ; la sépulture et le samedi de Jésus (Matthieu 27, 56-66) ; la tombe vide et la résurrection (Matthieu 28, 1-20) et la conclusion.

«La confession de Pierre et le chemin de Jésus jusqu’à Jérusalem» (Mt 16, 13-21) est le fil conducteur de la première méditation. «Si le Seigneur a accompli divers voyages vers la ville sainte, comme on l’apprend de l’Évangile selon Jean, pour les trois fêtes de pèlerinage juives, celui que Jésus annonce à un certain moment se distingue de tous les autres: c’est le dernier, c’est le début de sa passion, de sa mort et de sa résurrection». Ainsi, «il est important d’observer la logique et la chronologie des événements: Pierre reconnaît en Jésus le Messie; Jésus annonce sa passion; la transfiguration sur la montagne.»

Un véritable examen de conscience, à travers trois questions directes. «La première question concerne les décisions que je prends, les plus importantes relatives à la vie. Sur la base de quel critère est-ce que j’effectue mon discernement? Est-ce que j’agis précipitamment, est-ce que je me laisse prendre par l’habitude, est-ce que je me place, ainsi que mon intérêt personnel, avant le royaume de Dieu et les autres, est-ce que j’écoute la voix de Dieu, qui parle de manière humble?»

La deuxième question concerne précisément «cette voix qui parle comme parlent les enfants, qui est faible comme les rêves ou une voix intérieure.» Ce n’est pas un hasard si «le Père a aussi parlé à travers la confession de Simon: Jésus dans son humanité, et aussi saint François d’Assise, ont compris que Dieu se révèle aussi au disciple et à travers le disciple le plus petit.» Alors, a demandé le prédicateur, «avons-nous l’humilité d’écouter Pierre, avons-nous l’humilité de nous écouter les uns les autres, étant attentifs à nos préjugés, attentifs à recueillir ces choses que Dieu peut nous dire à travers les voix faibles des autres, ou écoutons-nous seulement notre voix qui parle aux autres?»

Avec la troisième question sur l’examen de conscience, réfléchissons sur nos «retraites stratégiques», nous demandant si nous acceptons ou non «d’aller jusqu’au bout pour suivre Jésus Christ, en tenant compte du fait que cela comporte de porter la croix.»

La troisième méditation est centrée sur le thème «Pain et corps, vin et sang» (Mt 26, 20-35). Transformons «la réalité du fait de ne plus pouvoir avoir confiance en personne et des trahisons», en relançant en revanche «la beauté d’être ensemble, exprimée précisément «par le fait de manger ensemble». Mais «il est significatif que tout ait lieu précisément à table». Parmi les suggestions, la relecture de l’encyclique  Laudato si’ , en particulier sur la distribution inégale des ressources, invite à réfléchir précisément sur le «rôle ecclésial» confié à chacun, en invitant à se demander «comment est-il possible que nous chrétiens, qui devrions trouver l’unité précisément autour de la cène, nous reproduisions de la même manière, avec nos divisions, les dynamiques de division de la communauté de Corinthe», dont se plaignait saint Paul.

La quatrième méditation est sur l’arrestation de Jésus à Gethsémani. « La manière dont se développe l’œuvre de Dieu dépend de la disponibilité des hommes. » La mort de Jésus sur la croix n’est que la conséquence de la fermeture du monde, d’après Romano Guardini, théologien allemand, professeur de Benoît XVI quand il était étudiant à Munich.

Le suicide de Judas est au centre de la cinquième méditation sur les motifs qui ont poussé Judas, l’apôtre qui trahit Jésus, à accomplir ce geste qui mena à l’arrestation du Christ, à sa condamnation et à sa crucifixion. Le prédicateur a évoqué l’hypothèse d’une perte de la foi.

Ce risque nous « révèle à nous-mêmes. Comment pouvons-nous aider les chrétiens de notre temps à ne pas perdre la foi, l’adhésion à la personne de Jésus, pour ne plus avoir ce type de suicide ? »

Le suicide de Judas est «un fait historiquement gênant et embarrassant, que l’Église n’a pas peur d’affronter» — d’où est née «une œuvre de miséricorde»: avec les trente deniers, qu’il a inutilement tenté de rendre aux prêtres, «finit en effet par être construit un cimetière pour la sépulture des étrangers» à Jérusalem. Et il est significatif que ce sang, contrairement aux accusations anti-juives de déicide, formulées en particulier à partir du Vème siècle, ne retombe pas «sur le chef d’Israël», mais dans le champ acheté au prix du sang du Christ et donc devenu, une «œuvre de miséricorde.»

La sixième méditation de carême est sur le procès subi par Jésus, sur la femme de Pilate (Mt 27,11-26) et sur le choix présenté par Ponce Pilate : Jésus ou Barabbas. Un épisode à comparer au roman de William Styron, Le choix de Sophie, où une jeune mère est forcée dans un camp nazi de choisir lequel de ses deux enfants sera mis à mort. De même que dans le roman, la responsabilité de la décision insoutenable de choisir entre deux hommes, revient à celui qui oblige à choisir, c’est-à-dire le préfet romain, et non pas à la foule.

C’était la voix d’une femme, qui vient faire irruption dans ce jeu de pouvoir masculin, à savoir la complicité entre le grand prêtre et Pilate. Retour sur les songes de l’Évangile de saint Matthieu, qui représentent le « rêve de Dieu » : le salut de son Fils. Mais si Joseph et les Mages comprennent ce qu’ils doivent faire, Pilate n’écoute pas la voix de sa femme, n’écoute pas les songes, il cherche seulement à garder le pouvoir.

Enfin il nous est proposé de regarder le Christ crucifié «avec un regard d’amour», en prenant conscience «du sens de l’abandon que Dieu a éprouvé sur la croix», notamment lors qu’il crie «Père, Père, pourquoi m’as-tu abandonné ?». Le fait que le Père n’intervienne pas est «un élément embarrassant» dans ce récit de la mort de Jésus, Cet appel sans réponse est tellement «scandaleux» qu’il aurait été impossible de l’inventer dans un récit de fiction. Deux Évangiles sur quatre, celui de Jean et celui de Luc, ne rapportent pas le cri de Jésus, «trop scandaleux».

C’est aussi dans cette phase d’agonie que Jésus fait de Marie la «mère du disciple aimé, et donc la Mère de l’Église». Comme l’eau et le sang jaillissent du cœur transpercé de Jésus, l’amour du Christ jaillit jusque dans ce moment d’extrême souffrance et d’humiliation, pourtant absurde et incompréhensible en apparence.

Est-ce, en raison de «fermetures» ou par orgueil, qu’on ne comprend pas les autres, non pas simplement parce qu’ils disent des choses obscures, mais parce que simplement «nous ne voulons pas comprendre» ? Il faut chercher à comprendre si nous avons un «défaut» dans la communication avec les autres, en exhortant à «l’améliorer», en grandissant «dans l’humilité», et réussir à «accueillir la présence de Dieu» aussi dans «les choses ordinaires du quotidien» ou dans le «regard de l’autre».

S’ensuivent la mort du Christ, une mort «réelle» et non pas «apparente», sa sépulture, le tombeau vide et sa résurrection.

Extrait des exercices spirituels de la Curie romaine à Ariccia au sud de Rome dans la Maison du Divin Maître en présence du Pape François, prêché par le père Michelini.

la dignité de Marie, Mère du Christ

Marie, la Femme,nouvelle Ève, mère de vivants

«Quand vint la plénitude du temps, Dieu envoya son Fils, né d’une femme». Par ces paroles de la Lettre aux Galates (4, 4), l’Apôtre Paul unit entre eux les moments principaux qui déterminent fondamentalement l’accomplissement du mystère qui était «d’avance arrêté en Dieu» (cf. Ep 1, 9).

Le Fils, Verbe consubstantiel au Père, naît d’une femme, comme homme, quand vient «la plénitude du temps». Cet événement conduit au sommet de l’histoire de l’homme sur la terre, entendue comme histoire du salut.

Il est significatif que l’Apôtre ne désigne pas la Mère du Christ par son nom propre, «Marie», mais la désigne comme «femme»: cela établit une concordance avec les paroles du protévangile dans le Livre de la Genèse (cf. 3, 15).

Cette «femme», précisément, est présente en l’événement central du salut, qui détermine la «plénitude du temps»: cet événement se réalise en elle et par elle…

Ainsi la «plénitude du temps» manifeste la dignité extraordinaire de la «femme». Cette dignité consiste, d’une part, dans l’élévation surnaturelle à l’union à Dieu en Jésus Christ, qui détermine la finalité profonde de l’existence de tout homme tant sur la terre que dans l’éternité.

De ce point de vue, la «femme» est la représentante et l’archétype de tout le genre humain: elle représente l’humanité qui appartient à tous les êtres humains, hommes et femmes.

Mais, d’autre part, l’événement de Nazareth met en relief une forme d’union à Dieu qui ne peut appartenir qu’à la «femme», à Marie : l’union entre la mère et son fils. La Vierge de Nazareth devient en effet la Mère de Dieu.

LETTRE APOSTOLIQUE MULIERIS DIGNITATEM DU SOUVERAIN PONTIFE JEAN-PAUL II SUR LA DIGNITÉ ET LA VOCATION DE LA FEMME À L’OCCASION DE L’ANNÉE MARIALE § 3-4, 15 août 1988

A la lumière de Marie, l’Église découvre sur le visage de la femme les reflets d’une beauté qui est comme le miroir des sentiments les plus élevés dont le cœur humain soit capable: la plénitude du don de soi suscité par l’amour; la force qui sait résister aux plus grandes souffrances; la fidélité sans limite et l’activité inlassable; la capacité d’harmoniser l’intuition pénétrante avec la parole de soutien et d’encouragement.

LETTRE ENCYCLIQUE REDEMPTORIS MATER DU SOUVERAIN PONTIFE JEAN-PAUL II SUR LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE DANS LA VIE DE L’ÉGLISE EN MARCHE §46, 25 mars 1987

un peuple rêvé par Dieu

Chaque chrétien devrait consacrer un jour à la «mémoire» pour relire son histoire personnelle en l’insérant dans l’histoire d’un peuple : «Je ne suis pas seul, je suis un peuple», un «peuple rêvé par Dieu». C’est l’invitation faite par le Pape François au cours de la Messe célébrée à Sainte-Marthe le jeudi 6 avril.

L’annonce à Abraham – cathédrale Saint Charles Borromée Joliette Québec Canada

En partant de la liturgie de la parole, qui présente la figure d’Abraham, père dans la foi, le Pape a observé qu’en temps de Carême, le croyant est souvent encouragé «à s’arrêter un peu et à penser». Les deux passages de l’Écriture de la liturgie du jour (Genèse 17, 3-9 et Jean 8, 51-59) disent : «Arrête-toi. Arrête-toi un peu. Pense à ton père.» Et au centre de l’attention il y a Abraham.

Quels sont alors les aspects fondamentaux de l’histoire d’Abraham dont il est important de faire mémoire ? Avant tout, il «obéit quand il fut appelé pour s’en aller, et s’en aller dans une autre terre qu’il devait recevoir en héritage.» C’est-à-dire qu’Abraham «se fia. Il obéit. Et il s’en alla sans savoir où il allait.» Ce fut donc un «homme de foi, un homme d’espérance.»

«Mis à l’épreuve, après avoir eu son enfant», ensuite, quand le garçon devint adolescent, «il lui fut demandé de l’offrir en sacrifice : il obéit et alla de l’avant contre toute espérance.» Voilà qui est «notre père Abraham» : quelqu’un « qui va de l’avant, de l’avant, de l’avant.»

La grandeur du patriarche a été fondée sur un « pacte» avec Dieu. «De la part d’Abraham», il y a eu «l’obéissance : il obéit toujours.» De la part de Dieu, une promesse : «tu ne t’appelleras plus Abram mais Abraham, parce que père d’une multitude de nations.» Et Abraham a cru.

Beauté et grandeur de la promesse de Dieu qui dit à Abraham, qui «avait cent ans sans enfants, avec une femme stérile» : ‘Je te rendrai très, très fécond. Je ferai de toi des nations et de toi sortiront des rois.’ Puis, dans un autre dialogue : ‘Écoute, regarde, regarde le ciel : es-tu capable de compter les étoiles ?’ – ‘oh non, c’est impossible…’ – ‘C’est ainsi que sera ta descendance. Regarde la plage de la mer : es-tu capable de compter chaque grain de ce sable ?’ – ‘Mais c’est impossible !’ – « ‘C’est ainsi que sera ta descendance’.»

« Aujourd’hui, en obéissance à l’invitation de l’Église, nous nous arrêtons et nous pouvons dire, en vérité : ‘Je suis l’une de ces étoiles. Je suis un grain de sable’.»

«Nous sommes fils d’Abraham mais avant Abraham, il y a un autre Père et avant nous, il y a un autre Fils. Et avant nous il y a un autre Fils. Et dans notre histoire, entre notre père Abraham et nous, il y a l’autre histoire, la grande, l’histoire du Père des cieux et de Jésus ».

Chaque chrétien est donc invité à « regarder l’histoire » et à se rendre compte : « Je ne suis pas seul, je suis un peuple ». A partir de cette conscience, « nous pouvons regarder le Père, rendre grâce ; regarder Jésus, rendre grâce ; et regarder Abraham et nous, qui faisons partie du chemin.»

«Faisons d’aujourd’hui un jour de mémoire » pour comprendre que « dans cette grande histoire, dans le cadre de Dieu et de Jésus, il y a la petite histoire de chacun de nous.»

C’est pourquoi, « je vous invite à prendre aujourd’hui cinq, dix minutes, assis, sans radio, sans télévision ; assis et penser à votre histoire : les bénédictions et les soucis, tout. Les grâces et les péchés : tout.» Chacun, dans cette mémoire, pourra rencontrer «la fidélité de ce Dieu qui est resté fidèle à son alliance, est resté fidèle à la promesse qu’il avait faite à Abraham, est resté fidèle au salut qu’il avait promis dans son Fils Jésus.»

«Je suis certain qu’au milieu des choses sans doute laides, nous découvrirons la beauté de l’amour de Dieu, la beauté de sa miséricorde, la beauté de l’espérance. Et je suis certain que nous serons tous emplis de joie.»

06-04-2017 source : L’Osservatore Romano