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prière pour migrants disparus en mer

Avant de quitter l’île de Lesbos, l’archevêque Hierònymos, le patriarche Bartholomée et le Pape François ont fait mémoire des victimes des migrations en récitant chacun une prière et en lançant à la mer des couronnes de laurier.

*

Nous publions ci-dessous le texte de la prière prononcée en italien par le Pape.

Dieu de miséricorde,

nous te prions pour tous les hommes,

pour toutes les femmes et pour tous les enfants,

qui sont morts après avoir quitté leur pays à la recherche d’une vie meilleure.

Bien que beaucoup de leurs tombes ne portent aucun nom,

chacun d’eux est connu, aimé et chéri de toi.

Puissions-nous ne jamais les oublier,

mais honorer leur sacrifice plus par les actes que par les paroles.

Nous te confions tous ceux qui ont fait ce voyage,

affrontant la peur, l’incertitude et l’humiliation,

en vue de parvenir en un lieu de sécurité et d’espérance.

Tout comme tu n’as jamais abandonné ton Fils

lorsqu’il a été conduit en un lieu sûr par Marie et par Joseph,

de même à présent sois proche de tes fils et de tes filles que voici,

à travers notre tendresse et notre protection.

En prenant soin d’eux, puissions-nous travailler pour un monde

où personne n’est contraint d’abandonner sa maison

et où chacun peut vivre dans la liberté, la dignité et la paix.

Dieu de miséricorde et Père de tous,

réveille-nous du sommeil de l’indifférence,

ouvre nos yeux à leur souffrance,

et libère-nous de l’insensibilité générée

par le confort mondain et l’égo centrisme.

Aide-nous, en tant que nations, communautés et individus,

à voir que ceux qui viennent dans nos contrées sont nos frères et sœurs.

Puissions-nous partager avec eux les bénédictions

que nous avons reçues de tes mains,

et reconnaître qu’ensemble, comme une unique famille humaine,

nous sommes tous des migrants, en chemin dans l’espérance vers toi,

notre vraie maison, où toute larme sera essuyée,

où nous serons tous en paix et en sécurité dans tes bras.

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au cœur de l’Année Sainte de la Miséricorde

au cœur de l’Année Sainte de la Miséricorde

03-04-2016 source Osservatore Romano

A la fin de la Messe, célébrée sur la place Saint-Pierre à l’occasion du Jubilé des gens qui adhèrent à la spiritualité de la Miséricorde Divine, avant de réciter la prière mariale Regina Caeli (qui remplace l’Angélus à Pâques), le Saint-Père leur a adressé les paroles qui suivent.

Avec une tendresse de Père (photo)

En ce jour, qui est comme le cœur de l’Année Sainte de la Miséricorde, mes pensées vont à toutes les personnes qui ont le plus soif de réconciliation et de paix. Je pense, en particulier, ici en Europe, au drame de ceux qui souffrent des conséquences de la violence en Ukraine : combien restent sur des terres dévastées par les hostilités qui ont déjà fait plusieurs milliers de morts, et combien – plus d’un million – ont été poussés à quitter une grave situation qui perdure. Sont impliqués, pour la plupart, des personnes âgées et les enfants. En plus de vous accompagner avec une pensée constante et mes prières, j’ai décidé de promouvoir un soutien humanitaire en leur faveur. Pour ce faire, il y aura une collecte spéciale dans toutes les églises catholiques en Europe le dimanche 24 Avril. J’invite les fidèles à se joindre à cette initiative avec une généreuse contribution. Cet geste de charité, offert pour soulager les souffrances matérielles, veut exprimer ma proximité et ma solidarité personnelles et celles de toute l’Église. Je souhaite ardemment que cela aide à promouvoir, sans retard supplémentaire, la paix et le respect du droit sur cette terre si éprouvée.

Et comme nous prions pour la paix, souvenons-nous que demain c’est la Journée mondiale contre les mines antipersonnelles. Trop de gens continuent d’être tués ou mutilés par ces armes terribles, et des hommes et des femmes courageux risquent leur vie pour déminer les terrains minées. Renouvelons, s’il vous plaît, l’engagement pour un monde sans mines!

Enfin, je transmets mes salutations à tous ceux qui ont participé à cette célébration, en particulier aux groupes qui cultivent la spiritualité de la Miséricorde Divine.

Tous ensemble, tournons-nous dans la prière vers notre Mère : Regina caeli laetare, alleluia

Reine du ciel, réjouis‑toi, alléluia,
car le Seigneur que tu as porté, alléluia,
est ressuscité comme il l’avait dit, alléluia.
Reine du ciel, prie Dieu pour nous, alléluia.

V. Soyez dans la joie et l’allégresse, Vierge Marie, alléluia.
R. Parce que le Seigneur est vraiment ressuscité, alléluia.

Prions
Dieu, qui, par la Résurrection de ton Fils, notre Seigneur Jésus-Christ,
as bien voulu réjouir le monde, nous t’en prions,
fais que par la Vierge Marie, sa Mère,
nous arrivions aux joies de la vie éternelle.
Par le Christ notre Seigneur. Amen

message et bénédiction Urbi et Orbi

Le Pape François a prononcé en ce dimanche de Pâques 27 mars 2016 depuis la loggia de la basilique Saint-Pierre la bénédiction Urbi et Orbi, à la Ville et au monde. 

Message du Pape François

« Rendez grâce au Seigneur : il est bon, éternel est son amour»
(Ps 135, 1).

Chers frères et sœurs, bonnes fêtes de Pâques.

Jésus-Christ, incarnation de la miséricorde de Dieu, est mort par amour sur la croix, et, par amour, est ressuscité. C’est pourquoi nous proclamons aujourd’hui : Jésus est le Seigneur !

Sa résurrection accomplit pleinement la prophétie du Psaume : la miséricorde de Dieu est éternelle, son amour est pour toujours, il ne mourra jamais. Nous pouvons nous confier totalement à lui, et nous lui rendons grâces parce qu’il est descendu pour nous jusqu’au fond de l’abîme.

Face aux gouffres spirituels et moraux de l’humanité, face aux vides qui s’ouvrent dans les cœurs et qui provoquent la haine et la mort, seule une miséricorde infinie peut nous donner le salut. Seul Dieu peut remplir de son amour ces vides, ces abîmes, et nous permettre de ne pas nous écrouler, mais de continuer à marcher ensemble vers le Terre de la liberté et de la vie.

L’annonce joyeuse de Pâques : Jésus, le crucifié, n’est pas ici, il est ressuscité (cf. Mt 28, 5-6), nous offre la consolante certitude que l’abîme de la mort a été traversé et, avec lui, le deuil, la plainte et l’angoisse (cf. Ap 21, 4) ont été vaincus. Le Seigneur, qui a souffert l’abandon de ses disciples, le poids d’une condamnation injuste, et la honte d’une mort infamante, nous rend maintenant participants de sa vie immortelle, et il nous donne son regard de tendresse et de compassion envers les affamés et les assoiffés, les étrangers et les prisonniers, les marginaux et les exclus, les victimes des abus et de la violence. Le monde est rempli de personnes qui souffrent dans leur corps et dans leur esprit, et chaque jour les journaux sont pleins de nouvelles de crimes atroces, commis souvent dans les murs du foyer domestique, et de conflits armés, à grande échelle, qui soumettent des populations entières à des épreuves indicibles.

Que le Christ ressuscité ouvre des chemins d’espérance à la Syrie bien aimée, pays déchiqueté par un long conflit, avec son triste cortège de destructions, de mort, de mépris du droit humanitaire et de décomposition de la cohabitation civile. Nous confions à la puissance du Seigneur ressuscité les discussions en cours, pour que, grâce à la bonne volonté et à la collaboration de tous, on puisse recueillir des fruits de paix et engager la construction d’une société fraternelle, respectueuse de la dignité et des droits de tout citoyen. Que le message de vie, qui a retenti dans la bouche de l’Ange près de la pierre basculée du tombeau, soit victorieux de la dureté des cœurs et promeuve une rencontre féconde des peuples et des cultures dans les autres zones du bassin méditerranéen et du Moyen Orient, en particulier en Irak, au Yémen et en Libye.

Que l’image de l’homme nouveau qui resplendit sur le visage du Christ favorise la cohabitation entre Israéliens et Palestiniens en Terre Sainte, ainsi que la disponibilité patiente et l’engagement quotidien à se dévouer pour  construire les bases d’une paix juste et durable, par le moyen de négociations directes et sincères. Que le Seigneur de la vie accompagne aussi les efforts visant à trouver une solution définitive à la guerre en Ukraine, en inspirant et en soutenant également les initiatives d’aide humanitaire, parmi lesquelles la libération des personnes détenues.

Que le Seigneur Jésus, notre Paix (cf. Ep. 2, 14), qui par sa résurrection a vaincu le mal et le péché, stimule en cette fête de Pâques notre proximité aux victimes du terrorisme, forme aveugle et atroce de violence qui ne cesse pas de répandre le sang innocent en diverses parties du monde, comme cela s’est produit dans les récents attentats en Belgique, en Turquie, au Nigéria, au Tchad, au Cameroun et en Côte d’Ivoire.  Que les ferments d’espérance et les perspectives de paix en Afrique aboutissent ; je pense en particulier au Burundi, au Mozambique, à la République Démocratique du Congo et au Sud Soudan, marqués par des tensions politiques et sociales.

Avec les armes de l’amour, Dieu a vaincu l’égoïsme et la mort ; son Fils Jésus est la porte de la miséricorde grand ouverte à tous. Que son message pascal se projette de plus en plus sur le peuple vénézuélien, qui se trouve dans des conditions difficiles pour vivre, et sur tous ceux qui ont en main les destinées du pays, afin que l’on puisse travailler en vue du bien commun, en cherchant des espaces de dialogue et de collaboration avec tous. Que partout on  se dévoue pour favoriser la culture de la rencontre, la justice et le respect réciproque, qui seuls peuvent garantir le bien être spirituel et matériel des citoyens.

Le Christ ressuscité, annonce de vie pour toute l’humanité, se prolonge au long des siècles, et nous invite à ne pas oublier les hommes et les femmes en chemin, dans la recherche d’un avenir meilleur, file toujours plus nombreuse de migrants et de réfugiés – parmi lesquels de nombreux enfants – fuyant la guerre, la faim, la pauvreté et l’injustice sociale. Ces frères et sœurs rencontrent trop souvent en chemin la mort ou du moins le refus de ceux qui pourraient leur offrir un accueil et de l’aide. Que le rendez-vous du prochain Sommet Humanitaire Mondial n’oublie pas de mettre au centre la personne humaine avec sa dignité et d’élaborer des politiques capables d’assister et de protéger les victimes des conflits et des autres situations d’urgence, surtout les plus vulnérables et tous ceux qui sont persécutés pour des raisons ethniques et religieuses.

En ce jour glorieux, « que notre terre soit heureuse, irradiée de tant de feux » (cf. Exultet ), terre qui est pourtant tellement maltraitée et vilipendée par une exploitation avide de gain qui altère les équilibres de la nature. Je pense en particulier à ces zones touchées par les effets des changements climatiques, qui provoquent souvent la sécheresse ou de violentes inondations, avec, en conséquence, des crises alimentaires en plusieurs endroits de la planète.

Avec nos frères et sœurs qui sont persécutés pour la foi et pour leur fidélité au nom du Christ, et face au mal qui semble avoir le dessus dans la vie de beaucoup de personnes, réécoutons la consolante parole du Seigneur : « Courage ! Moi, je suis vainqueur du monde » (Jn 16, 33). C’est aujourd’hui le jour resplendissant de cette victoire, parce que le Christ a foulé aux pieds la mort, et par sa résurrection il a fait resplendir la vie et l’immortalité (cf. 2Tm 1, 10). « Il nous fait passer de l’esclavage à la liberté, de la tristesse à la joie, du deuil à la fête, des ténèbres à la lumière, de l’esclavage à la rédemption. Disons-lui : Alléluia ! » (Méliton de Sardes, Homélie de Pâques).

A tous ceux qui, dans nos sociétés, ont perdu toute espérance et le goût de vivre, aux personnes âgées écrasées qui, dans la solitude, sentent leur forces diminuer, aux jeunes qui pensent ne pas avoir d’avenir, à tous j’adresse encore une fois les paroles du Ressuscité : « Voici que je fais toutes choses nouvelles…A celui qui a soif, moi, je donnerai l’eau de la source de vie, gratuitement (Ap 21, 5-6).

Que le message rassurant de Jésus nous aide chacun à repartir avec plus de courage pour construire des chemins de réconciliations avec Dieu et avec les frères.