Archives de catégorie : prière

Chemin de croix au Colisée

Le pape François a présidé le chemin de croix du Vendredi Saint au Colisée. Au pied de la Croix, au terme des quatorze stations, il a élevé sa prière au Christ crucifié «les yeux remplis de honte et le cœur plein d’espérance». La honte «face à toute ces images de dévastations, de destructions et de naufrages qui sont devenues ordinaires» ; pour «le sang innocent versé chaque jour de femmes, d’enfants, de migrants et personnes persécutées pour la couleur de leur peau, pour leur appartenance ethnique, sociale et pour leur foi» ; pour «toutes les fois ou nous avons lâchement fui nos responsabilités» ;  pour «notre silence face à l’injustice» ; pour «les évêques, les prêtres, les consacrés, qui ont scandalisé et blessé l’Église».

Une grande honte, mais un cœur rempli d’espoir

«L’espoir que nos trahisons ne nous éviteront pas ta Miséricorde, l’espoir que « la croix transforme nos cœurs endurcis en cœurs de chair capable de rêver, de pardonner et d’aimer». L’espoir que «ton Église essaiera d’être la voix qui crie dans le désert de l’humanité». L’espoir que «le bien vaincra malgré sa défaite apparente».

La Croix symbole de la monstruosité du péché

A la fois honteux et remplis d’espérance, «nous te demandons de nous laver dans le sang et dans l’eau qui coulent de ton corps transpercé de pardonner nos péchés, et nos fautes». Nous te demandons de te souvenir de nos frères «fauchés par la violence, par l’indifférence et par la guerre». Nous te demandons de «rompre les chaines qui nous enferment dans notre égoïsme, notre cécité volontaire, et la vanité de nos calculs mondains». Nous te demandons de ne «jamais avoir honte de ta croix, de ne jamais l’instrumentaliser», mais de l’honorer et de l’adorer parce qu’elle nous a montré «la monstruosité de nos péchés et la puissance de ta miséricorde».

Prière pour la troisième semaine de Carême

Jésus et la Samaritaine au puits de Jacob par Jean de Flandres vers 1460-1510. Le mont Garizim est bien visible. Jésus arrive, la femme ne l’a pas vu, il n’est pas reconnaissable pour elle, la scène commence. L’eau est bien visible, elle coule. Le puits est surmonté d’une sorte de potence. Allusion au supplice de Jésus, à la passion tandis que l’eau qui coule renvoie au baptême.

Seigneur, comme la Samaritaine,
je me tiens au bord du puits
tout près des eaux profondes,
là où Tu demeures sans que
j’en aie toujours conscience.
Je puise, je veille, j’espère et j’attends
Ta venue dans l’ordinaire des jours.

Alors, des profondeurs où j’ai puisé,
crié vers Toi, tant désiré,
j’ai vu la source devenir un fleuve d’eau vive.
Ce filet d’eau plein d’espérance,
entretenu jour après jour
dans l’ordinaire du temps,
s’est révélé Promesse de vie éternelle :
et voici qu’au pays de la soif,
l’eau a jailli et se répand.

Oui, Seigneur, tout en moi exulte
et renaît à ta venue, si imprévue
qu’elle me surprend.
Veille mon âme, au bord du puits,
le Seigneur t’attend
et te dit ’’Donne-moi à boire’’.

Jésus aimable dans le sein de sa mère

ANNONCIATION FRA FILIPPO LIPPI (1406-1469)

Noël Véran Aubry (lazariste) (1719-1756) est le seul auteur au XVIIIe siècle à écrire dans un sens nettement contemplatif et affectif. Son Manuale Christianorum de 1754 a été traduit en français en 1774 (puis en 1861 et en 1892). En voici un extrait concernant la Sainte Mère de Jésus, Marie.

Le Seigneur est petit, et aimable à l’excès ! En effet, de quelque manière que je te considère dans le sein de ta Mère, divin Jésus, soit caché dans ses entrailles, soit visible entre ses bras, mon âme se fond de joie, et dans les transports de mon cœur, je ne cesse de m’écrier : le Seigneur est petit, et aimable à l’excès ! Tu es aimable à l’excès dans le sein de ta très douce Mère.

Car là tu penses à moi, là tu m’aimes, là tu me réconcilies avec ton Père, là tu demandes mon cœur, là tu donnes le tien; là, pendant neuf mois, tu es détenu pour moi captif de mon amour. Mais dis, je te prie, ô mon captif, dis, ô captif de mon amour, pourquoi tu restes là si longtemps renfermé et caché ?

Je sais, très aimable Jésus, je sais ce que tu y fais. Tu t’y formes à mon image et à ma ressemblance ; tu t’y formes des yeux pour me regarder ensuite avec honte, des oreilles pour m’écouter avec patience ; de petites lèvres pour distiller la myrrhe ; une langue pour m’instruire; des pieds pour venir à moi; des mains pour me secourir; des bras pour m’entourer, une petite bouche pour m’embrasser ; un cœur et une poitrine pour brûler d’amour pour moi; un sang que tu répandras pour moi; un corps pour l’immoler un jour pour moi sur l’autel de la croix. Le Seigneur est petit et aimable à l’excès !

Tu es aimable à l’excès entre les bras de ta tendre Mère, où, lorsque tu m’apparais, m’apparaît toute humanité, toute beauté, toute douceur, toute suavité. O très doux, ô très délicieux, ô très aimable enfant, ma vie, mes délices, mes amours, mon Jésus, est-ce donc bien toi que j’aperçois sur le très chaste sein de ta Mère ? Là tu te couches, là tu reposes, là tu es nourri parmi les lis. Qui me donnera, ô mon frère qui suces le lait de ma mère, de te trouver, de te voir, de te couvrir de baisers, et je dirai à tous : Enfant Seigneur, et aimable à l’excès !

Eh! Que puis-je dire autre chose ? Mon esprit tressaille de joie en Dieu mon Sauveur. Dans le sein d’une Vierge tu deviens ma chair ; à ta naissance, mon petit frère, à la Circoncision, mon Sauveur ; à la Présentation, ma victime ; à l’Épiphanie, mon roi et mon Dieu.

Jésus est aimable dans le sein de son Père, mais il est aussi aimable dans le sein de sa Mère Dans le sein de son Père, il me crée à son image; dans le sein de sa Mère, il se façonne à la mienne. Dans le sein de son Père, il crée tout pour moi, le ciel, la terre et tout ce qu’ils renferment ; dans le sein de sa Mère, il se fait lui-même pour moi. Dans le sein de son Père, il me tire du néant; dans le sein de sa Mère, il me tire de l’enfer. Dans le sein de son Père, il me forme, dans le sein de sa mère, il me réforme. Dites, Anges, dites, mortels, que vous semble-  t-il de mon Christ ?

Est-il plus aimable dans le sein de son Père ? Ou l’est-il davantage dans celui de sa Mère ? Pour moi, je dirai ce que je pense, et je le dirai hardiment : dans le sein de son Père, le Seigneur est grand et au-dessus de toute louange. Dans le sein de sa Mère, le Seigneur est petit et aimable à l’excès.