« Heureux les pauvres de cœur, car le Royaume des Cieux est à eux » (Mt 5, 3)
Bien chers jeunes,
L’extraordinaire rencontre que nous avons vécue à Rio de Janeiro, lors de la XXVIIIème Journée Mondiale de la Jeunesse, est encore imprimée dans ma mémoire : une grande fête de la foi et de la fraternité ! La population brésilienne nous a accueillis à bras ouverts, comme la statue du Christ Rédempteur qui, du haut du Corcovado domine la magnifique baie de Copacabana. Au bord de la mer, Jésus a renouvelé son appel pour que chacun de nous devienne son disciple-missionnaire, qu’il le découvre comme le trésor le plus précieux de sa vie et partage cette richesse avec les autres, proches et lointains, jusqu’aux extrêmes périphéries géographiques et existentielles de notre temps.
La prochaine étape du pèlerinage intercontinental des jeunes sera à Cracovie, en 2016. Pour rythmer notre marche, j’aimerais, durant les trois années qui viennent, réfléchir avec vous sur les Béatitudes évangéliques que nous pouvons lire dans l’Évangile selon saint Matthieu (5, 1-12). Cette année nous commencerons par méditer la première : « Heureux les pauvres de cœur, car le Royaume des Cieux est à eux » (Mt 5, 3) ; pour 2015 je propose « Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu » (Mt 5, 8) ; et enfin, en 2016, le thème sera « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde » (Mt 5, 7).
1. La force révolutionnaire des Béatitudes –>Lire la suite →
Voici le discours de Benoît XVI pour le XXIIIe Congrès international de mariologie, même s’il s’adresse à des théologiens et à des experts, il comporte des éléments qui ne peuvent que nous intéresser dans notre compréhension de la Sainte Mère de Dieu. Le Pape revient notamment sur la place de la Vierge Marie dans les textes du Concile Vatican II. Le pape a rencontré les participants de ce Congrès, dans la cour du palais apostolique de Castelgandolfo, le 8 septembre 2012, jour de la Nativité de la Sainte Vierge.
Discours de Benoît XVI
Chers frères et sœurs,
C’est avec grande joie que je vous accueille tous ici à Castelgandolfo, presqu’à la conclusion du XXIIIe Congrès international de mariologie. Vous avez réfléchi, très à propos, sur le thème: «La mariologie à partir du Concile Vatican II. Réception, bilan et perspective», étant donné que nous nous apprêtons à rappeler et célébrer le 50e anniversaire de l’ouverture de la grande Assise, le 11 octobre 1962.
[…]
Le bienheureux Jean XXIII a voulu que le Concile œcuménique Vatican II s’ouvre le 11 octobre, jour où, en 431, le Concile d’Ephèse avait proclamé Marie «Theotokos», Mère de Dieu. Dans ce contexte il avait commencé son discours avec des paroles significatives et programmatiques: «L’Eglise Mère se réjouit car, par un don spécial de la divine Providence, s’est désormais levé le jour tant désiré où, sous les auspices de la Vierge Mère de Dieu, dont on célèbre aujourd’hui avec joie la dignité maternelle, ici, près du tombeau de saint Pierre, commence solennellement le Concile Vatican II».
Comme vous le savez, le 11 octobre prochain, pour rappeler cet évènement extraordinaire, s’ouvrira solennellement l’Année de la foi, que j’ai voulu fixer avec le Motu proprio Porta fidei, dans lequel, en présentant Marie comme modèle exemplaire de foi, j’invoque sa protection et son intercession spéciale sur le chemin de l’Eglise, Lui confiant de temps de grâce, à Elle, bienheureuse parce qu’elle a cru. Aujourd’hui aussi, chers frères et sœurs, l’Eglise se réjouit dans la célébration liturgique de la nativité de la bienheureuse Vierge Marie, la Toute sainte, aurore de notre salut.
Le sens de cette fête mariale nous est rappelé par saint André de Crête, qui a vécu entre le VIIe et le VIIIe siècle, dans l’une de ses fameuses homélies pour la Fête de la Nativité de Marie, où l’évènement est présenté comme un élément précieux de la mosaïque extraordinaire qui est le dessein divin de salut dans l’humanité : «Le mystère de Dieu qui devient homme, la divinisation de l’homme assumé par le Verbe, représentent la somme des biens que le Christ nous a donnés, la révélation du plan divin et la défaite de toute autosuffisance humaine présomptueuse.
La venue de Dieu parmi les hommes, comme lumière resplendissante et réalité divine claire et visible, est le grand don merveilleux du salut qui nous est prodigué. La célébration d’aujourd’hui honore la nativité de la Mère de Dieu. Mais la véritable signification et la fin de cet évènement est l’incarnation du Verbe. En effet Marie nait, est allaitée et grandit pour être la Mère du Roi des siècles, de Dieu» (Discours I). Ce témoignage important et ancien nous porte au cœur de la thématique sur laquelle vous réfléchissez et que le Concile Vatican II a voulu souligner déjà dans le titre du chapitre VIII de la Constitution dogmatique sur l’Eglise, Lumen gentium: «La bienheureuse Vierge Marie, mère de Dieu dans le mystère du Christ et de l’Église». Il s’agit du lien intime entre les mystères de la foi chrétienne, que le Concile a indiqué comme horizon pour comprendre chaque élément individuel et les diverses affirmations du patrimoine de la foi catholique.
Au Concile, auquel j’ai participé en tant qu’expert, comme jeune théologien, j’ai eu l’occasion de voir les diverses façons d’aborder les thématiques autour de la figure et du rôle de la bienheureuse Vierge Marie dans l’histoire du salut. Dans la seconde session du Concile un groupe nombreux de Pères ont demandé que l’on traite de la Vierge au sein de la Constitution sur l’Eglise. […]
Avec le vote du 29 octobre 1963 il a été décidé d’opter pour la proposition et le schéma de la Constitution dogmatique sur l’Eglise fut enrichi avec le chapitre sur la Mère de Dieu, dans lequel la figure de Marie, relue et représentée à partir de la Parole de Dieu, des textes de la tradition patristique et liturgique et d’une ample réflexion théologique et spirituelle, apparaît dans toute sa beauté et sa singularité et étroitement liée aux mystères fondamentaux de la foi chrétienne. Marie, dont est soulignée avant tout la foi, est comprise dans le mystère d’amour et de communion de la Très Sainte Trinité; sa coopération au plan divin du salut et à l’unique médiation du Christ est clairement affirmée et mise dans son juste relief, en faisant ainsi un modèle et un point de référence pour l’Eglise, qui se reconnaît elle-même en Elle, y voyant sa vocation et sa mission.
La piété populaire, qui a toujours été tournée vers Marie, est finalement nourrie par des références bibliques et patristiques. Le texte conciliaire n’a pas épuisé toutes les problématiques relatives à la figure de la Mère de Dieu, mais il constitue l’horizon herméneutique essentiel pour toute réflexion ultérieure, qu’elle soit de caractère théologique, ou de caractère plus purement spirituel et pastoral. Il représente, en outre, un précieux point d’équilibre, toujours nécessaire, entre la rationalité théologique et l’affectivité croyante. La figure singulière de la Mère de Dieu doit être cultivée et approfondie par des perspectives diverses et complémentaires: alors que la voie de la vérité reste toujours valide et nécessaire, on ne peut pas ne pas parcourir aussi la voie de la beauté et la voie de l’amour pour découvrir et contempler encore plus profondément la foi cristalline et solide de Marie, son amour pour Dieu, son espérance inébranlable.
C’est pour cela que, dans l’Exhortation apostolique Verbum Domini [Parole de Dieu], j’ai adressé une invitation à poursuivre sur la ligne dictée par le Concile, invitation que j’adresse cordialement à vous, chers amis et experts. Offrez votre contribution compétente de réflexion et de proposition pastorale, afin que l’imminente Année de la Foi puisse représenter pour tous les croyants en Christ un vrai moment de grâce, où la foi de Marie nous précède et nous accompagne comme un phare lumineux et comme modèle de plénitude et de maturité chrétienne vers lequel regarder avec confiance et dans lequel puiser enthousiasme et joie pour vivre avec toujours plus d’engagement et de cohérence notre vocation de fils de Dieu, frères en Christ, membres vivants de son Corps qui est l’Eglise.
Je vous confie tous, ainsi que votre engagement de recherche, à la protection maternelle de Marie et je vous accorde une Bénédiction Apostolique particulière. Merci.
Vierge au manteau Louis Bréa retable de Biot pays niçois
Le Pape Benoît XVI, dans l’homélie de la Messe de la Solennité de la Mère de Dieu, le 1er janvier 2007, à propos de cette maternité singulière de Marie, a déclaré : « Mère du Christ, Marie est aussi Mère de l’Église, ainsi que mon prédécesseur, le Serviteur de Dieu Paul VI, voulut le proclamer le 21 novembre 1964, au cours du Concile Vatican II. Marie est, enfin, la Mère spirituelle de l’humanité tout entière, car c’est pour tous les hommes que Jésus a donné son sang sur la croix, et c’est tous les hommes que, depuis la croix, il a confiés à ses soins maternels ».
Le 21 novembre 1964 en effet, au terme de la 3e Session du Concile Vatican Il, le Pape Paul VI a proclamé Marie, «Mère de l’Église» :
« A la gloire de la Vierge et pour notre réconfort à tous, Nous proclamons Marie, très sainte Mère de l’Église, c’est-à-dire de tout le Peuple de Dieu, aussi bien des fidèles que des Pasteurs, qui l’appellent Mère très aimante, et Nous voulons que dorénavant et sous ce titre, la Vierge Marie soit encore plus honorée et invoquée par tout le peuple chrétien ».
L’étude de ce nouveau titre de gloire de Marie va nous permettre d’approfondir quelques nouveaux aspects du Mystère de Marie en le replaçant dans le contexte de l’ensemble du Mystère chrétien :
Le Mystère de l’Église ; Marie, « Mère de l’Église » ; l’Église et Marie.
I. LE MYSTÈRE DE L’ÉGLISE
Un autre passage du même discours de Paul VI servira de point de départ à notre méditation sur l’Église :
« La réalité de l’Église ne s’épuise pas dans sa structure hiérarchique, sa liturgie, ses sacrements, ses ordonnances juridiques. Son essence profonde, la source première de son efficacité sanctificatrice sont à rechercher dans son union mystique avec le (Christ : union que nous ne pouvons penser disjointe de celle qui est la Mère du Verbe incarné ».
Ces paroles nous renvoient à la doctrine fondamentale de l’Église, « corps du Christ », «épouse du Christ».
« Le Christ est «’l’image du Dieu invisible », Premier-né de toute créature, car c’est en Lui qu’ont été créées toutes choses, dans les cieux et sur la terre… tout a été créé par ‘Lui et pour Lui. Il est avant toutes choses et tout subsiste en Lui. Et il est aussi la Tête du corps, c’est-à-dire de l’Église » (Col. 1, 15-18).
Dans ce « corps », nous, les baptisés, nous formons les membres. Or « tous les membres » doivent se conformer au Christ jusqu’à ce qu’Il soit formé en eux (Cf. Galates 4, 19). C’est pourquoi nous sommes assumés dans les mystères de sa vie, configurés à Lui, associés à sa mort et à sa résurrection, en attendant de l’être à son règne (Cf. Philippiens 3, 21 ; 2 Timothée 2, 11 ; Éphésiens 2, 6 ; Col. 2, 12 et Lumen Gentium, N° 7).
Essayons d’aller jusqu’au bout de cette doctrine fondée sur cette image du « corps». Le Christ, Verbe de Dieu, en s’incarnant et en devenant l’un d’entre nous, hormis le péché, conçu de l’Esprit-Saint en la Vierge Marie, a uni en LUI, non seulement une âme et un corps d’homme, c’est-à-dire la nature humaine, mais son incarnation elle-même a établi un lien à jamais entre Lui et l’humanité tout entière. Ce lien est comparé par saint Paul à celui qui unit l’âme et le corps, ou encore la tête et les membres du corps dans un être humain. Notons en passant que la seconde analogie (tête, membres) fait mieux ressortir le rôle « capital » du Christ (de «Tête» et de «Chef») dans I’ Église et l’action de l’Esprit-Saint, âme incréée de l’Église.
L’image de l’Église « épouse » du Christ comporte le même réalisme, tout en manifestant l’amour réciproque qui unit le Christ à l’Église, qui sont ici distingués comme deux personnes distinctes, mais unies réellement, comme deux époux, « deux dans une seule chair » (Genèse 2, 24) :
L’Église, nous dit le Concile, s’appelle encore la Jérusalem d’en-haut et notre Mère (Gal. 4, 26 ; cf. Apocalypse 12, 17) : elle est décrite comme l’épouse immaculée de l’Agneau immolé (Apocalypse 19, 7 ; 21 ; 2 et 9 ; 22, 17) que le Christ a aimée, pour laquelle il s’est livré afin de la sanctifier (Éphésiens 5, 26), qu’il s’est associée par un pacte indissoluble, qu’il ne cesse de nourrir et d’entourer de soins (Éphésiens 5, 29) ; l’ayant purifiée, il a voulu qu’elle lui soit unie et qu’elle lui soit soumise dans l’amour et dans la fidélité (Éphésiens 5, 25) la comblant enfin et pour l’éternité de biens célestes » (Lumen Gentium, N° 6).
« Tout comme la nature (humaine) prise par le Verbe divin est à son service comme un organe vivant de salut qui lui est indissolublement uni, de même le tout social que constitue l’Église est au service de l’Esprit du Christ qui lui donne la vie, en vue de la croissance du corps » (Lumen Gentium, N° 8-9).
II. MARIE, « MÈRE DE L’ÉGLISE »
Ce titre est la conséquence logique de ce qui précède : s’il y a un lien comme physique entre le Christ et l’Église qui est son corps, s’ils forment comme un seul être : le « Christ total », selon l’expression de saint Augustin, la mère du Christ sera aussi la Mère des « membres », la Mère de l’Église.
C’est bien là ce que nous dit encore Paul VI :
« C’est dans sa dignité elle-même de Mère du Verbe incarné » que ce titre de « Mère de l’Église » appliqué à Marie, « trouve sa justification, car elle est la Mère de Celui qui, dès le premier instant de l’Incarnation en son sein virginal s’est uni comme Chef son corps mystique qui est l’Église. Marie, donc, en tant que Mère du Christ, est Mère aussi de tous les pasteurs et fidèles, c’est-à-dire de l’Église. » (Discours du 25 novembre 1964).
II faut bien entendre ces paroles.
Marie est la « Mère de Dieu » parce qu’elle est la Mère de Jésus qui est Dieu. Sa maternité ne se résume pas uniquement par le don physique de la vie. Elle est humano-divine parce que la personne de son fils Jésus, le « Fils de l’homme », est celle du Fils de Dieu.
Marie est en même temps « Mère de l’Église », du fait même qu’elle est la Mère de Dieu, mais pas de la même manière. Sa maternité ici est purement spirituelle, parce qu’elle s’origine et se constitue dans l’Esprit-Saint, en vertu du lien spirituel qui unit le Christ et l’Église qui est son corps, la Tète et les membres. Elle n’en est pas moins réelle.
En effet, ces deux titres de gloire : Mère de Dieu, Mère de l’Église, que nous distinguons mieux aujourd’hui, ont en réalité un même et unique fondement : le même don de l’Esprit-Saint à Marie au jour de l’Annonciation, qui lui fait concevoir le « corps » du Christ, dans les deux sens du terme : son corps tissé de sa chair et de son sang, son « corps, qui est l’Église ». Mère de Jésus, elle est par le fait même, la Mère de Dieu et la Mère de l’Église, que Jésus, en s’incarnant en Marie, s’est unie à Lui-même comme une épouse bien-aimée et dont il est la Tête, c’est-à-dire le Chef.
Cette venue de l’Esprit en Marie fonde ce lien indissoluble de Maternité qui la relie au Christ et à l’Église en un unique mystère indissoluble. Marie est vraiment la « nouvelle Ève », la « Mère des Vivants » ; et en premier lieu la mère du « Vivant », c’est-à-dire de Jésus qui donne la Vie. C’est par elle que la joie est venue dans le monde : la joie de la naissance de ce «petit enfant» annoncé par les prophètes et par l’ange Gabriel, la joie de la naissance de la «nouvelle créature», l’Église régénérée par l’eau et par l’Esprit-Saint. Comme le dit fort bien le P. Sertillanges, par le fiat de Marie, « fut inaugurée cette diffusion du divin dont l’Église est l’organe. Elle a donc à l’égard de l’Église un caractère de source, de principe ; elle en est vraiment la Mère, et ce qui nous fait voir en elle le côté humain du Salut, c’est précisément cette proximité spirituelle avec l’institution qui sauve. ».
III. L’ÉGLISE ET MARIE
Essayons maintenant de tirer les conséquences pratiques de ce qui est exposé ci-dessus.
D’abord, avec tous les chrétiens, nous pouvons et nous devons reconnaître Marie comme notre Mère, l’aimer comme des fils. Chacun peut lui dire à bon droit : « Ma Mère » ; en fait, c’est dans l’Église et par rapport à l’Église, que cette invocation prend tout son sens : Marie est ma Mère parce qu’elle est la Mère de Jésus qui est mon frère, parce qu’elle est la Mère de l’Église. Ainsi, doit se mettre en place la « dévotion » filiale que nous devons avoir envers Marie : cette dévotion, tout en restant personnelle, est en premier lieu la reconnaissance du lien qui nous unit au Christ par Marie dans l’Église.
En second lieu, nous ne pouvons oublier que c’est par sa foi et par son obéissance qu’elle a mérité de devenir la Mère de Jésus et notre Mère : en Marie nous retrouvons donc la réalisation parfaite et personnelle de l’Église, c’est-à-dire le modèle le plus achevé de ce que nous devons être dans l’ordre de la foi, de l’espérance et de la charité, ces vertus théologales qui nous associent personnellement et communautairement à la vie même de Dieu, dans une parfaite union au Christ dans l’Esprit-saint : « En contemplant Marie dans la lumière du Verbe fait homme, nous dit Vatican Il, l’Église pénètre avec respect et plus avant dans le Mystère suprême de d’Incarnation et devient sans cesse plus conforme à son Époux (Lumen Gentium, N° 65). En imitant la charité de Marie, en accomplissant fidèlement la volonté du Père, l’Église, grâce au Verbe de Dieu qu’elle reçoit dans la foi, devient à son tour une Mère : par la prédication en effet et par le baptême, elle engendre à une vie nouvelle des fils conçus de l’Esprit-Saint et nés de Dieu » (Lumen Gentium N° 64). « C’est pourquoi, dans l’exercice de son apostolat, l’Église regarde, à juste titre, vers celle qui engendra le Christ, conçu de l’Esprit-Saint et de la Vierge, pour faire naître et grandir ce Christ dans le cœur des fidèles » (Ibid. N° 65).
Avec Marie, nous sommes donc associés à la naissance et à la croissance de l’Église. Elle nous donne la mesure des sentiments qui doivent animer toute vie apostolique : « La Vierge a été, dans sa vie, l’exemple de cet amour maternel dont doivent être animés tous ceux qui coopèrent à la mission apostolique de l’Église et qui coopèrent à la nouvelle naissance des hommes » (Ibid., N° 66).
Enfin, Marie, « ressuscitée » en corps et en âme, réunie à son Fils dans la gloire et jouissant auprès de Lui de la récompense promise à ceux qui l’aiment, devance en quelque sorte l’Église et fonde son espérance dans la réalisation des promesses de la vie éternelle. Arrivée au terme, « elle veille sur le Peuple de Dieu encore en pèlerinage et sur les frères de son Fils qui se trouvent encore engagés dans les périls et les épreuves jusqu’à ce qu’ils parviennent à la Patrie bienheureuse » (N° 62). C’est sur ce fondement que repose notre prière de demande à Marie, notre Mère et la Mère de Dieu, car jusqu’à la fin des temps, nous savons qu’unie à Jésus, elle joint son intercession à l’intercession toute puissante de son Fils pour ses fils de la terre, pèlerins et « pauvres pécheurs ».
Sur le rapport filial du disciple bien-aimé – et de chaque vrai chrétien – avec Jésus et Marie, Origène, dans son commentaire sur l’Évangile de Jean, écrit une page inoubliable :
« Les prémisses de toutes les Écritures sont les Évangiles ; mais la prémisse des Évangiles est celui de Jean. Personne ne peut en comprendre le sens, s’il n’a pas reposé sa tête sur la poitrine de Jésus et n’a pas reçu de Jésus, Marie, devenue aussi sa Mère. C’est ainsi que devra être celui qui voudra être un autre Jean que – comme à propos de Jean – Jésus puisse dire de lui qu’il est Jésus. Si en effet personne d’autre n’est enfant de Marie en dehors de Jésus, et si Jésus dit à la Mère : « Voici ton fils », c’est comme s’il disait : « Voici, celui-ci est Jésus que tu as engendré ». Parce que tout être humain parfait ne vit plus, mais c’est le Christ qui vit en lui; et si le Christ vit en lui, il dit à Marie à son sujet: «Voici le Christ ton fils».
POUR TOUT RÉSUMER ET EN CONCLUSION : Marie est à la fois la très digne Mère de Dieu, la Mère de l’Église et notre Mère.
Dès lors, une meilleure connaissance de Marie doit nous aider à mieux connaître la réalité profonde de l’Église, épouse et corps du Christ ; réciproquement aussi, une meilleure connaissance de la réalité de l’Église dans le Mystère du Christ devrait nous aider à mieux comprendre Marie et son rôle maternel et virginal.
Il faut donc replacer Marie dans le Mystère du Christ qui est, avant tout, un mystère d’union : unis au Christ, nous le sommes aussi avec Marie, avec l’Église, avec tous les hommes dans la communion de cette Vie du Père, communiquée par le Fils dans l’Esprit.
Dès lors aussi, il nous faut prendre davantage conscience de la dimension ecclésiale et mariale de notre vie théologale (foi, espérance et charité) et de tout apostolat dans l’Église animée de Jésus.
Il n’y a, peut-on dire, qu’un seul amour : cet amour « qui a été mis dans nos cœurs par l’Esprit-Saint et qui fait dire à Dieu avec le Christ : Abba, Père ! » et qui nous lie aussi à Marie et à l’Église, comme des Fils et, les uns avec les autres, comme des frères.