21 Jésus-Christ a souffert sous Ponce-Pilate, a été crucifié – Lhomond

La sainteté divine qui brillait en Jésus-Christ, la pureté de sa doctrine, l’éclat de ses miracles, au lieu d’adoucir et de gagner les pharisiens et les principaux d’entre les Juifs, ne firent qu’allumer leur envie et leur inspirer le cruel dessein de le mettre à mort : ils corrompirent Judas , l’un de ses disciples , qui leur livra son maître pour trente pièces d’argent.

Vous avez lu, mon cher Théophile, l’histoire de la passion de Jésus-Christ ; mais il est à propos de vous en rappeler les principales circonstances, pour exciter votre piété. Notre-Seigneur a été chargé d’opprobres, accablé d’injures et de malédictions.

On lui a craché au visage ; on lui a donné des soufflets ; on lui a préféré un insigne voleur ; il a été condamné à une cruelle flagellation ; et, après avoir été déchiré de coups, il a été livré aux soldats, qui lui mirent sur la tête une couronne d’épines, et lui firent mille outrages.

Le peuple, à qui il n’avait fait que du bien, demanda sa mort à grands cris, quoique le juge, tout païen qu’il était, le déclarât innocent. Enfin, il a été attache à une croix entre deux scélérats : c’était le supplice le plus ignominieux qui fût alors en usage ; on n’y condamnait que les esclaves et ceux qui avaient commis les plus grands crimes.

Ne croyez pas, mon cher Théophile, que ce soit par faiblesse et par impuissance que Jésus-Christ a souffert tant d’indignités et tant de tourments ; sa mort a été très-volontaire et très-libre : il avait lui-même prédit plusieurs fois le lieu, le temps et le genre de son supplice. Il a été au-devant de ses ennemis, e\. il s’est livré lui-même entre leurs mains.

Dans la faiblesse apparente de sa mort, il a fait voir des traits éclatants de sa divinité ; il a montré qu’il était le maître absolu de sa vie, et le souverain de toute la nature. Il est mort en jetant un grand cri. A sa mort, le soleil s’obscurcit, la terre trembla, d’épaisses ténèbres couvrirent l’univers, le voile du temple se déchira, les tombeaux s’ouvrirent, et les morts ressuscitèrent.

Ceux qui étaient présents, revinrent à Jérusalem saisis de frayeur, se frappant la poitrine, et disant hautement : Celui-ci était véritablement le Fils de Dieu. Jésus-Christ n’a donc souffert la mort que par le mouvement libre de sa volonté, et par l’excès de son amour pour les hommes : c’est ce qui doit nous toucher davantage, lorsque nous pensons à ses souffrances.

Jésus-Christ n’est mort que parce qu’il nous a aimés : il a voulu se charger de nos péchés, et porter la peine que nous méritions : l’innocent s’est mis à la place des coupables, pour recevoir tous les coups qui devaient tomber sur eux, afin qu’ils fussent épargnés. Nous nous étions égarés, et Dieu l’a chargé de l’iniquité de tous.

C’est donc pour tous les hommes que Jésus-Christ est mort ; et il n’y en a aucun qui ne puisse dire avec saint Paul : « Jésus Christ m’a aimé, et il s’est livré lui-même pour moi. »

Oui, mon cher Théophile, vous devez vous dire à vous-même : Ce sont mes péchés qui ont fait mourir mon Dieu ; il pensait à moi, il voyait les fautes que je devais commettre un jour ; c’est pour les expier qu’il a souffert. Plus je commets de péchés, plus je contribue à ses souffrances et à sa mort.

Sentez-vous quelle horreur vous devez en avoir ? Comprenez- vous combien vous devez à Jésus-Christ, et quelle reconnaissance il exige de vous? Vous lui devez d’autant plus d’amour, de respect, d’adorations, qu’il a souffert plus d’in dignités pour vous sauver.

Si vous aviez été sauvé d’un incendie et tiré du milieu des flammes par la charité courageuse d’un ami, qui se serait exposé au péril pour vous en délivrer, avec quels transports ne lui marqueriez-vous pas votre reconnaissance ! Ne vous prosterneriez-vous pas aux pieds de cet ami généreux? Ne lui jureriez-vous pas de conserver toute votre vie le souvenir d’un tel bienfait?

Vous devez beaucoup plus à Jésus-Christ, mon cher Théophile, que vous ne devriez à celui qui vous aurait délivré d’un embrasement. Les maux dont vous auriez été garanti par cet ami, ne sont rien en com paraison des tourments de l’enfer ; cet ami ne serait qu’un homme, Jésus-Christ est votre Dieu, et un Dieu que vous aviez offensé ; cet homme n’aurait fait qu’exposer sa vie, et Jésus-Christ a sacrifié la sienne pour vous sauver.

Il a versé son sang pour vous ; il l’a versé jusqu’à la dernière goutte ; il l’a versé dans les douleurs les plus cruelles ; il l’a versé dans les dernières ignominies. Par quel amour devez-vous donc répondre à la charité de votre Dieu, à une charité si excessive et si touchante !

Charles François LHOMOND – DOCTRINE CHRÉTIENNE EXPLIQUÉE (1783)

Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse