Jésus-Christ n’est resté que trois jours dans le tombeau. Il est ressuscité le troisième jour, c’est-à-dire, qu’il a réuni son âme à son corps, et qu’il est sorti glorieux du sépulcre, comme il l’avait prédit lui-même plusieurs fois. « Il faut, avait-il dit que le Fils de l’homme soit livré aux gentils ; qu’il soit crucifié, et qu’il ressuscite le troisième jour. »
Et ailleurs : « Comme le prophète Jonas a été trois jours et trois nuits dans le ventre d’un poisson, de même le Fils de l’homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre ; et il ressuscitera le troisième jour. »
Les Apôtres avaient vu dans ses souffrances et dans sa mort, la première partie de cette prédiction accomplie ; ils devaient attendre avec confiance l’accomplissement de la seconde ; cependant, abattus par l’ignominie de sa mort, ils n’étaient pas disposés à croire à sa résurrection. Nous espérions, disaient-ils, que ce serait lui qui rachèterait Israël, néanmoins voilà déjà le troisième jour qu’il est mort.
Ils ont rejeté toutes les assurances qu’ils recevaient de sa- résurrection : tout ce qu’on leur rapportait leur paraissait une rêverie, et ils ne le croyaient point. Lors même que Jésus-Christ leur a apparu, ils l’ont pris d’abord pour un fantôme, et ils ne se sont rendus qu’après avoir été forcés, par l’évidence des faits, à en reconnaître la vérité ; ils n’ont cru qu’après avoir vu de leurs yeux et touché de leurs mains.
Dieu a permis qu’ils hésitassent, et qu’ils fussent lents à croire, afin que, convaincus par les preuves les plus certaines, ils pussent ensuite convaincre l’univers, et que leur incrédulité servit à affermir notre foi.
Comme la résurrection de Jésus-Christ est le fondement de la religion chrétienne, Dieu a voulu que ce fondement fût inébranlable, et il n’a rien omis pour dissiper tous les doutes et pour mettre cette vérité dans un tel degré de certitude, qu’elle ne pût être contestée que par la mauvaise foi et par un aveuglement volontaire.
« Jésus-Christ, dit saint Luc, se montra souvent à ses Apôtres depuis sa passion, et il leur fît voir, par beaucoup de preuves, qu’il était vivant; leur apparaissant pendant quarante jours, et leur parlant du royaume de Dieu. »
Il apparut d’abord aux saintes femmes qui étaient venues au sépulcre pour embaumer son corps; il se montra ensuite à saint Pierre, chef des Apôtres ; puis aux deux disciples qui allaient à Emmaüs, et à qui il expliqua les Écritures. Il apparut aux Apôtres assemblés, auxquels il montra ses plaies, et avec lesquels il mangea.
Comme saint Thomas était alors absent, et que, n’ayant point vu Jésus-Christ, il s’obstinait à ne point croire sa résurrection, Jésus-Christ se montra une seconde fois aux Apôtres assemblés, lorsque saint Thomas y était; il lui fit mettre le doigt dans les plaies de ses mains et de ses pieds, et enfoncer la main dans l’ouverture de son côté; pour vaincre son incrédulité. Cet Apôtre ne put alors résister à la force de la vérité, et il s’écria avec transport : Mon Seigneur et mon Dieu !
Jésus-Christ apparut à sept de ses disciples sur le lac de Tibériade, lorsqu’ils étaient occupés à la pèche ; il leur fit faire une pêche miraculeuse, et mangea avec eux. Après le repas, il exigea de saint Pierre un triple témoignage de son amour pour lui, afin qu’il réparât la faute qu’il avait commise en le reniant trois fois; il lui confia ensuite le gouvernement de son Église, et il lui prédit le genre de martyre qu’il souffrirait.
Il ordonna à ses disciples d’aller en Galilée; il marqua lui-même la montagne où il voulait se montrer à eux dans tout son éclat. Ses disciples se rendirent sur cette montagne au nombre de cinq cents, et il s’y manifesta à leurs yeux. Il apparut à saint Jacques, qui fut le premier évêque de Jérusalem.
Enfin, après avoir passé quarante jours à consoler et à instruire ses Apôtres, et à affermir leur foi, à jeter les fondements de son Église, le moment de quitter la terre étant arrivé pour lui, il conduisit ses disciples sur la montagne des Oliviers : il leur annonça encore les plus sublimes vérités, et il y joignit les promesses les plus consolantes ; il éleva les mains, les bénit, et, en les bénissant, il se sépara d’eux et il monta au ciel à leurs yeux.
Qu’on réunisse tout ce que les Évangélistes racontent des diverses apparitions de Jésus-Christ ressuscité, on ne pourra s’empêcher de reconnaître qu’elles ont dû opérer dans l’esprit des disciples une conviction à l’épreuve de tous les doutes.
Ces apparitions n’étaient ni rares ni rapides : pendant quarante jours, ils le virent plusieurs fois, ils mangèrent et s’entretinrent avec lui, écoutant les instructions qu’il leur donnait touchant le royaume de Dieu, c’est-à-dire, son Église, lui proposant leurs questions et écoutant ses réponses.
Ils eurent tout le temps et tous les moyens de s’assurer de la vérité, et leur persuasion ne- fut rien moins qu’une crédulité indiscrète et téméraire. Ils ont commencé par ne pas croire, par douter, et ils n’ont cédé qu’à la force victorieuse des preuves et à l’évidence des faits.
Ces faits, sensibles et palpables, étaient de nature à ne donner lieu à aucune illusion, à aucune surprise, surtout à l’égard d’un si grand nombre de témoins. S’ils craignent d’abord que ce ne soit qu’un fantôme : Touchez, leur dit Jésus-Christ, voyez, assurez-vous : un fantôme n’a ni chair ni os, et vous voyez en moi l’un et l’autre. »
Ils voient, ils touchent, ils s’assurent; et, convaincus les premiers de sa résurrection, -ils lui rendent témoignage dans tout l’univers. Partout ils prêchent Jésus-Christ ressuscité, partout ils trouvent des contradictions sans nombre; et, malgré ces contradictions, partout cette vérité est reconnue.
Charles François LHOMOND – DOCTRINE CHRÉTIENNE EXPLIQUÉE (1783)
Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse