Dans l’orbite de la fête du Cœur immaculé de Marie ce samedi, voici une méditation de 1943 qui, malgré son âge, peut nous aider en toute simplicité à mieux saisir la présence de ce Cœur près du Cœur de Jésus sur notre médaille.
Les noces de Cana – Giotto 1266-1337 fresque chapelle Scrovogni Padoue
« Le vin étant venu à manquer, Marie dit à Jésus : ils n’ont plus de vin ! » (Saint Jean 2, 3)
Vous êtes, ô Très Sainte Vierge Marie, la plus délicate et la plus délicieuse des mamans! Et ce miracle de Cana que nous a raconté saint Jean nous fait pénétrer mieux qu’un long discours dans ce tréfonds de votre âme toute bonne et condescendante!
Oui, condescendante. Et j’insiste sur cette qualité, dût ce que je vais dire me faire juger sévèrement. Mais il faut voir les choses telles qu’elles sont.
C’est entendu: le vin manquait. (Il manquait, du moins, en ce sens qu’il n’y en avait plus.) Mais en avaient-ils vraiment besoin? Si je lis la suite du récit, je vois qu’on en était arrivé à ce moment des repas de noces où les convives ne distinguent plus la piquette du bon vin. Est-ce bien la minute opportune pour remplir de nouveau les bouteilles?
C’est pourtant ce que Vous avez fait faire, ô Marie!
Vous n’avez vu qu’une chose : non pas les yeux des convives qui commençaient à devenir vagues, — mais l’embarras cruel de ces pauvres jeunes mariés.
Jusqu’à cette minute, ils ne goûtaient que leur bel amour. Ils se grisaient à tel point l’un de l’autre, rien qu’en se regardant, que tout le reste leur était indifférent.
Et brusquement, la catastrophe : il n’y a plus de vin!
Au fond, quelle importance cette brusque disette pouvait-elle avoir pour Jésus et pour Vous? Et c’était bien l’avis de votre Enfant, Lui qui Vous a répondu : Ceci n’est point notre affaire.
Mais Vous avez vu les regards sans aménité qui s’accrochaient aux jeunes époux rougissants. Et l’embarras de ces derniers. Et leur brusque chagrin.
C’est alors que Vous êtes intervenue.
C’est là que je Vous trouve admirable et délicieuse, très sainte Mère. Parce que Vous avez eu cette idée, devant la confusion de ces pauvres enfants, de mettre au service de leur détresse intime la toute-puissance de votre Fils!
Combien parmi nous se seraient crus déshonorés de s’occuper d’aussi mesquins détails! Combien, perdus dans le brouillard des spéculations intellectuelles ou dans les enivrements de la contemplation mystique, seraient passés indifférents à côté de ce gros chagrin humilié!
Ce qui est grave, c’est que nous ne péchons pas seulement par inattention. Il y a aussi notre dureté de cœur; notre rigidité d’hommes à cheval sur les principes; notre stricte exigence envers les autres. Toutes ces manières de penser et de vivre qui nous font des âmes sans bonté!
Ah! que nous sommes loin de Vous, ô Marie. Et loin de votre Fils Jésus.
Eh! oui, je sais bien que votre bonté et ce premier miracle de votre Fils scandalisent bien des gens. Comment expliquer que Vous, la Toute Détachée, Vous soyez inquiétée de ces détails? Comment justifier le geste de votre Enfant qui, à ces braves gens qui n’ont point épargné les rasades, donne encore deux barriques de vin délicieux? N’est-ce point là encourager le vice?
C’est vrai. Peut-être. Mais ceux qui pensent cela ont-ils vraiment eu faim et soif? Ont-ils connu cette angoisse et ce serrement de cœur de vos jeunes amis?
Très Sainte Vierge, je Vous en supplie, intercédez pour moi. Obtenez-moi la grâce d’être bon; de comprendre les humbles chagrins des petits et les désirs des pauvres. Mettez en moi cette délicate prévenance qui pense à tout. Et cette persévérance.
Afin qu’en toutes choses, éclate la bonté de votre Fils Jésus.
Nous célébrons aujourd’hui l’éminente personnalité de saint Irénée de Lyon. Les informations biographiques à son sujet proviennent de son propre témoignage, qui nous est parvenu à travers Eusèbe, dans le livre V de l’Histoire ecclésiastique.
Irénée naquit selon toute probabilité à Smyrne (aujourd’hui Izmir, en Turquie), vers 135-140, où, encore jeune, il alla à l’école de l’Évêque Polycarpe, lui-même disciple de l’Apôtre Jean. Nous ne savons pas quand il se rendit d’Asie mineure en Gaule, mais son transfert dut coïncider avec les premiers développements de la communauté chrétienne de Lyon: c’est là que, en 177, nous trouvons Irénée au nombre du collège des prêtres.
C’est précisément cette année qu’il fut envoyé à Rome, porteur d’une lettre de la communauté de Lyon au Pape Éleuthère. La mission romaine qui permit à Irénée d’échapper à la persécution de Marc-Aurèle, dans laquelle au moins 48 martyrs trouvèrent la mort, parmi lesquels l’Évêque de Lyon lui-même, Pothin, âgé de 90 ans, mort des suites de mauvais traitements en prison.
Ainsi, à son retour, Irénée fut élu Évêque de la ville. Le nouveau Pasteur se consacra entièrement au ministère épiscopal, qui se conclut vers 202-203, peut-être par le martyre.
Irénée est avant tout un homme de foi et un Pasteur. Du bon Pasteur, il possède le sens de la mesure, la richesse de la doctrine, l’ardeur missionnaire. En tant qu’écrivain, il poursuit un double objectif: défendre la véritable doctrine des attaques des hérétiques, et exposer avec clarté les vérités de la foi.
Les deux œuvres qui nous sont parvenues de lui correspondent exactement à ces objectifs: les cinq livres Contre les hérésies, et l’Exposition de la prédication apostolique (que l’on peut également appeler le plus ancien « catéchisme de la doctrine chrétienne »).
En définitive, Irénée est le champion de la lutte contre les hérésies. L’Église du II siècle était menacée par ce que l’on appelle la gnose, une doctrine qui affirmait que la foi enseignée dans l’Église ne serait qu’un symbolisme destiné aux personnes simples, qui ne sont pas en mesure de comprendre les choses difficiles; au contraire, les initiés, les intellectuels, – on les appelait les gnostiques – auraient compris ce qui se cache derrière ces symboles, et auraient formé un christianisme élitiste, intellectuel.
Bien sûr, ce christianisme intellectuel se fragmentait toujours plus en divers courants de pensées souvent étranges et extravagants, mais qui attiraient de nombreuses personnes. Un élément commun de ces divers courants était le dualisme, c’est-à-dire que l’on niait la foi dans l’unique Dieu, Père de tous, Créateur et Sauveur de l’homme et du monde.
Pour expliquer le mal dans le monde, ils affirmaient l’existence, auprès de Dieu bon, d’un principe négatif. Ce principe négatif aurait produit les choses matérielles, la matière.
En s’enracinant solidement dans la doctrine biblique de la création, Irénée réfute le dualisme et le pessimisme gnostique qui sous-évaluaient les réalités corporelles. Il revendiquait fermement la sainteté originelle de la matière, du corps, de la chair, ainsi que de l’esprit.
Mais son œuvre va bien au-delà du rejet de l’hérésie: on peut dire, en effet, qu’il se présente comme le premier grand théologien de l’Église, qui a créé la théologie systématique; lui-même parle du système de la théologie, c’est-à-dire de la cohérence interne de toute la foi.
Au centre de sa doctrine réside la question de la « règle de la foi » et de sa transmission. Pour Irénée, la « règle de la foi » coïncide en pratique avec le Credo des Apôtres et nous donne la clé pour interpréter l’Évangile, pour interpréter le Credo à la lumière de l’Évangile. Le symbole apostolique, qui est une sorte de synthèse de l’Évangile, nous aide à comprendre ce qu’il veut dire, et la façon dont nous devons lire l’Évangile lui-même.
En effet, l’Évangile prêché par Irénée est celui qu’il a reçu de Polycarpe, Évêque de Smyrne, et l’Évangile de Polycarpe remonte à l’Apôtre Jean, dont Polycarpe était le disciple. Et ainsi, le véritable enseignement n’est pas celui inventé par les intellectuels au-delà de la foi simple de l’Église.
Le véritable Évangile est celui enseigné par les Évêques qui l’ont reçu des Apôtres à travers une chaîne ininterrompue. Ceux-ci n’ont rien enseigné d’autre que précisément cette foi simple, qui est également la véritable profondeur de la révélation de Dieu.
Ainsi – nous dit Irénée – il n’existe pas de doctrine secrète derrière le Credo commun de l’Église. Il n’existe pas de christianisme supérieur pour les intellectuels. La foi publiquement confessée par l’Église est la foi commune de tous. Seule cette foi est apostolique, elle vient des Apôtres, c’est-à-dire de Jésus et de Dieu.
En adhérant à cette foi transmise publiquement par les Apôtres à leurs successeurs, les chrétiens doivent observer ce que les Évêques disent, ils doivent suivre en particulier l’enseignement de l’Église de Rome, prééminente et très ancienne.
Cette Église, en raison de son origine antique, possède un caractère apostolique suprême; en effet, elle tire son origine des piliers du Collège apostolique, Pierre et Paul. Toutes les Églises doivent être en accord avec l’Église de Rome, en reconnaissant en elle la mesure de la véritable tradition apostolique, de l’unique foi commune de l’Église.
A travers ces arguments, ici brièvement résumés, Irénée réfute à leur racine même les prétentions de ces gnostiques, de ces intellectuels: avant tout, ils ne possèdent pas une vérité qui serait supérieure à celle de la foi commune, car ce qu’ils disent n’est pas d’origine apostolique, mais est inventé par eux; en second lieu, la vérité et le salut ne sont pas le privilège et le monopole de quelques personnes, mais tous peuvent y parvenir à travers la prédication des successeurs des Apôtres, et surtout de l’Évêque de Rome.
En particulier – toujours en remettant en question le caractère « secret » de la tradition gnostique, et en soulignant ses effets multiples et contradictoires entre eux – Irénée se préoccupe d’illustrer le concept authentique de Tradition apostolique, que nous pouvons résumer en trois points.
a) La Tradition apostolique est « publique », et non pas privée ou secrète. Pour Irénée, il ne fait aucun doute que le contenu de la foi transmise par l’Église est celui reçu par les Apôtres et par Jésus, par le Fils de Dieu. Il n’existe pas d’autre enseignement que celui-ci.
C’est pourquoi, celui qui veut connaître la véritable doctrine doit uniquement connaître « la Tradition qui vient des Apôtres et la foi annoncée aux hommes »: tradition et foi qui « sont parvenues jusqu’à nous à travers la succession des évêques » (Adv. Haer. 3, 3, 3-4). Ainsi, succession des Évêques, principe personnel et Tradition apostolique, de même que principe doctrinal coïncident.
b) La Tradition apostolique est « unique ». En effet, tandis que le gnosticisme est sous-divisé en de multiples sectes, la Tradition de l’Église est unique dans ses contenus fondamentaux que – comme nous l’avons vu – Irénée appelle précisément regula fidei ou veritatis: et parce qu’elle est unique, elle crée ainsi une unité à travers les peuples, à travers les diverses cultures, à travers les différents peuples; il s’agit d’un contenu commun comme la vérité, en dépit de la diversité des langues et des cultures.
Il y a une phrase très précieuse de saint Irénée dans le livre Contre les hérésies : « L’Église, bien que disséminée dans le monde entier, préserve avec soin [la foi des Apôtres], comme si elle n’habitait qu’une seule maison; de la même façon, elle croit dans ces vérités, comme si elle n’avait qu’une seule âme et un même cœur; elle proclame, enseigne et transmet en plein accord ces vérités, comme si elle n’avait qu’une seule bouche.
Les langues du monde sont différentes, mais la force de la tradition est unique et la même: les Églises fondées dans les Germanies n’ont pas reçu ni ne transmettent de foi différente, pas plus que celles fondées dans les Espagnes, ou encore parmi les Celtes ou dans les régions orientales, ou en Égypte ou en Libye ou dans le centre du monde » (1, 10, 1-2).
On voit déjà à cette époque, nous sommes en l’an 200, l’universalité de l’Église, sa catholicité et la force unificatrice de la vérité, qui unit ces réalités si différentes, de la Germanie à l’Espagne, à l’Italie, à Égypte, à la Libye, dans la vérité commune qui nous a été révélée par le Christ.
c) Enfin, la Tradition apostolique est, comme il le dit dans la langue grecque dans laquelle il a écrit son livre, « pneumatique », c’est-à-dire spirituelle, guidée par l’Esprit Saint: en grec Esprit se dit pneuma. Il ne s’agit pas, en effet, d’une transmission confiée à l’habileté d’hommes plus ou moins savants, mais à l’Esprit de Dieu, qui garantit la fidélité de la transmission de la foi.
Telle est la « vie » de l’Église, ce qui rend l’Église toujours fraîche et jeune, c’est-à-dire féconde de multiples charismes.
Pour Irénée, Église et Esprit sont inséparables: « Cette foi », lisons-nous encore dans le troisième livre Contre les hérésies, « nous l’avons reçue de l’Église et nous la conservons: la foi, par l’œuvre de l’Esprit de Dieu, comme un dépôt précieux conservé dans un vase de valeur rajeunit toujours et fait rajeunir également le vase qui la contient.
Là où est l’Église se trouve l’Esprit de Dieu; et là où est l’Esprit de Dieu, se trouve l’Église et toute grâce » (3, 24, 1). Comme on le voit, saint Irénée ne se limite pas à définir le concept de Tradition. Sa tradition, la tradition ininterrompue, n’est pas traditionalisme, car cette Tradition est toujours intérieurement vivifiée par l’Esprit Saint, qui la fait à nouveau vivre, qui la fait être interprétée et comprise dans la vitalité de l’Église.
Selon son enseignement, la foi de l’Église doit être transmise de manière à apparaître telle qu’elle doit être, c’est-à-dire « publique », « unique », « pneumatique », « spirituelle ».
A partir de chacune de ces caractéristiques, on peut conduire un discernement fructueux à propos de l’authentique transmission de la foi dans l’aujourd’hui de l’Église. De manière plus générale, dans la doctrine d’Irénée la dignité de l’homme, corps et âme, est solidement ancrée dans la création divine, dans l’image du Christ et dans l’œuvre permanente de sanctification de l’Esprit.
Cette doctrine est comme une « voie maîtresse » pour éclaircir avec toutes les personnes de bonne volonté l’objet et les limites du dialogue sur les valeurs, et pour donner un élan toujours nouveau à l’action missionnaire de l’Église, à la force de la vérité qui est la source de toutes les véritables valeurs du monde.
BENOÎT XVI – AUDIENCE GÉNÉRALE – Mercredi 28 mars 2007
Prions pour les personnes que le monde méprise, afin qu’elles supportent patiemment leurs ennuis.
Les troisièmes consolateurs du Cœur de Jésus, ce sont les âmes humbles, inconnues et heureuses d’être oubliées.
Sacré-Cœur de Jésus-k
Ce sont celles qui imitent le plus parfaitement la vie de Jésus-Christ dans l’Eucharistie, et sa vie
cachée à Nazareth, sous le regard de Marie; âmes que personne ne connaît, à qui personne ne pense,
et qui amassent tous les jours des trésors de patience, d’abnégation, de résignation, de charité, en
supportant les défauts des autres, souvent leurs dédains, en se dévouant à tous…
Et qui, chaque soir, sans vanité, sans même avoir conscience de leur mérite, offrent à Dieu un cœur immolé et pur, qui console le Cœur de Jésus.
Pratique: Je m’appliquerai aujourd’hui à peu parler, et à faire quelques bonnes actions loin de tous
les regards.