filets remplis à se rompre de poissons

La pêche miraculeuse, Mosaïque de Monreale XIIDe la liturgie d’aujourd’hui, nous pouvons interpréter la pêche nocturne en Jean 21 comme la description symbolique du travail d’évangélisation – le confirme d’ailleurs le nombre de poissons capturés en jetant le filet de la Parole sur l’ordre de Jésus : le chiffre «cent cinquante-trois» correspond au total des nations connues à l’époque de la rédaction du quatrième évangile. Ainsi donc derrière le langage symbolique de la pêche, il nous faut entendre l’annonce de la Parole. Cependant, contre toute attente, les efforts des disciples demeurent mystérieusement stériles. Pourtant, ils connaissent leur « métier » : n’ont-ils pas été à l’école du Seigneur lui-même ? On imagine sans peine le désarroi de ces hommes devant la fin de non-recevoir qu’opposent leurs interlocuteurs à leurs efforts d’évangélisation. Le Seigneur les aurait-il abandonnés ? L’Esprit se serait-il retiré ?

Un indice se trouve sans doute dans le fait qu’il n’est question de Jésus que dans la seconde partie du récit ; avant son apparition sur la rive au petit jour, les disciples ne font aucune référence ni au Seigneur, ni à l’Esprit Saint. C’est Simon-Pierre qui prend l’initiative de la mission, un peu comme il le faisait alors qu’il était encore marin-pêcheur. Il semble vouloir aborder la campagne d’évangélisation à la manière dont il menait ses affaires professionnelles, c’est-à-dire ne comptant que sur son savoir-faire. La conséquence ne se fait pas attendre : l’équipe est dans la «nuit» et ses efforts sont stériles.

Tout va changer dès lors que les disciples se laissent interpeller par la présence du mystérieux personnage qui les sollicite depuis le rivage. En fait « Jésus était là » ; entendons : il avait toujours été là, mais les disciples ne pouvaient le percevoir, car leur attention n’était plus focalisée sur lui. On s’imagine sans peine que devant l’échec de leurs efforts, ils ont fini par se mettre en cause et se sont tournés vers le ciel. Du coup ils ont retrouvé la lumière, et «au lever du jour», ils ont aperçu le Maître, sans toutefois le reconnaître immédiatement. Disons qu’ils ont retrouvé la paix du cœur, la lumière de l’Esprit Saint ; mais là où est l’Esprit, là est le Seigneur. La jeune Église fait l’apprentissage de l’écoute intérieure de l’Esprit de son Seigneur ; elle ne « sait pas immédiatement que c’est Jésus » qui leur parle à travers le Paraclet, mais elle découvre que lorsqu’elle est docile à cette voix, ses efforts sont couronnés d’un succès tellement disproportionné, qu’il est évident que Dieu est à l’œuvre avec elle et en elle. Lire la suite →

en mémoire des martyrs d’aujourd’hui

24-03-2016 source : L’Osservatore Romano

palme du martyre« Peu peuvent être des héros » mais « tous nous pouvons être martyrs du Christ si nous vivons notre vie comme ses disciples, sans attendre les grandes occasions, mais en cueillant les petites occasions que la journée place devant nous. »

Le cardinal Stella* a voulu non seulement rendre hommage au sacrifice courageux de beaucoup, mais surtout, sur leur exemple, solliciter le témoignage quotidien de tous les chrétiens au cours de la veillée de prière qui s’est tenue mardi 22 mars à Rome, dans la basilique Santa Maria in Trastevere, en mémoire de tous ceux qui ces dernières années ont offert leur vie pour l’Évangile,.

Présidant la rencontre organisée par la communauté de Sant’Egidio,  il a évoqué un chemin possible, marqué par le contraste entre la logique du monde et celle des béatitudes : une logique rappelée précisément par qui, aujourd’hui encore, affronte le martyre avec la seule force de la rencontre avec Jésus.

« Leur vie et leur mort nous ramène à la beauté de l’Évangile des béatitudes, paroles de naïfs pour qui rejette le Christ, mais un bout de paradis pour nous qui avons la foi en lui. »

* Le cardinal Stella est Préfet de la Congrégation pour le clergé

Évangélisation et renouvellement de l’Église

Saint Pierre et les Apôtres - la pêche miraculeuse - DuccioLes mots du Pape Paul VI résonnent encore actuels, alors qu’affirmant à nouveau la priorité de l’évangélisation, il rappelait à tous les fidèles : « Il se serait pas inutile que chaque chrétien et chaque évangélisateur approfondisse dans la prière cette pensée : les hommes pourront se sauver aussi par d’autres chemins, grâce à la miséricorde de Dieu, même si nous ne leur annonçons pas l’Évangile ; mais nous, pouvons-nous nous sauver si par négligence, par peur, par honte – ce que saint Paul appelait ‘rougir de l’Évangile’ – ou par suite d’idées fausses nous omettons de l’annoncer ? »

Dès son origine, l’Église a dû affronter de semblables difficultés, en expérimentant le péché de ses membres. L’histoire des disciples d’Emmaüs, lue hier dans la liturgie eucharistique (cf. Lc 24, 13-35), est emblématique de la possibilité d’une connaissance du Christ vouée à l’échec. Les deux disciples parlaient d’un mort (cf. Lc 24, 21-24), de leur frustration et de leur espérance perdue. Ils représentent, pour l’Église de toujours, la possibilité d’apporter une annonce qui n’est pas source de vie, mais qui garde enfermés dans la mort le Christ annoncé, les annonceurs et, en conséquence, les destinataires aussi de l’annonce. Il en est de même à propos de l’épisode rapporté par l’évangéliste Jean dans la liturgie de ce jour (cf. Jn 21, 1-14), celui des disciples qui, séparés du Christ, sont en train de pêcher mais vivent leurs actions sans profit. Et, comme pour les disciples d’Emmaüs, ce n’est que lorsque le Ressuscité se manifeste, qu’ils retrouvent la confiance, la joie de l’annonce, le fruit de leur action évangélisatrice. C’est uniquement en se rapportant avec force au Christ que celui qui avait été désigné pour être un « pêcheur d’hommes » (Lc 5, 10), Pierre, peut à nouveau jeter ses filets avec succès, en se fiant à la parole de son Seigneur.

D’APRÈS LE SYNODE DES ÉVÊQUES XIIIème ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE – LA NOUVELLE ÉVANGÉLISATION POUR LA TRANSMISSION DE LA FOI CHRÉTIENNE N° 37-38 – CITÉ DU VATICAN – 2012

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