le chemin du chrétien…

… est de transformer le cœur

Pour la cinquième et dernière messe de son voyage en Amérique Latine, le Pape a célébré l’office ce dimanche à Ñu Guazú, à une dizaine de kilomètres d’Asunción, dans un vaste champ situé à l’intérieur d’une base militaire. Un million et demi de fidèles étaient attendus. Le retable où était installé l’autel, haut de quarante mètres, avait été réalisé selon la tradition de la Semaine Sainte à Tañarandy, petit village à côté de la ville San Ignacio Guasu, et ancienne « Réduction » jésuite (mission d’évangélisation à l’époque de la colonisation au Paraguay). Ce retable original était constitué de 50 000 épis de maïs et 150 000 fruits de coco, en écho à l’appel à la conversion écologique de la récente encyclique du Pape François Laudato Si’.

Dans son homélie, le Saint-Père a voulu s’arrêter sur une parole essentielle de l’Évangile et « centrale dans la spiritualité chrétienne » : l’hospitalité. C’est ce que Jésus, « en bon maître, pédagogue », apprend à ses disciples quand il leur dit « restez là où on vous accueillera. » « Le chrétien est celui qui a appris à recevoir, à accueillir ».

« Le chemin du chrétien est de transformer le cœur, apprendre à vivre d’une autre manière, avec une autre loi, sous une autre norme. C’est passer de la logique de l’égoïsme, de la fermeture, de l’affrontement, de la division, de la supériorité, à la logique de la vie, de la gratuité, de l’amour. De la logique de la domination, de l’oppression, de la manipulation, à la logique de l’accueil, du recevoir, de la sollicitude. »

Le don et la fraternité contre la solitude

« L’Église est la maison de l’hospitalité. » Il faut « accueillir comme la Terre qui ne domine pas la semence, mais la reçoit, la nourrit et la fait germer. » La tâche de l’évangélisation n’est donc pas une « stratégie » ou une « tactique » à mettre en place, car  le Seigneur nous le dit « très clairement » dans l’Évangile, « on ne convainc pas avec les argumentations, les stratégies, les tactiques, mais en apprenant à accueillir. »

Cet accueil est le seul capable de briser « le silence de la solitude », ce « mal qui, peu à peu, se fait un nid dans notre cœur et « mange » notre vitalité ». Apprendre la « fraternité accueillante » est ainsi la caractéristique de l’Église et « le meilleur témoignage que Dieu est père ». Cet « horizon nouveau » que Dieu nous montre, c’est « le chemin de la fraternité, du don ».

Faire de « nos paroisses, nos communautés, nos chapelles » de vrais « centres de rencontres entre nous et Dieu, avec les portes ouvertes » est l’enjeu qui attend toute l’Église. « Une chose est certaine, a affirmé le Pape François, nous ne pouvons obliger personne à nous recevoir, à nous héberger ; cela fait partie de notre pauvreté et de notre liberté. Mais il est aussi certain que personne ne peut nous obliger à ne pas être accueillants, hospitaliers envers la vie de notre peuple. Personne ne peut nous demander de ne pas accueillir et embrasser la vie de nos frères, surtout de ceux qui ont perdu l’espérance et le goût de vivre. »

Le modèle de Marie

À la fin de la messe, le Pape a récité la prière de l’Angélus, en répétant l’exemple à suivre donné par la Vierge Marie. « Comme dans beaucoup d’autres pays d’Amérique Latine, la foi des Paraguayens est imprégnée d’amour pour la Vierge Marie. (…) Ne cessez pas d’invoquer Marie et de lui faire confiance ; elle est mère de miséricorde pour tous ses enfants sans distinction. Avec l’aide de Marie, que l’Église soit la maison de tous, une maison qui sache accueillir, une mère pour tous les peuples. l’Église est mère, comme Marie. En elle nous avons un modèle. Accueillir, comme Marie qui n’a pas dominé ni ne s’est appropriée la Parole de Dieu, mais, au contraire, l’a accueillie, l’a portée dans son sein et l’a donnée. »

se confier à Marie…

Le sanctuaire marial de Caacupé, à une cinquantaine de kilomètres d’Asunción, est considéré comme le centre spirituel du Paraguay. C’est au pied de la basilique de Notre-Dame-des Miracles qui le domine, que le Pape François a célébré la messe, devant des dizaines de milliers de fidèles. Une célébration dédiée à la Vierge Marie, dont l’exemple doit servir d’inspiration, selon ce qu’a développé le Pape François dans son homélie.

« Marie est la Mère du ‘‘oui’’. Oui au rêve de Dieu, oui au projet de Dieu, oui à la volonté de Dieu. Un “oui”  qui, comme nous le savons, ne fut en rien facile à vivre » a relevé le Pape, faisant référence aux épisodes difficiles que Marie a dû traverser, comme la naissance de Jésus dans une étable, la fuite forcée en Égypte et la mort de Jésus sur la croix. Pourtant, même dans ces moments éprouvants, elle a su garder la foi et l’espérance. Ces expériences douloureuses font que Marie peut nous comprendre quand nous lui confions nos propres souffrances : « nous voyons sa vie, et nous nous sentons compris, entendus. (…)  Nous pouvons nous identifier à beaucoup de situations de sa vie. Lui raconter nos réalités parce qu’elle les comprend ».

Même si Marie n’a pas compris l’annonce de l’ange Gabriel, elle a su dire oui car elle avait compris que cela venait de Dieu. Or, « sa vie témoigne que Dieu ne déçoit pas, n’abandonne pas son peuple, même s’il y a des moments ou des situations où il semble absent ». Nous pouvons donc nous confier à elle en toute confiance. Marie a toujours été et est toujours à coté de ses enfants, « toujours par une présence discrète et silencieuse. Dans le regard d’une statue, d’une image ou d’une médaille. Sous le signe d’un rosaire, nous savons que nous ne sommes pas seuls ».

Hommage aux femmes et mères uruguayennes

Cette force de la foi malgré les épreuves, les femmes paraguayennes l’ont démontré par le passé et continuent à le faire. Comme il l’avait fait à son arrivée à Asunción, vendredi soir, le Pape François a rendu un hommage appuyé au rôle joué par les femmes et les mères paraguayennes, après la guerre de la Triple alliance qui opposa le pays au Brésil, à l’Argentine et à l’Uruguay. « Quand tout semblait s’écrouler, vous avez continué à croire. Avec grand courage et abnégation, vous avez su relever un pays détruit, effondré, submergé par la guerre. Vous avez la mémoire, le patrimoine génétique de celles qui ont reconstruit la vie, la foi, la dignité de votre peuple. Comme Marie, vous avez vécu des situations très mais très difficiles, qui selon une logique commune seraient contraires à toute foi ». Cette confiance en Dieu a permis de « ne pas laisser cette terre dans le chaos,. Que Dieu bénisse cette ténacité, que Dieu bénisse et conforte votre foi, que Dieu bénisse la femme paraguayenne, la plus glorieuse d’Amérique ».

Ce sanctuaire de Caacupé « est une part vitale du peuple paraguayen ». Cet endroit où l’on se sent « à la maison », est « un appel à de pas perdre la mémoire, les racines, les nombreux témoignages que vous avez reçus du peuple croyant et que vous avez rendus pour ses causes. (…) Soyez, vous, les porteurs de cette foi, de cette vie, de cette espérance. Soyez, vous, les artisans de cet aujourd’hui et du demain paraguayens. » À la fin de la messe, le Pape François a renouvelé le vœu de confier le Paraguay sous la bénédiction de l’Immaculée Conception, comme l’avait fait Saint Jean-Paul II en 1988.

terre, toit, travail

10-07-2015 source : Radio Vatican

À Santa Cruz, le pape François a marqué son soutien aux mouvements qui combattent pour les «trois T : terre, toit, travail.»

«Notre foi est révolutionnaire, notre foi défie la tyrannie de l’idole argent. » Le Pape François en tire les conséquences concrètes. Jeudi après-midi -heure locale-, à Santa Cruz en Bolivie, lors de la deuxième «rencontre mondiale des mouvements populaires», le Pape a fait un grand discours contre l’économie de marché et la finance internationale.

Citant Saint Basile de Césarée, un Père de l’Église primitive, il a dénoncé «l’ambition sans retenue de l’argent qui commande» répandant sur terre l’odeur du «fumier du diable».

Il a demandé à tous les mouvements qui «luttent» pour les «droits sacrés», les «trois T», «terre, toit, travail» à s’unir sur le plan international pour qu’on entende partout «le cri des exclus» que soit exigé «un changement de structures» parce que «l’on ne peut plus supporter ce système» qui «porte atteinte au projet de Jésus».

«Il est indispensable que, avec la revendication de leurs droits légitimes, les peuples et leurs organisations sociales construisent une alternative humaine à la globalisation qui exclut.»

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